La Haftara de cette semaine est issue du premier livre des Rois et évoque un évènement resté célèbre dans notre tradition. Il s’agit de la confrontation entre le prophète Elie, et les pseudos prophètes, idolâtres, des cultes de Baal et de Achera.

Posons le contexte de cette époque. Le royaume d’Israël est alors gouverné par des rois impies, le roi A’hav et son épouse Izével. Non seulement ils ont introduit des cultes idolâtres en Israël, mais en outre ils ont mené une lutte sans merci contre les prophètes authentiques d’Hachem, exterminant la plupart d’entre eux. Seule une poignée (une centaine) a survécu, protégée secrètement par Ovadia, un prophète resté fidèle à Hachem et travaillant au palais royal.

Face à l’attitude déplorable d’A’hav et Izével, et leur mépris des lois d’Hachem, le prophète Eliahou a averti A’hav qu’il n’y aurait plus de pluie en Israël. Et, de fait, la pluie s’arrêta de tomber sur tout le royaume, provoquant une famine terrible. Au bout d’un certain temps, Hachem eut pitié de son peuple, et Il demanda à Eliahou d’annoncer à A’hav que la pluie allait tomber à nouveau.

De retour au palais pour annoncer cette nouvelle, Eliahou croise d’abord Ovadia qu’il charge d’informer A’hav de sa venue. Ce dernier sort à sa rencontre et rend Eliahou responsable de la famine. Le prophète lui objecte que c’est son attitude impie qui est à l’origine de cette catastrophe, et lui demande de convoquer l’ensemble des prophètes idolâtres sur le mont Carmel. Eliahou se place alors face à eux et les met au défi d’implorer leurs dieux pour qu’ils suscitent un feu. En dépit de leurs efforts et de leurs stratagèmes, ces faux prophètes ne purent réaliser évidemment aucun miracle. Eliahou, pour sa part, implora Hachem, le D.ieu d’Avraham, Its’hak et Yaakov, et un feu sortit immédiatement qui consuma le sacrifice.

Le peuple « tomba alors sur sa face » et reconnut la grandeur d’Hachem, qu’Il est le seul D.ieu.
 

Liens entre la Haftara et la Paracha

Cette Haftara est lue, quand elle ne coïncide pas avec le Chabbath « Para » entre Pourim et Pessa’h, en miroir de la Paracha Ki Tissa. Et, effectivement, il est possible d’identifier de nombreux parallèles. Nos deux textes évoquent la tentation de l’idolâtrie qui menace les enfants d’Israël, à certains moments de leur histoire : le veau d’or dans la Torah, les cultes de Baal ou Achera dans la Haftara.

Nos deux textes évoquent le combat des grands prophètes, Moché Rabbénou ou Eliahou Hanavi, contre ces tentations mortifères pour le peuple, la sanction de ceux qui s’adonnent à de telles pratiques et le repentir du peuple qui revient auprès d’Hachem.

Enfin, nous pouvons remarquer que nos deux textes évoquent, dans ces heures cruciales, le souvenir des patriarches Avraham, Its’hak et Yaakov, dont la présence spirituelle accompagne notre peuple à travers touteson histoire et lui apporte une force et une protection indéfectibles.
 

L’écho de la Haftara

Notre texte est emblématique des exigences de la foi en Hachem et porte avec lui des résonances modernes. Lorsqu’Eliahou se trouve face aux prophètes de Baal sur le mont Carmel, il s’adresse à l’ensemble du peuple pour les mettre face à leurs contradictions. Et il s’adresse à eux en ces termes : « Elie s'avança devant tout le peuple, et s'écria : Jusqu'à quand clocherez-vous entre les deux partis ? Si l'Eternel est le vrai D.ieu, suivez-Le ; si c'est Baal, suivez Baal ! »

Eliahou s’insurge ainsi contre l’inconstance des enfants d’Israël qui reconnaissent la grandeur d’Hachem, savent au fond d’eux qu’Il est le Seul D.ieu, mais qui se laissent tenter par d’autres cultes. Eliahou les met en garde avec force contre cette attitude versatile et inconséquente. En matière de foi, on ne peut chercher à concilier l’inconciliable, et rechercher des compromis impossibles.

Nos Sages évoquent le principe d’une « Emouna Chelema », une foi complète et totale en Hachem, qui ne laisse aucune place à des valeurs concurrentes. Ils nous exhortent à nous rappeler, comme nous l’avons vu récemment, qu’il est impossible pour un seul cœur d’aspirer pleinement au « Olam Haba » (monde futur) et pleinement au « Olam Hazé » (monde présent).

Il ne s’agit pas de créer de coupures radicales entre les deux et de mépriser le monde dans lequel nous vivons. Il s’agit, au contraire, d’agir dans ce monde en ayant pour unique ligne de conduite la fidélité à notre foi et aux lois de la Torah. Aussi bien dans notre vie spirituelle que dans notre vie familiale, amicale ou professionnelle, nous devons être guidés par les lois qui nous été transmises par nos Sages à chaque génération.

Cela représente un bien grand défi pour les hommes de toutes les générations et notamment pour la nôtre. En effet, nous vivons dans des sociétés « ouvertes » et perméables à des influences de toute sorte, parfois proches de nos valeurs, mais bien souvent éloignées, pour ne pas dire opposées à nos principes moraux.

Or, nous avons parfois la tentation de reprendre à notre compte certains projets de vie qui nous sont proposés par nos sociétés, ou bien la tentation de faire nôtres certaines postures intellectuelles, morales, artistiques qui sont en réalité à l’opposé de ce que prescrit notre tradition.

Voilà pourquoi nous devons essayer, avec l’aide d’Hachem, d’être le plus clair possible sur nos valeurs, sur la foi à laquelle nous sommes fidèles, comme nous y invite Eliahou Hanavi, afin d’éviter les tergiversations délétères qui nous menacent. Nous mériterons alors, très prochainement avec l’aide d’Hachem, de voir le prophète Eliahou précisément nous annoncer l’arrivée du Machia’h.