Après un long avertissement sur les conséquences du non-respect de la Thora, Moché Rabbénou (dans la Paracha Nitsavim) affirme au peuple que malgré les difficultés apparentes que présentent l’étude et l’observance de la Thora, ce sont en réalité, des projets facilement réalisables.« Car cette loi que Je t’impose aujourd’hui, elle n’est ni cachée de toi, ni placée trop loin. Elle n’est pas dans le ciel pour que tu dises : "Qui montera pour nous au ciel, la prendra pour nous et nous la fera entendre pour que nous l’observions ?" Elle n’est pas non plus au-delà de la mer pour que tu dises : "Qui traversera pour nous la mer, la prendra pour nous et nous la fera entendre pour que nous l’observions ?" Car, la chose est tout près de toi : dans ta bouche, dans ton cœur, pour pouvoir l’accomplir ! »[1]

Rachi explique que ces versets font référence à toute la Thora et non à une mitsva en particulier[2]. Sur les mots « Elle n’est pas dans le ciel », la guemara précise que si elle y était, il nous aurait fallu y monter pour l’étudier. Et sur les mots « Ni au-delà de la mer », la guemara souligne que si tel avait été le cas, il aurait fallu traverser la mer pour l’étudier.[3]

L’histoire suivante, à propos du rav Zalman de Volozhin zatsal nous indique l’enseignement à tirer de cette guemara. Rav Zalman étudiait dans un petit village, séparé de la ville de Vilna par une rivière. Une nuit, le rav souhaita ardemment consulter un certain livre qui se trouvait dans le grand Beit HaMidrach (maison d’étude) de Vilna. Il n’hésita pas à affronter le froid glacial de Vilna, en pleine nuit, pour se procurer le livre désiré. Tout le monde admira son courage et sa détermination. Il expliqua son comportement grâce aux versets rapportés. Puis, il rapporta la guemara précitée. Son « petit voyage » à travers la rivière était plus court que la distance qui nous sépare du ciel ou que l’étendue de la mer. Il estima donc qu’il devait fournir cet effort pour chercher le livre nécessaire à son étude.

On apprend de cette histoire que bien qu’Hachem ne nous demande pas l’impossible en ce qui concerne l’étude de la Thora, Il attend que nous fassions tout ce qui est réalisable pour atteindre ce but.

Par ailleurs, une guemara dans Yoma nous apprend qu’aucun obstacle à l’étude de la Thora n’est insurmontable. Elle nous informe que quand l’individu arrive dans le Monde Futur, on le questionne sur son étude de la Thora. Elle anticipe plusieurs excuses que l’homme peut avancer pour justifier une faille dans ce domaine, comme la pauvreté qui l’obligeait à se préoccuper de sa subsistance ou bien la richesse qui le distrayait de l’étude. Il peut également prétendre que son soutien financier aux personnes qui étudient la Thora le dispensait d’en faire autant. Sa beauté peut aussi servir de prétexte pour avoir succombé à l’immoralité.

La guemara donne alors des exemples de personnages qui durent affronter les épreuves les plus difficiles dans ces domaines et qui réussirent malgré tout à étudier et à respecter la Thora.

Hillel était extrêmement pauvre, il ne pouvait pas payer l’entrée au Beit HaMidrach, mais déploya des efforts considérables pour s’instruire malgré tout.

Rabbi Elazar était très riche et fut soumis à une pression très forte pour s’occuper de ses affaires, mais préféra se concentrer sur son étude.

Yossef HaTsadik était particulièrement beau et sa moralité fut mise à rude épreuve, mais il surmonta la tentation[4].

Cette guemara nous enseigne que personne ne peut affirmer qu’il lui était impossible d’étudier ou d’observer la Thora, compte tenu de sa situation. Les défis sont bel et bien présents, mais avec les efforts nécessaires, tout le monde peut étudier la Thora et respecter ses commandements.

Comment surmonter les divers obstacles qui nous empêchent de nous consacrer à l’étude ? Un homme d’affaires demanda un jour à rav Israël Salanter zatsal ce qu’il devait étudier durant le court laps de temps dont il disposait en raison de son emploi du temps très chargé. Le rav lui conseilla le moussar (morale). Ceci l’aiderait à réaliser qu’il peut trouver beaucoup plus de temps pour l’étude, car le moussar permet de reconnaître l’importance de l’étude de la Thora.

Si l’on apprécie l’étude de la Thora à sa juste valeur, elle fera partie de nos priorités et l’on aura plus de facilité à vaincre les obstacles et à éviter les distractions qui nous empêchent d’y parvenir.

Une personne peut savoir intellectuellement que l’étude de la Thora est primordiale, mais avoir du mal à intérioriser cette connaissance et à l’appliquer dans son quotidien. Le rav Noa’h Weinberg zatsal donne un conseil très perspicace. Quand on est très las, il est difficile de se motiver pour une cause qui demande des efforts ou de la réflexion. Aussi, quand on est très occupé, on a du mal à trouver le temps d’étudier. Mais si l’on nous proposait une grosse somme pour une demi-heure supplémentaire d’étude, ne trouverait-on pas soudain le temps et l’énergie nécessaire ?

Quand quelque chose a de l’importance, les difficultés s’estompent. ‘Hazal nous enseignent qu’un moment d’étude est infiniment récompensé, plus que toute autre mitsva (et il vaut évidemment plus que tout l’argent du monde). Ainsi, si une personne fatiguée ou occupée pensait à la récompense qu’elle pourrait recevoir en consacrant quelques minutes à l’étude de la Thora, elle surmonterait certainement tous les défis…

À l’approche des Yamim Noraïm (Jours Redoutables), il est essentiel de déterminer quelles sont nos priorités et de se demander sincèrement si l’on consacre suffisamment de temps à l’étude de la Thora. Si déjà il faut monter aux Cieux ou traverser la mer pour étudier la Thora, les défis minimes doivent certainement être relevés, avec le maximum d’efforts de notre part.


[1] Devarim, 30:11-14

[2] Le Ramban est en désaccord avec Rachi. Il écrit que ces versets font référence à la mitsva de techouva (repentir) en particulier. Voir le commentaire du Kli Yakar qui présente les deux approches.

[3] Érouvin, 55a.

[4] Yoma, 35b.