Après avoir rappelé l’importance de la crainte de D.ieu et du respect de la Torah durant les premiers chapitres du livre de Dévarim, la Paracha Réé énonce un grand nombre de commandements spécifiques. On peut évoquer ainsi le principe présidant à la Gueniza (obligation d’enterrer les objets saints servant au culte et de ne pas les détruire), les règles relatives à la Cacheroute, à la Tsédaka ou encore à la fête de Pessa’h.

La Paracha s’ouvre toutefois sur une mise en garde plus générale concernant l’alternative qui s’offre à l’homme, tout au long de sa vie, de choisir entre la bénédiction et la malédiction. Ce choix dépend, selon les termes de la Torah, de la capacité de l’homme à suivre les commandements prescrits par la Torah. Ceux-là sont seuls porteurs de vie et de bénédiction, comme l’écrit le texte de notre Paracha explicitement :

« Voyez, je vous propose en ce jour, d'une part, la bénédiction, la malédiction de l'autre : la bénédiction, quand vous obéirez aux commandements de l'Éternel, votre D.ieu, que je vous impose aujourd'hui ».

Rachi commente ce verset de la manière suivante :

La bénédiction : Afin/A la condition que vous écoutiez.

Il y a plusieurs manières de comprendre ce verset et son interprétation proposée par Rachi. La première manière est d’y voir un classique système de rétribution sanction en cas de respect ou de non respect de la Torah. Celui qui respecte les commandements de la Torah sera récompensé, et celui qui ne les observe pas peut être puni.

Cependant, nos Sages nous invitent à comprendre ce verset différemment, peut-être dans une perspective plus « adulte ». La bénédiction est effectivement conditionnée à l’accomplissement de la Mitsva dans la mesure où celle-ci est elle-même sa propre récompense, et où elle est elle-même la bénédiction promise par Hachem. En effet, accomplir les Mitsvot amène l’homme à recentrer progressivement son existence sur des enjeux essentiels de sa vie, à rompre avec certaines habitudes qui l’empêchaient, sans qu’il en soit conscient, de coïncider avec l’essence de son être. C’est ainsi que nos Sages nous enseignent que « le salaire de la Mitsva est la Mitsva ».

Les Pirké Avot énoncent un principe corollaire qui stipule que « l’accomplissement d’une Mitsva suscite une autre Mitsva ». Celui qui s’engage dans la Torah, dans le chemin des Mitsvot, celui qui s’efforce de les respecter verra se présenter sur son chemin d’autres Mitsvot qu’il pourra accomplir parfois avec plus de facilité.

Il appartient à l’homme de faire le premier pas, de montrer dans les faits sa volonté d’accomplir les commandements, et D.ieu lui facilitera ensuite l’accomplissement d’autres commandements parfois beaucoup plus difficiles, et que l’homme considérait quelques fois comme carrément « inaccessibles ».  

Il faut aussi ajouter que le sentiment de satisfaction et de plénitude que l’homme ressent en suivant la voie des Mitsvot est difficilement démontrable a priori, il ne se comprend qu’en se vivant. Là encore, la bénédiction réside dans la Mitsva, dans la volonté de l’homme de se conformer à la volonté de D.ieu, car c’est uniquement alors qu’il saisit où réside son bonheur authentique.

Comment pourrions-nous conclure autrement qu’en rappelant les mots du prophète Isaïe dans notre Haftara (chap. 55) ?

« Ah ! Vous tous qui avez soif, venez, voici de l'eau ! Vous qui n'avez point d'argent, venez, approvisionnez-vous et mangez ; gratuitement, sans rétribution, venez, fournissez-vous de vin et de lait ! Pourquoi dépensez-vous de l'argent pour un pain qui ne nourrit point, le fruit de vos peines pour un aliment qui ne rassasie pas ? Ecoutez, écoutez-moi ! Alors vous mangerez ce qui est bon, et votre âme se délectera de mets savoureux. Prêtez-moi l'oreille et venez à moi, écoutez et votre âme renaîtra, et je vous accorderai une alliance indissoluble, les bienfaits durables promis à David. »