Avant de nous détailler la liste des relations interdites, la Thora dans la paracha A'haré-Mot nous ordonne : « N’imitez pas les pratiques du pays d’Égypte, où vous avez demeuré, n’imitez pas les pratiques du pays de Canaan où Je vous conduis…[1] »

Rachi nous informe que Mitsraïm et Canaan étaient les nations les plus dépravées, et les quartiers où résidaient les Juifs étaient les plus immoraux de tous. Pourquoi Hachem a-t-Il placé le peuple juif dans les endroits les plus corrompus du monde ?

Le rav Dessler zatsal répond à cette question dans un essai concernant la façon de réagir aux mauvaises influences[2]. Il note qu’un entourage néfaste peut être très nuisible pur l’individu. Néanmoins, si ce dernier est suffisamment fort pour ne pas se laisser influencer par ces emprises négatives, il peut les utiliser pour se renforcer et améliorer son service de D.

Comment y parvenir ? Le rav Dessler remarque que le simple fait de voir le mal autour de nous peut nous dégoûter, parce que ses défauts sont d’autant plus visibles ; ceci nous permet de nous renforcer et d’apprécier davantage le bien. D’après cet enseignement sur la nature humaine, rav Dessler explique pourquoi Hachem plaça, à dessein, le peuple juif dans les endroits les plus dépravés au monde.

 « À chaque fois qu’un tsadik devait s’élever à un haut niveau, il fut placé dans un environnement bas et corrompu afin d’apprendre l’abjection du mal et de s’efforcer de s’en éloigner jusqu’atteindre le bien suprême.[3] »

Hachem décida que le peuple juif allait vivre en Égypte pour qu’il développe une répugnance profonde vis-à-vis de l’impureté qui y régnait. C’est effectivement ce qui motiva les Bné Israël à implorer Hachem de les faire sortir de ce terrible endroit. Ce dégoût intense leur permit de passer rapidement du 49ème degré d’impureté à un niveau tel qu’ils purent recevoir la Thora. S’ils avaient vécu dans un environnement moins immoral, ils n’auraient pas pu s’élever et atteindre un si haut niveau.

Cela peut également expliquer pourquoi le peuple juif devait se rendre à Canaan, un endroit si abject. Le fait de voir le comportement extrêmement immoral des Cananéens était censé les dégoûter du mal et leur faire apprécier la moralité de la Thora[4].

Rav Dessler utilise ce fondement pour comprendre un autre passage de la paracha de cette semaine – le Séir Laazazel (le bouc émissaire). Durant le jour le plus saint de l’année, Yom Kippour, Hachem nous ordonne de traverser le désert avec un bouc et de le jeter du haut d’une falaise.

Pourquoi traverser le désert ? Rav Dessler répond que le désert est un endroit où les gens sacrifient des boucs pour les démons. En conduisant l’aimal dans ce lieu impur et en voyant de près cette impureté le jour de Kippour, le peuple se renforçait dans leur avodat Hachem.

Le principe de rav Dessler nous aide également à comprendre quelques faits liés à la fête de Pessa’h. Nous entamons la Haggada en évoquant nos ancêtres idolâtres. Rav Dessler demande en quoi cela est relié à l’histoire de la sortie d’Égypte.

Il répond que la grande négativité que côtoya Avraham Avinou lui permit de s’élever à un niveau de kedoucha tel que cette sainteté ne put et ne pourra jamais être supprimée. La sortie d’Égypte est le résultat direct de cette kedoucha. C’est pourquoi nous parlons de l’idolâtrie de nos ancêtres pour montrer qu’en conséquence de leur touma (impureté), Avraham put atteindre un niveau incroyablement élevé et c’est cette grandeur qui permit la sortie d’Égypte.

Nous pouvons à présent mieux comprendre pourquoi la Haggada parle tellement des mauvaises influences de nos ancêtres idolâtres, de l’Égypte et de Lavan. C’est peut-être pour susciter en nous une aversion pour cette immoralité et, par conséquent intensifier notre appréciation du fait qu’Hachem nous fit sortir de ce pays et nous donna la Thora.

Dans la société actuelle, nous devons inévitablement faire face à l’influence du monde laïc ; même lorsque nous vivons dans un milieu orthodoxe, le mal nous harcelle quotidiennement. Il est bien entendu vivement recommandé de l’éviter au maximum, mais il reste impossible de supprimer tout contact avec cet entourage. L’enseignement de rav Dessler peut nous aider à gérer ces influences et peut-être même, à les utiliser positivement. En prenant conscience des vices de la laïcité, nous pouvons renforcer notre appréciation pour la beauté du mode de vie imposé par la Thora.

Puissions-nous tous mériter d’être protégés des mauvaises influences et de les utiliser pour nous rapprocher d’Hachem.



[1] Parachat A’haré Moth, Vayikra, 18:3.

[2] Mikhtav MeEliahou, 1er volume, p. 157-160.

[3] Ibid. p. 158.

[4] Bien entendu, le peuple juif avait le choix de rejeter complètement les pratiques des Cananéens ou de les accepter comme voisins et de se laisser influencer négativement. L’histoire montre qu’il n’a pas totalement banni ses voisins et qu’il s’est, par moments, laissé influencer par les Cananéens.