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Kedochim
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19,1
L'Éternel parla à moïse en ces termes:
19,2
"Parle à toute la communauté des enfants d'Israël et dis-leur: Soyez saints! Car je suis saint, moi l'Éternel, votre Dieu.
Parle à toute la communauté des fils d’Israël
Cela nous apprend que ce chapitre a été prononcé en assemblée, étant donné que la plupart des principes fondamentaux de la Tora en dépendent (Torath kohanim)
Soyez saints
Tenez-vous complètement à l’écart de la débauche et des péchés ! Car toutes les fois que l’on trouve une mise en garde contre la débauche, on trouve mention de la sainteté : « Ils ne prendront pas une femme prostituée ou profanée […] je suis Hachem qui vous sanctifie » (infra 21, 7 et 8), « et il ne profanera pas sa descendance dans son peuple, car je suis Hachem qui le sanctifie » (infra 20, 15), « ils seront saints […] ils ne prendront pas une femme prostituée ou profanée » (infra 21, 6 et 7)
19,3
Révérez, chacun, votre mère et votre père, et observez mes sabbats: je suis l'Éternel votre Dieu.
Un homme
Que chacun de vous craigne son père et sa mère – tel est le sens littéral (Qiddouchin 29a). Quant à l’interprétation midrachique, elle est la suivante : Il n’est ici question que d’un devoir incombant à un homme. D’où sait-on qu’une femme y est tenue ? Étant donné que le texte emploie le mot « vous craindrez » [au pluriel], il est question de deux personnes. Dans ce cas, pourquoi parle-t-il d’un « homme » ? Parce qu’un homme est en position de faire honneur à ses parents, tandis que la femme est soumise à l’autorité de tierces personnes
Sa mère et son père vous craindrez
La mère a ici priorité sur le père, car il est manifeste devant Lui qu’un fils est plus porté à craindre son père que sa mère (Qiddouchin 30b – 31a). En revanche, pour ce qui est de l’honneur, le texte a donné priorité au père (Chemoth 20, 12), car il est manifeste devant Lui qu’un fils est plus porté à honorer sa mère que son père, car elle le câline par des paroles de tendresse
Et vous garderez mes Chabath
Le texte rapproche l’observance du Chabath de la crainte du père afin de t’enseigner que, nonobstant l’injonction qui t’est faite de le craindre, s’il te demande de profaner le Chabath, ne l’écoute pas (Yevamoth 5b). Et de même pour toutes les autres mitswoth
Je suis Hachem
Toi et ton père êtes tenus de m’honorer. Aussi ne l’écouteras-tu pas pour abolir mes paroles (ibid.). En quoi consiste sa « crainte » ? À ne pas s’asseoir à sa place, à ne pas parler à sa place, à ne pas le contredire. Et en quoi consiste son « honneur » ? À lui donner à manger et à boire, à lui procurer vêtements et chaussures, à l’escorter à sa venue et à sa sortie (Qiddouchin 31b)
19,4
Ne vous adressez point aux idoles, et ne vous fabriquez point des dieux de métal: je suis l'Éternel votre Dieu.
Ne vous tournez pas vers les idoles (èlilim)
Pour les adorer (Torath kohanim). Le mot èlilim est issu de al (« non ») : ce qui est considéré comme de l’inanité
Et des dieux de métal
Ils commencent par être des idoles, et si tu te tournes vers eux, un jour viendra où tu en feras des divinités
Vous ne vous ferez pas
N’en faites pas pour d’autres, et que d’autres n’en fassent pas pour vous. Et si tu crois pouvoir prétendre que l’on ne doit pas en faire pour soi, mais que d’autres peuvent en faire pour vous, il a déjà été écrit plus haut : « Tu n’auras pas d’autres dieux » (Chemoth 20, 3) – ni les tiens ni ceux fabriqués par d’autres
19,5
Et quand vous sacrifierez une victime rémunératoire à l'Éternel, sacrifiez-la de manière à être agréés.
Et quand vous sacrifierez…
Ce chapitre a été stipulé pour enseigner que leur sacrifice ne doit avoir lieu qu’en vue de leur consommation en temps voulu. Car s’il s’agissait de déterminer le moment de cette consommation, il a déjà été indiqué : « et si le sacrifice de son approche est un nédèr ou une nedava… » (supra 7, 16)
Pour votre agrément vous le sacrifierez
Son sacrifice doit être offert dès le début en vue de la satisfaction divine, pour qu’il soit agréé pour vous. Car si vous y introduisez une pensée impure, il ne vous procurera pas mon agrément
Pour votre agrément
En français : « apaisement » – tel est le sens littéral. Et nos maîtres ont appris d’ici que celui qui s’occupe d’offrandes de manière irréfléchie les rend impropres, car il doit procéder à la che‘hita en y appliquant son intention (‘Houlin 13a)
19,6
Le jour même de votre sacrifice elle doit être mangée, et encore le lendemain; ce qui en serait resté jusqu'au troisième jour sera consumé par le feu.
au jourAu jour de votre sacrifice il sera mangé
Lorsque vous le sacrifierez, vous procéderez à sa che‘hita avec l’intention de le consommer dans le temps que je vous ai déjà imparti
19,7
Que si l'on voulait en manger au troisième jour, ce serait une chose réprouvée: le sacrifice ne serait point agréé.
Et si être mangé
Si cette prescription ne vise pas l’intention de consommer hors du temps imparti – étant donné qu’il est déjà écrit : « Et si être mangé, il sera mangé de la chair du sacrifice de ses chelamim, le troisième jour, il ne sera pas agréé… » (supra 7, 18) – applique-la du moins à celle de la consommation hors du lieu adéquat. J’aurais pu penser que l’on fût passible de kareth pour cette consommation-là. Aussi est-il écrit : « … et l’âme qui en mangera portera son crime » (ibid.) – qui « en » mangera, mais pas de l’autre. Cela exclut ce qui est égorgé avec l’intention d’en consommer hors du lieu adéquat (Zeva‘him 28a)
Une chose réprouvée (pigoul)
Abominable, comme dans : « et leurs ustensiles couverts de mets abominables (pigoulim) » (Yecha’yah 65, 4)
19,8
Celui qui en mangera portera la peine de son méfait, parce qu'il a profané un objet consacré au Seigneur; et cette personne sera retranchée de son peuple.
Et celui qui le mange portera son crime
Le texte parle ici du nothar, et l’on n’est pas passible de kareth si l’on a fait la che‘hita avec l’intention d’en consommer hors du lieu adéquat, étant donné que le texte l’a déjà exclu. Il s’agit ici du nothar absolu, et on le déduit dans le traité Kerithoth (5a) en faisant appel à deux textes qui contiennent le même mot (guezéra chawa)
19,9
Quand vous moissonnerez la récolte de votre pays, tu laisseras la moisson inachevée au bout de ton champ, et tu ne ramasseras point la glanure de ta moisson.
Tu n’achèveras pas de moissonner le coin de ton champ
On laissera un coin à l’extrémité du champ (Torath kohanim)
Et la glanure de ta moisson
Les épis qui restent lors de la moisson, à raison d’un ou de deux. Mais trois épis ne sont pas lèqet (Péa 6, 5)
19,10
Tu ne grappilleras point dans ta vigne, et tu ne recueilleras point les grains épars de ta vigne. Abandonne-les au pauvre et à l'étranger: je suis l'Éternel votre Dieu.
Tu ne grappilleras pas
Tu n’en cueilleras pas les ‘oleloth (jeunes raisins), tels qu’ils sont décrits dans le traité Péa (7, 4) : Qu’est-ce que des ‘oleloth ? Tout ce qui n’a ni « épaule » (quantité de petits raisins sur les côtés) ni « goutte » (raisins suspendus aux extrémités)
Les grains tombés (pèret) de ta vigne
Les grains de raisin qui tombent pendant la vendange
Je suis Hachem
Le juge qui punira et qui ne réclamera de vous rien moins que vos âmes, comme il est écrit : « Ne dépouille pas le pauvre […] car Hachem combattra leur combat » (Michlei 22, 22 et 23)
19,11
Vous ne commettrez point de vol, point de dénégation ni de fraude au préjudice de votre prochain.
Vous ne volerez pas
Il s’agit ici de l’interdiction du vol d’argent, tandis que celle contenue dans les Dix Commandements concerne le vol de personnes. Cela résulte du principe selon lequel une règle doit s’expliquer selon son contexte. Or, il s’agit là-bas (Chemoth 20, 13) d’interdictions sanctionnées par la peine de mort prononcée par le tribunal (V. Rachi ibid.)
Et vous ne nierez pas
Étant donné qu’il a été dit plus haut que si l’on nie, on est tenu de rembourser le capital majoré d’un cinquième (supra 5, 22–24), nous apprenons la peine applicable. Mais d’où sait-on le principe de l’interdiction ? De : « et vous ne nierez pas » (Baba Qama 105b)
Et vous ne mentirez pas
Étant donné qu’il a été dit plus haut que si l’on jure mensongèrement, on est tenu de rembourser le capital majoré d’un cinquième (supra 5, 22–24), nous apprenons la peine applicable. Mais d’où sait-on le principe de l’interdiction ? De : « et vous ne mentirez pas » (Ibid.)
Vous ne volerez pas
Si tu voles, un jour viendra où tu nieras, un jour viendra où tu mentiras, un jour viendra où tu jureras mensongèrement
19,12
Vous ne jurerez point par mon nom à l'appui du mensonge, ce serait profaner le nom de ton Dieu: je suis l'Éternel.
Et vous ne jurerez pas par mon nom
Pourquoi est-il écrit cela ? De ce qu’il est écrit : « tu n’invoqueras pas le nom de Hachem ton Éloqim, en vain » (Chemoth 20, 7), j’aurais pu penser que l’on ne fût coupable que si l’on a juré par le Nom ineffable. D’où aurais-je su qu’il faut inclure dans l’interdiction tous les noms accessoires ? De ce qu’il est écrit : « Et vous ne jurerez pas par mon nom pour le mensonge » – par tout nom que je possède
19,13
Ne commets point d'extorsion sur ton prochain, point de rapine; que le salaire du journalier ne reste point par devers toi jusqu'au lendemain.
Tu n’exploiteras
Il s’agit de celui qui retient la rétribution du salarié (Torath kohanim)
Ne passera pas la nuit (thalin)
Le verbe thalin (« passera la nuit ») est au féminin, compte tenu de son sujet : pe‘oula (« salaire » litt. : « activité »)
Jusqu’au matin
Le texte parle ici du salarié de jour, de celui qui s’en va au coucher du soleil. C’est pourquoi le délai de paiement de son salaire dure toute la nuit. Tandis qu’il sera écrit plus loin : « En son jour, tu lui donneras son salaire, et le soleil ne se couchera pas sur lui… » (Devarim 24, 15). Il est question là-bas du salarié de nuit, de celui qui achève son travail au lever du soleil. C’est pourquoi le délai de paiement de son salaire dure toute la journée, la Tora ayant laissé à l’employeur un délai pour se procurer l’argent (Baba Metsi‘a 110b)
19,14
N'insulte pas un sourd, et ne place pas d'obstacle sur le chemin d'un aveugle: redoute ton Dieu! Je suis l'Éternel.
Tu ne maudiras pas un sourd
Il n’est ici question que d’un sourd. D’où sait-on que l’interdiction comprend tous les hommes ? Des mots : « … et n’outrage pas un prince “dans ton peuple” » (Chemoth 22, 27). Dans ce cas, pourquoi est-il ici question d’un « sourd » ? Le sourd a ceci de spécifique qu’il est en vie [malgré son infirmité]. La règle concerne donc toute personne en vie, à l’exclusion d’un mort, lequel n’est plus en vie (Torath kohanim)
Et devant un aveugle tu ne donneras pas d’achoppement
À celui qui est « aveugle » dans un domaine quelconque, ne donne pas un conseil qui ne lui soit pas approprié. Ne lui dis pas : « Vends ton champ et achète-toi un âne ! », pour aller ensuite l’abuser et le lui prendre (Torath kohanim)
Tu auras la crainte de ton Éloqim
Car ce n’est pas là un domaine où les créatures sont aptes à discerner si la pensée de celui qui a donné un conseil était bonne ou mauvaise. Il peut en effet protester de ses bonnes intentions. C’est pourquoi il est écrit : « tu auras la crainte de ton Éloqim », de Celui qui connaît tes pensées. De même, dans tous les cas où les motivations d’un acte sont du ressort exclusif du cœur de celui qui agit et restent ignorées des autres, le texte ajoute : « tu auras la crainte de ton Éloqim »
19,15
Ne prévariquez point dans l'exercice de la justice; ne montre ni ménagement au faible, ni faveur au puissant: juge ton semblable avec impartialité.
Vous ne ferez pas d’iniquité dans la justice
Cela nous apprend que le juge qui fausse le droit est appelé « inique », « détestable », « exécrable », « proscrit » et « abominable ». Car l’iniquité est appelée « abomination », comme il est écrit : « car c’est une “abomination” de Hachem ton Éloqim […] quiconque fait une “iniquité” » (Devarim 25, 16), et l’abomination est appelée « exécration » et « proscription », comme il est écrit : « et tu ne feras pas venir une “abomination” vers ta maison, tu seras “proscription” comme elle, “exécrer”, tu l’exécreras… » (ibid. 7, 26)
Tu n’élèveras pas la face de l’indigent
Ne te dis pas : « Celui-ci est pauvre, et le riche est tenu de le nourrir ! Je vais donc lui donner raison, de sorte qu’il sera nourri dans la dignité » (Torath kohanim)
Et tu ne favoriseras pas la face du grand
Ne te dis pas : « Celui-ci est riche ! » ou bien : « Ses parents sont des nobles ! Comment pourrais-je lui infliger une honte et assister à son humiliation ? Cela risque de me causer du tort. » Voilà pourquoi il est écrit : « Et tu ne porteras pas faveur au grand. 
Tu jugeras ton semblable avec justesse
À prendre au sens littéral. Autre explication : Juge ton semblable en lui accordant un préjugé indulgent (Sanhèdrin 32a)
19,16
Ne va point colportant le mal parmi les tiens, ne sois pas indifférent au danger de ton prochain: je suis l'Éternel.
Tu n’iras pas colportant
À mon avis, c’est parce que ceux qui sèment la discorde et qui profèrent des paroles de médisance se rendent tous dans les maisons des autres pour épier ce qu’ils y voient ou ce qu’ils entendent de mauvais pour aller ensuite le raconter dans la rue, que l’on dit d’eux qu’ils « vont colportant » ou qu’ils « vont espionnant » – en français médiéval : « espiement ». La preuve de ce que j’avance est que l’on ne trouve pas le terme de « colportage » sans qu’il soit associé au verbe « aller », comme dans : « tu n’“iras” pas colportant », ou : « ceux qui “vont” colportant comme le cuivre et le fer » (Yirmeya 6, 28). Tandis que les autres cas de médisance ne sont pas associés au verbe « aller » : « celui qui médit de son prochain en secret » (Tehilim 101, 5), « Hachem m’a sauvé […] d’une langue perfide » (ibid. 120, 2), « la langue qui dit de grandes choses » (ibid. 12, 4). C’est pourquoi, à mon avis, cette expression signifie « aller et espionner », car la lettre kaf [de rakhil (« colportant »] est permutable avec le guimel [de raguél (« espionner »)]. En effet, toutes les lettres issues de la même origine phonétique sont permutables : le beith avec le pé, le guimel avec le kaf, le qof avec le kaf, le noun avec le lamèd, le zayin avec le tsadè. De même : « Il a colporté (wayarguél) sur le compte de ton serviteur » (II Chemouel 19, 28) pour dire du mal de moi. De même : « il n’y a pas de colportage (ragal) sur sa langue » (Tehilim 15, 3). De même, le marchand ambulant, celui qui négocie toute marchandise et le vendeur de parfums destinés à la parure des femmes, du fait qu’ils circulent constamment dans les villes, portent l’appellation de « colporteur » (rokhel), du verbe « aller à pied » (règuel). Quant au Targoum Onqelos, il rend « tu n’iras pas colportant » par : « tu ne mangeras pas de morceaux », comme dans : « ils ont mangé des morceaux contre (ce qui veut dire : “ils ont calomnié”) les Juifs » (Daniel 3, 8), ou dans : « il a mangé des morceaux (ce qui veut dire : “il a calomnié”) dans la maison du roi » (Berakhoth 58a). À mon avis, cette expression tient à ce qu’on avait coutume de prendre une collation dans la maison de celui qui accueillait ses paroles, en gage de sincérité et de vérité de ses propos, cette collation ayant pour nom : « manger le morceau », expression analogue au « clignement des yeux » (Michlei 6, 13) du dépravé. Car les colporteurs ont tous l’habitude de cligner des yeux et de ne suggérer leurs calomnies que sous forme d’allusions afin que les tierces personnes qui écoutent ne comprennent pas
Tu ne te tiendras pas sur le sang de ton prochain
En le regardant mourir, alors que tu peux le sauver, comme dans le cas d’un homme sur le point de se noyer dans une rivière ou qui est attaqué par des brigands
Je suis Hachem
Digne de confiance quant à la rétribution et à la punition
19,17
Ne hais point ton frère en ton cœur: reprends ton prochain, et tu n'assumeras pas de péché à cause de lui.
Et tu ne porteras pas de péché sur lui
Tu ne le feras pas pâlir de honte en public (‘Arkhin 16b)
19,18
Ne te venge ni ne garde rancune aux enfants de ton peuple, mais aime ton prochain comme toi-même: je suis l'Éternel.
Tu ne te vengeras pas
On lui demande de lui prêter sa faucille, et il refuse. Le lendemain, l’auteur du refus lui demande de lui prêter sa hache. « Je ne te la prêterai pas, répond-il, tout comme toi-même m’as refusé un prêt ! » C’est là de la vengeance. Et qu’est-ce que la rancune ? On lui demande de lui prêter sa hache, et il refuse. Le lendemain, l’auteur du refus lui demande de lui prêter sa faucille. « La voici, répond-il. Je ne suis pas comme toi qui ne m’as pas prêté ! » C’est là de la rancune : on conserve de la haine dans son cœur nonobstant l’absence de vengeance (Yoma 23a)
Tu aimeras ton prochain comme toi-même
Rabi ‘Aqiva a enseigné : C’est là un principe fondamental dans la Tora (Torath kohanim)
19,19
Observez mes décrets: n'accouple point tes bêtes d'espèce différente; ne sème point dans ton champ des graines hétérogènes et qu'un tissu mixte (chaatnêz) ne couvre point ton corps.
Vous garderez mes statuts
Et les voici : « tu n’accoupleras pas ta behéma entre espèces hétérogènes… ». Ce sont des préceptes correspondant à la volonté pure du Roi (guezérath hamèlekh), à l’appui desquels le texte ne donne pas de motifs
Et un vêtement d’espèces hétérogènes
Pourquoi cela est-il écrit ? De ce qu’il enjoint : «Tu ne te vêtiras pas d’une étoffe mixte, de laine et de lin ensemble » (Devarim 22, 11), j’aurais pu penser qu’il ne fallût pas porter des flocons de laine mêlés à de la filasse de lin. Aussi est-il écrit : « un vêtement ». D’où sait-on que l’on doit inclure le feutre ? De ce qu’il est écrit cha‘atnéz (« étoffe mixte », mot formé des lettres chin, ‘ayin, tèt, noun et zayin) : une matière qui est peignée (chawè, avec les lettres chin et ‘ayin), filée (tawouï, avec la lettre tèt) et tissée (wanouz, avec les lettres noun et zayin). Le mot nouz est, à mon avis, un terme désignant ce qui est roulé entre les doigts et dont une partie est tressée avec une autre – en français médiéval : « mester » – comme dans : « apte à cause du grain (nazaï) qui s’y trouve » (Mo‘éd qatan 12b), ce que nous expliquons comme apte à se faner – en français médiéval : « fleistrir ». Le mot cha‘atnéz désigne, selon l’explication de Mena‘hem, ce qui est composé de laine et de lin
19,20
Si quelqu'un habite charnellement avec une femme, qui est une esclave fiancée à un homme et n'a été ni rachetée ni autrement affranchie, il y aura châtiment, mais ils ne seront pas mis à mort parce qu'elle n'était pas affranchie.
Promise (nè‘hèrèfeth) à un homme
Promise et destinée à un homme. Le mot nè‘hèrèfeth, à ma connaissance, n’est employé nulle part ailleurs dans le texte. Le texte parle ici d’une servante cananéenne (Qiddouchin 6a), moitié servante moitié affranchie, promise à un serviteur hébreu, lequel a le droit de l’épouser
Et être rachetée
Elle a été affranchie [partiellement] et non entièrement. Un affranchissement ordinaire est effectué en argent (Guitin 39b)
Ou que la liberté ne lui a pas été donnée
Par contrat
Il y aura châtiment physique
Elle sera passible de malqouth, et pas lui. Le tribunal aura à approfondir la chose afin de ne pas le condamner à mort, étant donné qu’elle n’était pas affranchie et que son mariage n’était pas entièrement valable. D’où l’enseignement de nos maîtres (Kerithoth 11a) : Celui qui subit malqouth doit écouter la lecture que lui font les juges qui le punissent : « Si tu ne prends pas garde de faire […] Hachem rendra tes plaies prodigieuses… » (Devarim 28, 58 et 59)
Car elle n’a pas été libérée
C’est pourquoi il n’est pas passible de la peine de mort, son mariage n’étant pas un mariage. Si en revanche elle a été affranchie, son mariage est un mariage et il est passible de la peine de mort
19,21
Et il amènera pour sa faute, au Seigneur, à l'entrée de la Tente d'assignation, un bélier de délit.
19,22
Le pontife lui fera expier par ce bélier délictif, devant le Seigneur, le péché qu'il a commis, et le péché qu'il a commis lui sera pardonné.
Il lui sera pardonné de son péché qu’il a commis
Pour inclure celui qui a agi délibérément comme celui qui a agi par mégarde (Kerithoth 9a)
19,23
Quand vous serez entrés dans la Terre promise et y aurez planté quelque arbre fruitier, vous en considérerez le fruit comme une excroissance: trois années durant, ce sera pour vous autant d'excroissances, il n'en sera point mangé.
Vous considérerez comme une excroissance son excroissance
Vous le « verrouillerez ». Il faut que son « verrouillage » soit étanche et fermé, et que vous vous gardiez d’en tirer profit
Pendant trois ans il sera pour vous comme des excroissances
À partir de quand compte-t-on ? À partir du moment de sa plantation (Torath kohanim). J’aurais pu penser que le fruit, si on l’a mis à l’écart pendant trois ans, fût permis. Aussi est-il écrit : « il sera » – tel qu’il était précédemment
19,24
Dans sa quatrième année, tous ses fruits seront consacrés à des réjouissances, en l'honneur de l'Éternel:
Tout son fruit sera sainteté
Comme le ma‘assér chéni (Qiddouchin 54b), dont il est écrit : « et tout ma‘assér du pays […], il est sainteté à Hachem » (infra 27, 30). De même que le ma‘assér chéni ne peut être consommé hors des murailles de Jérusalem que moyennant rachat, de même en est-il ici. Et c’est cela, les « louanges à Hachem », car on l’y porte pour glorifier et louer le Ciel (Berakhoth 35a)
19,25
et la cinquième année, vous pourrez jouir de ses fruits, de manière à en augmenter pour vous le produit: je suis l'Éternel votre Dieu.
Pour augmenter pour vous sa récolte
Cette mitswa, si vous l’observez, contribuera à accroître leur récolte, car en récompense je bénirai les fruits des nouvelles plantations. Rabi ‘Aqiva a enseigné : La Tora argumente contre le penchant au mal, afin que l’on ne se dise pas : « Cela fait quatre ans que je me donne de la peine pour rien ! » C’est pourquoi il est écrit : « pour augmenter pour vous sa récolte »
Je suis Hachem
Je suis Hachem qui promets et à qui on peut faire confiance pour tenir parole
19,26
Ne faites point de repas près du sang; ne vous livrez pas à la divination ni aux présages.
Vous ne mangerez pas sur le sang
Cette injonction est interprétée de diverses manières dans le traité Sanhèdrin (63a) : interdiction de consommer de la chair des offrandes avant aspersion du sang, interdiction de consommer de la chair d’un animal non consacré avant qu’il n’ait rendu l’âme, et d’autres interprétations
Vous ne pratiquerez pas la divination
Comme ceux qui pratiquent la divination avec une belette ou des oiseaux, par la chute du pain de la bouche ou par un cerf qui a croisé leur route (Sanhèdrin 65b)
Vous ne ferez pas de présages (te‘onénou)
Cette expression désigne les périodes (‘onoth) et les heures, lorsqu’on dit que tel jour est faste pour commencer un travail, que telle heure est néfaste pour sortir (Sanhèdrin 66a)
19,27
Ne taillez pas en rond les extrémités de votre chevelure, et ne rase pas les coins de ta barbe.
Vous n’arrondirez pas le coin de votre tête
Cette interdiction vise celui qui aligne les cheveux de ses tempes sur ceux situés derrières ses oreilles et sur son front de manière qu’ils forment un cercle complet autour de la tête (Makoth 20b)
Le coin de ta barbe
L’extrémité de la barbe et ses côtés, à savoir cinq endroits : deux à chaque joue, en haut près de la tête, là où elle est large et où il y a deux coins aux tempes, et un au bas du menton, à la jonction des deux joues (ibid. 20a)
19,28
Ne tailladez point votre chair à cause d'un mort, et ne vous imprimez point de tatouage: je suis l'Éternel.
Et d’incision pour une âme
Les Emoréens avaient pour habitude de taillader leur chair quand ils avaient un mort
Et d’écriture de tatouage
Une écriture gravée et cautérisée, et devenue indélébile. On la cautérise avec une aiguille et elle fonce et devient indélébile (Makoth 21a)
Tatouage (qa‘aqa’)
Le mot est issu de la même racine que : « et fais-les pendre (wehoqa’) » (Bamidbar 25, 4) ou : « nous les pendrons (wehoqa’noum) » (II Chemouel 21, 6). On enfonce un pieu dans la terre, [comme ici l’écriture dans la chair], et on les y pend. Et il se trouve qu’ils étaient eux-mêmes enfoncés et fourrés dans le sol – en français : « pourpoint »
19,29
Ne déshonore point ta fille en la prostituant, de peur que le pays ne se livre à là prostitution et ne soit envahi par la débauche.
Ne profane pas ta fille pour la faire se prostituer
Cette interdiction vise celui qui livre sa fille non mariée à la cohabitation hors mariage
Sinon le pays se prostituera
Si tu devais agir ainsi, la terre irait se prostituer, en faisant produire ses fruits dans un autre endroit que votre pays. C’est ainsi qu’il est écrit : « Tu as souillé le pays par tes débauches […] les pluies ont fait défaut » (Yirmeya 3, 2 et 3)
19,30
Observez mes sabbats et révérez mon sanctuaire: je suis l'Éternel.
Et mon sanctuaire vous craindrez
On n’y entrera pas avec son bâton, ni avec sa chaussure, ni avec sa sacoche, ni avec la poussière sur ses pieds (Berakhoth 54a). Et bien que je vous mette en garde au sujet du sanctuaire, « vous garderez mes Chabath » : la construction du Temple ne « repousse » pas le Chabath (Yevamoth 6a)
19,31
N'ayez point recours aux évocations ni aux sortilèges; n'aspirez pas à vous souiller par ces pratiques: je suis l'Éternel votre Dieu.
Ne vous tournez pas vers les évocateurs
Cet avertissement s’adresse à l’évocateur de morts (ov) et au faiseur de sortilèges (yid‘onim) (Sanhèdrin 65a). Un évocateur de morts est un nécromancien qui parle par ses aisselles, un faiseur de sortilèges est celui qui introduit dans sa bouche l’os d’un animal appelé yado‘a et qui le fait parler
Ne cherchez pas
À avoir affaire à eux. Car si vous avez affaire à eux, vous vous rendrez impurs devant moi et je vous prendrai en horreur
Je suis Hachem
Sachez qui vous échangez, et contre qui
19,32
Lève-toi à l'aspect d'une tête blanche, et honore la personne du vieillard: crains ton Dieu! Je suis l'Éternel.
Devant la vieillesse tu te lèveras
J’aurais pu penser qu’il fallût le faire devant un vieillard indigne. Aussi est-il écrit plus loin : « vieillard », et il n’est de « vieillard » que celui qui a acquis la sagesse (Qiddouchin 32b)
Tu respecteras la face du vieillard
En quoi consiste ce « respect » ? À ne pas s’asseoir à sa place, et à ne pas le contredire. J’aurais pu penser que l’on eût le droit de détourner ses yeux comme si on ne le voyait pas. Aussi est-il écrit : « Tu auras la crainte de ton Éloqim ». Car la chose est laissée à la discrétion de celui qui la fait, et lui seul en connaît les motifs. Dans tous les cas où les motivations d’un acte sont du ressort exclusif du cœur de celui qui agit, il est écrit : « Tu auras la crainte de ton Éloqim »
19,33
Si un étranger vient séjourner avec toi, dans votre pays, ne le molestez point.
Vous ne le léserez pas
Il s’agit de l’offense par des paroles. Ne lui dis pas : « Toi qui étais hier un païen, tu viens aujourd’hui apprendre la Tora qui a été donnée par la bouche du Tout-Puissant ! 
19,34
Il sera pour vous comme un de vos compatriotes, l'étranger qui séjourne avec vous, et tu l'aimeras comme toi-même, car vous avez été étrangers dans le pays d'Egypte je suis l'Éternel votre Dieu.
Car vous avez été étrangers
Le défaut dont tu es affligé, n’en fais pas reproche à autrui (Baba Metsi‘a 59b)
Je suis Hachem
Je suis ton Éloqim et le sien
19,35
Ne commettez pas d'iniquité en fait de jugements, de poids et de mesures.
Vous ne ferez pas d’iniquité dans la justice
S’il s’agit du domaine judiciaire, il a déjà été écrit : « Vous ne ferez pas d’iniquité dans la justice… » (verset 15). De quelle « justice » est-il question ici pour la seconde fois ? Celle dans la mesure, le poids et la capacité. Cela nous apprend que celui qui mesure est appelé un « juge », car frauder dans une mesure est comme frauder en justice. Le fraudeur est appelé « inique », « détestable », « exécrable », « proscrit » et « abominable », et il est la cause de cinq conséquences mentionnées à propos du juge : Il rend le pays impur, il profane le nom de Hachem, il éloigne la chekhina, il fait succomber Israël par l’épée et il le fait exiler de son pays
Dans la mesure
Il s’agit de la mesure de superficie (Baba Metsi‘a 61b, Baba Bathra 89b)
Dans le poids
À prendre au sens littéral
Et dans la capacité
Il s’agit de la mesure des liquides
19,36
Ayez des balances exactes, des poids exacts, une épha exacte, un men exact: Je suis l'Éternel votre Dieu, qui vous ai fait sortir du pays d'Egypte.
Des poids de justesse
Ce sont les poids avec lesquels on pèse
Une eifa
Il s’agit de la mesure des marchandises sèches
Un hin
Il s’agit de la mesure des marchandises liquides
Qui vous ai fait sortir
À cette condition. Autre explication : Moi qui ai su distinguer en Egypte entre la goutte ayant engendré un premier-né et celle n’ayant pas engendré un premier-né, on peut me faire confiance pour que je sache tout autant [distinguer et] punir celui qui baigne ses poids dans du sel afin de tromper les créatures qui ne s’en rendent pas compte (Baba Metsi‘a 61b)
19,37
Observez donc toutes mes lois et tous mes statuts, et accomplissez-les: je suis l'Éternel."
20,1
L'Éternel parla à Moïse en ces termes:
20,2
"Quant aux enfants d'Israël, tu leur diras: Quiconque, parmi les Israélites ou les étrangers séjournant en Israël, livrerait quelqu'un de sa postérité à Molokh, doit être mis à mort: le peuple du pays le tuera à coups de pierres.
Et aux fils d’Israël tu diras
La punition pour les interdictions qui précèdent
Mourir
Par décision du tribunal. Et si le tribunal n’en a pas le pouvoir, le « peuple du pays » l’aidera (Torath kohanim)
Le peuple du pays
Celui pour qui le pays a été créé. Autre explication : Le peuple promis à la conquête du pays par l’observance de ces mitswoth
20,3
Moi-même je dirigerai mon regard sur cet homme, et je le retrancherai du milieu de son peuple, parce qu'il a donné de sa postérité à Molokh, souillant ainsi mon sanctuaire et avilissant mon nom sacré.
Je donnerai ma face (panaï)
Penaï (« mes loisirs »). Je me détournerai de toutes mes occupations et m’occuperai de lui (Torath kohanim)
Contre cet homme
Et non dans la collectivité. Car la collectivité ne peut être passible de kareth
Car il a donné de sa descendance au Molèkh
De ce qu’il est écrit : « qui fasse passer son fils et sa fille dans le feu » (Devarim 18, 10), d’où sait-on qu’il en est de même pour le fils de son fils ou le fils de sa fille ? De : « car il a donné de sa descendance au Molèkh ». Et d’où le sais-je dans le cas d’une descendance illégitime ? De (verset 4) : « quand il donne de sa descendance au Molèkh » (Sanhèdrin 64b)
Afin de rendre impur mon sanctuaire
La communauté d’Israël, laquelle m’est sanctifiée, ainsi qu’il résulte de : « et il ne profanera pas mon sanctuaire car je suis Hachem qui les sanctifie » (infra 21, 23)
20,4
Et si le peuple du pays ose fermer les yeux sur la conduite de cet homme, qui aurait donné de sa postérité à Molokh, et qu'on ne le fasse point mourir,
Et si cacher
S’ils se cachent d’une chose, ils finiront par se cacher de beaucoup d’autres. Et si un petit Sanhèdrin s’en cache, c’est le grand Sanhèdrin qui finira par s’en cacher
20,5
ce sera moi alors qui appliquerai mon regard sur cet homme et sur son engeance, et je retrancherai avec lui, du milieu de leur peuple, tous ceux qui, entraînés par lui, se seraient abandonnés au culte de Molokh.
Et contre sa famille
Rabi Chim‘on a enseigné : Mais quelle faute la famille a-t-elle commise ? C’est pour t’apprendre que la famille d’un collecteur d’impôts n’est jamais composée que de collecteurs d’impôts, car tous le soutiennent (Chevou‘oth 39a)
Je le retrancherai
Pourquoi est-il écrit cela ? De ce qu’il est écrit : « et contre sa famille », j’aurais pu penser que toute la famille fût frappée de kareth. Aussi est-il écrit : « otho (“lui”) » – il sera, lui, frappé de kareth, mais non toute la famille, laquelle subira des épreuves (Chevou‘oth 39a)
Pour se prostituer après le Molèkh
Y compris d’autres idoles adorées de cette façon, même si cela ne correspond pas au culte qui leur est dû (Torath kohanim)
20,6
Pour la personne qui aurait recours aux évocations, aux sortilèges, et s'abandonnerait à ces pratiques, je dirigerai mon regard sur cette personne, et je la supprimerai du milieu de son peuple.
20,7
Sanctifiez vous et soyez saints, car je suis l'Éternel votre Dieu.
Vous vous sanctifierez
Par l’abstention de l’idolâtrie
20,8
Observez mes lois et les exécutez: je suis l'Éternel qui vous sanctifie.
20,9
Or, tout homme qui aura maudit son père ou sa mère, doit être mis à mort: il a maudit son père ou sa mère, il a mérité son supplice.
Il a maudit son père et sa mère
Y compris [lorsqu’il l’a fait] après leur mort (Sanhèdrin 85b)
Ses sangs sont en lui
Par lapidation. Il en est même toutes les fois qu’il est écrit : « ses sangs sont en lui » ou : « leurs sangs sont en eux ». Nous apprenons cela de ceux qui pratiquent évocation et sortilège, au sujet desquels il est écrit : « avec de la pierre ils les lapideront, leurs sangs sont en eux » (infra 20, 27). Quant au sens littéral du texte, il est comme dans : « son sang est [suspendu] à sa tête » (Yehochou‘a 2, 19) – Nul ne mérite d’être mis à mort que lui-même, qui a été la cause de sa propre exécution
20,10
Si un homme commet un adultère avec la femme d'un autre homme, avec la femme de son prochain, l'homme et la femme adultères doivent être mis à mort.
Et un homme
À l’exclusion d’un enfant (Qiddouchin 19a)
Qui commettra un adultère avec la femme d’un homme
À l’exclusion de la femme d’un mineur (ibid.), d’où nous apprenons qu’un mineur ne peut contracter légalement mariage. Et à l’égard de quelle femme mariée t’ai-je rendu coupable 
Qui commettra un adultère avec la femme de son prochain
À l’exclusion de la femme d’un idolâtre, d’où nous apprenons qu’un idolâtre ne contracte pas légalement mariage
Ils mourront
Toutes les fois que la Tora stipule une peine de mort sans autre précision, elle est exécutée par strangulation (Sanhèdrin 52b)
20,11
Si un homme cohabite avec la femme de son père, c'est la nudité de son père qu'il a découverte: qu'ils soient mis à mort l'un et l'autre, ils ont mérité leur supplice.
20,12
Si un homme cohabite avec sa bru, que tous deux soient mis à mort: Ils ont agi désordonnément, ils ont mérité leur supplice.
Ils ont fait une perversion
Une honte. Autre explication : ils ont mélangé la semence du père et celle du fils
20,13
Si un individu cohabite avec un mâle, d'une cohabitation sexuelle, c'est une abomination qu'ils ont commise tous les deux; qu'ils soient punis de mort, leur supplice est mérité.
Les couchers d’une femme
En faisant pénétrer un bâtonnet dans un tube [image désignant la pénétration] (Baba Metsi‘a 91a)
20,14
Celui qui épouse une femme et sa mère, c'est une Impudicité: on les fera périr par le feu, lui et elles, pour qu'il n'y ait point d'impudicité parmi vous.
Ils brûleront lui et elles (weèthèn)
On ne peut pas dire que sa première femme sera également exécutée par le feu, puisqu’il l’a épousée légalement et qu’elle ne lui est pas interdite. Mais « la femme et sa mère » dont il est question ici lui étaient toutes deux interdites, car il a épousé sa belle-mère et sa mère. Certains de nos maîtres ont enseigné qu’il n’est ici question que de sa belle-mère. Et pourquoi : « elles » ? « L’une d’entre elles », le mot grec hèn signifiant « un » (Sanhèdrin 76b)
20,15
Un homme qui s'accouplerait avec un animal doit être mis à mort, et l'animal, vous le tuerez;
Et vous tuerez l’animal (behéma)
L’homme a certes commis un péché, mais la behéma, quel péché a-t-elle commis ? C’est parce qu’elle a servi d’instrument à la corruption de l’homme que le texte ordonne qu’elle soit lapidée. À plus forte raison cet exemple doit-il être suivi chez l’homme, apte à distinguer entre le bien et le mal, lorsqu’il cause le malheur de son prochain en l’incitant à commettre une faute. On dira dans le même sens : « Perdre, vous perdrez tous les endroits… » (Devarim 12, 2). On peut raisonner ici a fortiori : Si la Tora dit des arbres, qui ne voient pas et qui n’entendent pas, mais qui ont servi d’instrument à la corruption, que l’on doit les détruire, les brûler et les anéantir, à plus forte raison en sera-t-il ainsi de celui qui détourne son prochain de la voie de vie vers celle de la mort
20,16
et une femme qui s'approcherait de quelque animal pour qu'il s'accouple avec elle, tu la tueras ainsi que l'animal, ils doivent être mis à mort, leur supplice est mérité.
20,17
Si un homme épouse sa sœur, fille de son père ou fille de sa mère, qu'il voie sa nudité et qu'elle voie la sienne, c'est un inceste, et ils seront exterminés à la vue de leurs concitoyens: il a découvert la nudité de sa sœur, il en portera la peine.
C’est un inceste (‘hèssed)
La honte, en araméen, se dit : ‘hassouda. Quant à l’explication midrachique, elle est la suivante : Si Qayin (Caïn) a épousé sa sœur, c’est que Hachem a accompli un acte de grâce pour construire le monde par lui, comme il est écrit (Tehilim 89, 3) : « Le monde sera construit par ‘hèssed » (Sanhèdrin 58b)
20,18
Si un homme cohabite avec une femme qui souffre du flux, et découvre sa nudité, Il a mis à nu la source de son sang, et elle-même a dévoilé cette source; lis seront retranchés, tous deux, du sein de leur peuple.
Il a mis à nu (hè‘èra)
Il a découvert. De même le mot ‘erwa signifie toujours une « découverte », la lettre waw servant à faire du mot un substantif. Il en est de même de za‘awa (« frayeur » – V. Devarim 28, 25), dérivé de la racine za’ : « Et il ne s’est pas levé et il s’est pas effrayé (za’) devant lui » (Esther 5, 9). Il en est de même de a‘hva (« fraternité ») dérivé de a‘h (frère). Quant à cette « découverte », nos maîtres sont en désaccord : certains la définissent comme un rapport sexuel périphérique, d’autres comme une pénétration complète (Yevamoth 58b)
20,19
Tu ne découvriras point la nudité de la sœur de ta mère ni de la sœur de ton père; car c'est dévoiler la nudité de sa parente: ils doivent en porter la peine.
Et la nudité de la sœur de ta mère
Le texte renouvelle ici l’interdiction (V. supra 18, 13) pour marquer qu’elle s’applique tout autant à la sœur consanguine du père ou de la mère qu’à leur sœur utérine. Quant à la femme du frère du père, seule est interdite l’union avec la femme du frère consanguin du père
20,20
Celui qui cohabite avec sa tante, a découvert la nudité de son oncle; ils doivent expier leur péché, ils mourront sans lignée.
Qui couchera avec la femme de son oncle
Ce verset est destiné à nous apprendre que la peine de kareth mentionnée ci-dessus signifie une privation de postérité (Yevamoth 55a)
Sans postérité
Comme le rend le Targoum Onqelos : « sans enfant ». Cela ressemble à : « alors que je m’en vais sans postérité » (Beréchith 15, 2). S’il a des enfants, il les enterrera, s’il n’en a pas, il mourra sans enfants. C’est pourquoi le texte emploie deux expressions différentes : « ils mourront sans postérité » et : « ils seront sans postérité » (verset 21). « Ils mourront sans postérité » : s’il en avait au moment où il a péché, il n’en aura plus à sa mort car il les aura enterrés de son vivant. « Ils seront sans postérité » : s’il n’en avait pas au moment où il a péché, il demeurera toute sa vie durant comme il est maintenant
20,21
Et si quelqu'un épouse la femme de son frère, c'est une impureté; il a découvert la nudité de son frère, ils demeureront sans lignée.
Elle est isolement (nidda)
Cette cohabitation est proscrite (menoudda) et méprisable. Nos maîtres ont interprété ce verset comme interdisant de s’approcher d’elle comme d’une femme nidda, où la mise à nu est présentée expressément comme : « il a mis à nu la source… » (Yevamoth 54a)
20,22
Observez donc toutes mes lois et tous mes statuts, et les exécutez, afin qu'il ne vous rejette point, ce pays où je vous mène pour vous y établir.
20,23
N'adoptez point les lois de la nation que je chasse à cause de vous; car ils ont fait toutes ces choses, et je les ai pris en aversion,
J’ai été dégoûté
Terme de répulsion, comme dans : « Je suis dégoûtée de ma vie… » (Beréchith 27, 46). Comme un homme à qui répugne sa nourriture
20,24
et je vous ai dit: c'est vous qui prendrez possession de leur sol, et moi je vous le donnerai pour que vous en soyez possesseurs, ce pays ruisselant de lait et de miel. Je suis l'Éternel votre Dieu, qui vous ai distingués entre les peuples.
20,25
Distinguez donc le quadrupède pur de l'impur, et l'oiseau impur d'avec le pur; ne souillez pas vos personnes par les quadrupèdes, les oiseaux et les différents reptiles de la terre, que je vous ai fait distinguer en les déclarant impurs.
Vous séparerez entre l’animal pur et l’impur
Il n’était pas nécessaire de spécifier la distinction à opérer entre la vache et l’âne, étant donné qu’ils sont différents et reconnaissables. Mais il fallait le faire entre ce qui t’est pur et ce qui t’est impur, entre l’animal dont la majeure partie de la trachée-artère a été tranchée et celui dont seule la moitié a été tranchée. Et quelle différence y a-t-il entre la plus grande partie et la moitié ? L’épaisseur d’un cheveu
Que j’ai séparés pour vous pour rendre impur
En les interdisant
20,26
Soyez saints pour moi, car je suis saint, moi l'Éternel, et je vous ai séparés d'avec les peuples pour que vous soyez à moi.
Je vous ai séparés d’avec les peuples pour être à moi
Si vous restez séparés d’eux, vous êtes à moi, et sinon vous êtes à Nevoukhadnètsar (Nabuchodonosor) et à ses semblables. Rabi El‘azar ben ‘Azaria a enseigné : D’où sait-on que l’on ne doit pas dire : « La viande de porc me dégoûte ! » ou bien : « Il ne m’est pas possible de porter un vêtement fait d’espèces hétérogènes ! », mais qu’il faut dire : « Cela me serait possible, mais que puis-je faire, alors que mon Père céleste me l’a interdit ! » ? De ce qu’il est écrit : « Je vous ai séparés d’avec les peuples pour être à moi », ce qui veut dire qu’il faut que votre séparation d’avec eux soit en l’honneur de mon nom, qu’il faut se séparer du péché et accepter sur soi le joug du royaume céleste
20,27
Un homme ou une femme chez qui serait constatée une évocation ou un sortilège devront être mis à mort; on les lapidera: ils ont mérité leur supplice."
Chez qui il y aura un évocateur…
Le texte stipule ici la peine de mort, et plus haut (verset 6) celle de kareth. Si l’acte a été commis en présence de témoins et après avertissement préalable, la peine est celle de la lapidation. S’il a été commis délibérément sans avertissement préalable elle est celle de kareth, et s’il a été commis par mégarde elle est celle du ‘hatath. Il en est de même pour tous les cas de peine de mort où le texte stipule la peine de kareth