La Paracha de cette semaine, Tsav, parle de plusieurs sortes d’offrandes. L’une d’elles est le Korban Toda (sacrifice de reconnaissance) que l’on apporte après avoir survécu à un danger mortel. Le Korban Toda fait partie des Chélamim[1] (offrandes rémunératoires) et les lois régissant les deux sacrifices sont identiques, à deux exceptions près ; le Korban Toda doit être consommé dans un délai d’un jour et une nuit tandis que le Korban Chélamim peut être mangé sous deux jours et une nuit. De plus, le Korban Toda dot être accompagné de quarante pains, ce qui n’est pas requis pour les Chélamim.

Le Natsiv explique ces différences[2]. Il est obligatoire de manger toute la nourriture du sacrifice dans les délais précités, mais la personne qui apporte le Korban n’est pas tenue de le faire seule, elle peut partager avec d’autres. La Torah fait exprès d’accorder moins de temps pour consommer le Korban Toda afin que l’on invite des gens à prendre part au repas. Aussi, les pains sont là pour inciter l’individu à convier plusieurs personnes qui l’aideront à terminer à temps. Le Natsiv précise qu’ainsi, la personne reconnaissante racontera les détails de son miracle devant un maximum d’auditeurs.

Il ajoute que telle est l’explication du verset de Téhilim que nous récitons dans le Hallel : « Je T’offrirai un sacrifice de gratitude et le nom d’Hachem je proclamerai. Mes vœux envers Hachem je paierai, aux yeux de tout Son peuple… ! »

David Hamélekh déclare qu’après avoir apporté un Korban Toda, il proclamera le Nom d’Hachem devant l’ensemble du peuple afin que celui-ci connaisse également le miracle.

Une idée ressemblante est rapportée par la Ramban dans son interprétation sur la Plaie des sauterelles. La Torah écrit que ce fléau n’eut – et n’aura jamais – d’égal.[3] Le Ramban cite Rabbénou ‘Hananel qui affirme que jusqu’alors, aucune sauterelle n’avait jamais rongé de la récolte égyptienne, et il termine en citant un verset de Téhilim : « Racontez tous Ses prodiges. »[4] Le Malbim explique qu’il faut relater ses miracles personnels. Rabbénou ‘Hananel nous enseigne que lorsqu’une personne vit un fait extraordinaire, elle doit le partager avec le plus de gens possible.

Le Rav de Brisk rapporte ce Ramban à la suite de l’histoire prodigieuse suivante, racontée par Rav Binyamin Mendelson, Rav de Komemiout. Komemiout est un domaine agricole qui respecte scrupuleusement les lois de Chémita. En 5719, un essaim de sauterelles survola Erets Israël, provoquant d’importants dommages à plusieurs champs[5], et il s’approchait de Komemiout. Les agriculteurs inquiets en parlèrent à Rav Mendelson qui leur annonça sereinement qu’ils verraient la Yéchouat Hachem (le sauvetage d’Hachem). Juste avant d’entrer et d’attaquer leurs champs, les sauterelles firent brusquement demi-tour et repartirent sans faire aucun ravage. Quand Rav Mendelson raconta ceci au Rav de Brisk, ce dernier lui montra le Ramban mentionné et ils comprirent qu’ils devaient publier le miracle.

On peut même ajouter que cette Mitsva de clamer les prodiges s’inclut dans la Mitsva Déoraïta (imposée par la Torah) de Ahavat Hachem (d’aimer Hachem) – le Ramban écrit[6] que cette Mitsva s’accomplit essentiellement en éveillant chez les autres l’amour d’Hachem. L’une des façons d’y parvenir est de partager ses expériences personnelles en montrant Sa grandeur et de Sa bienveillance.

Cela ne se limite pas aux grands miracles, même les « petits » exemples de Hachga’ha peuvent être racontés à notre entourage pour décrire davantage à quel point Hachem nous aime et nous protège.

Puissions-nous tous mériter de vivre et de partager de nombreux miracles.


[1] Ils étaient apportés pour exprimer notre amour envers Hachem. Ils sont mentionnés dans le 3ème chapitre de Vayikra.

[2] Émek Davar, Vayikra, 7:13 ; Har’hev Davar, Oth 1.

[3] Chémot, 10:14.

[4] Téhilim ; 105:2

[5] Il semblerait que les propriétaires de ces champs ne respectaient pas scrupuleusement les lois de Chémita.

[6] Séfer Hamitsvot, Mitsva 3.