Nous ouvrons cette semaine, avec l’aide de D.ieu, le livre de Vayikra (ou « Lévitique ») qui évoque notamment les règles relatives aux sacrifices, ainsi que les dispositions relatives à la pureté et l’impureté.

Notre Paracha est très descriptive du cérémonial des sacrifices, elle appelle donc le commentaire et l’étude approfondie pour en tirer des leçons contemporaines.

Si l’on se tient à la thématique du « bonheur » qui nous intéresse ici, il convient de rappeler que les sacrifices avaient différents objectifs : exprimer un désir d’élévation vers Hachem, adresser à l’Eternel un remerciement pour les merveilles dont Il comble l’homme et, bien sûr, obtenir l’expiation de ses fautes.

A travers les sacrifices, la Torah vient donc rappeler à l’homme qu’il n’est pas rivé pour l’éternité à ses fautes, mais qu’il est possible d’obtenir leur expiation. Notre tradition reconnaît ainsi que la faute est inhérente à la vie humaine, mais que l’homme ne se résume pas à ses fautes, il a la possibilité de les dépasser et solliciter le pardon de D.ieu.

Cette notion est fondamentale, car bien souvent, la faute est à l’origine d’un sentiment de dépression chez l’homme qui s’afflige sur ses faiblesses et ses limites, et qui ressent une forte culpabilité. Un cercle vicieux peut alors se mettre en place dans son cœur qui aspire son énergie en focalisant son attention exclusivement sur la faute et suscitant un fort sentiment d’auto-dévalorisation.

A lire notre Paracha et les différents cas de figure qu’elle décrit, nous comprenons que la faute n’est pas que le résultat d’un esprit malade, d’un manque évident de piété ou encore d’une foi chancelante. La faute est probablement inhérente à la nature humaine, au libre arbitre, et à la lutte, ô combien difficile, contre le Yétser Hara.

L’homme est évidemment responsable de ses actes et il doit s’efforcer d’agir toujours dans la meilleure direction, instruit par les règles de la Torah. Mais il doit également apprendre comment appréhender la faute lorsqu’elle survient, comment se relever et, surtout, comment en tirer des leçons susceptibles d’éclairer son futur.

En effet, une faute n’est pas seulement le témoignage d’une fragilité ou d’une faille, elle est également une opportunité offerte à l’homme de tirer des enseignements pour améliorer son existence et notamment son avenir. Une faute dont la leçon a été comprise est le point de départ d’un comportement futur vertueux. En revanche, une faute ignorée pave la voie à la répétition des mêmes erreurs.

La procédure des sacrifices décrits dans le livre de Vayikra est notamment destinée à faire prendre conscience à l’homme de ses limites, elle l’oblige à revenir sur sa faute et, à travers les sacrifices, à visualiser les dégâts potentiels occasionnés dans l’économie de la Création par celle-ci. Il ne s’agit pas d’affliger l’homme et de le traumatiser, mais plutôt de l’inviter à méditer sur ses écarts de comportement. Au terme de cette réflexion, en l’occurrence de l’offrande des sacrifices, le pécheur est pardonné de ses fautes. Il peut ainsi prendre part à nouveau à la société, renforcé par l’expérience qu’il a vécue.

Nos Sages nous disent que le mauvais penchant, le Yétser Hara, est moins intéressé par la faute en elle-même que par la peine et la tristesse qu’elle provoque, et qui feront chuter l’homme encore davantage en le rendant irascible et déprimé, en l’empêchant de prier avec concentration, en aspirant l’énergie qui aurait pu l’amener à accomplir d’autres bonnes actions.

Notre Paracha peut nous aider à lutter contre ces sentiments négatifs en réalisant que la faute ne doit jamais avoir le dernier mot. L’homme peut obtenir son expiation et s’orienter vers le futur plus fort qu’il ne l’était.

Quant à notre génération qui ne peut plus amener de sacrifices, rappelons cet enseignement de Rabbi Nathan : « Une fois, Rabbi Yo’hanan ben Zakaï sortit de Jérusalem, suivi de Rabbi Yéhochoua. Ce dernier, apercevant le Beth Hamikdach en ruines, s’exclama : "Malheur à nous, l’endroit où Israël rachetait ses fautes est dévasté !" Rabbi Yo’hanan lui répondit : "Mon fils, ne te désole pas, nous avons un autre moyen ! Lequel ? Les actes de ‘Hessed (bonté), comme il est dit (Hochéa, 6, 6) : "Car je recherche le ‘Hessed et non le sacrifice !" » (Avot de Rabbi Nathan, 4, 1)

La voie du repentir est toujours ouverte à l’homme, c’est là le désir de l’Eternel d’assister au retour de tous les pécheurs. Concluons sur ces mots du prophète Ezéchiel : « Car Je ne désire pas la mort du pécheur mais plutôt qu’il se repente de ses fautes et qu’il vive ! » (Ezéchiel, 33, 11)

Chabbath Chalom !