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Faire une Sé'oudat Mitsva pour ses 60 ans

Rédigé le Jeudi 13 Décembre 2018
La question de Gerard S.

Chalom Ouvrakha,

J'ai appris qu'il y avait un usage de marquer son 60ème anniversaire par une Sé'oudat Mitsva (je connaissais les 70 ans et les 80 ans).

Pourriez-vous m'en dire un peu plus à ce sujet ?

Quelle est la source ?

Y a-t-il quelque chose à réciter ?

Doit-on le faire le jour-même des 60 ans ?

Par avance, merci et encore 'Hazak pour tout ce que vous faites.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
38183 réponses

Bonjour,

1. La Séouda organisée à l’âge de 60 ans [révolus] est mentionnée dans le Talmud Moèd Katan 28a.

Cette coutume est rapportée par le Ben Ich ‘Haï - année 1, Parachat Réé, Halakha 9  et par l’auteur du Kaf Ha’haïm, chapitre 223, passage 29, et dans bien d’autres ouvrages.

Nos Sages racontent :

Rav Yossef offrit un festin aux 'Hakhamim en l'honneur de ses 60 ans, en signe de reconnaissance envers Hachem, l'ayant épargné de la peine de Karète.

Abbayé, son élève, rétorqua : « Cher maître, vous avez sûrement évité le Karète des années mais pas le Karète des jours ! [Lequel est toujours possible]. Et Rav Yossef de répondre : « N'est-ce pas suffisant pour remercier Le Créateur ?! »

Explications :

« Toute personne qui consommera du 'Hamets, du premier au septième jour, sera retranchée d'Israël ».

Ainsi s'exprime la Torah, lorsqu'elle mentionne l'une des peines encourues par celui [ou celle] qui consomme du 'Hamets durant Pessah.

Il s’agit de la peine de Karète.

Voici quelques précisions importantes, à propos de cette peine, l'une des punitions requises pour les fautes les plus graves [la liste ci-dessous n'est pas exhaustive] :

1. Homme restant consciemment incirconcis jusqu'à sa mort,

2. Consommation de certaines graisses animales interdites,

3. Unions interdites mentionnées dans la Torah [voir Vayikra 18, versets 6-30). Les rapports avec une femme ne respectant pas scrupuleusement les lois de Nidda - pureté familiale, font partie des unions interdites, passibles de Karète,

4. Transgression du Chabbath sous certaines formes,

5. Faire un travail interdit durant Yom Kippour,

6. Consommer un aliment [ou une boisson] durant Yom Kippour,

7. Consommer du sang animal ou tout aliment dans lequel se trouve du sang animal.

Le Karète est une punition céleste qui peut prendre différentes formes, mais elle signifie toujours retranchement et rupture.

La personne étant passible de Karète n'a plus de lien avec son peuple, elle est exclue de la communauté des Tsadikim.

Généralement, ce sont les expressions « retranchée du peuple d'Israël » ou « retranchée du sein de son peuple » qui sont utilisées par la Torah, pour décrire cette punition si grave.

Une seule et unique fois, c'est une autre expression qui est utilisée, laissant entendre que la personne passible de Karète n'est pas uniquement retranchée de son peuple, mais également de devant D.ieu :

Cette expression se trouve dans Vayikra 22, verset 3 : « Cette âme sera retranchée de devant Moi, Je suis L'Eternel ».

Nos sages expliquent : « On aurait pu croire que le fauteur est retranché de son peuple, mais peut aller rejoindre une autre nation. C'est la raison pour laquelle, le verset dit : « L'âme sera retranchée de devant Moi" [Or, Moi, Le Créateur, Je suis partout !] »

Voir Rachi sur Vayikra 22, verset 3.

Où le fauteur pourrait-il donc prendre refuge ? Voir Mékhilta, Parachat Bo, 10, passage 70.

Le retranchement de l'âme est comparable à la rupture d'une branche, coupée de sa racine et qui n'est plus rattachée à sa source de vie. Ainsi, elle est séparée et éloignée de La source de toutes les bénédictions - Celui qui est Baroukh - Le Créateur.

Le fauteur a rompu ses liens avec Le Créateur, aussi sera-t-il puni par la rupture des liens rattachant son âme à sa source de vie, mesure pour mesure : Mida Kénéguède Mida.

La peine de Karète se rapporte parfois à l'âme, parfois au corps, parfois aux deux.

Celui dont les mérites sont plus nombreux que les péchés, même si ces derniers comprennent des fautes passibles de Karète, subira une punition physique et mourra d'une mort prématurée. Il gardera toutefois sa part dans le monde futur [Il est retranché uniquement, de son peuple].

Il existe deux sortes de mort prématurée :

1. L'une avant 50 ou 60 ans ["Karète des années" - l'âge exact est sujet à discussion]

2. L'autre après 50 ou 60 ans, mais avant l'âge qui lui était initialement prévu ["Karète des jours"]. Ainsi, lorsqu'une personne faute gravement après l'âge de 60 ans, il est encore possible d'encourir la peine de Karète.

Comme nous l'avons souligné, dans ces deux éventualités, le fauteur n'est pas retranché du Olam Haba, mais après avoir fait Téchouva et quitté ce monde prématurément, il lui est possible de rejoindre les Tsadikim de toutes les générations passées, afin de pouvoir mériter le droit au monde futur.

Cependant, les personnes dont la « quantité » de péchés est supérieure à celle des Mitsvot et ayant transgressé une faute passible de Karète [et n'ayant pas fait Téchouva jusqu'au jour de la mort] seront privées de leur part dans le monde futur.

C'est à elles que se rapporte le verset :

« Cette âme sera retranchée de devant Moi » ou encore : « Je détruirai cette âme ».

Voir Vayikra 23, verset 30.

Elles ne subissent pas la peine physiquement et peuvent atteindre un âge très avancé dans ce monde éphémère et passager.

Dans certains cas, une personne passible de Karète peut entraîner, non seulement sa mort prématurée, mais également la disparition de toute sa descendance - qu'Hachem nous en préserve !

Voir Rachi sur Vayikra 17, verset 9.

Attention ! En aucun cas, il est permis à qui que ce soit de tirer des conclusions sur une personne quelconque, en considérant l'âge de sa disparition.

Seul, Le Créateur, Maître de tous les jugements, est capable de scruter les actions de chacun !

Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

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