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L'argent gagné Chabbath porte-t-il vraiment bonheur ?

Rédigé le Jeudi 23 Février 2017
La question de Haya D.

Bonjour,

On dit toujours que l'argent acquis le Chabbath ne porte pas bonheur et n'apporte que des problèmes : maladie, accident ou autre.

Où peut-on trouver la signification exacte de cela ? Est-ce une coutume ?

Merci.

La réponse de Rav Gabriel DAYAN
Rav Gabriel DAYAN
38341 réponses

Bonjour,

Le respect du Chabbath fait partie des Mitsvot les plus importantes de notre Torah.

Rabbénou Ya'acov, l’auteur du Tour, ainsi que le Beth Yossef et le Bayit ‘Hadach - Ora’h ‘Haïm, chapitre 242 - ont rassemblé de très nombreux Midrashim à propos de la splendeur et de la récompense réservée à ceux qui respectent le Chabbath et à propos de la gravité de la transgression de cette grande Mitsva.

Nos Sages disent :

« Le respect du Chabbath est la meilleure garantie et le meilleur moyen permettant de bénéficier de toutes les bontés d’Hachem - Le Créateur ».

Donc, il est évident que la transgression de cette Mitsva ne peut qu’entraîner - tôt ou tard - des conséquences négatives.

Il est évident, également, que l’argent obtenu par le biais de la transgression des lois de ce grand jour ne pourra apporter du bien.

Ce n’est ni une « coutume », ni un « dicton ».

C’est une réalité.

Ceci est mentionné explicitement dans les écrits des commentateurs sur le Choul'han ‘Aroukh - Ora’h ‘Haïm, chapitre 306, Halakha 5 et dans le Michna Broura, chapitre 306, passage 23.

A propos du sens profond du Chabbath, lisez ce qui suit :

Durant les six jours de la semaine, l'homme est plongé dans ses occupations : il transforme son entourage, s'investit corps et âme dans l'amélioration de son bien-être et doit également travailler "à la sueur de son front" pour obtenir sa subsistance [la "lutte pour l'existence"].

Ces/ses occupations sont fréquemment causes de tourments, d'inquiétudes, voire d'angoisses. Bien plus que cela, elles sont, dans bien des cas, à l'origine de la distance séparant l'homme de son Créateur.

Le Rav Munk écrit :

"La menace de la faim, réelle ou prétendue, fait oublier tous les principes et réduit à néant les meilleurs engagements.

Aussi longtemps que l'homme n'est pas libéré de l'angoisse que provoque en lui le souci de la subsistance, il n'y a point de place pour la réalisation intégrale de la loi divine.

Cependant, la délivrance de cette obsession n'est possible que grâce à la prise de conscience que le souci de subsistance, premier de tous nos soucis, ne repose pas seul, et pas en premier lieu, sur nos épaules.

Il incombe à l'homme, dans ce domaine, comme en bien d'autres, de faire son devoir, tout en confiant la réussite à la constante sollicitude du Créateur.

Sans cette prise de conscience, l'homme rivé à la poursuite du gain matériel ne connaît pas de limite dans sa lutte pour l'existence. Elle le poussera sans cesse à la recherche de nouveaux profits, sans égard pour autrui, et elle ne tolèrera auprès d'elle aucun autre objectif et aucun autre idéal." (Commentaire sur Chémot 16/2) L'homme pourrait même se dire dans son cœur : "C'est ma force et la vigueur de ma main qui m'ont procuré cette puissance" (Dévarim 8/17).

Le Rav Munk explique par ailleurs :

"Durant Chabbath, la Torah exige que l'homme s'efface et cesse d'intervenir dans son entourage. Il est appelé à se dégager de ses préoccupations matérielles.

Toute action par laquelle il manifestera sa maîtrise, sera interdite. Il ne devra plus agir sur le monde afin de ne pas manifester sa domination et son influence. Ainsi, il laissera apparaître la grandeur du Créateur dans toute sa splendeur.

Nos maîtres expliquent que l'homme doit laisser la nature intacte sans la changer d'aucune manière, sans quoi il est considéré comme empiétant sur l'empire du Créateur.

Durant Chabbath, l'homme est en paix avec le monde, il n'use plus de son pouvoir pour le transformer.

Délaisser ses affaires, sa profession, ses occupations, c'est sanctifier le nom du Créateur; c'est témoigner qu'Il a créé le monde en six jours et qu'Il le dirige. C'est aussi et surtout, proclamer que tous les êtres Lui obéissent et se soumettent à Sa volonté.

Durant Chabbath, ces croyances se transforment donc en réalités beaucoup plus claires et tangibles et l'on se retrouve en toute pureté auprès du Créateur en profitant d'une approche "véritable" et "transparente".

"L'arrêt du travail durant Chabbath fait prendre conscience à l'homme que, s'il est libre durant la semaine d'exploiter les ressources de la nature à son profit, de manier à son gré les moyens de production, il n'en est pas pour autant le dominateur ni le véritable propriétaire. Lorsqu'arrive Chabbath, il se sépare de tous ses pouvoirs et les dépose humblement aux pieds du Créateur". (Rav Munk sur Chémot 20/10).

Dans le même ordre d'idée, le Rav R. Eisenberg écrit :

"S'abstenir de tout travail créatif, particulièrement dans le monde moderne où règne une insécurité croissante, témoigne d'une confiance en Hachem et d'une soumission à Celui de qui dépend la réussite matérielle. La seule manière de reconnaître explicitement la supériorité incontestable de l'Eternel sur toute la Création est de cesser nos activités quotidiennes, de prendre du recul et de percevoir la main de Hachem cachée derrière le système de cette Création". (Survivre, pp. 134-135)

Le Chabbath vu sous un autre angle

Tout au long de la semaine, l'homme est privé d'une certaine autonomie, il est attaché au monde matériel et dépend presque totalement de son entourage, il est en quelque sorte l'esclave du milieu dans lequel il se trouve.

En effet, il est commandé par la nécessité de "régner" sur le monde pour gagner son pain. Le Chabbath, il est libéré de cet asservissement, il peut vivre en harmonie avec tout ce qui l'entoure.

Durant cette journée, c'est l'inaction et le repos qui sont exigés.

Dès lors que l'on ne fait aucun des travaux interdits, on est certain d'accomplir la Mitsva du Chabbath. L'homme est un roi. Chabbath est la reine.

Sanctifier Chabbath c'est donc mettre en évidence ce côté passif de l'être, qui se sépare de tout le reste du monde et se tourne vers le Créateur Qui lui assure toutes les bénédictions.

Je suis à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu’Hachem vous protège et vous bénisse.

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