Cette semaine, nous allons poursuivre les lois de rectification de la faute du vol.

Que doit faire le coupable dans l’éventualité où il ne connaît pas l’identité de ses victimes ? Ceci peut être le cas lorsqu’un individu a escroqué le public d’une certaine manière. Par exemple, il a peut-être employé des faux poids ou rendu délibérément trop peu de monnaie en diverses occasions, pendant une période importante. Dans de tels cas, il est fort improbable qu’il se souvienne de toutes les personnes qu’il a trompées. 

Le premier stade de rectification est de tenter de déterminer le montant total de l’argent volé. Si c’est impossible, il faudra procéder à une évaluation de la somme qu’on pense être l’équivalent ou l’excédent de ce qu’on s’est approprié.

Il faudra ensuite chercher à financer une cause collective, comme une bibliothèque ou un Mikvé. De cette manière, il pourra avec un peu de chance, en temps voulu, rembourser à ses victimes la somme d’argent qu’il leur a volée. L’argent devra être offert de manière anonyme, autant que possible, pour éviter de recevoir une reconnaissance injustifiée pour son « don. » Il est insuffisant de donner de l’argent volé à des pauvres ou à une cause qui n’est pas liée à des besoins communautaires, sachant que ça n’aurait pas d’intérêt pour les victimes. Inutile de préciser qu’il est presque impossible pour le coupable de compenser totalement toutes ses victimes - ce devrait être un avertissement sur la gravité du vol, à quel point il est difficile de rectifier cette faute. 

Si la victime n’est plus en vie, il faut restituer l’argent à ses héritiers.

Après plusieurs mois de discussions sur les nombreuses lois liées au vol, il est important d‘en comprendre l’aspect philosophique pour saisir la gravité de cette faute.    

Nous vivons une époque d’exil, où Hachem dissimule Sa présence (Hester Panim). Un grand Rav contemporain, Rav Matityahou Salomon chlita suggère que la négligence dans les affaires monétaires (Mamonot) est une cause directe du Hester Panim. La Torah nous ordonne d’utiliser des poids et mesures précis et honnêtes[1]. Directement après cette section se trouve le passage qui rappelle l’époque où le peuple pervers d’Amalek a attaqué le peuple juif.[2] Quel est le lien entre ces sujets a priori différents ?

L’illustre commentateur du 19ème siècle, le Nétsiv,[3] explique que la malhonnêteté dans les affaires sape les fondements mêmes de la foi (Emouna) et de la confiance (Bita’hon) en D.ieu. Quelqu’un qui place sa confiance en Hachem pour lui procurer sa subsistance n’aura aucun désir de violer les lois de la Torah liées au vol, dans le but de gagner de l’argent. En revanche, quelqu’un qui est prêt à tricher et justifie une conduite douteuse dans le but de subvenir à ses besoins indique par là qu’il ne vit pas avec la croyance que D.ieu veille sur lui. Mesure pour mesure, Hachem dit : « Si tu agis comme si Je n’étais pas là, Je ne serai plus en ton sein et ne t’accorderai plus Ma protection. » Sans protection divine, nous devenons la proie de nos ennemis. Ceci explique pourquoi le passage traitant de l’honnêteté est suivi par celui sur Amalek. En volant, on renie implicitement la Providence divine. En conséquence, D.ieu se retire et nous laisse en proie aux multiples menaces autour de nous. 

Puissions-nous tous mériter la supervision constante de Hachem et mériter qu’Il pourvoie à nos besoins.


[1] Dévarim 25, 13-16.

[2] Dévarim 25, 17-19.

[3] Il s’appelait Naftali Tsvi Yéhouda Berlin.