La Guémara dans Chabbat nous informe de la raison pour laquelle la fête de ’Hanouka fut fixée pour toutes les générations à venir ; c’est à cause du miracle de la fiole d’huile qui dura huit jours.

Rav ’Haïm Chmoulewitz note que les miracles qui permirent aux ’Hachmonaïm de vaincre l’armée grecque semblent bien plus spectaculaires et importants que celui de la fiole. La victoire militaire brisa l’hégémonie grecque et facilita le libre respect de la Torah. Le miracle de la fiole d’huile ne joua aucun rôle dans la victoire, il permit « simplement » à la Ménora d’être allumée sept jours supplémentaires[2]. N’aurait-il pas été plus logique d’instaurer la fête de ’Hanouka en souvenir de la fameuse victoire ?[3]

Il explique qu’il existe deux raisons aux miracles. Hachem peut accomplir un prodige par nécessité absolue (par exemple, la Manne dans le désert qui fut vitale pour la survie du peuple juif). Et parfois, les miracles ne sont pas primordiaux, leur but principal est de montrer l’amour particulier d’Hachem pour celui qui vit le miracle.

Prenons l’exemple de David qui tua Goliat. Lorsque ce dernier fut frappé par la pierre, il aurait dû tomber en arrière, mais étonnamment, il tomba en avant[4]. Rachi rapporte un Midrach affirmant qu’Hachem fit un « miracle » ; Goliat tomba ainsi afin d’épargner à David quelques mètres de marche pour le décapiter[5]. Ce miracle n’était certainement pas de la plus haute nécessité ; Hachem l’accomplit pour montrer Son affection pour David.

Le Or Ha’haïm cite un autre exemple de « miracle d’amour ». Dans la Paracha de Lekh Lékha, Hachem promet à Avraham la terre d’Israël pour l’éternité. Il lui dit : « Lève les yeux et regarde à partir de l’endroit où tu te tiens, en direction du nord, du sud, de l’est de l’ouest. »[6] Qu’ajoutent les mots « à partir de l’endroit où tu te tiens » ? Le Or Ha’haïm explique qu’Hachem accomplit un miracle incroyable, grâce auquel Avraham put voir toute la Terre (dans toutes les directions) sans bouger, sans même se retourner ![7]

L’objectif principal de ces deux miracles d’importance mineure était de montrer l’amour infini d’Hachem à l’égard de ceux qui Le servirent avec tant de dévouement. Et moins le miracle est nécessaire, plus l’expression d’amour est grande.

Nous pouvons à présent comprendre la signification du miracle de la fiole d’huile. Bien évidemment, les miracles de la victoire militaire étaient essentiels et celui de la fiole d’huile l’était bien moins. De ce fait, il prouva davantage l’amour d’Hachem pour Son peuple.

Il nous reste à comprendre pourquoi Hachem choisit de modifier le cours de la nature pour accomplir ce miracle. Les exemples de « miracles accessoires » que nous avons mentionnés montrent qu’Hachem ne performe de tels prodiges que pour des êtres exceptionnellement vertueux, comme Avraham Avinou ou David Hamélekh. Quel fut le mérite des ’Hachmonaïm ?

C’était, mesure pour mesure, en réponse aux actions des ’Hachmonaïm qui revinrent au Beth Hamikdach et ne trouvèrent qu’une seule fiole d’huile pure. Les commentateurs expliquent qu’il aurait été autorisé d’utiliser de l’huile impure dans une telle situation.[8] Malgré tout, ils choisirent d’être Méhader (littéralement, d’agir avec Hidour) et d’accomplir la Mitsva de manière optimale, pour prouver de leur profond amour pour Hachem. Ils souhaitaient aller au-delà de la stricte loi, alors Hachem aussi, alla pour ainsi dire, au-delà des lois de la nature et opéra un miracle « secondaire » en signe d’affection pour eux.

Ceci explique aussi le concept unique à la Mitsva de l’allumage de la ’Hanoukia — celui de Méhadrin et de Méhadrin Min Haméhadrin. On a pris l’habitude de s’efforcer d’accomplir cette Mitsva de la meilleure façon possible, bien que la Mitsva puisse être effectuée en allumant une bougie par famille et par jour. Nous faisons la Mitsva avec le Hidour maximal, en souvenir des Hidourim des ’Hachmonaïm et du Hidour d’Hachem qui performa le miracle de la fiole d’huile.

Ainsi le miracle de la fiole est unique parce qu’il montre l’amour mutuel entre Hachem et le peuple juif. Deux leçons sont à tirer de cet enseignement. Nous devons tout d’abord nous souvenir de l’amour sans bornes qu’Hachem voue à Son peuple et savoir que cet attachement est le même à l’égard de chaque juif. Deuxièmement, il nous faut nous efforcer d’émuler la volonté des ’Hachmonaïm d’accomplir les Mitsvot de manière optimale, comme preuve d’amour pour Hachem.

Puissions-nous tous mériter d’appliquer les leçons de ’Hanouka dans notre quotidien.


[1] Le mot « Hidour » signifie glorification. On l’utilise généralement pour parler de l’accomplissement optimal des Mitsvot.

[2] Voir les commentateurs qui demandent pourquoi ’Hanouka ne dure pas sept jours étant donné que le miracle de la fiole d’huile dura sept jours.

[3] Si’hot Moussar, Maamar 16, p. 67-70.

[4] Chmouël I, 17:49.

[5] Rachi, Ibid.

[6] Lekh Lékha, Béréchit, 13:14.

[7] Or Ha’haïm, Lekh Lékha, Béréchit, 13:14.

[8] Voir Pné Yéhochoua, Chem Michmouël, Beth Halévy, ’Hanouka.