Philip, ouvrier en bâtiment, débute toujours son programme quotidien par une bonne tasse de café prise au coffee-shop avant de partir travailler. Philip vit aux États-Unis et est issu d'une famille juive assimilée ; d'ailleurs, à l'époque des faits relatés ici, il ne sait rien du judaïsme. Non seulement il ne respecte ni la Torah, ni les Mitsvot, mais il a même épousé une femme non-juive.

Un jour qu'il se rendait sur un chantier à Brooklyn, il « a atterri » par hasard dans un restaurant Cachère. Il commanda un café et un bagel, qui lui furent servis par une vieille femme juive pratiquante. Après avoir rapidement pris son petit déjeuner, il est allé payer à la caisse. En fouillant dans son portefeuille, il a réussi à rassembler la somme exacte pour régler sa consommation. Mais il n'avait rien de plus pour laisser un peu de pourboire, comme il est d'usage de le faire.

Tout à coup, il sortit un billet de loto sous le nez de la serveuse et lui dit  :« Si je gagne à la loterie, la moitié du gain sera pour vous ! Ce sera votre pourboire ! »

La serveuse opina du chef comme pour dire « Quelle est la probabilité que cela arrive…  Un seul joueur sur des millions est tiré au sort... Ma foi, ce ne sera pas la première fois qu'un consommateur se dérobera au pourboire. »

***

« Non, tu n'étais pas sérieux en disant cela ! Tu es devenu fou ou quoi ? Donner 2 500 000 millions de dollars comme ça, à une inconnue ?! »

Les hurlements pouvaient s'entendre à l'autre bout de la rue. C'était ceux de l'épouse non-juive de Philip…

Le clash a lieu quinze jours après ce fameux matin du bagel et du café pris au restaurant Cachère.

En écoutant les résultats du tirage au sort de la loterie, Philippe a noté qu'il avait le premier numéro ! Idem pour le second ! A partir de là, il a demandé à sa femme de le rejoindre pour vérifier les autres chiffres. A l'approche du dernier numéro, il se surprit à prier de toutes ses forces quand… Bingo !  Tous les numéros de son billet étaient gagnants ! Il avait remporté le gros lot des cinq millions de dollars !

Comme tout Américain dans une telle heureuse situation, il exprima son bonheur en sautant en tous sens et en clamant sa joie. Mais tout à coup, ce fut comme un ballon qui aurait éclaté. Il se replia sur lui-même et devint songeur.

Sa femme remarqua immédiatement cet étrange changement d'attitude et s'enquit de ce qui se passait. « Eh, tu viens de gagner le gros lot ! Que t'arrive-t-il ? »

Il lui arrivait tout simplement qu'il venait de se remémorer les paroles qu'il avait prononcées au petit restaurant Cachère : « Si je gagne à la loterie, vous recevrez la moitié de mes gains ! Ce sera votre pourboire ! »

Une heure s'est écoulée, puis deux… Philip s'était résolu à tenir son engagement et à donner 2,5 millions de dollars à la vieille femme juive.

C'est là que les cris de son épouse non-juive ont retenti. « Tu ne feras jamais ça ! Et si jamais tu te risques à le faire, tu me trouveras sur ton chemin ! Je vais dire à qui veut bien l'entendre que tu es fou ! »

Philip s'est alors assis, un peu recroquevillé sur lui-même, mais a dit d'une voix ferme et claire : « Je suis un honnête homme ! Je ne vais pas manquer à ma parole ! »

Le lendemain matin, il se trouva devant un magnifique petit déjeuner de fête. Son épouse pensait encore qu'elle pourrait le faire revenir de sa « folle » décision d'offrir 2,5 millions de dollars à une vieille Juive. Mais Philip tint bon et redit clairement d'une voix ferme : « Je n'ai jamais trahi ma parole de toute ma vie, et je commencerais aujourd'hui ? »

A un moment donné, il avait laissé entendre par inadvertance qu'il ne donnerait peut-être pas la totalité de la somme promise à cette vieille dame. Il choisit alors de retourner sur place pour prendre connaissance de la situation exacte de cette serveuse. Le jour même, il est entré dans le coffee-shop, et a de nouveau commandé un café et un bagel.

« Vous savez quoi ? Finalement j'ai gagné ! »

La serveuse répondit, curieuse : « Qu'est-ce que vous avez gagné ? » Elle ne comprenait pas où ce client voulait en venir.

« J'ai gagné à la loterie ! »

La femme ne comprenait toujours pas ce qu'il voulait, jusqu'à ce que Philip lui rappelle son engagement pris deux semaines plus tôt.

« Laissez-moi tranquille ! le pria-t-elle. Je suis une vieille femme, ne vous moquez pas de moi... Finissez votre café et allez-vous-en. »

Il se leva sur-le-champ, sortit précipitamment pour acheter le journal et lui montrer qu'il avait effectivement les bons numéros. À sa grande surprise - mais était-ce vraiment une surprise -, la dame âgée se mit à rire et à pleurer en même temps en racontant son histoire :

« Mon mari et moi-même sommes mariés depuis de très nombreuses années, mais nous n'avons eu qu'une fille. Pendant très longtemps, nous avons espéré avoir aussi un fils, et nous avons été exaucés. Mais à notre grand désespoir, il est malade. Tous les soins nécessaires et les nombreux séjours à l'hôpital ne nous ont pas permis de travailler régulièrement, et c'est sans compter les coûts des médicaments qui nous accablent. Vous êtes tout simplement un ange venu du Ciel pour nous sauver ! » Et elle éclata en sanglots.

A ce moment précis, Philip sut exactement comment agir : il était évident qu'il respecterait sa parole dans les moindres détails. En fin de compte, Philip remit donc la somme promise à la serveuse âgée : 2,5 millions de dollars. Il prit 1,25 millions pour lui-même et remit 1,25 millions à son épouse non-juive qui accepta de se séparer de lui et de lui rendre sa liberté.

***

Quand il arriva au domicile de la vieille femme afin de remettre à sa famille ce qui leur revenait, Philip fut surpris de les voir affairés à une chose plus importante. En effet, ils lui demandèrent d'attendre quelques minutes afin de les laisser terminer… l'allumage de bougies. De quelles bougies ? Et en quoi était-ce si important ?

Ils lui expliquèrent alors la nature du miracle de 'Hanouka.

Philip fut impressionné : pour commémorer un miracle qui s'est produit il y a des milliers d'années, ces Juifs retardent l'accomplissement d'un miracle qui se déroule maintenant, sous leurs yeux ! « Écoutez, leur a-t-il dit, je suis moi-même d'origine juive ! »

Ils furent très heureux d'entendre cela et ils l'invitèrent immédiatement à se joindre à l'allumage des bougies. L'allumette qui alluma la bougie enflamma aussi l'étincelle juive cachée dans le cœur de Philip.

A cet instant même, il ressentit un changement au plus profond de son être !

Les larmes montèrent aux yeux de Philip lorsqu'il vit l'enfant malade s'approcher pour allumer une bougie. Le petit bégaya quelques syllabes avec difficulté, mais la lumière qui émanait de son visage était magnifique. Toute la famille répondit « Amen ».

A la suite de cette soirée, Philip commença à se rapprocher du judaïsme. Ce début l'amènera finalement à étudier pendant une année entière au sein d'une Yéchiva pour Ba’alé Téchouva (repentants). A ce moment-là de son parcours, il lui a été proposé de rencontrer Etty, qui n'était autre que… la fille de la serveuse âgée ! Ils ont fondé un foyer respectueux de la Torah et ont eu le bonheur d'avoir des enfants élevés dans les Mitsvot.
 

La lumière est la première chose qui a été créée du néant dans l'ordre de la Création. Le livre des Proverbes dresse un parallèle entre la lumière et la Torah : « La Mitsva est flamme et la Torah est lumière. » Le Ba’al Chem Tov explique que D.ieu a préservé cette lumière dans la Torah, et que l'âme de tout Juif est une étincelle de lumière qui s'est détachée de ses racines divines. Dans chaque personne, il y a une lumière centrale, une étincelle intérieure. Elle ne resplendit guère à l'extérieur de l'individu en raison d'un voile épais qui s'appelle la matérialité. Mais dans certains cas, cette lumière intérieure resurgit et repousse toutes les ténèbres du monde et de la matérialité.

A 'Hanouka quand j'observe la lumière des bougies, j'y cherche ma lumière intérieure, l'étincelle qui enflammera mon âme, qui me fera suivre le droit chemin, qui me fera « remercier l'Eternel de l'âme pure qu'Il a insufflée en moi…».