Le mois de Av est déjà là, et la période des trois semaines s’écoulant entre le 17 Tamouz et le 9 Av est déjà entamée. D’ici peu, ce sera le jeûne du 9 Av, jour où l’on se réunit dans les synagogues pour s’asseoir ensemble et pleurer la destruction du Temple, au travers de la lecture de la Méguilat Eikha (Livre des Lamentations) et des Kinot (complaintes).

Mais au fait, pourquoi est-ce que nous tenons tellement à nous endeuiller chaque année sur la destruction du Beth Hamikdach (Temple) ?

Tant d’années se sont écoulées depuis. Le peuple d’Israël, dans sa majorité, est déjà installé en terre d’Israël avec une armée forte et de bonnes relations diplomatiques avec la majeure partie des États et des nations du monde.


La question plus pertinente ne se focalise pas sur le pourquoi du deuil, mais plutôt sur le fait de comprendre : comment est-ce possible de s’endeuiller ?

Comment pourrais-je m’asseoir (à même le sol) et pleurer la perte du Beth Hamikdach, que je n’ai jamais vu ni connu, qui a été détruit bien avant que le grand-père de mon grand-père ne naisse ?! Peut-être que je pleurerai aussi la perte de mon oncle David qui est décédé il y a 50 ans lorsque mon père était encore bébé ? Comment est-il possible de s’endeuiller sur quelque chose que nous n’avons pas connu ?

Ces questions ont été posées au Rav Moché Cohen, auteur de l’ouvrage « Mamlékhèt Cohanim ».

Et le Rav Moché Cohen de répondre : « Lorsque nous pleurons pour la destruction du Temple, nous ne pleurons pas pour des bois et des pierres. Nous ne portons pas de deuil sur le passé, mais sur le présent, sur ce qu’il se passe maintenant.

L’on peut s’endeuiller à de nombreux niveaux de profondeur. Certains s’endeuillent car la Chékhina (Présence Divine) est en exil. La sainte Chékhina est tristement installée à l’extérieur de sa demeure qui a été détruite. Hachem désire les offrandes du peuple d’Israël et nous ne pouvons pas Lui apporter ces offrandes. C’est très triste.

L’on peut s’endeuiller sur la situation générale du peuple d’Israël. Nous sommes en exil. Même ici, en Terre d’Israël avec une armée forte et tous les symboles du gouvernement, nous sommes encore tributaires des bontés des États-Unis qui mettront un véto au Conseil de Sécurité, nous sommes également dépendants du ‘Hamas qui, s’il le souhaite, peut faire fuir tout le pays vers les abris, nous sommes également la proie du ‘Hezbollah qui nous menace de tirer sur nous 100 000 missiles.

La destruction du Beth Hamikdach n’est pas une tragédie révolue. C’est une tragédie constante qui a des répercussions sur plusieurs domaines.

Il y a des facettes du deuil et de la destruction qui touchent vraiment chacun de nous. Lorsque la Délivrance Finale sonnera, tous les malades guériront, les morts revivront, notre vie sera meilleure et plus gaie. Il est écrit dans les Livres que même les cieux ont perdu de leur éclat et de leur clarté lorsque le Beth Hamikdach a été détruit, tout est plus triste et plus obscur parce que nous n’avons pas encore été délivrés.

Chacun peut et doit s’attacher à ce sujet de la destruction selon son point de vue, son regard porté vers la matérialité et la spiritualité, trouver les domaines qu’il a détruits, ceux dans lesquels, il est loin de la perfection et pleurer pour cela.

Et avec l’aide de D.ieu, nous mériterons prochainement de voir la promesse de nos Sages se réaliser : « Tout celui qui s’endeuille sur Jérusalem, méritera d’assister à sa reconstruction ».