Torah-Box a eu l’honneur et le privilège de s’entretenir avec le Rav Réouven Elbaz, président des institutions Or Ha’haïm, afin d’en savoir plus sur le véritable phénomène qui entoure les Séli’hot organisées à sa Yéchiva et qui attirent chaque année des centaines de milliers de personnes…

Il est 11h30. Dans une demi-heure, nous avons rendez-vous avec le Rav Réouven Elbaz, membre du Conseil des Sages de la Torah et président des institutions Or Ha’haïm (quelques 300 annexes à travers tout Israël…). Autant vous dire que l’émotion est à son comble ! Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de s’entretenir avec celui qui, depuis 50 ans, a entre autres réussi à rassembler des centaines de milliers de personnes chaque année pour les traditionnelles Séli’hot qu’il mène d’une main de maitre à sa Yéchiva, située en plein cœur de Jérusalem.

Que vous soyez homme ou femme, jeune ou moins jeune, pratiquant ou pas, si vous n’avez jamais eu l’occasion d’assister aux fameuses Séli’hot à Or Ha’haïm, parions qu’après cet article, une furieuse envie vous prendra de vous y rendre au moins une fois dans votre vie !

Kvod Harav, Chalom. Nous sommes très honorés de pouvoir nous entretenir avec vous. Tout d’abord, nous avons entendu que la Yéchiva s’apprêtait à fêter ses 50 ans. Un demi-siècle de Torah, ça n’est pas rien !

En effet, Baroukh Hachem. C’est une révolution que D.ieu a initié dans cette génération. Et cela fait 50 ans que nous y organisons les Séli’hot. Ces dernières années, quelque 200.000 personnes venues de tout Israël y assistent.

200.000 ?! Racontez-nous comment tout cela a-t-il commencé.

Lorsque nous avons fondé la Yéchiva, après la Guerre des Six jours, nous avions pris l’habitude d’organiser pendant le mois d’Eloul chaque jeudi des Séli’hot accompagnées de musique et de cantors, qui attiraient de plus en plus de monde au fil des semaines.

Faire les Séli’hot en musique était quelque chose de tout à fait nouveau à l’époque et les gens affluaient de partout pour y assister.

Elles avaient lieu dans un bâtiment situé à proximité de la Vieille ville, avant de déménager au tombeau de Ra’hel à Beth Lé’hem.

A Beth Lé’hem ? Vous chantiez et mettiez de la musique comme ça, en plein chez les Arabes ?!

Oui, et ils nous accueillirent très bien ! Nous étions de plus en plus nombreux de semaine en semaine. Lorsque des années plus tard, nous avons emménagé ici, dans le grand bâtiment de la Yéchiva, les Séli’hot eurent désormais lieu tous les soirs depuis Roch ‘Hodech Eloul jusqu’à Yom Kippour. Et l’affluence a augmenté d’année en année, jusqu’à aujourd’hui où elles sont célèbres dans le monde entier.

Qu’est-ce qui explique un tel succès, selon vous ?

Je pense que les gens sont en premier lieu attirés par l’enthousiasme généré par la musique. Ils sont transportés. Mais aussi et surtout, je profite de ce moment propice pour aborder en quelques minutes un autre thème chaque soir : je parle de l’importance du Chabbath, de la Téfila, de l’étude de la Torah, de l’éducation des enfants dans la Torah, de la Tsniout, etc. L’âme juive est assoiffée et elle est comme magnétisée par les paroles de Torah. Les gens écoutent et en veulent davantage.

Vous voulez dire que certains de vos élèves sont là grâce aux Séli’hot ?

Bien sûr ! Un exemple : il y a des années, un certain comédien de Tel-Aviv a débarqué une nuit aux Séli’hot à la Yéchiva, entrainé par un ami à lui qui avait entamé un processus de Téchouva. La première fois que je l’ai vu, il était vêtu d’un short et avait les cheveux longs jusqu’aux hanches. Il faisait comme ça et comme ça, de droite à gauche, avec sa chevelure… Il faisait la bise à ses amis comédiens en plein pendant les prières. Je me retenais de toutes mes forces pour ne rien lui dire. Finalement, au bout de quelque temps, il est venu étudier à la Yéchiva.

Aujourd’hui, des années après, c’est un génie en Torah qui dirige un Beth Midrach de 100 étudiants à Ramat Echkol, à Jérusalem. C’est un cas parmi d’autres…

Mais comment un comédien de Tel-Aviv en vient à participer aux Séli’hot dans une Yéchiva orthodoxe ?! Qu’est-ce qui l’attire ici plus qu’autre part ?

C’est l’âme juive qui ressent l’appel ! Au départ, ils viennent pour l’engouement, pour les chants et finalement ils sont attirés par la beauté des paroles de Torah. Il y a aussi quelque chose de mystique dans le fait de dire les Séli’hot pendant la nuit. Ca a aussi son effet.

Quel est le public qui vient assister aux Séli’hot ?

Il y a de tout. Des jeunes que rien ne semble relier à la Torah aux Avrékhim et étudiants de la Yéchiva, des hommes politiques aux haut-gradés de l’armée en passant par des Rabbanim et des filles de séminaire. C’est tout le peuple juif qui s’unit pour revenir vers Hachem.

Même des Admourim ‘Hassidim, parait-il !

En effet, le Rabbi de Belz vient souvent nous rendre visite. Il a eu vent de nos Séli’hot, est venu ici et est resté des heures à pleurer sur l’estrade… En privé, il m’a raconté que petit, il habitait à proximité d’une synagogue séfarade à Tel-Aviv et que de sa fenêtre, il se délectait de la voix des fidèles pendant les Séli’hot

ça lui a rappelé toute son enfance et il en a été profondément ému.

Revenons-en aux institutions dirigées par le Rav. On parle de 300 annexes dans tout Israël !

Exact, du nord au sud, Or Ha’haïm est présent partout en Israël. A Achdod, Nétivot, Eilat, Nahariya, Kyriat Malakhi, Sdérot, Tibériade, Ré’hovot, etc. Partout, les élèves issus de la Yéchiva vont à leur tour fonder des cellules de Torah. A Kyriat Gat par exemple, nous avons ouvert quatre Kollelim ! Je dis à mes élèves : ouvrez une cellule, après nous verrons. Avais-je moi-même un jour rêvé que la Yéchiva compterait 1.000 élèves, comme c’est le cas aujourd’hui ? Nous avons même ouvert, pour cette année, une structure destinée aux lycéens français, avec possibilité d’intégrer la Yéchiva par la suite s’ils le souhaitent. Nous faisons notre part du travail, et D.ieu aide !

Rav Elbaz, merci infiniment pour nous avoir consacré cet entretien. Rappelons juste aux lecteurs de Torah-Box que les Séli’hot à Or Ha’haïm ont lieu à partir de dimanche soir toutes les nuits à minuit au 1, rue Ezra.

Vous êtes tous les bienvenus. Ktiva Vé’hatima à tous !

David Choukroun & Elyssia Boukobza