En tant que directeur de l’école Yéssodé Hatorah à Manchester, en Angleterre, Rav Yonathan Yokaïden a une longue expérience dans le domaine de l’éducation des enfants. Un jour, un organisme juif situé à Melbourne, en Australie, l’invite à donner une série de conférences sur le sujet de l’éducation juive.

La première partie de ce long voyage, d’Angleterre à Bruxelles, se passe difficilement. Rav Yokaïden découvre que les repas Cachères qu’il a commandés sont introuvables. De plus, l’avion ne traverse que des zones de turbulences. Après un vol beaucoup plus long que prévu, l’avion atterrit finalement en sécurité à Bruxelles. Mais en raison des vents forts et dangereux, tous les passagers doivent rester enfermés dans l’avion pour une durée indéterminée. Tous profitent des sandwichs offerts par la compagnie aérienne pour ce désagrément, sauf Rav Yokaïden, puisque rien n’est Cachère.

Après de longues heures d’attente, les passagers sont enfin autorisés à jeter un premier regard à l’aéroport de Bruxelles. Rav Yokaïden se dirige immédiatement vers un guichet pour se renseigner sur le prochain vol pour Singapour, où il poursuivrait sa route pour Melbourne. Le steward lui dit alors :

- Je suis désolé, monsieur. Il n’y pas de vol avant demain après-midi à 14h.

Le Rav n’en revient pas :

- 14h ?! Mais c’est dans 20 heures ! Ecoutez-moi, je suis juif et je ne mange que Cachère. Est-il au moins possible d’obtenir de la nourriture Cachère pour le prochain vol ? 

Embarrassé, le steward lui répond :

- En fait, avec ce temps, aucune nourriture n’arrive de l’extérieur de l’aéroport. Mais il y a un vol El Al coincé ici également. Nous ferons de notre mieux pour vous obtenir quelque chose à manger…

Mais au final, le Rav ne reçoit que quelques fruits pour toute la journée. Après une journée d’attente, il embarque pour son prochain vol, mais il est tiraillé par la faim. Pour ne plus y penser, il se plonge dans l’étude de la Torah et discute de temps en temps avec son voisin, un sympathique médecin. Un peu plus tard, une hôtesse de l’air avec un chariot de nourriture s’arrête devant le Rav et lui demande :

- Un repas, monsieur ? 

Le Rav lui dit :

- Merci, mais j’ai commandé un repas Cachère.  

L’hôtesse répond :

- Ah, bien sûr. Attendez un instant, je vais voir ce que nous avons. 

Dix minutes plus tard, l’hôtesse de l’air revient et dit au Rav :

- Je suis désolé, nous n’avons pas de repas Cachère à bord. Puis-je vous offrir quelque chose d’autre ? 

Mais encore une fois, le Rav refuse :

- Non, merci. Je ne mange que Cachère.

Vu que le vol de Bruxelles à Singapour est très long, l’hôtesse de l’air revient plusieurs fois vers le Rav pour lui proposer à manger :

- Et pourquoi pas un repas végétarien ? Puis-je vous offrir au moins des cacahuètes ? Vous devez avoir très faim !

Le Rav répond en souriant :

- J’apprécie votre sollicitude, mais je ne peux vraiment rien manger. Ne vous en faites pas, tout ira bien pour moi.

De son côté, le médecin assis à côté du Rav observe silencieusement chaque scène où il refuse obstinément les repas qu’on lui offre. Peu avant d’atterrir, il se tourne soudain vers le Rav et lui dit :

- J’ai voulu vous dire quelque chose pendant tout ce vol. J’ai beaucoup hésité, mais c’est maintenant ou jamais. Voilà, je suis Juif. Après la guerre, mon père m’a donné des instructions sévères de ne jamais révéler mon judaïsme à qui que ce soit. Et je ne l’ai jamais fait. En plus de 50 ans, vous êtes la première personne à qui je fais cette révélation. Je n’ai jamais été à la synagogue, et j’ai toujours été éloigné du judaïsme. Mais je vous ai observé pendant toute la durée du vol, vous devez mourir de faim ! Et pourtant, vous refusez toute nourriture qu’on vous propose. D’où tirez-vous un tel contrôle de vous-mêmes ? Qu’est-ce qui vous motive ? Je me suis dit que c’est forcément lié à la religion.

Le médecin donne ensuite ses coordonnées au Rav Yokaïden et lui dit :

- J’aimerais en apprendre davantage sur le judaïsme auprès de vous. Peut-on garder contact ?

Bien entendu, le Rav accepte avec plaisir. Un peu plus tard, le Rav entend le récit du premier Roch Hachana du médecin passé dans une synagogue. Il apprend également comment il a vécu la beauté d’un vrai Chabbath. Plusieurs années plus tard, le Rav Yokaïden reçoit un appel du médecin qui lui confie :

- C’était un long parcours, mais je suis de retour à mes racines…

Lorsqu’un Juif agit conformément à la Torah, en particulier en public, il provoque un Kiddouch Hachem, une sanctification du Nom de D.ieu. Car lorsqu’un juif en voit un autre respecter les Mitsvot coûte que coûte, il est lui-même encouragé à suivre cette voie…