À première vue, respecter les lois de la Cacheroute peut paraître, selon certains, incompréhensible. En effet, pourquoi devrions-nous nous priver de manger certains aliments alors qu’il serait tellement plus facile de pouvoir manger où que nous soyons, sans se soucier de notre lieu d’habitation ou celui de notre villégiature ? Ne serait-ce pas plus simple et confortable ? Cela ne nous empêchera pas, à première vue, de respecter la tradition juive, bien au contraire !! Aussi, pourquoi la Torah met-elle l’accent sur cet acte si anodin de la vie quotidienne ?!
 

Un rempart contre l’assimilation

C’est, sans aucun doute, sur ce dernier point que réside tout le sens de ces lois. Selon la Torah, même les actes les plus banals, comme le fait de manger par exemple, nous lient avec notre Créateur. Ainsi, notre vie quotidienne est sans cesse rattachée à ces valeurs, tout est mis en place pour que nous n’oublions pas, ne serait-ce qu’un seul instant, d’où nous venons et qui est au-dessus de nous. Cela exerce un rempart certain contre l’assimilation grandissante de notre époque. En effet, notre sentiment d’appartenance au peuple juif est renforcé par ces lois, vieilles de 4000 ans, lesquelles nous rappellent notre place et notre véritable essence.

Si les arguments que nous venons d’énoncer peuvent paraître suffisants, il n’en reste pas moins que les lois de la Cacheroute sont empreintes d’une dimension bien plus grande qu’il n’y paraît.
 

Une nutrition spirituelle

L’homme est sans cesse partagé entre son attirance pour les plaisirs de ce monde, sa propension au matériel, et son intellect qui est, par essence, de nature spirituelle. L’accomplissement de la Torah et des Mitsvot est une sérieuse garantie du renforcement de l’intellect au détriment de l’assouvissement de ses désirs. C’est dans cette optique que, dans Sa grande bonté, D.ieu a émis les lois concernant les aliments interdits, les relations proscrites, l’astreinte à la prière, au jeûne, à la Tsédaka, et aux actes de bienfaisance destinés à lutter contre ces forces négatives.

Dans le même ordre d’idée, Le Ramban (Na’hmanide), sur le verset (Chémot 22,30) : « Vous serez pour Moi une Nation Sainte », fait remarquer que de nombreux animaux interdits par la Torah sont des prédateurs, contrairement aux animaux permis. Par ces lois, D.ieu nous demande de nous abstenir de manger ces animaux afin que nous ne contractions pas de l’orgueil ou de la vulgarité, traits caractéristiques de ces animaux. En ce sens, la Cacheroute peut être considérée comme une « nutrition spirituelle ».

Ce verset nous apprend qu’il est indispensable pour un homme qui voudrait « s’attacher » à D.ieu, de ne pas souiller son âme avec des aliments impurs et d’aspirer à atteindre une sainteté authentique et véritable.
 

« Soyez saints au même titre que Je suis saint »

En résumé, dans un souci de nous voir grandir, évoluer, et surtout se rapprocher de Lui, D.ieu a prévu, entre autres, les lois de la Cacheroute pour que nous essayions le plus possible de Lui « ressembler ». Le verset (Vayikra 19,2) « Soyez saints au même titre que Je suis saint » suit cette logique. Nos Sages l’expliquent de la manière suivante : « De même que Je suis séparé [de la matérialité], vous aussi devrez en être extirpés ». La Torah nous enjoint d’être saints afin de veiller à créer une séparation entre notre personne et la matérialité qui nous entoure, ainsi qu’à maîtriser nos penchants.

Il en est de même pour les lois de la Cacheroute destinées à élever notre niveau de sainteté ; elles se révèlent bénéfiques, certes, pour nos corps, mais surtout pour nos âmes.

En conclusion, nous pouvons constater que manger Cachère exerce un impact bien plus grand sur nos vies qu’il n’y paraît. Le fait est que notre Créateur a mis tout en œuvre pour nous parfaire afin de nous faire grandir, et nous rappeler notre but véritable en ce monde.

Samuel Sebbag