Question 

Chalom Rav Malka,

C’est encore Yossef… Je vous ai déjà posé un jour une question. J’aime beaucoup le fait que vous répondiez aux questions par e-mail et que vous publiiez ensuite les réponses sur ce cher site de Torah-Box. J’ai une autre question. En raison de mon état de santé, je dois faire une prise de sang environ tous les mois. De plus, comme je suis diabétique, je dois prélever plusieurs fois par jour un peu de mon sang en me piquant avec une seringue et l’analyser au moyen d’un glucomètre. Est-ce que je suis tenu de faire Nétilat Yadaïm (ablution rituelle des mains) après coup à chaque fois ? 

Réponse

Tout d’abord, Yossef, je vous souhaite de recouvrer complètement la santé. Vous pouvez poser autant de questions que vous voulez. C’est avec plaisir que je m’efforce de répondre à tout le monde. Autre chose : permettez-moi de vous conseiller l’emploi de nouveaux appareils mesurant le taux de glucose dans le sang sans qu’il soit nécessaire de vous piquer tant de fois. Vous devriez vérifier ce point. Quant à votre question, les décisionnaires sont d’avis que, après qu’un peu de sang a été versé comme dans le cas d’une mesure de glycémie ou même dans celui d’une prise de sang, il n’est nul besoin de procéder à la Nétilat Yadaïm, mais il vaut mieux le faire. Mais si beaucoup de sang a été prélevé, comme c’est le cas lorsqu’on fait un don du sang, il faut faire Nétilat Yadaïm (sans prononcer aucune Brakha bien entendu). 

Réponse détaillée

Autrefois, la saignée était une pratique médicale très courante aussi bien comme traitement des maladies que comme traitement préventif. ’Hazal (les Sages que leur mémoire soit bénie) avaient même instauré une Bénédiction spéciale que récitait celui à qui on faisait une saignée. On effectuait cet acte en perçant des veines au moyen d’un instrument pointu (une autre méthode qui était usuelle et qui a commencé à se répandre de nouveau aujourd’hui consistait à appliquer des sangsues sur la peau du patient afin qu’elles en sucent le sang).

Dans le traité Pessa’him (112a), il est écrit que celui qui subit une saignée doit faire Nétilat Yadaïm afin que la Roua’h Raa' (esprit maléfique) ne plane pas sur lui. Et c’est effectivement dans ce sens que le Choul'han 'Aroukh a tranché la Halakha.

Rabbi Chlomo Zalman Auerbach a émis un avis innovant selon lequel, en dépit de cette Halakha, il n’est pas obligatoire de faire Nétilat Yadaïm après avoir fait don de son sang, et ce, pour deux raisons : 

  1. L’obligation de faire Nétilat Yadaïm n’est en vigueur que lorsque le sang a été versé dans le cadre d’un traitement médical tel que la saignée pratiquée jadis et non pas après un don du sang qui n’est pas généralement effectué sur le donneur à des fins thérapeutiques.
  2. Puisque cette obligation est motivée par la crainte qu’un esprit malfaisant ne nuise au patient, et que celui qui vient offrir son sang a pour but de faire du bien à son prochain (Guémilout ’Hassadim), ce qui est une Mitsva, on dit à son égard : « celui qui accomplit une Mitsva, n’éprouvera aucun désagrément. »

En vérité, la plupart des décisionnaires ne partagent pas l’opinion du Rav Auerbach. Ils considèrent que, apparemment, le don du sang au cours duquel on prélève une assez grande quantité de sang ressemble à la saignée dont parlent ’Hazal et après laquelle il faut d’après ceux-ci faire Nétilat Yadaïm

Il va sans dire, ainsi que l’écrit mon ami, Rav Avraham Goldmintz, qui a approfondi ce sujet auprès des décisionnaires les plus grands, que même ceux qui imposent de faire Nétilat Yadaïm sont d’accord sur le fait que les Halakhot relatives à celle-ci sont différentes des Halakhot d’ablution des mains pratiquée le matin. Et en conséquence :

  1. Il n’est pas nécessaire de se lever immédiatement après avoir donné son sang et de faire Nétilat Yadaïm, mais on peut attendre de le faire après avoir récupéré (c’est même recommandé du point de vue médical). 
  2. Il est permis de manger et de boire avant de faire Nétilat Yadaïm.
  3. Il est permis d’étudier la Torah durant le prélèvement du sang.

Tout ce que nous venons de voir fait force de loi tant qu’il s’agit d’un prélèvement important de sang, comme lors d’un don du sang, mais en ce qui concerne un examen sanguin ne nécessitant qu’une faible quantité de sang et, a fortiori, un contrôle glycémique pour lequel une goutte suffit, il n’est nul besoin de procéder à l’ablution des mains. 

Les décisionnaires ajoutent également que les donneurs de sang à qui on sert habituellement un verre d’eau ne le boivent pas en général parce qu’ils ont soif, mais afin seulement de reprendre des forces. Aussi ne prononcent-ils pas de Brakha dans ce cas. 

Références

Choul’han Aroukh, Ora’h ’Haïm, chap.4,paragraphe 19; Nichmat Avraham, (Ora’h ’Haïm, Ibid.) ; Bedamaïkh ’Haï, chap.2


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