Question 

Chalom Kavod Harav,

Je voudrais savoir à quel moment une personne âgée ayant beaucoup de fièvre est considérée comme en danger et s’il est permis de transgresser le Chabbath afin d’appeler un médecin ou bien de l’accompagner à l’hôpital. En effet, d’après le médecin de ma mère, chaque fois que sa température monte un peu, sa vie est mise en danger. Merci beaucoup pour votre réponse. 

Réponse

Dans l’ensemble de la population, un individu dont la température corporelle est plus élevée que d’habitude est parfois considéré comme un « malade non en danger » et, de ce fait, il est interdit d’enfreindre le Chabbath pour lui, comme on l’aurait fait pour un « malade en danger » auquel cas il aurait été autorisé de profaner le Chabbath pour lui. Mais dans le cas d’une personne âgée, toute augmentation de sa température conduit à le définir comme un « malade en danger » jusqu’à ce qu’un médecin l’examine et détermine la cause de cette hausse de température. Pour plus de détails, voir ci-dessous.     

Réponse détaillée

Selon la Halakha, celui dont la température corporelle est extrêmement élevée est considéré comme un « malade en danger » et, par conséquent, il est permis de transgresser le Chabbath afin de le soigner. La plupart des décisionnaires estiment qu’on ne commence à parler d’une forte fièvre qu’à partir d’une température s’approchant de 39°C. (D’autres, plus sévères, la fixent à 40°C. En dessous de cette valeur, s’il n’est pas capable de sortir de chez lui parce qu’il se sent mal, il est considéré comme un « malade non en danger. » Il aura donc le droit de prendre des médicaments et de se faire aider par un non-juif. Cependant, il lui sera défendu de faire exécuter à ce dernier des travaux que la Torah interdit à un Juif.) Il convient toutefois de noter qu’une seule règle claire ne régit pas tous les cas : parfois, une très forte température n’est pas forcément le signe avant-coureur d’une maladie dangereuse (par exemple, une grippe saisonnière normale s’accompagnant généralement de fièvre). Et parfois, une température même plus basse peut malgré tout faire craindre un danger évident (par exemple, une pneumonie). C’est pourquoi, malgré la prise en compte de la température, le diagnostic dépend toujours de chaque cas. Néanmoins, on pourra utiliser cette donnée si l’on manque d’informations supplémentaires. 

Même une température qui n’est pas très haute, mais accompagnée de frissons et de sensations tour à tour de chaleur et de froid ou bien une fièvre causée par une maladie infectieuse déjà diagnostiquée comme une pneumonie ou bien une forte température accompagnée d’un malaise général et dont on ne connaît pas encore l’origine, amènent à considérer le patient comme un « malade en danger » et l’on enfreint pour lui le Chabbath.

Ces variations de température ne sont considérées comme relativement bénignes que lorsqu’elles concernent des personnes quelconques. Mais les personnes âgées sont  considérées comme beaucoup plus à risque : on estime qu’elles courent un danger imminent et que, par conséquent, on a le devoir de transgresser le Chabbath. Bien qu’un décisionnaire appartenant à la génération précédente ait émis des doutes à propos de cet enseignement et ait affirmé en s’appuyant sur l’avis des médecins, qu’il est évident qu’ils ne sont pas plus en danger que quiconque, il n’en demeure pas moins que les plus grands décisionnaires de notre génération tels que le ’Hazon Ich, le Rav Feinstein, le Rav Auerbach font preuve de moins de rigueur. Aussi ne fait-il aucun doute que leur avis prévaut pour édicter la Halakha sur le plan théorique comme sur le plan pratique. 

Ces questions-là sont d’autant plus cruciales lorsque l’on n’arrive pas à déceler la cause de l’augmentation soudaine de la température. Mais dans la mesure où le médecin a déjà examiné le patient et conclu que l’augmentation légère de  température est bénigne, il faut faire preuve de rigueur et ne pas considérer l’état de santé de la personne âgée comme celui d’un « malade en danger ». Et ce n’est que si sa température s’accroît fortement qu’on le considérera comme un « malade en danger. »

(Il convient de noter que des médecins spécialistes nous ont dit que les proches des personnes âgées devraient également prêter attention à d’autres symptômes et ne pas se focaliser uniquement sur la fièvre, car chez de nombreuses personnes âgées, le mécanisme contrôlant la température corporelle est altéré et même lorsqu’ils sont gravement malades, ils sont susceptibles d’avoir une température normale ou presque normale.)

Références : Choul’han Aroukh, Ora’h ’Haïm, chap.328, &7; Igrot Moché, Ora’h ’Haïm, 1re partie, chap.129 ; Chemirat Chabbath Kehilkhata, chap.32, paragraphe 11, voir aussi les remarques ; Or’hot Chabbath, 2e partie, chap.20, &45, voir aussi la remarque. 

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