Question 

Chalom Rav Malka,

Je m’appelle Raphaël Cohen et j’ai 78 ans. Je souffre de diabète depuis de nombreuses années. Il y a quelques mois, j’ai malheureusement subi une amputation de la jambe. D.ieu merci, je me rétablis et j’arrive même à marcher. La semaine dernière à la synagogue, lorsque je suis monté à la Torah à la Aliya du Kohen, j’ai entendu deux personnes se parler à voix basse et l’une dire à l’autre que parce qu’on m’avait coupé une jambe, on ne devrait plus me faire monter en tant que Kohen. J’ai été vraiment contrarié d’entendre cela. Est-ce que c’est exact ?

Réponse

Chalom et bénédiction. Ce qui est certain, c’est que vous restez un Kohen important et respectable. Quant à la Aliya du Kohen, c’est vrai que certains décisionnaires estiment qu’il n’y pas d’obligation de faire monter en premier à la Torah un Kohen atteint d’une infirmité, mais selon la plupart des avis et tout simplement d’après l’opinion du Choul’han 'Aroukh, cette obligation reste également en vigueur vis-à-vis d’un Kohen invalide, car son caractère sacré demeure pour toujours et il est de notre devoir de respecter les Kohanim et les sanctifier. Par conséquent ce que vous avez entendu n’est pas exact. Vous méritez, en tant que Kohen honorable, d’être traité avec respect par les membres de votre communauté qui ont, de plus l’obligation et le mérite de vous faire monter en premier à la Torah, comme cela a été le cas durant de nombreuses années. Prenez soin de votre santé et que Hachem vous aide ! 

Réponse détaillée

Comme on le sait, la Torah a ordonné au peuple juif de respecter les Kohanim dans tout ce qui est honorable, par exemple le fait de le faire monter en premier à la Torah ou de lui demander de prononcer le Birkat Hamazone sur une coupe de vin. Mais il y a des décisionnaires qui, en raison du fait qu’un Kohen infirme est considéré comme inapte à servir dans le Temple, considèrent qu’il n’y aurait également aucune obligation de le respecter. L’essentiel du débat tourne autour du verset par lequel nous avons appris qu’il fallait honorer les Kohanim : « Et tu le consacreras, car il approche le pain de ton D.ieu » (Vayikra, 21, 8). Alors que certains décisionnaires en ont déduit que celui qui n’est pas digne d’offrir les sacrifices dans le Temple n’est pas digne non plus d’être particulièrement honoré, d’autres décisionnaires ont affirmé que l’obligation de respecter les Kohanim découle de leur sainteté sans lien, quel qu’il soit avec leur aptitude à servir dans le Temple. 

Le seul décisionnaire qui a des doutes concernant cette question est Rabbi Yossef Téoumim, le Pri Megadim. Il compare le Kohen infirme au Kohen Katan (âgé de moins de treize ans) que, d’après le Maguen Avraham, il n’est pas nécessaire d’honorer. Mais des A’haronim (décisionnaires postérieurs à Rabbi Yossef Karo) parmi les plus grands comme Rabbi 'Akiva Eiger ou d’autres, contestent ses propos en rapportant une preuve explicite tirée de ce qui est énoncé formellement dans « Torat Kohanim », à savoir que l’obligation d’honorer un Kohen s’applique également à celui qui est invalide. En conséquence, un Kohen infirme a droit à davantage d’honneur qu’un Kohen Katan

En ce qui concerne la montée à la Torah, c’est encore plus clair étant donné que ce point est abordé explicitement par les Tossefot. 

Et en fait, il s’agit presque d’une Halakha énoncée expressément dans le Choul’han 'Aroukh (chap.135, §13) qui la tranche de la façon suivante : « S’il n’y a pas de Kohen, mais seulement un aveugle ou un ignorant [voir] dans le chapitre 139. » Le Choul’han 'Aroukh veut dire que, dans le chapitre 139 (2ème paragraphe), il décrète de ne pas faire monter à la Torah quelqu’un qui ne maîtrise pas la lecture, à moins qu’il ne s’agisse d’un Kohen ou d’un Lévi et qu’il n’y en a pas d’autre. Dans ce cas, il faudra que l’officiant lui dicte le texte mot à mot et que le Kohen ou le Lévi sache le lire directement sur le parchemin. Et comme dans le 3ème paragraphe il est écrit qu’un aveugle ne peut donc pas monter à la Torah, nous en déduisons que c’est le seul inconvénient qui pourrait empêcher un Kohen de le faire. Mais un Kohen infirme qui, par essence, est évidemment inapte au service dans le Temple, devra monter à la Torah en tant que Kohen. Et c’est pourquoi un Kohen souffrant d’un handicap autre que la cécité et capable de monter à la Torah et de lire devra être honoré comme tous les autres Kohanim. En vérité, le Pri Mégadim lui-même s’appuie sur cette preuve. 

Par conséquent, les membres de votre communauté ont l’obligation de vous honorer, mais c’est également leur devoir et leur mérite de vous faire monter à la Torah en tant que Kohen. Et il est, en outre, interdit de faire monter avant vous quelqu’un qui n’est pas Kohen

Références : 

Pri Mégadim, Ora’h ’Haïm, chap.135, Michbétsot Zahav, 8 ; Maguen Avraham, 282, 6 ; Hagahot Rabbi Akiva Eger, Guilayon du Choul’han Aroukh, ibid. ; Responsa Maharit, 1ère partie, chap.145 ; Tosfot Ména’hot, 109b.

Nous répondons à vos questions concernant les sujets Halakha, Vieillesse et Médecine, à l'adresse mail: [email protected]. Certaines des réponses seront développées et publiées ici même.