Question d'une internaute : "Mon mari n'était vraiment pas bien moralement jusqu'à prendre des antidépresseurs. En le voyant dans cet état, ses parents m'ont accusée de tous les maux ! Ils m'ont dit que j'étais une mauvaise épouse, que j'avais écrasé mon mari trop gentil, que j'étais jalouse de lui, jusqu'à faire allusion à de la perversité narcissique ! Il est bien évident que toute crise de couple doit permettre une remise en question, ce que nous avons fait mon mari et moi et avec l'aide de D.ieu, nous sommes sortis plus forts de cette épreuve. Mais je n'arrive toujours pas à pardonner à mes beaux-parents qui m'ont terriblement blessée et ne se sont jamais vraiment excusés... Plusieurs mois après, je leur en veux toujours et je ne les supporte plus, ce qui est très dur pour mon mari. Comment faire pour arranger la situation ?"

La réponse de Mme Nathalie Seyman

Les beaux-parents… Un sujet sur lequel on pourrait écrire des pages et des pages. Au point que l’on pourrait se demander s’il ne serait pas judicieux de mettre en place avant le mariage un cours de préparation à la relation avec les beaux-parents. Etre proche d’eux ? Garder une distance ? Oublier les querelles ? S’en méfier ? Dénouons le problème.

La relation belle-Fille/beaux-Parents

Pour comprendre, revenons aux origines. Il faut réaliser tous les enjeux de cette relation. Le début de votre vie maritale correspond à la fin de leur travail de parents. Cet achèvement peut générer quelques sentiments et ressentiments qui seront souvent à l’origine de malaises et de conflits :

- Amour filial un peu trop présent, et qui fait que les parents peuvent continuer à considérer leur fils comme un petit garçon, leur petit garçon, qui n’était pas forcément prêt à quitter son nid. Il se mettent en tête de devoir le protéger et ne voient pas en lui l’homme qu’il est devenu ni le fait qu’il doit et qu’il peut régler lui-même ses problèmes.

- Rivalité : durant une vingtaine d’années, ils ont élevé, soigné et éduqué exclusivement cet enfant et voilà qu’à présent, il faut le partager. Partager son temps, son esprit mais surtout son amour.

- Inquiétude d’être “effacés” : il existe un proverbe réaliste, même s’il ne faut évidemment pas en faire une généralité, mais qui explique cette différence entre les relations belle-fille/beaux-parents et gendre/beaux-parents: “Quand on marie sa fille, on rajoute une chaise, quand on marie son fils, on enlève une chaise”. Cela fait toute la différence. La belle-fille reçoit généralement sur ses épaules la responsabilité de la relation que va entretenir désormais le fils avec ses parents. Visites régulières ou espacées ? Invitations chroniques ou rares ? Garde des petits-enfants ou réservée aux parents de la femme ? En bref, les mauvaises relations peuvent parfois venir de ce sentiment d’être négligés et que les beaux-parents feront porter à leur bru et non à leur fils.

- Possession : pour certains parents, la fin de leur travail est une blessure narcissique trop profonde pour être acceptée. Ils n’arrivent pas à se détacher de leur fils et à le laisser partir vivre sa vie.

- Domination : ils veulent continuer à avoir une influence sur la vie de leur fils autant qu’ils l’avaient lorsqu’il était enfant.

- Relation conflictuelle qui existait déjà entre le fils et ses parents et qui se transpose à la belle-fille par la suite.

Tous ces sentiments et situations peuvent être présents plus ou moins intensément et font qu’il peut persister un certain malaise au sein de cette relation. Le problème avec les malaises qu’on ne désamorce pas tout de suite, c’est qu’une petite étincelle peut les faire exploser...

Un équilibre entre respect et distance

La Torah nous met sur la voie : “On a l’obligation d’honorer ses beaux-parents, en particulier la femme car cela revient à honorer son mari, mais on n’a pas l’obligation de les honorer comme ses parents”. Nous ne devons pas les considérer comme nos parents mais nous devons les respecter. L’entente ne sera pas comme celle que nous avons avec nos parents, naturelle et basée sur des sentiments forts mais elle sera différente. Il y a des efforts à faire des deux côtés mais même si les beaux-parents ne jouent pas le jeu, cela ne doit pas nous empêcher d’en faire : efforts dans la gentillesse, le respect, la bienveillance et surtout savoir mettre la susceptibilité de côté.

Il est préférable d’espacer les rencontres mais de faire en sorte que chaque rencontre soit de qualité. Car qu'on les juge trop intrusifs, pas assez impliqués, méprisants ou irrespectueux, il faut se rendre à l’évidence : les beaux-parents sont une composante essentielle de la vie de famille. Ce sont eux qui ont donné la vie à celui que vous aimez. Il sont une part de lui, que vous le vouliez ou non. Et vouloir faire sans eux, c’est prendre le risque de rendre malheureux votre moitié. Mais pas seulement : les enfants ont besoin de leurs grands-parents. Ils font partie de leur histoire. Et le bien-être de votre mari et de vos enfants doit primer sur les blessures internes que les conflits ont provoquées, même si elles sont restées vives et douloureuses.

Mes Conseils

- Premier conseil : PARDONNEZ ! Il est difficile de côtoyer des personnes envers qui on a de la rancœur. C’est forcément un frein à la relation. Le pardon est un remède à consommer sans modération. Mais surtout si vous pesez le pour et le contre, vous comprendrez que vous gagnerez plus à faire la paix avec vos beaux-parents que vous n’y perdrez. La seule chose qui vous en empêche, c’est la blessure qu’ils ont provoquée chez vous par leurs reproches. Mais si vous avez fait l’effort de poser la question, c’est que quelque part vous avez envie de faire la paix et que vous êtes capable de passer au-dessus et de laisser tout cela derrière vous.

- Soyez indulgente : on ne naît pas beau-parent, on apprend à le devenir. Ils ont fait des erreurs, mais qui n’en fait pas ? Dans une famille, il faut simplement s’entraider pour se remettre sur les bonnes voies et non s’en vouloir l’un l’autre pour chaque faux pas. Il est bon de préciser quand une limite à été franchie et qu’elle n’est pas acceptable mais il faut aussi savoir dépasser cette erreur. Au sein d’une famille, aucun conflit ne vaut la peine d’une séparation à long terme.

- Montrez-leur qu’ils ont une place indispensable dans votre vie familiale. Organisez des sorties avec eux, soyez ensemble pour les fêtes, invitez-les aux anniversaires, à passer Chabbat avec toute la famille… En revanche, ils doivent aussi comprendre qu’ils n’ont pas leur place dans votre vie maritale et dans le fonctionnement de votre couple. Mais cette partie, c’est à votre mari de s’en occuper et non à vous.

- Rien ne doit sortir de votre cercle conjugal. Afin qu’ils ne s’immiscent pas dans votre vie de couple, il est important de ne pas partager avec eux les problèmes que vous pouvez avoir avec votre mari. Ils ne doivent pas être témoins de disputes entre vous deux, de plaintes de l’un envers l’autre, de critiques, etc.

- Mettez votre susceptibilité de côté. Ne prenez pas chaque remarque pour vous. Et si vraiment, ils cherchent à vous déstabiliser, il faut que ce soit votre mari qui intervienne. S’il veut une relation saine et harmonieuse entre vous et ses parents, il doit savoir leur parler, avec le respect qu’il leur doit, mais de telle sorte qu’ils comprennent que la volonté qu’ils respectent votre vie vient de leur fils et pas seulement de vous.

Soyez consciente que tous vos efforts ne seront pas vains. L’entente entre vous et vos beaux-parents fait partie des clés pour avoir une vie de couple épanouie. Quels que soient les défauts de chacun, il y a possibilité de vivre en paix même si tous les problèmes ne sont pas forcément résolus. Vous ne pouvez pas changer le passé mais par vos actions, vous pourrez définir le futur. Quel meilleur exemple pour vos enfants que de leur montrer comment désamorcer un conflit ? Et quelle meilleure preuve d’amour envers votre mari que de mettre votre rancœur de côté pour harmoniser la relation avec ses parents ?

Béhatsla’ha !

Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.