Question d’une internaute : j'ai 21 ans et depuis quelques années, j'ai fait Téchouva progressivement. Petit à petit, j'ai arrêté d'aller en boîte de nuit, de me mettre en maillot de bain. Et j'ai même introduit dans ma vie de nouvelles choses : le Chabbath, la Cacheroute, la Tsni'out... Et voici que depuis peu, j'ai décidé d'être "Chomérèt Négui’a", c'est-à-dire de m'abstenir de contact physique avec les garçons ; je ne fais plus la bise et je n'ai plus de "petit copain", mais je cherche à me marier via un "Chiddoukh". Je suis très ferme dans cette décision, mais le problème, c'est que mes amis se moquent de moi et commencent même sérieusement à me mettre des bâtons dans les roues. Sur les groupes Whatsapp circulent des photos de moi en maillot de bain, en écrivant des commentaires qui se veulent amusants, mais qui me font beaucoup de peine. Dernièrement, un garçon sérieux s'est intéressé à moi, mais lorsqu'il a su mon passé (surtout la liste d'ex-petits copains...), il a préféré arrêter là. Mais que puis-je faire ? C'est mon passé, je ne peux pas le changer !!! Je dois bien l'assumer, mais ça me revient en boomerang à chaque fois que j'essaye de m'en détacher. C'est horrible, je me sens prisonnière parfois.... S’il-vous-plaît, aidez-moi.

Réponse de Mme Nathalie Seyman

La plupart du temps, nous nous contentons de notre passé, le remémorant parfois par nostalgie, parfois avec ses douleurs et ses traumatismes, et parfois même avec indifférence. Mais qu’en est-il lorsqu’il devient incompatible avec notre présent et qu’il représente un véritable fardeau ? Lorsqu’il n’a plus sa place dans notre avenir ? Doit-on simplement l’effacer ou ne pas avoir le choix que de l’accepter ? Tour d’horizon sur un passé trop présent.

C’est votre histoire

En priorité, il faut comprendre quel est le statut de celui qui a fait Téchouva dans la Torah pour que vous sachiez exactement comment vous devez vous sentir. Nos Sages disent : « À l’endroit où les Ba’alé Téchouva [ceux qui ont fait Téchouva] se tiennent, même les Justes intègres ne peuvent se tenir. Le Ba’al Téchouva découvre en effet un aspect de la Torah que le Juste – malgré toutes les autres qualités dont il jouit – ne peut connaître par lui-même. » Voilà votre valeur aujourd’hui et pourquoi nous devons tous être admiratifs de votre parcours. Vous avez connu une vie sans la Torah et, en revenant vers elle, vous avez compris quelle est sa véritable valeur, plus que beaucoup d’entre nous.

Le présent, nous le vivons, le futur, nous y travaillons, mais nous ne pouvons plus rien pour le passé. Aussi, la solution la plus saine est d’accepter ce que l’on ne peut pas changer. Votre passé vous a amenée où vous êtes arrivée aujourd’hui et c’est grâce à lui que vous ne retournerez pas en arrière. Vous connaissez à présent les pièges de la vie, ses tentations. Vous les avez surmontés ! Considérez ce que vous avez vécu moins comme des erreurs, mais plutôt comme des étapes pour devenir celle que vous avez décidé d’être. L’important dans le chemin de la vie n’est pas le point de départ, différent pour chacun d’entre nous, mais la distance parcourue, et si vous regardez en arrière, alors vous ne pourrez qu’être fière de la vôtre.

Un passé utile pour l’avenir

Le but de votre passé va être de servir votre avenir. C’est-à-dire qu’il ne faut pas lutter contre, ne pas l’effacer, mais essayer d’en faire quelque chose de positif. Peut-être aider ceux en voie de Téchouva, par exemple. Ne pas accepter la personne que vous étiez peut vous empêcher d’avancer. Pour être une femme heureuse, sereine et accomplie, il faut s’accepter avec ses bonnes expériences comme avec ses mauvaises, parce que l’on est un tout. Personne n’est tout blanc ou tout noir. Nous sommes faits de bon et de mauvais, mais ce qui fait de nous des personnes extraordinaires, ce n’est pas de nier que nous avons un mauvais côté, mais c’est le fait de savoir le gérer, savoir l’apprivoiser pour en faire quelque chose de positif. Et c’est ce que vous avez réussi à faire, alors ne vous en cachez pas.

Mes conseils

- Tout d’abord, il faut que vos amis sachent que, selon le ‘Hafets ‘Haïm, il est interdit d’évoquer les anciens méfaits d’une personne, même s’ils n’ont pas eu l’intention de rabaisser ou de discréditer. Donc un petit rappel peut peut-être leur être utile.

- Ne montrez aucune faiblesse face aux moqueries ou souvenirs « désagréables » que l’on vous rappelle. Au contraire, montrez votre assurance face à la femme que vous êtes devenue. Que cherchent-ils sinon à vous déstabiliser ou vous faire regretter votre choix ? À vous de ne pas réagir comme ils l’attendent : « Merci de me montrer cette photo, parce que du coup je ne peux que me féliciter de celle que je suis aujourd’hui ! Grâce à toi, je me renforce dans ma foi un peu plus ! », etc.

- Si vous n’y arrivez pas et que cela est trop gênant, alors ne laissez pas passer. Prévenez-les que vous n’avez aucunement honte de vous, car, en toute logique, avant d’être, on n’est pas, mais qu’il s’agit de votre vie privée, et personne hormis vous n’a de droit dessus.

- Si vos amis veulent rester en accord avec votre nouvelle vie, ils doivent vous accepter. Sinon, cela voudra dire qu’ils ne vous aimaient que pour ce que vous leur apportiez et non pas pour vous-même. Si tel est le cas, alors un changement d’entourage sera nécessaire pour votre bien-être. Et cela n’a rien à voir avec le degré de religion, car l’amitié transcende tout, la règle numéro un étant de s’accepter les uns les autres.

- En ce qui concerne votre prétendant, n’ayez aucun regret. Si une personne est capable de faire plus confiance à votre passé qu’à votre présent, c’est qu’il ne mérite pas de futur avec vous. Cet homme n’a pas su lire votre âme, n’a pas compris celle que vous êtes. Comment aurait-il pu vous rendre heureuse ? Il n’y a que ceux qui n’auront pas assez de valeur pour reconnaître votre mérite qui seront gênés par votre passé.

Dites-vous avec certitude que chaque moquerie et honte sont une épreuve d’Hachem pour vous consolider dans le chemin de vérité dans lequel vous vous êtes engagée. Gardez patience et Émouna (foi en D.ieu), assurance et sérénité, et rien ne vous empêchera d’avancer !

Béhatsla’ha !

Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.