J'ai 34 ans et je ne suis pas encore mariée. On m'a présenté un homme il y a quelques semaines. Dès la première rencontre, la conversation était très agréable. Il s'avère que nous nous entendons très bien et je souhaite poursuivre la relation. Le seul hic c'est qu'il est divorcé et père de deux enfants. Cela me dérange à deux égards : 

- le regard des autres (en particulier mes parents)

- s’il a eu un échec dans son couple une première fois, cela n'accroit-il pas les chances que nous divorcions aussi ?

Réponse de Mme Nathalie Seyman :

Vous avez rencontré quelqu’un qui vous plaît mais vous vous posez des questions. Kol Hakavod, il est très sain de réfléchir avant de s’investir dans une relation dont le but premier est d’aboutir au mariage. C’est la décision la plus importante de votre vie ! Le judaïsme plaide pour une entrée dans le mariage animée d'une conscience claire des difficultés par lesquelles nous passerons, et avec des attentes basées sur le réalisme de ce que nous allons vivre et non sur les contes que nous avons pu lire dans notre enfance. Pourtant, chacun d’entre nous arrive au sein du couple avec ce qu’il apporte de bien, de lumière, de mérites, mais aussi de complications, de tracas. Cela peut être un gros défaut, une enfance difficile, une situation familiale compliquée, des dettes… Dans votre cas, il s’agit d’un précédent mariage. Mais si vous vous préparez à ce qui va vous attendre, alors vous serez plus à même d’appréhender les problèmes qui peuvent se présenter.

Ce qui vous attend

Tout d’abord, sachez que le fait qu’il ait divorcé une première fois ne veut en aucun dire que vous avez plus de chances que quiconque de divorcer. C’est même plutôt le contraire d’après les statistiques du divorce en France : les remariages sont plus sûrs, comme si la population choisissait mieux son conjoint la deuxième fois que la première, car souvent l’union est plus réfléchie. Le fait qu’il soit un homme divorcé veut aussi dire qu’il s’agit :

- d’un homme plus mûr et responsable qui a déjà l’expérience de vivre avec une femme et créer une famille,

- d’une personne qui sait ce qu’elle veut et qui va tout faire pour éviter un autre échec,

- et surtout, d’un individu que vous pouvez observer avec ses enfants, ce qui pourra vous donner une bonne indication de quel genre d’homme il est ou sera avec votre future progéniture.

Pourtant, il y a certain points dont vous devez avoir conscience afin de vous y préparer et les affronter avec sérénité, si vous décidez d’aller plus loin ensemble :

- vous allez devoir composer avec une ex-femme qui fait et fera toujours partie de sa vie du fait des enfants qu’ils ont en commun,

- des enfants dont il va falloir s’occuper lors de ses temps de garde,

- une possible pension alimentaire à payer chaque mois.

Il s’agit des éléments les plus importants à souligner, peut-être en manque-t-il, mais cela dépend aussi de l’histoire personnelle de chacun.

Ce que vous recherchez

Gardez surtout en tête votre principal objectif : trouver le meilleur époux possible et qui est fait pour vous. Que cherche-t-on chez un possible partenaire de vie (un Zivoug) ?

Quelqu’un qui nous plaît,

Quelqu’un qui aspire à devenir meilleur, qui sache se remettre en question pour avancer,

Quelqu’un avec qui on partage des idées, qui regarde dans la même direction,

Quelqu’un qui restera à nos côtés pour chaque moment de la vie heureux ou malheureux,

Quelqu’un qui pourra être le meilleur père possible pour nos enfants.

S’il possède toutes ses qualités, alors les difficultés qu’il vous faudra surmonter vaudront vraiment le coup. Sachez que le mariage est le don de soi avant toute chose. La Guémara nous dit : « Lors d'un premier mariage, l'individu mérite ce qu'Hachem a décrété pour lui, sans prendre en considérations ses actions bonnes ou mauvaises, mais lors d'un deuxième mariage, l'individu est soumis à l'examen de ses actions, et seules ses actions détermineront la personne avec laquelle il s'unira ». En bref, lors d'un deuxième mariage, Hachem veille avec beaucoup de précision à ne marier que des gens qui se correspondent au niveau spirituel.

Le regard des autres

Trouver notre Zivoug n’est déjà pas chose aisée, mais si nous devons en plus nous soucier du regard des autres, alors on peut risquer de le perdre pour si peu de choses parfois. Vous vous inquiétez de ce que pourront penser vos parents et c’est normal. Mais ils vous aiment, et, finalement, leur seul but est que vous soyez heureuse. Evidemment, au début, n’étant pas le schéma idéal qu’ils se représentaient pour vous, ils pourront être un peu sur la défensive. Et ce sera à vous de les convaincre que vous savez que votre bonheur se trouve entre les mains de cet homme. Et s’ils vous voient heureuse, ils s’habitueront à la situation et finiront même par oublier qu’elle ait pu poser problème un jour. C’est vous qui êtes le miroir de votre couple. Vos regards tournés l’un vers l’autre, votre bonheur d’être ensemble, votre complicité ne pourront que balayer chaque doute des personnes de votre entourage jusqu'à ne plus vous imaginer l’un sans l’autre.
 

Conseils

Quelques conseils avisés cependant afin que tout se passe pour le mieux entre vous :

- tout d’abord, afin de ne pas perdre son temps, s’assurer qu’il veuille bien se remarier et qu’il n’a pas été rebuté par ce qu’il a vécu précédemment,

- de même, s’assurer qu’il veut bien d’autres enfants,

- ensuite, si vous décidez de continuer ensemble, il sera très important de conquérir le cœur des enfants de votre futur conjoint. Il en va de son bonheur, du vôtre, et de celui des enfants bien sûr. Ils peuvent parfois souffrir de se sentir responsables et coupables du divorce du premier mariage. Ils pourront peut-être au début être réfractaires à votre présence par soucis de loyauté envers leur mère. A force de patience et d’amour, vous pourrez parvenir à casser leur coquille et vous en faire aimer. Les enfants ont le cœur comme un élastique qui peut accueillir autant de personnes qui peuvent les aimer,

- ne jamais parler du mal de son ex-femme si vous ne voulez pas blesser les enfants : de sa part, ils pourront lui pardonner, c’est leur père, pas de la vôtre,

- gardez votre place au sujet de la discipline de ses enfants, ce n’est pas votre rôle, mais le sien. Dites les choses toujours gentiment avec une autorité bienveillante.

Si, malgré tout cela, vous avez encore des doutes, sachez qu’il faudrait, pour savoir si un Mazal est le nôtre, comme le dit le Rav Tsion Taieb, de voir sa Néchama. Etant donné qu’il nous est impossible de faire cela, remettez-vous en à Hachem à travers la Téfila, tout comme le fit Elièzer lorsqu’il trouva Rivka pour Its’hak. Vous ferez le bon choix.

Béhatsla’ha.