"Cela fait 30 ans que je suis mariée... et 30 ans que je souffre de la colère de mon mari. Pas seulement moi, mais mes enfants souffrent également face à ses intransigeances et ses poussées de colère.

J'essaye de toutes mes forces de le supporter et de ne retenir que ses meilleurs côtés, mais je dois avouer que je m'essouffle... Merci de votre aide Mme Seyman."

Réponse de Mme Nathalie Seyman :

Parmi tous les différents traits de personnalités que peut avoir un homme, le fait d’être colérique fait partie des plus difficiles à vivre pour son entourage et aussi pour lui-même. Car une personne colérique est une personne qui a mal car elle est littéralement en colère et ne sait pas gérer cette colère. Heureusement, il existe des solutions qui vous permettront de mieux appréhender le quotidien, mais, pour cela, vous aurez besoin d’avancer main dans la main et de prendre de bonnes résolutions ensemble.

Origine de la colère

Un homme colérique est loin d’être quelqu’un de mauvais. Au contraire, loin de toute trace de susceptibilités et de situations de stress, il peut être un homme adorable : prévenant, drôle, généreux… Une fois la crise passée, il redevient aussi tendre qu’auparavant et oublie tous les mots durs prononcés et les cris poussés. Mais hélas, il succombe à de violentes colères très fréquemment et pour des raisons souvent insignifiantes. En réalité, la véritable raison d’une colère n’est pas celle qui a provoqué son explosion. Il y a autre chose derrière qu’il faut arriver à découvrir ensemble si l’on veut arriver à comprendre ce qui ne va pas. En général, la cause de ce comportement colérique est une frustration intérieure longtemps refoulée. Elle peut être d’origine familiale, professionnelle, ou autre. Sa colère exprime son immense sentiment d’impuissance. C’est le fait de ne pas réussir à contrôler les événements extérieurs qui lui fait perdre le contrôle de son être. D’ailleurs, quand il retrouve son calme, il lui arrive fréquemment de regretter ce qu’il a dit ou fait. Mais durant ses crises, il n’est plus lui-même, n’est plus un être sensé. La colère le submerge et, de ce fait, il crée autour de lui une ambiance tendue. De peur de le contrarier, son entourage préfère garder ses distances et tout ceci l’éloigne de la paix et du bonheur auquel finalement il aspire, mais sans savoir comment l’atteindre.

Quant à sa femme, elle reste sans doute la seule étant à même de supporter son attitude, mais cela suppose un amour indéfectible, un mental d’acier, et un courage à toute épreuve. Mais même avec tout ce qu’elle peut avoir en qualités et en amour, elle ne pourra que finir par se fatiguer de ces crises qui ne font que l’entraîner malgré elle dans une spirale négative très loin de la vie paisible qu’elle mérite.

Solutions pour s’en sortir

Il est important que vous compreniez que votre mari aura besoin que vous le souteniez afin d’arriver à changer son état. Mais il est vrai qu’au bout de 30 ans, il DOIT changer ! Attention cependant à ne pas confondre l’homme colérique de l’homme tyrannique, qui ne trouve satisfaction qu’en blessant et humiliant son entourage.

De votre part :

- Tout d’abord, lors de grosses colères, gardez votre calme et mettez de la distance entre vous le temps qu’il se calme. N’essayez pas de lui parler tant qu’il n’est pas dans le rationnel, car ce n’est pas le moment d’échange de qualité, mais attendez qu’il recouvre la raison, il reviendra vers vous spontanément et avec sérénité quand il sera calmé.

- Comprendre sa vraie colère : comme cité plus haut, l’origine de sa réaction est bien plus profonde, et réussir à la cerner vous aidera à le comprendre et ainsi à mieux l’aider : son enfance, une piètre estime de soi, un trop grand stress… L’aide d’un psychologue pourra s’avérer nécessaire. Une fois que vous aurez mis le doigt sur le vrai problème, alors, pour vous, tout cela aura plus de sens et, pour lui, le travail de réparation pourra commencer.

- Exprimez-lui vos appréhensions : il n’y a rien de plus efficace que la communication. Bien souvent, les personnes colériques ne se rendent même pas compte de leurs écarts de conduite. Expliquez-lui clairement, mais très calmement, ce que vous pensez de ses excès de colère. Faites-lui comprendre que ça vous touche et que cela pourrait avoir des conséquences. Peut-être pourriez-vous être surprise de voir des améliorations dans ses attitudes.

- Restez indulgente : s’il a pris la décision de s’améliorer, alors tout ne se fera pas du jour au lendemain. La difficulté à se maîtriser reste présente. Mais chacun de son côté sera amené à faire des efforts pour une relation plus saine.

De sa part :

- Prendre avec vous la décision de se contrôler, car en être conscient et décider de s’améliorer est déjà une avancée vers la guérison. Cela ne sera pas facile et il aura besoin d’entraînement, mais chaque petite victoire annoncera la fin de ce fâcheux trait de caractère.

- Apprendre à maîtriser sa colère : pour cela, il va lui falloir essayer de dédramatiser les situations : il faut qu’il arrive à prendre du recul sur tout ce qui l’agace. Montrez-lui l’exemple, et, lorsque vous le savez en situation propice à la colère, parlez-lui afin qu’il évite de tirer des conclusions trop hâtives, de généraliser ou de raisonner de façon insensée.

- Exprimer ce qu’il ressent. Il doit apprendre à ne pas attendre d’être au point d’exploser avant de dire ce qui le gène. Car dire ce que l'on éprouve permet aussi de prendre du recul sur ses émotions. Et l'avantage est aussi d'évacuer au fur et à mesure les frustrations.

- Apaiser sa colère : une activité sportive pourra l’aider à évacuer sa frustration : les arts martiaux peuvent lui apprendre la maîtrise de soi, ou un sport lui permettant de se défouler et de se libérer l’esprit. Il peut aussi pratiquer le yoga ou la sophrologie, ou bien essayer de se détendre grâce à de simples exercices de respiration.

Conseil à votre mari

Votre colère est négative pour votre entourage et fait souffrir les personnes que vous aimez le plus au monde, qui sont votre femme et vos enfants. Mais, en plus, elle vous est également néfaste. Outre toute l’énergie que vous devez puiser au quotidien pour alimenter vos crises, vous devez savoir que lorsque vous vous mettez en colère, vous êtes considéré comme un idolâtre au sein du judaïsme. Pourquoi ? Car le fait de ne plus se maîtriser vous induit à oublier Hachem pour ne servir que le Yétser Hara’ (mauvais penchant). Au bout de 30 ans de vie maritale, cela n’a que trop duré et vous devez procéder à un changement pour votre bien et celui de votre famille. Beaucoup de solutions sont à votre disposition afin de vous y aider. Attachez-vous à un Rav qui pourra vous donner des cours de Torah qui vous amèneront à une réflexion plus juste des situations. Gardez à l’esprit que vous avez le droit d’être en colère et vous ne pourrez jamais empêcher les événements extérieurs de vous frustrer. Mais si nous ne pouvons agir sur ce que nous ne maîtrisons pas, nous pouvons en revanche choisir comment nous allons nous comporter, et c’est cela notre véritable force.

Kol Touv.

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