"Après 37 ans de mariage, 4 enfants, 10 petits-enfants, je n’arrive plus à me battre pour essayer d’obtenir un peu d’affection et d’amour de la part de mon mari. Quand je dis “mari”, c’est plus un “colocataire”. Malheureusement, notre couple n’a jamais vraiment fonctionné, il n’y a jamais eu entre nous de complicité, de communication, il vivait surtout de son côté, et moi j’ai tenu pour pouvoir élever nos enfants. J’ai toujours fait comme si tout allait bien, j’ai composé pour paraître. Aujourd’hui, mes enfants ont grandi, ils ont quitter le giron familial pour fonder leur propre foyer, et je n’en peux plus de faire semblant, je n’ai plus la force morale pour continuer à supporter son indifférence, jamais un regard, un mot gentil. Il continue à être là pour nos enfants, nos petits-enfants, mais notre couple est mort depuis bien longtemps.
D’ailleurs, il ne fait aucun effort pour se rapprocher de moi, si bien que n’avons même plus de “relations”, et même ça, je m’y suis résignée. Que dois-je faire ? Merci de m’aider par vos conseils."

La réponse de Nathalie Seyman :

Se marier, au sens religieux du terme, c’est devenir une seule et même âme pour deux personnes. Le mariage apporte une famille, une entraide, un sentiment d’amour et d’appartenance au quotidien... Il se construit un peu plus chaque jour, autant par ses hauts que par ses bas. Mais que se passe-t-il lorsque plus rien de tout cela n’est vrai ? Lorsque, au contraire de nous apporter, il nous fait perdre (espoir, estime de soi, joie de vivre…) ?

La signification du mariage

Depuis la création du monde, nos Sages nous apprennent qu’Hachem s’occupe à présent de jouer « les marieurs ». Pourquoi le Tout-Puissant s’investit spécialement dans le fait de faire se rencontrer deux âmes soeurs ? La raison en est que le mariage joue un rôle si important pour Lui, mais aussi pour le monde, qu’il en est une mission divine.

Par la suite, tout revient entre les mains des partenaires, au point qu’Hachem s’engage à s’effacer pour le bien du Chalom Bayit. C’est dire la responsabilité d’un tel engagement. Le mariage constitue donc un contrat moral entre deux personnes qui doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que chacun y trouve son équilibre, son bonheur, et que ce tout en produise les fruits les plus merveilleux. Et l’épanouissement ne s’obtient pas sans effort et don de soi de chacun. Un seul qui manque à l’appel et le tout bascule ! Un oiseau a besoin de ses deux ailes pour voler. Il en est de même pour un mariage.

Les engagements du mariage

Dans la Ketouba que le mari signe lors de la ‘Houppa, il s’engage à : aimer sa femme physiquement parlant, la nourrir, et la vêtir.

Au-delà de ces trois engagements, le mariage comprend des promesses plus ou moins implicites qui concernent les deux partenaires du couple et qui vont permettre au couple de s’épanouir ensemble :

- La fidélité (morale, physique, psychologique…)

- Le respect mutuel : physique, verbal, moral au quotidien, même et surtout durant les conflits

- La communication saine et sereine

- Consacrer du temps à l’autre : se garder toujours des soirées en amoureux, pratiquer des activités communes…

- Mettre toujours l’autre en premier plan : avant famille, enfant, travail, passion…

- Vouloir toujours le meilleur pour l’autre : le soutenir, le tendre vers le haut, ne pas hésiter à le pousser à s’améliorer…

- Et le plus important : l’amour, la tendresse, l’affection…

Lorsque plusieurs de ces engagements manquent à l’appel, alors le couple ne peut s’épanouir, évoluer, se construire. L’homme, comme la femme, ne se sent plus à sa place, dépérit, doute… Le mariage est malade. Mais, comme pour la plupart des maladies, il y a des remèdes. Chacun de nous a la possibilité de changer et de se parfaire à n’importe quel âge, de prendre de bonnes résolutions.

Parfois, hélas, il faut reconnaître qu’il arrive que le remède ne fonctionne pas. C’est comme un organe défaillant. On fait tout pour le sauver, mais s’il est susceptible de mettre en danger l’individu, alors, la mort dans l’âme et en toute dernière solution, on décide de s’en séparer.

Conseils

Il est toujours difficile de juger l’état d’un couple lorsque l’on n’a pas toutes les données, et surtout avec une unique version. Ce que je peux vous dire pourtant avec certitude c’est que, quel que soit le nombre d’années de mariage, ce n’est pas cela être un couple. Ce que vous décrivez est terrible à vivre au quotidien, et, d’une manière ou d’une autre, tout cela doit changer ! Vous méritez autant que chacune d’entre nous d’être heureuse, d’aimer et d’être aimée ! Vous vous le devez à vous-même ! Je ressens à travers vos mots votre détresse, et je veux pouvoir imaginer qu’à travers les miens, au moment où vous les lirez, vous déciderez de faire de votre bonheur votre priorité absolue !

- Avant d’agir, vous avez besoin de comprendre la raison d’une telle indifférence à votre égard. Vous en veut-il depuis des années pour une chose précise ? A-t-il eu le même exemple lors de son enfance auprès du couple de ses parents ? Etes-vous la seule à subir son comportement ? Communique-t-il bien avec ses enfants ?

- Muni de votre réflexion sur la situation, il va vous falloir ensuite rétablir la communication avec lui. Pas pour lui exposer tout de suite vos problèmes, car il faut avancer pas à pas pour se refaire assez confiance et se reprendre au sérieux. Demandez-lui son avis sur n’importe quel sujet qui l’intéresse, demandez-lui son aide, faites-lui des compliments... Cassez la routine négative dans laquelle vous vous êtes installés ! S’il réagit favorablement à vos sollicitations, alors il sera temps pour vous deux de mettre cartes sur table et d’exposer vos problèmes de couple un à un pour trouver ensemble les solutions adéquates à vos épanouissements respectifs.

- S’il reste indifférent à vos efforts, alors c’est que le problème est bien plus profond et nécessite une aide extérieure, tel qu’un Rav ou un thérapeute de couple, qui mettra peut-être à jour un fait qui explique le comportement qu’il a avec vous ou qui lui ouvrira simplement les yeux sur l’absolue nécessité de changer afin de rendre sa femme heureuse.

Si rien de tout cela n’aboutit, alors c’est que cela ne viendra pas de vous. Que vous avez tout tenté, mais que, hélas, et sous conseils rabbiniques, la possibilité d’une séparation devra être envisagée. Les choses sur lesquelles nous n’avons aucun pouvoir, nous devons avoir le courage de les accepter. Vous avez une famille, des enfants, des amis, une communauté. Hachem n’oublie personne. Vous ne serez jamais seule.

Conseil à votre mari

Monsieur, j’aime à penser que le mariage c’est l’union de deux âmes mettant de côté leurs besoins individuels et s’engageant à 100 % pour le succès de leur relation. Et pour vous, puis-je me permettre de vous demander quelle est votre propre définition ?

Sachez qu’un mariage n’est jamais acquis, car si la Torah permet le divorce, c’est que, quelque part, passer par là est parfois inévitable. C’est pourquoi, il faut sans cesse, et malgré les années, s’évertuer à rendre l’autre heureux. Je n’ai pas tous les éléments, mais vous oui. Vous connaissez certainement la raison de votre comportement, et sachez qu’il y a toujours une meilleure solution que celle que vous avez choisie : la communication ! Votre femme souffre et vous avez entre vos mains le pouvoir de changer les choses et d’avoir la vie que vous méritez tous les deux après une vie de labeur et la fierté d’avoir conduit vos enfants vers le bon chemin. Une femme, c’est comme une rose. Il lui faut beaucoup d’amour et d’attention pour qu’elle révèle toute sa beauté et que son parfum envahisse toute la maison. Elle est la chance, la bénédiction qu’Hachem a eu la bonté de vous offrir. A vous d’en prendre soin.

Béhatsla’ha

Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essayer d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.