Mon fils de 15 ans s'est beaucoup renfermé sur lui depuis quelque temps : il rentre à la maison et ne me parle presque pas, il passe son temps sur son ordinateur ou sur son iPhone ou bien à jouer aux jeux vidéo. Il ne veut pas dîner avec nous (ses parents et ses petits frères et sœurs) et nous sommes très malheureux de cette situation. Ses résultats scolaires sont encore bons, mais lui, en revanche, n'est pas lui-même. Comment retrouver mon fils qui était si joyeux et si proche de nous ?

La réponse de Mme Nathalie Seyman :

L’adolescence est une période très désagréable pour toute la famille. Pour les parents qui se sentent mis à l’écart de leur enfant, pour l’adolescent qui se sent incompris et enfin pour tous les autres membres de la famille qui assistent impuissants à une mauvaise ambiance familiale. Alors pourquoi votre enfant a-t-il tellement changé ? Faut-il s’en inquiéter ? Et surtout, comment rétablir l’harmonie au sein de la famille ?

L’adolescence, une période de transition

Il faut comprendre dans quel état psychologique se trouve un adolescent. Parce qu’en le comprenant, on pourra agir de telle sorte que la famille pourra traverser cette période plus sereinement. Il faut savoir que l’adolescent se sent tiraillé. Il est en transition entre l’enfance qu’il quitte peu à peu et l’âge adulte, qu’il a encore du mal à intégrer. Son mental est encore immature et ses parents le maintiennent dans l’enfance. À côté de ça, son corps se transforme et la société qu’il côtoie le tire vers l’âge adulte. Au milieu de tout cela, il doit se trouver une personnalité propre, réfléchir à qui il est vraiment. Et cela, sans l’appui de ses parents, car il a besoin de s’en différencier et donc de s’en éloigner. Alors qu’avant c’était : « Papa, pourquoi ci, maman pourquoi ça ? », on dit que cette période est le moment où l’enfant décide de répondre seul aux questions qu’il se pose.

Parents : aider, mais à distance

Selon ce que vous m’avez décrit du comportement de votre fils, il semble entrer parfaitement dans le cadre d’un comportement adolescent. Si son mutisme ne concerne que vous, alors il ne faut pas vous en inquiéter outre mesure. Par contre, si cela concerne également son entourage (surtout ses copains), alors, à ce moment seulement, il conviendra de s’alerter et d’aller consulter un thérapeute.

Nous l’avons donc déjà vu, l'adolescent n'est plus un enfant, mais n'est pas encore un adulte. Il lui faut apprendre à se détacher de ce qui le relie au monde de l'enfance (donc en particulier de ses parents) pour se projeter progressivement dans l'avenir. Il n’est pas encore autonome et il manque encore de maturité. Il lui faudra donc lui imposer des repères et des limites, mais aussi des responsabilités qui lui permettront de se construire. Lui imposer des règles ne sera certainement pas facile, car le propre de cette période est de se rebeller, mais il n’en est pas moins qu’elles lui seront indispensables à sa construction identitaire.

De plus, l’adolescent manque de confiance en lui. Il ne s’aime pas trop et se pense de façon négative. Évitez donc de l’infantiliser et donnez-lui des responsabilités à sa hauteur. Ainsi, entre autorité et bienveillance, malgré la rébellion et le mutisme, toute la difficulté pour vous, parents, consiste à trouver la bonne distance.

Conseils

- Faites-lui confiance : il n’a plus l’image positive de lui qu’il avait durant son enfance, il a donc besoin de la retrouver dans votre regard sur lui. Encouragez-le un maximum, soulignez-lui ses points positifs. Ayez confiance en lui et en l’éducation que vous lui avez donnée. Elle est ancrée en lui. Il a de bons résultats scolaires, c’est déjà  magnifique! Félicitez-le ! Sachez que, même s’il ne vous dit rien, cela ne veut pas dire qu’il agit mal. Il sortira de son mutisme lorsqu’il se sentira prêt.

- Montrez-lui de l’intérêt dès qu’il décide de se livrer. Profitez des trajets en voiture, par exemple, c’est souvent des moments propices à se livrer, car il n’y a rien d’autre à faire. Et n’hésitez pas à dire lorsque vous n’êtes pas d’accord avec son comportement ou sa façon de penser, même s’il risque de s’énerver. Vous restez son baromètre, il a besoin de se référer à vous pour savoir s’il agit correctement, que cela lui plaise ou non.

- Respectez son intimité : laissez-le vous raconter ce qu’il a envie que vous sachiez. Ne l’interrogez pas excessivement et, s’il n’a pas envie de se joindre à vous pour le repas, ne le forcez pas. Appelez-le une première fois pour lui montrer qu’il est le bienvenu. Expliquez à ses frères et sœurs qu’il passe une période compliquée et qu’ils ne doivent pas le juger sur son absence à table. Vous verrez qu’à force de patience, il reviendra vite manger à la table familiale.

- Pratiquez une activité avec lui qui maintiendra le lien que vous avez ensemble. Il y a de multiples façons de communiquer, même sans parole. Cela peut être un sport, une activité manuelle, des cours de Torah… Tel un rituel qui vous unira et remplacera le dialogue.

- Continuez à partager des moments privilégiés familiaux à travers des voyages, des vacances familiales, des sorties, etc.

- Trouvez un ‘Havèr (ami en hébreu), qui est aussi un compagnon d’étude de Torah, qui pourra l’influencer positivement et en qui il aura confiance.

Gardez confiance en Hachem. Votre fils n’est pas seul. Hachem est auprès de lui dans sa quête d’identité, mais aussi tout ce que vous avez construit avec votre enfant durant toutes ces années, et tout cela va l’aider durant cette période. Cet éloignement n’est qu’un élan pour mieux se rapprocher de vous lorsqu’il se sera trouvé.

Conseil à votre adolescent

Tes parents s'inquiètent de ton isolement et de ton mutisme. Ils ont probablement l’impression que tu ne donnes plus autant d'importance à la famille que tu devrais le faire. Tu sais, la famille est l'un des liens les plus importants de ta vie, c'est la base de toutes les relations que tu développeras, que ce soit les amitiés, les relations amoureuses, ou la famille que tu auras si D.ieu veut plus tard. Tu veux que l’on te considère comme un adulte, or l’adulte est celui qui trouve des compromis. Par exemple, tu ne veux pas parler, mais ta mère ressent le besoin que tu lui parles, alors essaie de dire le minimum qui lui permette de ne pas s’inquiéter. Sache que les jeux vidéo ne te serviront pas à apprendre qui tu es et à avancer. Ils ne servent qu’à t’éloigner un peu plus de la personne que tu aimerais devenir. Ils peuvent servir pour un petit moment de repos, mais que devient ta vie s’ils prennent le dessus ? Car le temps ne s’arrête pas lorsque tu joues, le monde avance, mais toi non. Et c’est dommage, car tu as tellement de potentiel ! Essaie plutôt d’apprendre à te connaitre et de te sentir bien, plutôt que rester dans ta carapace. Tu as toutes les cartes en main pour devenir un adulte accompli et qui rendra ses parents fiers !

Kol Touv.

Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essayera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.