Question d’une internaute :

Je suis mariée depuis 7 ans et mon mari étudie au Kollel depuis que nous sommes mariés. Nous sommes bénis par la présence de 5 enfants, entre 2 mois et 6 ans. Vu que mon salaire ne suffisait plus (je suis Ganénèt, puéricultrice), depuis quelque temps, mon mari travaille dans une association qui diffuse la Torah, en plus du Kollel et en plus des cours de Guémara qu'il donne à la synagogue. Autant dire qu'il est très peu présent ! Les enfants ne le voient pas beaucoup et j'ai l'impression qu'ils ne les voient pas grandir. Le Chabbath n'est pas non plus vraiment un moment en famille, car il dort beaucoup (je le comprends, il en a bien besoin après tout ce qu'il se démène pendant la semaine...). Je me retrouve parfois à devoir assumer le rôle d'une mère... et d'un père à la fois ! Et je suis très fatiguée ! Je sens que je suis au bord du burn-out. En même temps, toutes ses activités sont Kadoch (sacrées), et je me sentirais très coupable de lui demander de réduire. J'espère que vous comprenez mon dilemme.

Aidez-moi s'il vous plaît.

Réponse de Mme Nathalie Seyman

Vous avez un mari qui fait énormément de belles choses et c’est magnifique. Il donne autour de lui et cela illustre la belle âme qu’il possède. Pourtant, lorsque l’on se sent délaissée par son époux et que l’on ne parvient plus à maintenir le cap, tout ceci ne pèse pas bien lourd dans la balance. Alors, que faire pour concilier vie de famille, travail et Torah ?

Le rôle du mari

En effet, pour une femme, il est difficile d'assumer la double charge de mère et de père quand celui-ci est absent. Effectivement, après s’être occupée de la maison, des courses, et souvent après une journée de travail éreintante, elle n'a plus beaucoup d'énergie pour être à l'écoute de ses enfants et aimerait partager cette charge avec son mari. Mais il faut garder en tête que le rôle de l’homme n’est pas plus facile. De par sa nature, il se sent responsable de subvenir aux besoins matériels de sa famille afin de tout faire pour assurer un minimum de confort matériel, mais également il se doit d’étudier la Torah et servir Hachem par la pratique des Mitsvot. La société de consommation dans laquelle nous vivons, qui alourdit les charges familiales, n’aide pas l’homme à garder un peu de temps pour sa vie conjugale et familiale.

Mais, finalement, dans un couple, on ne compte jamais les points. Tout est fait pour rendre la vie meilleure à l’autre. Alors, posez-vous la question pour savoir si vous êtes en droit de lui demander de lever le pied : est-ce que cela lui sera bénéfique ? Et, pour vous aider, je peux vous donner un indice : où se trouve le meilleur épanouissement sinon au sein de la famille que l’on construit jour après jour ? Vous n’auriez pas pu lui demander d’alléger son temps d’étude de la Torah et de la pratique des Mitsvot pour une autre raison que celle de votre Chalom Bayit. Soyez rassurée sur ce point.

Le rôle du père

Une mère ne peut pas jouer deux rôles en même temps. Si le père n’est pas disponible, alors il y aura inévitablement un manque qui se créera. Le rôle du père d’un point de vue psychologique est d’empêcher l’enfant d’être trop en symbiose avec sa mère et l’aider à tracer son chemin vers la société. D’un point de vue de la Torah, il doit la transmettre à ses enfants. Un sage de la Torah a proclamé : c’est un devoir absolu pour chaque personne de passer une demi-heure chaque jour à penser à l’éducation en matière de Torah de ses enfants, et de faire tout ce qui est en son pouvoir - et au-delà - pour inspirer ses enfants à suivre le chemin sur lequel ils sont guidés.

Il faut donc se poser la question avec votre mari des priorités. Quel genre de père veut-il être ? Quel rôle veut-il jouer au sein de sa famille ? Et surtout, que décider pour atteindre ces objectifs ?

Conseils

- Tout d’abord, il est très important de ne pas garder ça pour vous et de parler de ce que vous ressentez à votre mari. Faites-le au cours d’une soirée ensemble. Il ne faut pas que vous soyez gênés par les enfants et, surtout, il ne faut pas qu’il le prenne comme une accusation. Il faudra que l’atmosphère soit agréable et propice aux confidences, prises de conscience et mise en place de solutions. Peut-être a-t-il des raisons que vous ne soupçonnez pas qui font que ses actions en dehors du foyer soient si importantes. Quoi qu’il en soit, il est indispensable que vous échangiez.

- Si vous êtes fatiguée de gérer les enfants seule toute la semaine, n’hésitez pas à déléguer ! Personne ne vous en voudra de demander de l’aide ! Faites appel à votre mère, vos sœurs, ou une baby-sitter pour vous offrir régulièrement LA soirée de détente qui vous ressourcera. Ne culpabilisez pas ! Tout ce qui est bien pour vous est bien pour votre mari et vos enfants !

- Etablissez avec votre mari un emploi du temps qui vous mettra d’accord tous les deux : une soirée par semaine pour vous deux, un après-midi papa/enfants, un autre consacré à la famille entière, etc. Cela peut être plus ou moins, mais l’important est que vous soyez tous les deux satisfaits et que personne ne se sente lésé.

Conseils à votre mari

Cher Monsieur, Kol Hakavod pour tout le bien que vous faite pour le ‘Am Israël. Les personnes comme vous sont précieuses pour notre peuple et votre femme peut être fière et elle le sait. Elle vous aime tendrement et c’est pourquoi elle veut vous laisser vous épanouir dans ce que vous faites. C’est une vrai Brakha d’avoir une telle femme qui se sacrifie pour que vous puissiez étudier et diffuser la Torah. Mais il n’est pas nécessaire d’en arriver là Baroukh Hachem. Hachem, dans Sa bonté infinie, met, au contraire, le couple au premier stade des priorités. Cela ne peut qu’être bénéfique pour vous de retrouver du temps pour votre femme et vos enfants. Vous ne pourrez diffuser la Torah que d’une façon plus sereine et plus saine. L’éducation de vos enfants, le bonheur et la santé de votre femme sont entre vos mains. Ils ont besoin de vous et je sais, en la qualité de Talmid ‘Haham que vous êtes visiblement, que vous saurez répondre à leur appel.

Béhatsla’ha.

Seyman Nathalie

Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.