Halakhot et coutûmes du 9 Av

La veille du 9 Av

Le Vidouï

Le 9 Av est qualifié par le verset de « Mo'èd », « célébration » (Ekha 1, vers .15).

Pour cette raison, l’on n’entamera pas de Vidouï ce jour-là, car le Saint béni soit-Il transformera dans un future proche ce douloureux évènement en réjouissance.

Il en est de même pour l’office de Min’ha à la veille du 9 Av, durant lequel on ne prononcera pas de Vidouï, la Halakha statuant en effet que chaque jour où l’on ne dira pas de Vidouï, l’on adoptera une conduite similaire la veille, lors de l’office de Min’ha.

Il en va de même lorsque la date du 9 Av coïncide avec la sortie de Chabbat, l’on ne récitera pas le Tsidouk Ha-Din durant l’office de Min’ha de Chabbat.

L’étude de la Torah

L’étude de la Torah le jour du 9 Av n’étant permise dans le seul cas où il s’agirait de sujets traitant de deuils ou d’évènements affligeants, il sera par conséquent souhaitable de mettre fin à son étude la veille du 9 Av à partir de la moitié de la journée (environ vers 12h45), car l’homme, à son habitude, poursuit la réflexion de son étude bien après avoir cessé d’étudier. Ainsi, cet état de fait est susceptible de conduire la personne à aborder ce jour de deuil collectif dans une certaine joie que lui aura procuré le plaisir de l’étude. L’on devra donc se contenter d’étudier uniquement les sujets autorisés ce jour-là.

Si la veille du 9 Av coïncidait avec Chabbat il sera souhaitable d’être rigoureux et par conséquent de n’étudier que des sujets évoquant la douleur de l’évènement. Toutefois, si lors de son étude il lui était difficile de déroger à ses habitudes, il sera autorisé de varier son étude, qui reste en soit une priorité.

Les promenades

Il est interdit de se promener la veille du 9 Av ou bien si celui-ci coïncidait avec le Chabbat.

Le port de chaussures en cuir

Dans le cas où l’on ne disposerait pas de chaussures en toile ou en caoutchouc, il sera permis d’en acheter des nouvelles en tâchant de les chausser quelques instants avant le 9 Av.

Le repas de clôture ou Sé'ouda Mafsékèt

Qu’est-ce que la Sé'ouda Mafsékèt ?

Le dernier repas consommé la veille du 9 Av après ‘Hatsote (la mi-journée) précédant le début du jeûne est appelé Sé'ouda Mafsékèt (le dernier repas de clôture avant le jeûne). Toutefois, après avoir achevé ce repas, il sera encore possible de boire ou de manger.

La coutume selon les Kadmonim

La Guémara dans le traité de Ta'anit (P.30, 1) rapporte le fait suivant : « Voici la coutume de Rabbi Yéhouda Ben rabbi Ilaï, la veille du 9 Av on déposait devant lui un morceau de pain rassis accompagné de sel, puis il prenait place entre les braises du four et les cendres, mangeant et buvant à l’aide d’une jarre, à l’image d’un endeuillé pleurant son mort. »

Le Rambam dans son recueil de lois statut : « Telle était la coutume des ‘Hassidim Harichonim, la veille du 9 Av l’on déposait devant la personne du pain rassis accompagné de sel et trempé dans de l’eau. Elle prenait ensuite place entre les braises du four et les cendres mangeant et buvant de l’eau à l’aide d’une jarre, avant de se laisser emporter par la mélancolie, le néant et les soubresauts des sanglots tel un endeuillé pleurant son mort. Ainsi, les sages devront adopter cette attitude, ou du moins s’en rapprocher. De nos jours, nous n’avions pas consommé la veille du 9 Av, de plats cuits ni même un plat de lentilles, si ce n’était que dans l’éventualité d’un Chabbat. » (Lois de Ta'anit. Chap.5, Hal.9)

S’asseoir

Il est de coutume de s’asseoir à même le sol durant la Sé'ouda Mafsékèt afin de donner l’image d’un repas indigent invitant au recueillement ainsi qu’à l’humilité. C’est la raison pour laquelle nos Sages ont interdit la consommation de deux plats cuits lors de ce repas.

Néanmoins, il ne s’agit pas là d’une conduite de deuil, le 9 Av n’étant pas encore entré. Certains ont l’habitude de déposer sur le sol un tapis ou un pan de tissu afin d’éviter de s’asseoir à même le sol. Les femmes adopteront une conduite semblable.

Le Zimoun

Trois personnes s’abstiendront de prendre part collectivement au repas ; chacun s’installera donc individuellement afin de se rendre quitte de l’obligation de Zimoun. Dans le cas contraire, chacun récitera le Birkat Hamazone sans Zimoun.

La consommation de poisson et de boissons alcoolisées

Il ne sera pas permis de consommer ni poisson, ni bière ou autres boissons alcoolisées. Néanmoins la consommation de liqueurs est autorisée.

Deux plats cuisinés

Nos Sages ont interdit la consommation de plats cuisinés durant la Sé'ouda Mafsékèt.

L’on ne pourra également consommer ni œuf dur, ni œuf sous forme d’omelette, ou autre.

L’interdiction de consommer deux plats cuisinés concerne uniquement les aliments dont la cuisson s’effectue habituellement à l’aide d’une seule marmite. Néanmoins, la consommation d’aliments dont la cuisson s’effectue à l’aide d’une marmite unique sera permise car ceux-ci sont considérés comme un seul plat. Par conséquent, si l’on a cuit différentes sortes de légumes dans une seule marmite, ils seront considérés comme un plat unique et donc aptes à être consommés lors de la Sé'ouda Mafsékèt.

Cette restriction ne s’applique cependant qu’à la cuisson d’aliment et non aux viennoiseries. Ainsi, il sera a priori autorisé de consommer un plat cuit accompagné de toutes sortes de pains. La consommation de pâtisseries est également permise.

Certains ont coutume de consommer un plat de lentilles accompagné d’œufs lors de la Sé'ouda Mafsékèt car il s’agit d’un plat d’endeuillé. Néanmoins, il n’y aura lieu d’agir de la sorte uniquement si telle était l’habitude au courant de l’année. Dans le cas contraire, si l’intention était de consommer ces deux types d’aliments, ceux-ci seront alors considérés comme deux plats à part entière et par conséquent ne pourront être consommés lors de la Sé'ouda. Il sera bien évidement permis de consommer dans un premier temps un plat de lentilles et dans un second temps des œufs cuits, car ceux-ci sont considérés comme étant deux plats ayant cuits séparément. L’on se gardera de consommer des œufs cuits après avoir récité le Birkat Hamazone car ceci reviendrait à avoir prononcé indirectement une bénédiction qui ne s’imposait pas.

Il sera permis de consommer une salade de crudités ou encore différentes sortes de fruits sans que ceux-ci n’aient été préalablement cuits ou marinés. Ainsi, l’on s’abstiendra de consommer des œufs accompagnés d’olives ou de cornichons marinés dans du vinaigre.

Il est permis de consommer des œufs et du fromage, car les produits laitiers ne sont pas considérés comme étant des plats cuits ; par conséquent l’on permettra la consommation de toutes variétés de fromages ou autres produits laitiers lors de la Sé'ouda Mafsékèt.

La Sé'ouda Mafsékèt durant le Chabbat

La veille du 9 Av coïncidant avec le Chabbat, il sera permis de consommer de la viande ainsi que du vin, même durant la Sé'ouda Chlichit. Par conséquent, cela reviendrait à enfreindre un interdit que de s’abstenir d’en consommer en prévision du 9 Av. Il sera également permis d’entonner des chants de Chabbat et de réciter le Birkat Hamazone avec Zimoun, sans tenir compte des interdits préalablement cités. Il faudra néanmoins tâcher d’achever la Sé'ouda quelques minutes avant la tombée de la nuit.

Le 9 Av : Interdits et restrictions

Les cinq peines

Le 9 Av, de jour comme de nuit, il sera strictement interdit de manger, boire, de se laver, d’étaler toutes substances sur la peau, de chausser des chaussures en cuir, et d’avoir des rapports intimes. Toutes ces restrictions sont, au même titre, applicables pour les femmes.

Se laver

Il est interdit de se laver à l’eau chaude ou froide, même une infime partie du corps, ou encore de tremper ne serait-ce qu’un doigt dans l’eau. Néanmoins, cet interdit n’inclut que les toilettes d’agrément, par conséquent il sera permis de se laver les mains si celles-ci avaient été souillées, ou encore de laver le sang émanant d’une plaie.

L’ablution des mains le matin

Lors du réveil en début de matinée, il sera permis de se laver les mains jusqu’à l’extrémité des articulations, en procédant à trois reprises à l’ablution de chaque main de façon répartie (en déversant l’eau une première fois sur la main droite, puis sur la main gauche et inversement à trois reprises), en n’omettant pas de réciter la bénédiction d’usage.

La toilette du visage du matin

Il ne sera pas permis de se laver le visage à l’eau lors de la toilette matinale. Toutefois, dans le cas où certaines souillures se seraient déposées sur les yeux occasionnant certains désagréments, l’on pourra rincer à l’eau uniquement l’endroit souillé. Dans certains cas d’exception, comme chez certaines personnes pour qui le manque d’hygiène s’avère difficilement supportable, il sera toléré de se laver le visage. Les Ashkénazes, qui même dans ce cas restent rigoureux en l’occurrence le jour de Yom Kippour, adoptent en revanche une attitude tolérante lors du 9 Av.

La bénédiction Acher Yatsar

Après avoir assouvis ses besoins, il y aura lieu de procéder à l’ablution des mains jusqu’aux articulations et de réciter la bénédiction d’usage Acher Yatsar. Dans le cas où les mains seraient souillées, il sera permis de laver uniquement les endroits impropres. Si lors de grands besoins, l’usage de l’eau se révèle indispensable, il est évident que l’on pourra permettre son utilisation, mise à part l’usage de papier.

L’ablution des mains précédant la bénédiction des Cohanim

Le Cohen préposé à bénir l’assemblée, se lavera les mains selon l’habitude durant l’année.

L’ablution des mains précédant le repas

Un malade qui consomme du pain ce jour là, procèdera à l’ablution des mains jusqu’au niveau des articulations.

Le bain rituel

Il est strictement interdit de se tremper dans un bain rituel le soir du 9 Av ; de même une personne habituée à se tremper quotidiennement au courant de l’année ne pourra en aucune façon trouver de dérogation. Ainsi, une femme dont la date d’immersion rituelle correspondrait au soir du 9 Av ne pourra en aucun cas se tremper ce soir là et devra par conséquent repousser son immersion à l’issue du 9 Av.

L’étalage de substance sur la peau

Il ne sera permis d’étaler sur le corps toutes huiles ou crèmes susceptibles d’hydrater la peau, même sur une infime partie du corps.

Le port de chaussures en cuir

Il est également interdit de porter des chaussures en cuir ou sandales de la même matière.

En revanche, des chaussures en toile ou en caoutchouc seront permises même dans le cas ou elles pourraient s’avérer confortables aux pieds.

Un malade

Le port de chaussures en cuir sera autorisé dans le cas d’un malade ou bien d’une femme se trouvant dans la période des 30 jours après son accouchement.

L’union conjugale

L’union entre le couple sera interdite ce soir là. Quant aux lois régissant l’éloignement des conjoints au cours de la période d’indisponibilité de la femme, il n’y aura lieu d’en tenir compte uniquement lorsque celle-ci se trouve en état d’impureté, ce qui la rend par conséquent interdite à son mari.

Le sommeil

Le Choul’hane 'Aroukh rapporte la coutume selon laquelle certains se couchaient à même le sol lors de leur sommeil, apposant sous leur tête en guise d’oreiller, une pierre.

D’ailleurs, le Rama consigne dans ses écrits de lois qu’il convient à chacun d’adopter une conduite plus contraignante lors du coucher en changeant ses habitudes ; dans le cas où une personne utiliserait habituellement deux oreillers, ce soir-là elle devra se contenter d’un seul oreiller. Certains ont coutume de placer une pierre sous l’oreiller afin de se remémorer les propos du verset concernant notre patriarche Ya'acov Avinou : « Il porta sous sa tête quelques pierres en guise d’oreiller » car animé de l’esprit divin, il perçu la future présence du Beth Hamikdach comme le confirme le verset : « Combien est saint cet endroit », ainsi que sa destruction. Néanmoins, toute personne en état de faiblesse sera dispensée de telles coutumes. Chacun devra veiller en ce jour à adopter une conduite empreinte d’humilité, et devra s’attacher à diminuer ses agréments.

La Mitsva de l’étude

L’obligation d’accomplir la Mitsva relative à l’étude de la Torah durant toute l’année, subsiste également le jour du 9 Av (comme statué par les plus grands décisionnaires de l’époque, dont le ‘Hakham Tsvi, Rabbi 'Haïm Palaji, le Sdé ‘Hémed et bien d’autres).Toutefois, une personne véritablement versée dans l’étude ressent parfaitement la joie que procure la Torah, comme l’atteste le verset : « Les préceptes d’Hachem sont pleins de droiture et réjouissent le cœur de l’homme ». Il est également mentionné dans un autre verset : « Sans ta Torah qui est mon jouet ». Le Or Ha 'Haïm Hakadoch écrit à ce sujet : « Si les hommes ressentaient la douceur et les délices de la Torah, ils en perdraient leur raison et s’exalteraient en la poursuivant, les richesses de ce monde comme l’or et l’argent tomberaient soudain en désuétude à leurs yeux, car la Torah rassemble en elle toutes les richesses de ce monde ». Ainsi, toute joie ou réjouissance étant interdite le 9 Av, nos Sages n’ont donc pas permis d’étudier ce jour-là, exceptés certains sujets ne procurant aucune joie.

Les sujets autorisés à l’étude

Il sera permis d’étudier le troisième chapitre du traité de Mo'èd Katan, traitant essentiellement des sujets concernant le deuil, le traité de Guitin (de la page 56 à 58) traitant essentiellement de la destruction du Beth Hamikdach. Les recueils de lois définissant les règles de deuil, les commentaires de nos Sages sur Job et la Méguila Ekha seront également permis. Il sera également permis d’étudier les livres de Moussar éveillant au repentir (ainsi statue le Meïri, Mo'èd Katan. P.21,1).

Les écrits de Torah

Des idées novatrices tirées à partir de l’étude des sujets permis durant le 9 Av et qui risqueraient de se voir omises, pourront être consignées par écrits avant l’issue du jeûne.

L’étude de l’œuvre 'Hok Lé-Israël

Instituée par le Ari Zal ainsi que le 'Hida, cette étude quotidienne regroupant en volume réduit tous les sujets de Torah, représente une valeur inestimable et procure une grande élévation spirituelle. Néanmoins, dût aux restrictions concernant l’étude ce jour-là, l’on complètera cette étude le jour précédent le 9 Av ou lors de son issue.

La lecture des Psaumes

A priori il n’y aura pas lieu d’entamer la lecture des Psaumes le 9 Av, toutefois dans le cas où cette lecture serait formulée à la manière d’une prière pour la guérison d’un malade, l’on pourra s’appuyer sur l’opinion de certains décisionnaires autorisant cette démarche.

La formulation de salutations

L’on ne s’enquerra pas au sujet de son ami en lui adressant ses salutations ce jour là. Dans le cas où la personne ignorait cette règle de conduite, on lui insinuera avec élégance que les circonstances du jour ne se prêtent pas à cette forme de dialogue.

En début de matinée ou de soirée

Il sera permis de formuler l’expression selon laquelle on souhaite le « bonjour » ou une « bonne soirée » à son ami (comme le statue le Troumat Hadéchen).

La réalisation de travaux

La coutume ne permet pas de réaliser des travaux ou autres tâches domestiques le soir et durant la journée du 9 Av afin de ne pas détacher ses pensées du deuil. Certaines communautés Ashkénazes ont la coutume de tolérer la réalisation de tâches domestiques après la mi-journée. Le 'Hayé Adam écrit néanmoins dans son ouvrage, qu’il convient à toute personne animée de la crainte du ciel de n’exercer aucun travail toute la journée afin de ne pas détacher sa pensée du deuil. L’on rapporte à ce propos dans le traité de Ta'anit : « Rabbi 'Akiva enseigne : Tout celui qui réalise un travail le 9 Av, ne verra la bénédiction couronner son labeur à jamais ». Ceci étant valable même dans les endroits où la coutume permet la réalisation de travaux durant la journée.

Les promenades

Il est interdit d’effectuer des promenades le 9 Av, même sans être accompagné, ou dans le cas où cette date coïnciderait avec Chabbat. Quant à ceux qui se rendent au mur occidental, vestige des ruines de notre Temple, et rencontrent des amis avec lesquels ils engagent de futiles discussions, ils enfreignent un grave interdit et ne peuvent justifier d’aucune permission.