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6,2
Dieu adressa la parole à Moïse, en disant: "Je suis l'Éternel.
Eloqim parla à Mochè
Il a instruit son procès (voir II Melakhim 25, 6) pour s’être exprimé en termes durs lorsqu’il lui avait demandé : « Pourquoi as-tu fait du mal à ce peuple ? » (supra 5, 22)
Il lui dit : Je suis Hachem
Et donc digne de confiance. Je récompense à profusion ceux qui « marchent devant moi ». Et ce n’est pas pour rien que je t’ai envoyé, mais pour accomplir les promesses que j’ai faites aux premiers patriarches. Cette expression : « Je suis Hachem », lorsqu’il s’agit de sanctionner, est à interpréter dans beaucoup de textescomme signifiant : « on peut me faire confiance pour punir ». Exemple : « tu profanerais le nom de ton Eloqim : Je suis Hachem » (Wayiqra 19, 12). De même lorsqu’il s’agit de l’accomplissement des mitswoth, comme dans : « Gardez mes commandements et pratiquez-les : je suis Hachem » : on peut me faire confiance pour récompenser
6,3
J'ai apparu à Abraham, à Isaac, à Jacob, comme Divinité souveraine; ce n'est pas en ma qualité d'Étre immuable que je me suis manifesté à eux.
Je suis apparu
Aux patriarches « en qél Chaqqaï ». Je leur ai fait des promesses et chaque fois je leur ai dit : « Je suis qél Chaqqaï »
Et de mon Nom Hachem je ne me suis pas fait connaître (lo noda’ti) à eux
Le texte ne porte pas : « je n’ai pas fait connaître » (lo hoda’ti), mais : « je ne me suis pas fait connaître » (lo noda’ti). Je n’ai pas été connu d’eux dans mon attribut de vérité, qui fait que je m’appelle Hachem, digne de confiance pour tenir parole. Car je leur ai fait des promesses, mais je ne les ai pas encore exécutées
6,4
De plus, j'avais établi mon alliance avec eux en leur faisant don du pays de Canaan, cette terre de leurs pérégrinations où ils vécurent étrangers
Et aussi j’ai établi mon alliance…
Et aussi quand je leur suis apparu sous le nom de qél Chaqqaï, j’ai dressé et établi mon alliance entre moi et eux « pour leur donner le pays de Kena‘an ». Il est écrit pour Avraham, dans le chapitre relatif à la circoncision : « je suis qél Chaqqaï » (Beréchith 17, 1), suivi de : « Je donnerai à toi et à ta descendance après toi la terre de tes séjours… » (verset 8). Pour Yits‘haq : « car, à toi et à ta descendance, je donnerai toutes ces terres-là, j’accomplirai le serment que j’ai prêté à Avraham ton père » (Beréchith 26, 3). Or, ce serment que j’ai fait à Avraham, je l’ai prononcé devant Ya‘aqov sous le nom de qél Chaqqaï : « fructifie et multiplie… » (Beréchith 35, 11), suivi de : « et le pays que j’ai donné à Avraham et à Yits‘haq, je te le donnerai » (ibid. verset 12). Ainsi, je leur ai promis et que je n’ai pas encore exécuté
« pour leur donner le pays de Kena‘an ».
Il est écrit pour Avraham, dans le chapitre relatif à la circoncision : « je suis qél Chaqqaï » (Beréchith 17, 1), suivi de : « Je donnerai à toi et à ta descendance après toi la terre de tes séjours… » (verset 8). Pour Yits‘haq : « car, à toi et à ta descendance, je donnerai toutes ces terres-là, j’accomplirai le serment que j’ai prêté à Avraham ton père » (Beréchith 26, 3). Or, ce serment que j’ai fait à Avraham, je l’ai prononcé devant Ya‘aqov sous le nom de qél Chaqqaï : « fructifie et multiplie… » (Beréchith 35, 11), suivi de : « et le pays que j’ai donné à Avraham et à Yits‘haq, je te le donnerai » (ibid. verset 12). Ainsi, je leur ai promis et que je n’ai pas encore exécuté
6,5
et enfin, j'ai entendu les gémissements des enfants d'Israël, asservis par les Égyptiens et je me suis souvenu de mon alliance.
Et aussi moi
Cette alliance que j’ai dressée et établie, je dois l’accomplir. C’est pourquoi « j’ai entendu la plainte des fils d’Israël » qui gémissent
Que les Egyptiens asservissent
De cette alliance. Car lors de l’alliance « entre les morceaux », j’avais dit à Avraham : « et aussi la nation qu’ils serviront, je la jugerai » (Beréchith 15, 14)
6,6
Donc, parle ainsi aux enfants d'Israël: ‘Je suis l'Éternel! Je veux vous soustraire aux tribulations de l'Égypte et vous délivrer de sa servitude; et je vous affranchirai avec un bras étendu, à l'aide de châtiments terribles.
C’est pourquoi
Conformément à ce serment
Dis aux fils d’Israël : Je suis Hachem
Fidèle à ma promesse
Je vous ferai sortir
Car j’en ai fait la promesse lorsque j’ai dit : « Et ensuite ils sortiront avec de grands biens » (Beréchith 15, 14)
Les fardeaux de l’Egypte
La charge du fardeau de l’Egypte
6,7
Je vous adopterai pour peuple, je deviendrai votre Dieu; et vous reconnaîtrez que moi, l'Éternel, je suis votre Dieu, moi qui vous aurai soustraits aux tribulations de l'Égypte.
6,8
Puis, je vous introduirai dans la contrée que j'ai solennellement promise à Abraham, à Isaac et à Jacob; je vous la donnerai comme possession héréditaire, moi l'Éternel.’ "
J’ai levé ma main
Je l’ai levée pour jurer par mon trône divin
6,9
Moïse redit ces paroles aux enfants d'Israël mais ils ne l'écoutèrent point, ayant l'esprit oppressé par une dure servitude.
Et ils n’écoutèrent pas Mochè
Ils n’ont pas accepté ses paroles de réconfort
A cause du souffle court
Celui qui se trouve en état de détresse, son souffle est court, sa respiration haletante, et il n’arrive pas à prendre de longues inspirations. J’ai entendu de la bouche de rabi Baroukh ben rabi Eli‘èzèr l’explication suivante du sujet que je viens de commenter, peu éloignée de la mienne. Il cite à l’appui le verset suivant : « Cette fois-ci, je ferai connaître ma main et ma puissance, et ils sauront que mon Nom est Hachem » (Yirmeya 16, 21). Nous apprenons ainsi que lorsque le Saint béni soit-Il exécute ce qu’Il a annoncé, même lorsqu’il s’agit pour Lui de punir, Il fait savoir que « Son Nom est Hachem », et à plus forte raison lorsqu’Il le fait pour le bien. Nos maîtres expliquent ce passage en le rapportant à ce qui est écrit plus haut, où Mochè a dit : « pourquoi as-tu fait du mal à ce peuple ? » (supra 5, 22). Le Saint béni soit-Il lui rétorqua alors : « Comme je déplore la disparition de ceux qui sont partis et qui restent inoubliables ! Comme je déplore la mort des patriarches ! Je me suis souvent révélé à eux comme qél Chaqqaï sans qu’ils me disent jamais : “Quel est ton nom ?”. Tandis que toi, tu as dit : “Ils me diront : « Quel est Son nom ? », que leur dirai-je ?” » (supra 3, 13)
Et aussi j’ai établi mon alliance (verset 4)
Lorsque Avraham a voulu inhumer Sara, il ne lui a trouvé de sépulture qu’en l’achetant au prix fort, et de même pour Yits‘haq au sujet des puits, et de même pour Ya‘aqov, qui « acheta la portion de champ où il établit sa tente » (Beréchith 33, 19). Ils n’ont pas critiqué mes manières d’agir. Et tu te permets, toi, de dire : « Pourquoi as-tu fait du mal à ce peuple ? » ! Cependant, ce midrach ne concorde pas avec le texte, et ce pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’il ne dit pas : « et mon Nom Hachem, ils ne me l’ont pas demandé ». Et si tu m’objectes que Hachem, effectivement, ne leur a pas fait connaître que c’était là Son Nom, je te ferai remarquer qu’Il l’a fait, bien au contraire, lors de Son apparition à Avraham au cours de l’alliance « entre les morceaux », puisqu’Il lui a dit : « Je suis Hachem, qui t’ai fait sortir de Our-kasdim, pour te donner ce pays en héritage » (Beréchith 15, 7). En outre, que viendrait faire [dans une telle interprétation] la suite du texte : « Et aussi moi j’ai entendu la plainte… C’est pourquoi, dis aux fils d’Israël… » (versets 5 et 6) ? Je dis donc, quant à moi, qu’il faut commenter le texte selon son sens littéral, chaque parole devant être expliquée de manière distincte. Quant à l’interprétation midrachique, on peut également la proposer, si l’on veut, ainsi qu’il est écrit : « Ma parole est comme du feu, parole de Hachem, et comme le marteau fait éclater la roche » (Yirmeya 23, 29) Elle se partage en de multiples étincelles (Chabath 88b)
6,10
L'Éternel parla à Moïse en ces termes:
6,11
"Va, dis à Pharaon, roi d'Égypte, qu'il laisse partir de son pays les enfants d'Israël."
6,12
Mais Moïse s'exprima ainsi devant l'Éternel: "Quoi! les enfants d'Israël ne m'ont pas écouté et Pharaon m'écouterait, moi qui ai la parole embarrassée!"
Et comment Pharaon m’écoutera-t-il
On trouve l’un des dix raisonnements a fortiori qui figurent dans la Tora (Beréchith raba)
Incirconcis des lèvres
Aux lèvres obturées. L’idée d’incirconcision évoque toujours, à mon avis, une idée de « fermeture », comme dans : « leur oreille est incirconcise » (Yirmeya 6, 10), c’est-à-dire « fermée sans pouvoir entendre » ; « incirconcis du cœur » (Yirmeya 9, 25), c’est-à-dire « fermés sans pouvoir comprendre » ; « bois aussi et deviens incirconcis » (‘Habaqouq 2, 16), c’est-à-dire « fermé à toute sensibilité », étant devenu ivre [pour avoir bu] la coupe de malédiction. L’incirconcision de la chair évoque la chair qui obture et qui couvre, comme dans : « vous en considérerez le fruit comme une excroissance » (Wayiqra 19, 23), c’est-à-dire : « opérez pour le fruit de l’arbre une fermeture et une couverture qui en interdisent la consommation » ; « trois années durant, ce sera pour vous autant d’excroissances, il n’en sera point mangé » (ibid.), c’est-à-dire : « fermés, couverts et mis à part pour qu’il n’en soit pas mangé »
6,13
Alors l'Éternel parla à Moïse et à Aaron; il leur donna des ordres pour les enfants d'Israël et pour Pharaon, roi d'Égypte, afin de faire sortir les enfants d'Israël du pays d'Égypte.
Hachem parla à Mochè et à Aharon
Etant donné que Mochè venait de dire : « et moi je suis incirconcis des lèvres », le Saint béni soit-Il lui adjoint Aharon pour qu’il lui serve de bouche et d’interprète
Il leur ordonna pour les fils d’Israël
Il leur a ordonné de les conduire avec douceur et de leur témoigner de la patience
Et pour Pharaon
Il leur a ordonné, à son sujet, de s’adresser à lui avec respect. Telle est l’interprétation du midrach. Et selon le sens littéral, il leur a donné des ordres concernant Israël et concernant son message auprès de Pharaon. Et quelle était la teneur de ces instructions ? Cela nous sera indiqué au paragraphe suivant, après les indications généalogiques qui vont suivre. Le texte vient en effet de nommer Mochè et Aharon ; il va donc interrompre son récit et y intercaler : « ceux-là sont les chefs de leur famille paternelle… » pour nous apprendre les origines familiales de Mochè et de Aharon et les liens qui les y rattachent
6,14
Voici les souches de leur famille paternelle. Fils de Ruben, premier-né d'Israël: Hanoc, Pallou, Heçrôn et Karmi. Telles sont les familles de Ruben.
Ceux-là sont les chefs de la maison de leurs pères
Etant donné que le texte est tenu, à cause de Mochè et de Aharon, de décrire la généalogie de Léwi pour arriver jusqu’à eux, il commence cette généalogie à son point de départ et suit l’ordre des naissances à partir de Reouven. J’ai trouvé ce qui suit dans le midrach pessiqta rabathi (Bamidbar 7, 12) : Etant donné que notre patriarche Ya‘aqov, avant de mourir, avait adressé des remontrances à ces trois chefs de tribus, [à savoir Reouven, Chim‘on et Léwi], le texte revient ici sur leur généalogie et sur elle seulement, pour souligner qu’ils n’en sont pas moins restés des hommes importants
6,15
Fils de Siméon: Yemouel, Yamîn, Ohad, Yakhin, Çôhar et Chaoul, fils de la Cananéenne. Telles sont les familles de Siméon.
6,16
Et voici les noms des fils de Lévi, selon leur ordre de naissance: Gerson, Kehath, Merari. La durée de la vie de Lévi fut de cent trente-sept ans.
Et les années de la vie de Léwi…
Pourquoi cette indication quant au nombre d’années qu’a vécues Léwi ? Pour nous faire connaître la durée de la servitude. L’esclavage d’Egypte, en effet, n’a pas commencé aussi longtemps qu’est resté en vie l’un des chefs de tribus, ainsi qu’il est écrit : « Yossef mourut et tous ses frères », suivi de : « Il se leva un roi nouveau sur l’Egypte » (supra 1, 6 et 8). Or, Léwi a survécu à tous ses frères
6,17
Fils de Gerson: Libni et Chimi, avec leurs familles.
6,18
Fils de Kehath: Amram, Yiçhar, Hébrôn et Ouzziel. Les années de la vie de Kehath: cent trente-trois ans.
Et les années de la vie de Qehath… et les années de la vie de ‘Amram
Il se déduit de ces indications chiffrées que les quatre cents ans d’errance des enfants d’Israël dont parle la Tora (Beréchith 15, 13) ne se sont pas écoulées seulement en Egypte, mais ont été comptées à partir de la naissance de Yits‘haq. Car Qehath faisait partie de ceux qui sont « descendus » en Egypte. Si l’on additionne sa durée de vie à celle de ‘Amram et aux quatre vingts ans qu’avait Mochè [quand il a fait sortir Israël d’Egypte], le total est inférieur à quatre cents, et encore ne tient-on pas compte des nombreuses années de vie commune des pères et des fils
6,19
Fils de Merari: Mahli et Mouchi. Ce sont là les familles lévitiques selon leur filiation.
6,20
Amram choisit Jocabed, sa tante, pour épouse; elle lui enfanta Aaron et Moïse. Les années de la vie d'Amram: cent trente-sept ans.
Yokhèved
Le Targoum Onqelos précise qu’elle était la sœur de son père, comme étant la fille de Léwi et la sœur de Qehath
6,21
Fils de Yiçhar: Coré, Néfeg et Zikri.
6,22
Fils d'Ouzziel: Michaël, Elçafân et Sithri.
6,23
Aaron choisit pour épouse Élichéba, fille d'Amminadab, sœur de Nahchôn; elle lui enfanta Nadab et Abihou, Éléazar et Ithamar.
Sœur de Na‘hchon
D’où nous apprenons que celui qui prend femme doit se préoccuper de la moralité de ses frères (Baba Batra 110a)
6,24
Fils de Coré: Assir, Elkana et Abiasaf. Telles sont les familles des Coréites.
6,25
Quant à Éléazar, fils d'Aaron, il choisit pour femme une des filles de Poutïel et elle lui enfanta Phinéas. Telles sont les souches paternelles des Lévites, selon leurs familles.
Parmi les filles de Poutiel
De la descendance de Yithro (voir Rachi supra 4, 18) qui engraissait (pitém) des veaux pour les offrir aux idoles, et de la descendance de Yossef qui avait dominé (pitpét) ses instincts (Sota 43a ; Baba Batra 109b)
6,26
C'est ce même Aaron, ce même Moïse, à qui Dieu dit: "Faites sortir les enfants d'Israël du pays d'Égypte, selon leurs légions."
C’est Aharon et Mochè
Ceux-là mêmes que l’on vient de nommer, que Yokhèvèd enfanta à ‘Amram, ce sont Mochè et Aharon, auxquels Hachem a dit… (Chemoth raba)
C’est Aharon et Mochè
Aharon est parfois nommé avant Mochè, parfois après. C’est pour nous dire qu’ils étaient de même valeur
Selon leurs armées – «
Avec » leurs légions, toutes leurs légions d’après leurs tribus. Il arrive que la préposition ‘al tienne lieu du préfixe en une seule lettre be (« avec » ou « par »), comme dans : « et sur (we‘al) ton épée tu vivras… » (Beréchith 27, 40), équivalent de : « “avec” ton épée », ou dans : « vous vous teniez sur (‘al) vos épées » (Ye‘hezqel 33, 26), équivalent de : « “avec” vos épées »
6,27
Ce sont eux qui parlèrent à Pharaon, roi d'Égypte, à l'effet de conduire hors d'Égypte les enfants d'Israël; savoir, Moïse et Aaron.
Ce sont eux qui parlent…
C’est eux qui avaient reçu l’ordre, c’est donc eux qui l’ont exécuté
C’est Mochè et Aharon
Restés eux-mêmes dans leur mission et dans leur vertu, du commencement jusqu’à la fin
6,28
Or, le jour où l'Éternel avait parlé à Moïse, dans le pays d'Égypte.
Ce fut
Ce verset est à rattacher au verset suivant [comme pour dire : « Ce fut, le jour où parla Hachem à Mochè dans le pays d’Egypte, que Hachem parla à Mochè en disant : “Je suis Hachem” »]
6,29
L'Éternel avait parlé ainsi à Moïse: "Je suis l'Éternel! Transmets à Pharaon, roi d'Égypte, tout ce que je te dirai."
Hachem parla
C’est le même ordre que celui donné plus haut (verset 11) : « Viens, parle à Pharaon, roi d’Egypte… » Mais comme le texte a interrompu son récit pour rappeler leur généalogie, il y revient en le reprenant à son début
Je suis Hachem
Je suis assez puissant pour t’envoyer en mission et pour accomplir ce pour quoi je t’ai envoyé
6,30
Et Moïse avait dit devant l'Éternel: "Certes, j'ai la parole embarrassée, comment donc Pharaon m'écouterait-il? "
Mochè dit devant Hachem
C’est ce qu’il avait dit plus haut (verset 12) : « Voici ! les fils d’Israël ne m’ont pas écouté… » Le texte le reprend, après avoir interrompu son récit, comme le disent les gens : « Reprenons les choses là où nous les avons laissées ! 
7,1
Alors l'Éternel dit à Moïse "Regarde! je fais de toi un dieu à l'égard de Pharaon et Aaron ton frère sera ton prophète.
Je t’ai fait un inspirateur pour Pharaon
Un juge qui châtie. Pour le châtier par des plaies et des souffrances
Sera ton prophète
Traduction du Targoum Onqelos : metourgemanakh (« ton interprète »). Le terme de prophétie (nevoua) comporte toujours une connotation de discours public et de déclamation, devant le peuple, de paroles de remontrance. La racine du mot nevoua est la même que dans : « l’expression (niv) des lèvres » (Yecha’ya 57, 19) ; « la bouche du sage exprime (yanouv) la sagesse » (Michlei 10, 31) ; « il cessa de s’exprimer (méhithnaboth) » (I Chemouel 10, 13). En allemand : « Prediger »
7,2
Toi, tu diras tout ce que je t'aurai ordonné et Aaron, ton frère, parlera à Pharaon pour qu'il renvoie les Israélites de son pays.
Toi tu déclareras
Une seule fois chaque message, tel que tu l’auras entendu de ma bouche, et Aharon ton frère l’exposera et l’expliquera aux oreilles de Pharaon
7,3
Pour moi, j'endurcirai le cœur de Pharaon et je multiplierai mes signes et mes preuves de puissance dans le pays d'Égypte.
Et moi j’endurcirai
Parce qu’il a résisté avec méchanceté et qu’il s’est dressé contre moi. Il est bien connu devant moi que les nations idolâtres ne trouvent aucune satisfaction à mettre tout leur cœur à revenir [à moi]. Aussi est-il bon pour moi que son cœur s’endurcisse de manière que je multiplie mes signes contre lui et qu’alors vous reconnaissiez, vous, ma puissance. Telle est en effet la manière d’agir du Saint béni soit-il : Il amène des châtiments sur les nations afin qu’Israël entende et craigne, ainsi qu’il est écrit (Tsefania 3, 6-7) : « J’ai anéanti des nations, leurs tours d’angle sont en ruines… J’ai dit : “Aussi me craindras-tu et en tireras-tu une leçon” » (voir Yevamoth 63a). Cependant, pour les cinq premières plaies, il n’est pas écrit : « Hachem endurcit le cœur de Pharaon », mais : « le cœur de Pharaon s’endurcit » (Midrach tan‘houma)
7,4
Pharaon ne vous écoutera pas, mais j'imposerai ma main sur l'Égypte et je ferai sortir mes légions, les Israélites mon peuple, du pays d'Égypte, après une vindicte éclatante.
Ma main
« Ma main » au sens propre [et non au sens figuré habituel : « Ma puissance »], pour les frapper
7,5
Et les Égyptiens reconnaîtront que je suis l'Éternel, lorsque j'étendrai ma main sur eux et que je ferai sortir du milieu d'eux les enfants d'Israël."
7,6
Moïse et Aaron obéirent comme l'Éternel leur avait enjoint, ainsi firent-ils.
7,7
Or, Moïse était âgé de quatre-vingts ans et Aaron de quatre-vingt-trois ans, lorsqu'ils parlèrent à Pharaon.
7,8
L'Éternel parla à Moïse et à Aaron en ces termes:
7,9
"Lorsque Pharaon vous dira: ‘Produisez une preuve de votre mission’, tu diras à Aaron: ‘Prends ta verge et jette-la devant Pharaon, qu'elle devienne serpent!’"
Un prodige
Un signe qui démontre que celui qui vous envoie possède la puissance
7,10
Moïse et Aaron se rendirent chez Pharaon et firent exactement comme l'avait prescrit le Seigneur. Aaron jeta sa verge en présence de Pharaon et de ses serviteurs et elle devint serpent.
Tanin
C’est un serpent
7,11
Pharaon, de son côté, manda les experts et les magiciens; et les devins de l'Égypte en firent autant par leurs prestiges.
Avec leurs sortilèges (belahateihèm)
Traduction du Targoum Onqelos : bela‘hacheihon (« par leurs incantations »). Ce mot n’est employé nulle part ailleurs dans le texte. On peut le rapprocher de : « la lame (lahat) de l’épée tournoyante » (Beréchith 3, 24), dont il semble qu’elle flamboyait par la vertu d’une incantation
7,12
Ils jetèrent chacun leurs verges et elles se transformèrent en serpent, mais la verge d'Aaron engloutit les leurs.
Le bâton de Aharon engloutit
Redevenu bâton, il a avalé tous les autres (Chabath 97a)
7,13
Le cœur de Pharaon persista et il ne leur céda point, ainsi que l'avait prédit l'Éternel.
7,14
L'Éternel dit à Moïse: "Le cœur de Pharaon est opiniâtre, il refuse de laisser partir le peuple.
Lourd (kavéd)
Le texte correct du Targoum Onqelos est yaqir [adjectif], et non ithyaqar [verbe]. Le mot kavéd est en effet un adjectif, comme dans : « car la chose est trop lourde (khavéd) pour toi » (infra 18, 18)
7,15
Va trouver Pharaon le matin, comme il se dirigera vers les eaux; tu te tiendras sur son passage, au bord du fleuve et cette verge qui a été changée en serpent, tu l'auras à la main.
Voici
Pour ses besoins naturels. Car il se faisait passer pour une divinité, assurant qu’il n’avait pas de besoins. Aussi se levait-il de bonne heure pour aller les faire dans le Nil (Chemoth raba)
7,16
Et tu lui diras: ‘L'Éternel, Divinité des Hébreux, m'avait délégué vers toi pour te dire: Renvoie mon peuple et qu'il m'adore au désert; or, tu n'as pas obéi jusqu'à présent.
Jusqu’ici (‘ad ko)
Jusqu’à maintenant. Explication du midrach : Jusqu’à ce que tu m’entendes annoncer la mort des premiers-nés, où je commencerai par dire : « Ainsi (ko) a parlé Hachem : Vers la moitié de la nuit… » (infra 11, 4)
7,17
Ainsi parle l'Éternel: Voici qui t'apprendra que je suis l'Éternel! Je vais frapper, de cette verge que j'ai à la main, les eaux du fleuve et elles se convertiront en sang.
Elles seront changées en sang
Parce qu’il ne tombe pas de pluie en Egypte et que c’est le Nil qui, par ses crues, irrigue le pays, de sorte que les Egyptiens lui vouent un culte. Voilà pourquoi Hachem a commencé par frapper leur idole, avant de les frapper eux-mêmes
7,18
Les poissons du fleuve périront et le fleuve deviendra infect et les Égyptiens renonceront à boire de ses eaux.’ "
Les Egyptiens se lasseront
De chercher un remède qui rende à nouveau potable l’eau du fleuve
7,19
L'Éternel dit à Moïse: "Parle ainsi à Aaron: ‘Prends ta verge, dirige ta main sur les eaux des Égyptiens, sur leurs fleuves, sur leurs canaux, sur leurs lacs, sur tous leurs réservoirs, et elles deviendront du sang et il n'y aura que du sang dans tout le pays d'Égypte, même dans les vaisseaux de bois et de pierre.’ "
Dis à Aharon
Etant donné que le fleuve avait protégé Mochè quand on l’y avait jeté, ce n’est pas par sa main qu’il a été frappé, ni pour la plaie du sang ni pour celle des grenouilles, mais par la main de Aharon
Leurs rivières
Ce sont les rivières d’eau courante, comme celles de chez nous
Leurs canaux
Ce sont les canalisations servant à l’irrigation, creusées par la main de l’homme, qui vont de la rivière jusque dans les champs. Quand le Nil est en crue, l’eau monte et se dirige, à travers ces canalisations, vers les champs à irriguer
Leurs étangs
Les réserves d’eau, qui ne proviennent pas d’une source et qui ne s’écoulent pas, mais demeurent stagnantes. En français médiéval : « estang 
Dans tout le pays d’Egypte
Y compris dans leurs établissements de bains et dans les baignoires de leurs maisons
Et dans les bois et dans les pierres
L’eau qui se trouve dans les ustensiles en bois et dans les ustensiles en pierre
7,20
Moïse et Aaron agirent ainsi qu'avait ordonné l'Éternel: Aaron leva la verge, frappa les eaux du fleuve à la vue de Pharaon et de ses serviteurs et toutes les eaux du fleuve se changèrent en sang.
7,21
Les poissons du fleuve moururent, le fleuve devint infect et les Égyptiens ne purent boire de ses eaux. Il n'y eut que du sang dans tout le pays d'Égypte.
7,22
Mais, comme les devins de l'Égypte en faisaient autant par leurs prestiges, le cœur de Pharaon persista et il ne leur céda point, selon ce qu'avait prédit l'Éternel.
Par leurs sortilèges (belateihèm
) – Des incantations que l’on prononce en secret et à voix basse. Nos maîtres ont enseigné que le mot belateihèm désigne l’œuvre des démons, et belahateihèm (verset 11) celle des sorciers (Sanhèdrin 67b)
Le cœur de Pharaon se renforça
Il disait : « Ce que vous avez fait est de pure sorcellerie ! C’est comme amener de la paille à ‘Afarayim, une ville remplie de paille ! De même, vous amenez de la sorcellerie en Egypte, un pays rempli de magies ! » (Mena‘hoth 85a)
7,23
Pharaon s'en retourna et rentra dans sa demeure, sans se préoccuper non plus de ce prodige.
A cela non plus
Pas plus au signe du bâton changé en serpent qu’à celui [des eaux changées en] sang
7,24
Tous les Égyptiens creusèrent dans le voisinage du fleuve, pour trouver de l'eau à boire; car ils ne pouvaient boire de l'eau du fleuve.
7,25
Sept jours pleins s'écoulèrent après que l'Éternel eut frappé le fleuve.
Il se remplit
Sept jours durant, pendant lesquels le fleuve n’a pas repris son état antérieur. Chacune des plaies a opéré pendant un quart de mois, Mochè ayant, pendant les trois autres quarts, averti et mis en garde [les Egyptiens]
7,26
Alors l'Éternel dit à Moïse "Va trouver Pharaon et lui dis: ‘Renvoie mon peuple, qu'il puisse m'adorer.
7,27
Si tu refuses de le renvoyer, je m'apprête à infester de grenouilles tout ton territoire.
Et si tu refuses (maén)
Si tu es un « refusant ». L’adjectif maén a le même sens que memaén [participe du mode pi‘él], à cette différence près qu’il qualifie un comportement habituel, comme dans : « j’étais paisible (chalaw) » (Iyov 16, 12) ; « Moav était calme (chaanan) depuis sa jeunesse et paisible (choqét) sur ses lies » (Yirmeya 48, 11) ; « triste et irrité (weza‘éf) » (I Melakhim 20, 43) [tandis que memaén s’applique à celui qui refuse à un moment particulier]
Frapper (noguéf) toute ta limite
[Le mot noguéf signifie] « frapper ». Aussi le mot maguéfa ne signifie-t-il pas nécessairement l’acte de « donner la mort », mais celui de « frapper », comme dans : « Et lorsque des hommes se querelleront, ils cogneront (wenogfou) une femme enceinte… » (infra 21, 22), où il ne s’agit pas de coups mortels. Ou dans : « avant que vos pieds ne se heurtent (yithnaguefou) » (Yirmeya 13, 16) ; « pour que ton pied ne heurte pas (tigof) une pierre » (Tehilim 91, 12) ; « une pierre où l’on se heurte (nèguèf) » (Yecha’ya 8, 14)
7,28
Le fleuve regorgera de grenouilles, elles en sortiront pour envahir ta demeure et la chambre où tu reposes et jusqu'à ton lit; les demeures de tes serviteurs, celles de ton peuple et tes fours et tes pétrins.
Elles monteront
Du fleuve
Dans ta maison
Et ensuite « la maison de tes serviteurs ». C’est lui qui avait fait le premier pas en conseillant [de faire du mal à Israël], dans : « il dit à son peuple » (supra 1, 9). C’est donc lui qui a été puni en premier (Sota 11a)
7,29
Toi-même et ton peuple et tous tes serviteurs, les grenouilles vous assailliront.’ "
Et en toi et en ton peuple
Elles s’introduisaient dans leurs entrailles et y coassaient (Chemoth raba)
8,1
L’Éternel dit à Moïse: "Parle ainsi à Aaron: ‘Dirige ta main, avec ta verge, sur les fleuves, sur les canaux, sur les lacs; et suscite les grenouilles sur le pays d'Égypte.’ "
8,2
Aaron dirigea sa main sur les eaux de l'Égypte; les grenouilles montèrent et envahirent le pays d'Égypte.
Monta la grenouille
Il y avait eu une seule grenouille. Ils l’avaient frappée et elle s’était alors transformée en une abondante multitude. Voilà pour le midrach (voir Sanhèdrin 67b). Quant au sens littéral, il exprime l’idée d’un singulier collectif venant désigner une multitude de grenouilles, comme dans : kinam [« la vermine », au singulier (verset 14)], à savoir un fourmillement d’insectes. En français médiéval : « pedulier » (« une multitude de poux »). De même ici : « la grenouille », en français médiéval : « grenouillerie »
8,3
Autant en firent les devins par leurs enchantements ils suscitèrent des grenouilles sur le pays d'Égypte.
8,4
Pharaon manda Moïse et Aaron et leur dit: "Sollicitez l'Éternel, pour qu'il écarte les grenouilles de moi et de mon peuple; je laisserai partir le peuple hébreu, pour qu'il sacrifie à l'Éternel."
8,5
Moïse répondit à Pharaon: "Prends cet avantage sur moi, de me dire quand je dois demander pour toi, tes serviteurs et ton peuple, que les grenouilles se retirent de toi et de tes demeures, qu'elles restent seulement dans le fleuve."
Glorifie-toi sur moi
Comme dans : « la hache se glorifie-t-elle sur celui qui s’en sert pour fendre ? » (Yecha’ya 10, 15), c’est-à-dire : « se vante-t-elle en disant : je suis plus grande que toi ? ». En français : « vanter ». De même ici : « glorifie-toi sur moi » – « vante-toi d’être assez astucieux pour pouvoir me demander quelque chose de grand en te disant que je ne parviendrai pas à le faire »
Pour quand (lemathaï) j’implorerai pour toi
Lorsque je te supplierai aujourd’hui afin que disparaissent les grenouilles, quand désires-tu qu’elles disparaissent ? Tu verras ainsi si je tiens parole à l’heure exacte que tu m’auras fixée ! Si le texte avait porté mathaï (« quand »), cela aurait voulu dire : « Quand dois-je implorer ? » Mais puisqu’il est écrit : « pour quand », cela veut dire : « Je vais supplier pour toi aujourd’hui, pour que les grenouilles disparaissent au moment que tu m’auras fixé. Dis-moi le jour où tu veux qu’elles disparaissent ! Les mots a‘tir (« j’implorerai »), a‘tirou (« implorez », verset 4) et weha‘tarti (« j’implorerai », au verset 25) [sont tous au hif‘il], et le texte n’indique pas : a‘tér, ‘itrou, weha‘tharti [à la forme qal]. La racine ‘ayin-taw-réch implique toujours une multiplication des supplications, comme lorsque l’on dit : harbou (« augmentez »), arbè (« j’augmenterai »), ou wehirbéthi (« et j’augmenterai ») qui sont des formes factitives. De même ici pour a‘tir, a‘tirou et weha‘tarti. L’exemple-type est : « vous avez multiplié (weha’tartem) vos paroles contre moi » (Ye‘hezqel 35, 13), c’est-à-dire : « vous en avez dit beaucoup » (voir Rachi Beréchith 25, 21)
8,6
Il repartit: "Dès demain." Moïse reprit: "Soit fait selon ta parole, afin que tu saches que nul n'égale l'Éternel notre Dieu.
Il dit : Pour demain
Prie aujourd’hui, pour qu’elles disparaissent demain
8,7
Oui, les grenouilles se retireront de toi et de tes demeures, de tes serviteurs et de ton peuple: elles seront reléguées dans, le fleuve."
8,8
Moïse et Aaron étant sortis de chez Pharaon, Moïse implora le Seigneur au sujet des grenouilles qu'il avait envoyées contre Pharaon
Mochè sortit… cria
Immédiatement, pour qu’elles disparaissent le lendemain
8,9
et le Seigneur agit selon la parole de Moïse: les grenouilles périrent dans les maisons, dans les fermes et dans les champs.
8,10
On les entassa par monceaux; le pays en était infecté.
Monceaux sur monceaux
Comme le rend le Targoum Onqelos : « des tas »
8,11
Mais Pharaon, se voyant de nouveau à l'aise, appesantit son cœur et ne leur obéit point, ainsi que l'avait prédit l'Éternel.
Il alourdit (wehakhbéd) son cœur
Le verbe en hébreu est à l’infinitif, comme dans : « allant (halokh) et se déplaçant vers le sud » (Beréchith 12, 9) ; « en frappant (wehakoth) Moav » (II Melakhim 3, 24) ; « en consultant (wechaol) Eloqim pour lui » (I Chemouel 22, 13) ; « frappant et blessant (oufatso‘a) » (I Melakhim 20, 37) [tous ces verbes étant à l’infinitif]
Comme a parlé Hachem
Et où l’avait-Il dit ? « Et Pharaon ne vous écoutera pas » (supra 7, 4)
8,12
L'Éternel dit à Moïse "Parle ainsi à Aaron: ‘Étends ta verge et frappe la poussière de la terre, elle se changera en vermine dans tout le pays d'Égypte.’ "
Dis à Aharon
Il ne convenait pas que la poussière fût frappée par Mochè, car elle l’avait protégé quand il avait tué l’Egyptien : « Il le cacha dans le sable » (supra 2, 12). Aussi est-ce Aharon qui l’a frappée
8,13
Ils obéirent: Aaron étendit sa main armée de la verge, frappa la poussière de la terre et la vermine couvrit hommes et bêtes; toute la poussière de la terre se transforma en vermine, par tout le pays d'Égypte.
Et la vermine fut
Un pullulement. En français médiéval : « pedulier » (« une multitude de poux »)
8,14
Les devins essayèrent à leur tour, par leurs enchantements, de faire disparaître la vermine, mais ils ne purent: la vermine resta sur les hommes et sur le bétail.
Pour faire sortir les poux
Pour les créer en les « faisant sortir » [c’est-à-dire : en en faisant surgir] d’un autre endroit
Et ils ne purent
Car le démon est sans pouvoir sur une créature d’une taille inférieure à celle d’un grain d’orge (Sanhèdrin 67b)
8,15
Les devins dirent à Pharaon: "Le doigt de Dieu est là!" Mais le cœur de Pharaon persista et il ne les écouta point, ainsi que l'avait dit l'Éternel.
C’est le doigt de Eloqim
Cette plaie n’est pas l’œuvre de la sorcellerie, mais elle vient de Hachem (Chemoth raba)
Comme a parlé Hachem
Quand il avait dit :] « Et Pharaon ne vous écoutera pas » (supra 7, 4)
8,16
L'Éternel dit à Moïse: "Demain, de bon matin, présente-toi devant Pharaon, car il se dirigera vers les eaux et dis-lui: ‘Ainsi parle l'Éternel: Renvoie mon peuple pour qu'il m'adore!
8,17
Que si tu ne renvoies pas mon peuple, moi je susciterai contre toi et tes serviteurs et ton peuple et tes maisons, les animaux malfaisants; les maisons des Égyptiens seront envahies par eux, comme aussi la contrée où ils demeurent.
Moi j’enverrai
Je vais lâcher contre toi. De même : « *… et j’enverrai contre eux la dent des animaux » (Devarim 32, 24), le mot [« envoyer »] exprimant l’idée d’une « excitation ». En français : « inciter »
Les bêtes sauvages (hè‘arov)
Toutes sortes de bêtes malfaisantes, ainsi qu’une variété [‘arbouvia, même racine que ‘arov] de serpents et de scorpions, et ils les anéantiront. Le midrach fournit une raison au recours à chacune des plaies en particulier : Hachem a employé les mêmes tactiques que celles des rois lorsqu’ils assiègent une ville. Ils commencent par détruire les points d’eau, puis ils font grand tapage à coups de trompettes pour effrayer [les assiégés] et semer l’épouvante. C’est ainsi que les grenouilles coassaient et faisaient du bruit… comme expliqué dans le Midrach de rabi Tan‘houma
8,18
Je distinguerai, en cette occurrence, la province de Gessen où réside mon peuple, en ce qu'il n'y paraîtra point d'animaux malfaisants afin que tu saches que moi, l'Éternel, je suis au milieu de cette province.
Je distinguerai
Je mettrai à part, comme dans : « Hachem distinguera entre le bétail d’Israël et entre le bétail d’Egypte » (infra 9, 4) ; « elle n’est pas mystérieuse pour toi » (Devarim 30, 11), c’est-à-dire : elle n’est pas séparée ni tenue à l’écart de toi
Afin que tu saches que je suis Hachem au milieu de la terre
Même si ma chekhina est dans le ciel, ma décision est à exécuter dans les mondes inférieurs
8,19
Oui, je ferai une séparation salutaire entre mon peuple et le tien; c'est à demain qu'est réservé ce prodige.’ "
Je placerai une séparation
Qui opérera une distinction « entre mon peuple et ton peuple »
8,20
Ainsi fit l'Éternel. Un formidable essaim d'animaux pénétra dans la demeure de Pharaon et dans celles de ses serviteurs; dans tout le pays d'Égypte, la terre était infestée par eux.
Le pays fut détruit (ticha‘héth)
La forme verbale employée ici signifie que le pays était « en train d’être détruit ». Telle est également la manière de traduire du Targoum Onqelos : hith‘habalath
8,21
Pharaon manda Moïse et Aaron et dit: "Allez sacrifier à votre Dieu dans le pays."
Sacrifiez à votre Eloqim dans le pays
A l’endroit où vous êtes, sans aller dans le désert
8,22
Moïse répondit: "Il ne convient pas d'agir ainsi, car c'est la terreur de l'Égypte que nous devons immoler à l'Éternel notre Dieu. Or, nous immolerions sous leurs yeux la terreur des Égyptiens et ils ne nous lapideraient point!
L’abomination de l’Egypte
L’objet de vénération des Egyptiens, comme dans : « et pour Milkom, l’abomination des fils de Ammon » (II Melakhim 23, 13). Par rapport à Israël, on appelle cela une « abomination ». On peut aussi expliquer ce terme d’une autre manière : « L’abomination des Egyptiens » signifie que les Egyptiens ont en horreur que nous allions offrir en sacrifice ce qui constitue pour eux un objet de vénération
Et ils ne nous lapideront pas
C’est une question
8,23
C'est à trois journées de chemin dans le désert que nous voulons aller et nous y sacrifierons à l'Éternel notre Dieu selon ce qu'il nous enjoindra."
8,24
Pharaon reprit: "Je vous laisserai partir, pour sacrifier à l'Éternel votre Dieu dans le désert; toutefois, gardez vous d'aller trop loin. Intercédez pour moi."
8,25
Moïse répondit: "Sitôt que je t'aurai quitté, je vais intercéder auprès de l'Éternel et les animaux malfaisants se retireront de Pharaon, de ses serviteurs et de son peuple, dès demain. Du moins, que Pharaon cesse de se jouer de nous, en ne laissant pas le peuple partir pour sacrifier à l'Éternel."
Se moquer
Comme s’il y avait : « “de” se moquer » [avec le préfixe le (« de »)]
8,26
Sorti de chez Pharaon, Moïse implora le Seigneur.
Il implora (wayè‘tar) vers Hachem
[Le verbe est au qal et veut dire :] « il a mis toutes ses forces dans sa prière ». Si le texte avait employé [le verbe au hif‘il] (waya‘tir), il aurait pu le faire, et cela aurait voulu dire : « il a insisté dans la prière ». Mais comme il est au qal, il signifie : « il a beaucoup prié »
8,27
Le Seigneur accomplit la parole de Moïse et il éloigna les animaux malfaisants de Pharaon, de ses serviteurs et de son peuple; il n'en demeura pas un.
Il retira les bêtes sauvages
Mais elles ne sont pas mortes, comme étaient mortes les grenouilles. Car si elles avaient péri, les Egyptiens auraient pu tirer un profit de leurs peaux (Chemoth raba)
8,28
Mais Pharaon s'opiniâtra cette fois encore et il ne laissa point, partir le peuple.
Aussi cette fois-là
Bien qu’il leur eût dit : « Moi, je vous renverrai » (verset 24), il n’a pas tenu parole
9,1
L’Éternel dit à Moïse: "Rends-toi chez Pharaon et dis-lui: ‘Ainsi a parlé l'Éternel, Dieu des Hébreux: Renvoie mon peuple pour qu'il m'adore.
9,2
Que si tu te refuses à le renvoyer, si tu persistes à le retenir,
Et que tu les retiennes
Que tu les saisisses, comme dans : « et l’a saisi (wehè‘hèziqa) par ses organes génitaux » (Devarim 25, 11)
9,3
voici: la main de l'Éternel se manifestera sur ton bétail qui est aux champs, chevaux, ânes, chameaux, gros et menu bétail, par une mortalité très grave.
Voici
La forme hoya est au présent [de la racine hayo (« être »)]. Cette racine, en effet, donne au passé féminin : hayetha, au futur : tihyè, et au présent : hoya, comme pour ‘ossa (« elle fait »), rotsa (« elle veut »), ro‘a (« elle fait paître »)
9,4
Mais l'Éternel distinguera entre le bétail d'Israël et le bétail de Misraïm et rien ne périra de ce qui est aux enfants d'Israël.’ "
Il distinguera
Il opérera une séparation
9,5
L'Éternel fixa le jour en disant: "C'est demain que l'Éternel exécutera cette chose dans le pays."
9,6
Et l'Éternel exécuta la chose le lendemain; et tout le bétail des Égyptiens périt et du bétail des Israélites il ne périt pas une bête.
9,7
Pharaon fit vérifier et de fait, pas un animal n'était mort du bétail des Israélites. Cependant le cœur de Pharaon s'obstina et il ne renvoya point le peuple.
9,8
L'Éternel dit à Moïse et à Aaron: "Prenez chacun une poignée de suie de fournaise; et que Moïse la lance vers le ciel, à la vue de Pharaon.
Un plein de vos poignées
En français médiéval : « joinchée », [c’est-à-dire : autant que l’on peut en remplir les deux poings joints]
Cendre de fournaise
Ce qui s’envole [quand on souffle (nafoua‘h)] sur des charbons qui se sont éteints après avoir été brûlés dans une fournaise. En français médiéval : « pulvis ». Le mot pia‘h (« cendre ») se rattache à une racine qui veut dire : « souffler », et elle est ainsi appelée parce que le vent, en soufflant, la fait s’envoler
Mochè le lancera
Pour lancer quelque chose avec force, il faut le faire d’une seule main. Il s’est produit ici plusieurs miracles, l’un d’eux ayant consisté en ce que Mochè a pu tenir dans sa main fermée le plein contenu de ses deux mains et de celles de Aharon, et un autre en ce que la poussière s’est répandue sur le pays d’Egypte tout entier
9,9
Elle s'étendra en poussière sur tout le pays d'Égypte et elle s'attachera aux hommes et aux animaux, éclatant en éruption pustuleuse par tout le pays d'Égypte."
Un ulcère (che‘hin) éruptif
Comme le rend le Targoum Onqelos : « une inflammation produisant des pustules », par laquelle se développent des pustules. Le mot che‘hin exprime l’idée de chaleur intense, et on le trouve souvent dans la michna, comme dans : « une année chaude (che‘houna) » (Yoma 53b)
9,10
Ils prirent la suie de fournaise, se présentèrent devant Pharaon et Moïse la lança vers le ciel; et elle devint une éruption pustuleuse, qui se développa sur les hommes et sur les animaux.
Dans l’homme et dans l’animal
Sans doute te demanderas-tu d’où ils tenaient des animaux, puisqu’on vient de nous dire : « mourut tout le bétail d’Egypte » (verset 6). En fait, l’ordre n’a été promulgué que sur ceux qui étaient dans les champs, ainsi qu’il est écrit : « voici, la main de Hachem sera contre ton bétail qui est “dans le champ ” » (verset 3). Et ceux qui craignaient la parole de Hachem, [parmi les serviteurs de Pharaon,] dissimulèrent leur bétail dans les maisons (verset 20). C’est ce que nous enseigne la mekhilta à propos du verset : « il prit six cents chars d’élite et tous les chars d’Egypte… » (infra 14, 7)
9,11
Les devins ne purent lutter contre Moïse, à cause de l'éruption car elle les avait frappés eux-mêmes avec toute l'Égypte.
9,12
Mais le Seigneur endurcit le cœur de Pharaon et il ne céda point, ainsi que le Seigneur l'avait dit à Moïse.
9,13
L'Éternel dit à Moïse: "Demain, de bonne heure, présente-toi, devant Pharaon et dis-lui: ‘Ainsi parle l'Éternel, Dieu des Hébreux: Renvoie mon peuple pour qu'il m'adore!
9,14
Car, pour le coup, je déchaînerai tous mes fléaux contre toi-même, contre tes serviteurs, contre ton peuple, afin que tu saches que nul ne m'égale sur toute la terre.
Toutes mes plaies
Nous apprenons de là que la plaie qui a frappé les premiers-nés équivaut à toutes les autres plaies
9,15
Si à présent j'eusse étendu ma main et fait sévir, sur toi et sur ton peuple, la mortalité, tu aurais disparu de la terre!
Car maintenant j’ai envoyé ma main…
Si je l’avais voulu, quand ma main s’était abattue sur ton bétail quand je l’ai frappé de la peste, j’aurais envoyé ma main et t’aurais frappé ainsi que ton peuple en même temps que le bétail
Tu disparaîtras de la terre
« Et pourtant à cause de ceci je t’ai maintenu… » (verset suivant)
9,16
Mais voici pourquoi je t'ai laissé vivre pour te faire voir ma puissance et pour glorifier mon nom dans le monde.
9,17
Tu persistes à t'élever contre mon peuple, en ne le laissant point partir:
Tu t’élèves (mistolél) encore contre mon peuple
Comme le rend le Targoum Onqelos : « tu le foules aux pieds ». Le mot mistolèl se rattache à la même racine que messila (« chaussée ») (Bamidbar 20, 19), que le Targoum Onqelos rend par : « un chemin où l’on marche ». En français médiéval : « calcar ». J’ai déjà expliqué à la fin de la sidra Miqéts (voir Rachi Beréchith 44, 16) que les verbes dont la première lettre du radical est un samèkh [ou un chin] se conjuguent au hithpa’él avec un taw intercalé entre les deux premières lettres, comme ici et comme dans : « la sauterelle devient pesante (weyistabél) » (Qohèleth 12, 5), du radical sabol ; « sans prétendre encore t’ériger en maître (thistarér) sur nous » (Bamidbar 16, 13), de la même racine que wenaguid wessar (II Divrei Hayamim 32, 21) ; « je considérais (mistakal) », du radical sakhor (Daniel 7, 8)
9,18
Eh bien! moi, je ferai pleuvoir demain, à pareille heure, une grêle très intense, telle qu'il n'y en aura pas eu de semblable dans l'Égypte depuis son origine jusqu'à ce jour.
A ce moment
A cette “heure-ci”, demain. Il lui a tracé une rayure sur le mur [et lui a dit] : « Demain, quand le soleil atteindra cette rayure, la grêle se mettra à tomber ! » (Midrach tan‘houma)
De sa fondation (hiwasda)
Ce verbe est à la forme passive. Lorsque la première lettre du radical d’un verbe est un yod, comme yassod (« fonder »), yalod (« venir au monde »), yado’ (« connaître »), yassor (« corriger »), ce yod est remplacé au hithpa’él par un waw, comme dans : hiwasda, « le jour où elle est née (hiwalda) » (Hoché‘a 2, 5), « la chose a été connue (wayiwada’) » (Esther 2, 22), « il naquit (wayiwalad) à Yossef » (Beréchith 46, 20), « un serviteur n’est pas corrigé (yiwassèr) par des paroles » (Michlei 29, 19)
9,19
Donc, fais rassembler ton bétail et tout ce que tu as dans les champs. Tout homme ou animal qui se trouvera dans les champs et ne sera pas rentré dans les maisons, sera atteint de la grêle et périra.’ "
Mets à l’abri (ha‘éz)
C’est ainsi que le rend le Targoum Onqelos : « envoie, fais rentrer », comme dans : « les habitants de Guévim se sont mis à l’abri (hé‘izou) (Yecha’ya 10, 31) ; « mettez-vous à l’abri (ha‘izou), fils de Binyamin » (Yirmeya 6, 1)
Et qui ne sera pas recueilli à la maison
Dans le sens de rassemblement
9,20
Ceux des serviteurs de Pharaon qui révéraient la parole du Seigneur mirent à couvert leurs gens et leur bétail dans leurs maisons
Fit fuir (hénis)
A fait fuir, comme dans : « Mochè s’enfuit (wayanas) de devant lui » (supra 4, 3)
9,21
mais ceux qui ne tinrent pas compte de la parole du Seigneur laissèrent leurs gens et leur bétail aux champs.
9,22
L'Éternel dit à Moïse: "Dirige ta main vers le ciel et que la grêle éclate dans tout le pays d'Égypte, sur les hommes, sur les bestiaux, sur toute l'herbe des champs dans le pays d'Égypte."
Sur le ciel
En direction des cieux. Un midrach enseigne que le Saint béni soit-Il a élevé Mochè au-dessus du ciel
9,23
Moïse dirigea sa verge vers le ciel et le Seigneur produisit des tonnerres et de la grêle, des feux s'élancèrent sur le sol et le Seigneur fit pleuvoir la grêle sur le pays d'Égypte.
9,24
C'était une grêle et un feu tourbillonnant au milieu de la grêle; c'était effroyable, rien de pareil n'était arrivé dans tout le pays des Égyptiens depuis qu'ils formaient une nation.
Entremêlé au milieu de la grêle
Il s’est produit un miracle au sein d’un miracle, en ce que le feu et la grêle se sont mélangés. Or, la grêle c’est de l’eau. Mais pour accomplir la volonté de leur créateur, ils ont fait la paix entre eux (Chemoth raba)
9,25
La grêle frappa, dans tout le pays d'Égypte, tout ce qui était dans les champs, depuis l'homme jusqu'à la bête; toute herbe des champs fut abattue par la grêle et tout arbre des champs brisé.
9,26
La seule province de Gessen, où habitaient les enfants d'Israël, fut exempte de la grêle.
9,27
Pharaon fit appeler Moïse et Aaron et leur dit: "J'ai péché, je le vois à cette heure: l'Éternel est juste et c'est moi et mon peuple qui sommes coupables.
9,28
Implorez l'Éternel pour qu'il mette un terme à ces tonnerres célestes et à cette grêle; alors je vous laisserai partir et vous n'éprouverez plus de retards."
Et assez
Que lui suffise ce qu’Il a déjà fait tomber 
9,29
Moïse lui répondit: "Au Moment où je quitterai la ville, j'étendrai mes mains vers l'Éternel, les tonnerres cesseront et la grêle ne se produira plus, afin que tu saches que la terre est à l'Éternel.
Quand je sortirai de (eth) la ville
La préposition eth équivaut à la préposition min (« venant de »). [Tant que Mochè était encore] dans la ville, il n’a pas prié, car elle était pleine d’idoles (Mekhilta)
9,30
Mais toi et tes serviteurs, je sais que vous ne rendrez pas encore hommage au Dieu éternel."
Vous ne craindrez pas encore (tèrèm)
L’adverbe tèrèm signifie : « pas encore ». Il en est ainsi toutes les fois qu’il figure dans le texte, où il ne signifie jamais : « avant que ». Il en est ainsi dans : « ils n’étaient pas encore (tèrèm) couchés » (Beréchith 19, 4), et dans : « et aucune herbe des champs ne poussait encore (tèrèm) » (Beréchith 2, 5). Et c’est ainsi que le rend le Targoum Onqelos. De même ici : « Je sais que vous vous ne craignez pas encore ; dès que se produira une accalmie, vous persisterez dans votre dépravation. 
9,31
Or, le lin et l'orge avaient été abattus, parce que l'orge était en épi et le lin en fleur;
Et le lin et l’orge furent frappés (noukatha)
Brisés, comme dans : « Pharaon nekho [c’est-à-dire : Pharaon “à la jambe brisée” », comme dans II Chemouel 9, 3] » (II Melakhim 23, 29) ; « ils sont sûrement brisés (nekhaïm) » (Yecha’ya 16, 7). De même : « n’avaient pas été frappés (noukou) » (verset suivant). Il ne serait pas correct d’expliquer ce mot comme s’il était écrit houkatha (« être frappé »), car un noun ne peut pas remplacer un hé. Si cela avait été le cas, on aurait pu expliquer noukatha comme s’il y avait : houkatha, et noukou comme s’il y avait : houkou. Mais le noun appartient ici à la racine du mot, et la forme noukou est la même [au pou‘al] que choupou dans : « et ses os seront mis à nu (wechoupou) » (Iyov 33, 21)
Car l’orge était mûre
Elle était déjà venue à maturité et se dressait sur ses épis. Ceux-ci ont été brisés et sont tombés. De même le lin avait déjà grandi et était devenu assez ferme pour se tenir sur ses tiges
L’orge était mûre (aviv)
Le mot aviv marque l’état de maturité, comme dans : « dans les plantes mûres (beïbei) de la vallée » (Chir hachirim 6, 11)
9,32
mais le froment et l'épeautre n'avaient point souffert, parce qu'ils sont tardifs.
Car ils sont tardifs (afiloth)
En retard dans leur mûrissement. – Ils étaient encore souples et pouvaient résister au choc d’un corps dur. Il est vrai que le texte indique que « la grêle frappa toute herbe du champ » (verset 25). Il faut cependant s’en tenir au sens littéral et rapporter ce verset aux plantes qui, se tenant sur leurs tiges, étaient exposées aux coups portés par la grêle. Certains de nos maîtres, dans le Midrach de rabi Tan‘houma, sont d’un avis différent : Ils rattachent le mot afiloth (« tardifs ») à pelaoth (« miracles »), en ce que, par un miracle extraordinaire, ces plantes-là n’ont pas été frappées
9,33
Moïse, étant sorti de chez Pharaon, hors de la ville, étendit les mains vers le Seigneur; et tonnerres et grêle disparurent et la pluie ne s'épancha point sur la terre.
Ne se déversa pas (nitakh)
N’est pas arrivée. Et même les pluies qui étaient déjà en l’air [au moment où Mochè s’est mis à prier] n’ont pas atterri. On trouve le même mot dans : « la malédiction et l’imprécation ont coulé (watitakh) sur nous » (Daniel 9, 11), c’est-à-dire : « sont arrivées sur nous ». Le grammairien Mena‘hem ben Sarouq classe ce mot sous la même rubrique que : « comme l’argent est fondu (kehitoukh) dans le creuset » (Ye‘hezqel 22, 22), dans le sens de « faire couler un métal ». Et je suis de son avis, car le Targoum Onqelos le rend par : « il fondit (wayitsoq) » (infra 38, 5) par weatikh, et : « pour fondre (latsèqèth) » (infra 38, 27) par leatakha. De même l’expression de notre verset : « ne s’épancha point » signifie : « n’a pas coulé à terre »
9,34
Pharaon, se voyant délivré de la pluie, de la grêle et des tonnerres, recommença à pécher et endurcit son cœur, lui et ses serviteurs.
9,35
Et Pharaon persista à ne pas renvoyer les enfants d'Israël, comme l’Éternel l'avait annoncé par l'organe de Moïse.