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Noa'h
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6,9
Ceci est l'histoire de Noé. Noé fut un homme juste, irréprochable, entre ses contemporains; il se conduisit selon Dieu.
Celles-ci sont les générations de Noa‘h. Noa‘h fut un homme juste
Puisqu’on le nomme, on fait son éloge, [alors que l’emploi du mot « générations » aurait dû plutôt conduire à l’énoncé d’une généalogie], ainsi qu’il est écrit : « le souvenir du juste est une bénédiction » (Michlei 10, 7). Autre explication : C’est pour t’apprendre que les véritables « générations » laissées par les justes sont constituées par leurs bonnes œuvres (Beréchith raba 30, 6)
Dans sa génération
Certains de nos maîtres y voient un éloge : à plus forte raison, s’il avait appartenu à une génération de justes, aurait-il été encore plus juste. D’autres y voient un blâme : il était un juste dans sa propre génération, mais s’il avait appartenu à celle d’Avraham, il n’aurait compté pour rien (V. Sanhèdrin 108a, Beréchith raba 30, 9)
Noa‘h marchait avec Eloqim
Tandis qu’il est écrit à propos d’Avraham : « marche devant moi et sois intègre » (infra 17, 1), « Hachem, devant qui j’ai marché » (infra 24, 40). Noa‘h avait besoin d’un appui qui le soutînt, alors qu’Avraham était assez fort et marchait dans sa piété, de lui-même
Noa‘h marchait (hithhalèkh)
Le verbe est au passé. Au hithpa’él, le passé et le futur utilisent la même forme : « Lève-toi ! parcours (hithhalékh) » (infra 13, 17) est au futur, [l’impératif invitant à une action dans le futur]. « Hachem, devant qui j’ai marché (hithhalakhti) » (infra 24, 40) est au passé. « Noa‘h marchait (hithhalèkh) » est au passé. « Prie (hithpallél) pour tes serviteurs » (I Chemouel 12, 19) est au futur. « Quand il viendra prier (wehithpallél) pour cette maison » est au passé, étant toutefois précisé, dans ce dernier cas, que l’emploi du waw conversif en fait un futur
6,10
Noé engendra trois fils: Sem, Cham et Japhet.
6,11
Or, la terre s'était corrompue devant Dieu, et elle s'était remplie d'iniquité.
S’était corrompue
La « corruption » exprime l’idée de dérèglement sexuel et d’idolâtrie (Sanhèdrin 57a), comme dans : « gardez-vous d’être corrompus (tach‘hithoun) » (Devarim 4, 16) et : « toute chair ayant corrompu » (verset 12)
La terre s’était remplie de violence
C’est le vol avec violence
6,12
Dieu considéra que la terre était corrompue, toute créature ayant perverti sa voie sur la terre.
Toute chair ayant corrompu
Même les animaux domestiques, même les bêtes sauvages et les oiseaux s’accouplaient hors de leur propre espèce (Sanhèdrin 108a)
6,13
Et Dieu dit à Noé: "Le terme de toutes les créatures est arrivé à mes yeux, parce que la terre, à cause d'elles, est remplie d'iniquité; et je vais les détruire avec la terre.
La fin de toute chair
Partout où tu trouves dérèglement sexuel et idolâtrie, une catastrophe générale s’abat sur le monde, détruisant indistinctement bons et mauvais (Beréchith raba 26, 5)
Parce que la terre est remplie de violence
Leur verdict n’a été scellé qu’à cause de la violence
Avec (eth) la terre
Cela équivaut à « min (“de”) la terre », comme dans : « quand je sortirai de (eth) la ville » (Chemoth 9, 29), « il souffrait de (eth) ses pieds » (I Melakhim 15, 23). Autre explication : eth équivaut ici à ’im (« avec »), à savoir : « avec de la terre », en ce sens que trois tefa‘him (longueurs du poing) de terre, profondeur du labour, ont été submergés et emportés par les eaux
6,14
Fais-toi une arche de bois de gôfèr; tu distribueras cette arche en cellules, et tu l'enduiras, en dedans et en dehors, de poix.
Fais-toi une arche
Dieu dispose pourtant de beaucoup de moyens de mettre à l’abri et de sauver. Pourquoi alors avoir imposé à Noa‘h la dure besogne de construire une arche ? C’est pour que ses contemporains le voient occupé à cette construction pendant cent vingt ans et lui demandent : « Que fais-tu là ? ». Et pour qu’il leur réponde : « Le Saint béni soit-Il va envoyer un déluge sur le monde ! ». Peut-être feront-ils pénitence !(Midrach tan‘houma 58, 5)
De bois de gofèr
C’est le nom du bois. Et pourquoi cette sorte de bois ? A cause du soufre (gofrith) qui devait détruire l’humanité
En cellules
Chaque animal domestique, chaque bête sauvage avait la sienne
De poix (kofèr)
Ce mot araméen correspond à l’hébreu zèfèth (« bitume »), et on le trouve dans le Talmud sous la forme de koufra (Chabath 67a). En ce qui concerne le berceau de Mochè enfant, les eaux du Nil étant calmes, il suffisait de l’enduire d’argile à l’intérieur et de poix à l’extérieur (Beréchith raba 31, 10). Il ne fallait pas, en outre, que ce juste pût être incommodé par la mauvaise odeur du bitume. Mais ici, comme les eaux du déluge ont été destructrices, il a fallu du bitume en dedans comme en dehors
6,15
Et voici comment tu la feras: trois cents coudées seront la longueur de l'arche; cinquante coudées sa largeur, et trente coudées sa hauteur.
6,16
Tu donneras du jour à l'arche, que tu réduiras, vers le haut, à la largeur d'une coudée; tu placeras la porte de l'arche sur le côté. Tu la composeras d'une charpente inférieure, d'une seconde et d'une troisième.
Du jour (tsohar)
D’après certains, c’était une fenêtre, d’après d’autres, c’était une pierre précieuse qui donnait de la lumière. (Beréchith raba 31, 11)
Tu termineras
La couverture de l’arche était en pente, jusqu’à n’avoir plus, au sommet, qu’une coudée de large, les eaux pouvant ainsi s’écouler de part et d’autre
Sur son côté
Pour que n’y pénètre pas la pluie
Un pont inférieur
Trois étages superposés : en haut pour les humains, au milieu pour les animaux, et en bas pour les déchets (Sanhèdrin 108b)
6,17
Et moi, je vais amener sur la terre le Déluge - les eaux - pour détruire toute chair animée d'un souffle de vie sous les cieux; tout ce qui habite la terre périra.
Et moi
Je suis disposé à donner mon accord à ceux [parmi les anges] qui me mettaient depuis longtemps en garde, en disant : « Qu’est-ce que l’homme, pour que tu t’en souviennes ? » (Tehilim 8, 5, Beréchith raba 31, 12)
Le déluge
Le mot maboul (« déluge ») contient l’idée de tout « détruire » (bila), de tout « bouleverser » (bilbél), et de tout déporter (hovil) de haut en bas. C’est ce que signifie le mot toufna, employé dans le Targoum Onqelos. Le déluge a tout submergé et a ramené l’arche à Bavel, qui est dans une vallée. C’est pourquoi cette vallée s’appelle Chin’ar : tous les morts du déluge y ont été emportés (chénin’arou) (voir infra 11, 2)
6,18
J'établirai mon pacte avec toi: tu entreras dans l'arche, toi et tes fils, et ta femme et les femmes de tes fils avec toi.
J’établirai mon alliance
Il fallait une alliance pour que les fruits ne pourrissent ni ne moisissent, et aussi pour que les scélérats de la génération ne tuent pas Noa‘h (Beréchith raba 31)
Toi et tes fils
Les hommes à part et les femmes à part. D’où l’on déduit que les rapports sexuels leur ont été interdits (Beréchith raba 31, 12)
6,19
Et de tous les êtres vivants, de chaque espèce, tu en recueilleras deux dans l'arche pour les conserver avec toi: ce sera un mâle et une femelle.
Et de tout ce qui vit
Y compris les démons (Beréchith raba 31, 13)
Deux de tout
Même des moins nombreux, pas moins de deux, un mâle et une femelle
6,20
Des oiseaux selon leur espèce; des quadrupèdes selon leur espèce; de tout ce qui rampe sur la terre, selon son espèce, qu'un couple vienne auprès de toi pour conserver la vie.
Des oiseaux selon leur espèce
Uniquement ceux qui étaient restés attachés à leur propre espèce et qui n’avaient pas « corrompu leur voie ». Ils sont venus d’eux-mêmes. Ceux que l’arche acceptait d’accueillir, Noa‘h les faisait entrer. (Sanhèdrin 108b)
6,21
Munis-toi aussi de toutes provisions comestibles, et mets-les en réserve: pour toi et pour eux, cela servira de nourriture.
6,22
Noé obéit, tout ce que Dieu lui avait prescrit, il l'exécuta ponctuellement.
Noa‘h fit ainsi
Il s’agit de la construction de l’arche (Beréchith raba 31, 13. Voir infra 7, 5 et Rachi ibid.)
7,1
L'Éternel dit à Noé: "Entre, toi et toute ta famille, dans l'arche; car c'est toi que j'ai reconnu honnête parmi cette génération."
C’est toi que j’ai reconnu juste
Il n’est pas dit : « juste, intègre » [comme dans supra 6, 9]. Cela nous enseigne que l’on ne doit faire, en présence d’une personne que l’on veut complimenter, qu’une partie de son éloge. On ne fera son éloge tout entier qu’en son absence (‘Erouvin 18b, Beréchith raba 32, 3)
7,2
De tout quadrupède pur, tu prendras sept couples, le mâle et sa femelle; et des quadrupèdes non purs, deux, le mâle et sa femelle.
De tout animal pur
Qui sera pur pour Israël. D’où nous apprenons que Noa‘h a étudié la Tora
Sept par sept
Afin qu’il en offre des sacrifices à sa sortie de l’arche (Beréchith raba 34, 9)
7,3
De même, des oiseaux du ciel, respectivement sept, mâles et femelles, pour perpétuer les espèces sur toute la face de la terre
De même
Le texte parle des oiseaux purs. Ce qui n’est pas précisé ici s’éclaire par ce qui est explicité ailleurs
7,4
Car encore sept jours, et je ferai pleuvoir sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits; et j'effacerai de la surface du sol tous les êtres que j'ai créés.
Car
Ce sont les sept jours de deuil de Methouchèla‘h, le juste (Beréchith raba 32, 7). Le Saint béni soit-Il a eu des égards pour lui et Il a retardé le châtiment [constitué par le déluge]. Si tu calcules les années de la vie de Methouchèla‘h, tu trouveras qu’elles se terminent dans la six centième année de Noa‘h
Car
Que veut dire « encore »? C’est un répit supplémentaire ajouté aux cent vingt années déjà fixées
Quarante jours
Ce qui correspond délai nécessaire à la formation de l’embryon, parce que leur mauvaise conduite avait obligé leur Créateur à engendrer des enfants issus d’unions illégitimes (Beréchith raba 32, 5)
7,5
Noé se conforma à tout ce que lui avait ordonné l'Éternel.
Noa‘h fit
En venant vers l’arche (voir supra 6, 22)
7,6
Or, il était âgé de six cents ans lorsque arriva le Déluge, ces eaux qui couvrirent la terre.
7,7
Noé entra avec ses fils, sa femme, et les épouses de ses fils dans l'arche, pour se garantir des eaux du Déluge.
Noa‘h entra
Les hommes à part, et les femmes à part, parce que les rapports sexuels leur étaient interdits, étant donné que le monde était plongé dans le malheur (Midrach tan‘houma 58, 11)
A cause des eaux du déluge
Même Noa‘h était de foi fragile : il croyait à la venue du déluge, tout en n’y croyant pas, et il n’entra dans l’arche que lorsque les eaux l’y ont forcé (Beréchith raba 32, 6)
7,8
Des quadrupèdes purs; de ceux qui ne le sont point; des oiseaux, et de tout ce qui rampe sur le sol,
7,9
deux à deux ils vinrent vers Noé dans l'arche, mâles et femelles, ainsi que Dieu l'avait prescrit à Noé.
Ils vinrent vers Noa‘h
D’eux-mêmes (Beréchith raba 32, 8)
Deux par deux
Ils étaient tous égaux dans ce compte. Les espèces les moins nombreuses étaient au moins deux
7,10
Au bout des sept jours, les eaux du Déluge étaient sur la terre.
7,11
Dans l'année six cent de la vie de Noé, le deuxième mois, le dix-septième jour du mois, en ce jour jaillirent toutes les sources de l'immense Abîme, et les cataractes du ciel s'ouvrirent.
Le deuxième mois
Rabi Eli‘èzèr a enseigné : C’était en ‘hechwan. Rabi Yehochou‘a a enseigné : C’était en iyar (Roch haChana 11b)
Se rompirent
Pour faire jaillir leurs eaux
Du grand abîme
Mesure pour mesure. « la méchanceté de l’homme était “grande” » (supra 6, 5) Ils ont donc été frappés par le « grand » abîme (Sanhèdrin 108a)
7,12
La pluie tomba sur la terre, quarante jours et quarante nuits.
La pluie fut sur la terre
Et plus loin il est écrit : « le déluge fut quarante jours sur la terre » (verset 17). C’est parce que, lorsqu’Il a fait tomber la pluie, Il l’a fait tomber avec miséricorde, afin que, dans le cas où ils se seraient repentis, elle devienne une pluie de bénédiction. Et comme ils ne se sont pas repentis, elle est devenue un déluge
Quarante jours
Le premier jour ne compte pas, puisqu’il manquait la nuit précédente. Il est écrit, en effet : « en “ce jour-là” se rompirent toutes les sources » (verset 11). Les quarante jours se sont donc terminés le 28 kisléw, selon l’opinion de rabi Eli’èzer. Les mois sont, en effet, comptés dans l’ordre : un mois « plein » (30 jours) suivi d’un mois « creux » (29 jours), donc douze jours en ‘hechwan et vingt-huit jours en kisléw
7,13
Ce jour-là même étaient entrés dans l'arche: Noé, Sem, Cham et Japhet, fils de Noé, et avec eux la femme de Noé et les trois femmes de ses fils;
Au milieu de ce jour-là (beètsèm – littéralement : par la force)
[C’est-à-dire en plein jour]. Le texte t’enseigne que ses contemporains disaient : « Si nous le voyons entrer dans l’arche, nous la briserons et nous le tuerons ! » Le Saint béni soit-Il a alors dit : « Je vais le faire entrer aux yeux de tous, et nous verrons bien quel est celui dont la parole va se réaliser ! » (Beréchith raba 32, 8)
7,14
eux, et toute bête fauve selon son espèce, et tout le bétail selon son espèce, et tout animal rampant sur la terre selon son espèce, et tout volatile selon son espèce: tout oiseau, tout être ailé.
Tout oiseau
Le mot tsipor (« oiseau ») est au cas construit, comme pour dire : « tout oiseau pourvu de toutes sortes d’ailes », donc y compris les sauterelles (‘Houlin 139b). Le mot kanaf signifie « plume » ou « aile », comme dans : « alors le kohen ouvrira l’oiseau du côté des ailes (bikhenafaw) » (Wayiqra 1, 17). De même ici, il s’agit d’oiseau de toute espèce, présentant n’importe quel semblant d’ailes
7,15
Ils vinrent vers Noé, dans l'arche, deux à deux, de toutes les espèces douées du souffle de vie.
7,16
Ceux qui entrèrent furent le mâle et la femelle de chaque espèce, comme Dieu l'avait commandé. Alors l'Éternel ferma sur Noé la porte de l'arche.
Hachem ferma (sagar) l’arche sur lui (ba‘ado
Il le protégea, afin qu’on ne brise pas l’arche. Il entoura (sagar) l’arche d’ours et de lions qui tuaient ceux qui s’approchaient (Beréchith raba 32, 8). Et d’après le sens littéral du verset, « Il ferma sur lui la porte de l’arche » pour empêcher l’eau d’y pénétrer. Toutes les fois que le texte emploie le mot ba’ad, il a le sens de « en face de », comme dans : « car Hachem avait entièrement fermé toute matrice (littéralement : “posé une fermeture en face de chaque matrice” » [infra 20, 18]). « Tu fermeras la porte “en face de” toi et de tes fils » (II Melakhim 4, 4). « Peau pour peau » . (Iyov 2, 4). « Un bouclier “en face de” moi » (Tehilim 3, 4). « Prie pour (littéralement : “en face de”] tes serviteurs » (I Chemouel 12, 19), c’est-à-dire en faveur de tes serviteurs
7,17
Le Déluge ayant duré quarante jours sur la terre, les eaux, devenues grosses, soulevèrent l'arche, qui se trouva au-dessus de la terre.
Elle s’éleva au-dessus de la terre
Elle était enfoncée à onze coudées au-dessous du niveau des eaux, comme un bateau chargé, partiellement plongé dans l’eau (Beréchith raba 32, 9). Les versets suivants le prouveront
7,18
Les eaux augmentèrent et grossirent considérablement sur la terre, de sorte que l'arche flotta à la surface des eaux.
Grossirent
D’elles-mêmes, [alors même que la pluie avait cessé de tomber]
7,19
Puis les eaux redoublèrent d'intensité sur la terre et les plus hautes montagnes qui sont sous le ciel furent submergées.
7,20
De quinze coudées plus haut les eaux s'étaient élevées; et les montagnes avaient disparu.
De quinze coudées plus haut
Au-dessus du niveau de toutes les montagnes, après que les eaux eurent atteint les sommets des montagnes (Yoma 76a)
7,21
Alors périt toute créature se mouvant sur la terre: oiseaux, bétail, bêtes sauvages, tous les êtres pullulant sur la terre, et toute l'espèce humaine.
7,22
Tout ce qui était animé du souffle de la vie, tout ce qui peuplait le sol, expira.
Une âme
Tout ce qui avait une haleine de souffle de vie
Tout ce qui était sur la terre sèche
A l’exclusion des poissons de la mer (Sanhèdrin 108a, Qiddouchin 13a)
7,23
Dieu effaça toutes les créatures qui étaient sur la face de la terre, depuis l'homme jusqu'à la brute, jusqu'au reptile, jusqu'à l'oiseau du ciel et ils furent effacés de la terre. Il ne resta que Noé et ce qui était avec lui dans l'arche.
Il effaça
Le verbe wayima‘h (« il effaça ») est à la forme active et non au passif. Même formation que wayifèn (« il se tourna »), wayivèn (« il construisit »). Lorsqu’un verbe dont la troisième lettre du radical est un hé, comme ma‘ho (« effacer »), bano (« construire »), qano (« acquérir ») porte un waw conversif suivi du préfixe yod, il est ponctué d’un ‘hiriq sous le yod
Que Noa‘h
Il est resté seul, tel est le sens littéral. Mais le midrach (Beréchith raba 32 et Midrach tan‘houma 58, 9) explique le mot akh (« seulement ») comme voulant dire : « à cause de Noa‘h ». Il gémissait et crachait du sang, à cause du mal qu’il se donnait pour s’occuper des animaux domestiques et des bêtes sauvages. Autre midrach : il a un jour tardé à apporter au lion sa nourriture, et celui-ci l’a frappé. C’est à son sujet qu’il est écrit : « Voyez, même le juste est rétribué [pour ce qu’il a fait de mal] sur terre » (Michlei 11, 31)
7,24
La crue des eaux sur la terre dura cent cinquante jours.
8,1
Alors Dieu se souvint de Noé, et de tous les animaux sauvages et domestiques qui étaient avec lui dans l’arche. Dieu fit passer un souffle sur la terre, et les eaux se calmèrent.
Eloqim se souvint
Il est écrit ici Eloqim, qui est le nom de Dieu lorsqu’Il exerce la stricte justice. Celle-ci est transformée en miséricorde grâce à la prière des justes. La miséricorde, en revanche, cède la place à la stricte justice sous l’influence de la méchanceté des scélérats, ainsi qu’il est écrit : « Hachem vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre » et : « Et Hachem dit : j’effacerai l’homme » (supra 6, 5 et 7), où pourtant le texte emploie le nom du Dieu de miséricorde (Beréchith raba 33, 3)
Eloqim se souvint de Noa‘h...
En quoi s’est-Il souvenu des animaux ? Du mérite qu’ils se sont acquis en n’ayant pas « corrompu leur voie » avant le déluge et en s’abstenant de rapports sexuels dans l’arche (Midrach tan‘houma 58, 11)
Eloqim fit passer un souffle
Un souffle de consolation et d’apaisement passa devant lui
Sur la terre
A cause de ce qui se passait sur la terre
Les eaux s’apaisèrent
Comme dans : « quand la colère du roi se fut apaisée » (Esther 2, 1). Cela signifie un retour à la sérénité après une colère
8,2
Les sources de l'Abîme et les cataractes célestes se refermèrent, et la pluie ne s'échappa plus du ciel.
Se refermèrent les sources
Lorsqu’elles s’étaient ouvertes, le texte avait spécifié : « “toutes” les sources » (supra 7, 11), alors qu’ici ne figure pas le mot « toutes ». Sont restées celles qui sont nécessaires au monde, comme les eaux chaudes de Tibériade, et d’autres similaires (Beréchith raba 33), [l’eau du déluge ayant été brûlante (Sanhèdrin 108a)]
La pluie fut retenue (wayikalé)
Elle fut retenue, comme dans : « ne retiens pas (lo tikhla), Hachem ta miséricorde » (Tehilim 40, 12), ou dans : « nul d’entre nous ne te refusera (lo yikhlè) sa tombe » (infra 23, 6)
8,3
Les eaux se retirèrent de dessus la terre, se retirèrent par degrés; elles avaient commencé à diminuer au bout de cent cinquante jours.
Au bout de cent cinquante jours
Elles commencèrent à diminuer. C’était le 1er siwan (Séder ‘olam, 4). Comment cela ? Les pluies avaient cessé de tomber le 27 kisléw. Il reste donc trois jours pour finir kisléw, plus les vingt-neuf jours de tévèth, ce qui fait trente-deux jours. Les quatre mois suivants : chevat, adar, nissan et iyar totalisent cent dix-huit jours, d’où un total de cent cinquante jours
8,4
Le septième mois, le dix-septième jour du mois, l'arche s'arrêta sur les monts Ararat.
Le septième mois
C’était en siwan, septième mois à partir de kisléw où les eaux avaient cessé de tomber
Le dix-septième jour
D’où l’on apprend que l’arche était enfoncée de onze coudées au-dessous du niveau des eaux. Il est écrit, en effet : « le premier jour du dixième mois apparurent les cimes des montagnes » (verset 5). C’était le mois de av, qui est le dixième mois à compter de ‘hechwan pendant lequel les pluies ont commencé de tomber. Or, les eaux s’étaient élevées de quinze coudées au-dessus du niveau des montagnes. Elles ont donc diminué de quinze coudées en soixante jours, du 1er siwan jusqu’au 1er av, soit une coudée en quatre jours. Le 16 siwan, elles n’avaient baissé que de quatre coudées, et l’arche s’est arrêtée le lendemain 17. Son tirant d’eau était donc de onze coudées
8,5
Les eaux allèrent toujours décroissant jusqu'au dixième mois; le premier jour du dixième mois, apparurent les cimes des montagnes.
Du dixième mois apparurent les cimes des montagnes
C’était le mois de av, qui est le dixième mois à compter de ‘hechwan pendant lequel les pluies ont commencé de tomber. Et si tu dis que c’est eloul, en tant que dixième mois après kisléw où la pluie s’est arrêtée, de la même manière que le septième mois, siwan, était le septième mois après la fin des pluies (verset 4), cela n’est pas soutenable. Car on ne peut compter le septième mois qu’à partir de la fin des pluies. En effet, les quarante jours de pluies et les cent cinquante jours de grossissement des eaux ne se seraient pas achevés le 1er siwan. Et si tu soutiens que c’est le septième mois à partir du commencement des pluies, ce ne serait pas siwan. Quant au dixième mois, on ne peut le compter qu’à partir du commencement des pluies. Car si tu devais le faire à partir de l’arrêt des pluies et dire que c’est eloul, tu n’arriverais pas à dire que « au premier mois, le premier jour du mois, les eaux furent séchées de dessus la terre » (verset 13). En effet, quarante jours après que les sommets des montagnes furent apparus, Noa‘h envoya le corbeau. Il a attendu vingt et un jours pour envoyer la colombe, ce qui donne soixante jours depuis l’apparition du sommet des montagnes jusqu’à l’assèchement total de la surface de la terre. Or, si tu dis que c’est en eloul que sont apparus les sommets des montagnes, la terre se serait asséchée en ‘hechwan. Or, la Tora l’appelle le premier mois. Et le premier mois ne peut être autre que tichrei, comme premier mois après la création du monde, ou nissan, selon l’opinion de rabi Yehochou‘a
8,6
Au bout de quarante jours, Noé ouvrit la fenêtre qu'il avait pratiquée à l'arche.
Au bout de quarante jours
Qui ont suivi l’apparition des sommets des montagnes
La fenêtre de l’arche qu’il avait faite
Pour l’éclairage, et non la porte servant à l’entrée et à la sortie (Beréchith raba 33, 5)
8,7
Il lâcha le corbeau, qui partit, allant et revenant jusqu'à ce que les eaux eussent laissé la terre à sec.
Allant et revenant
Le corbeau ne cessait de tournoyer autour de l’arche et n’accomplissait pas sa mission, parce qu’il suspectait sa compagne, ainsi que nous le trouvons au dernier chapitre du traité Sanhèdrin (108b)
Jusqu’à ce que les eaux eussent séché de dessus la terre
Le sens littéral est simple, mais le midrach explique comme suit : Le corbeau [allait et revenait dans le monde] comme ayant été mis en réserve pour une autre mission lors d’un autre assèchement des eaux, à l’époque du prophète Eliyahou, ainsi qu’il est écrit : « les corbeaux lui apportaient du pain et de la viande » (I Melakhim 17, 6, Beréchith raba 33, 5)
8,8
Puis, il lâcha la colombe, pour voir si les eaux avaient baissé sur la face du sol.
Il renvoya la colombe de chez lui
Au bout de sept jours, puisqu’il est écrit : « il attendit encore sept autres jours » (verset 10). C’est donc que la première fois aussi, il avait attendu sept jours
Il renvoya
Le mot ne signifie pas ici qu’il l’a envoyée en mission, mais qu’il l’a renvoyée. Il voulait la lâcher pour de bon, et voir ainsi si les eaux avaient diminué. Dans le cas où elle aurait trouvé un point d’appui, elle ne serait pas revenue
8,9
Mais la colombe ne trouva pas de point d'appui pour la plante de ses pieds, et elle revint vers lui dans l'arche, parce que l'eau couvrait encore la surface de la terre. Il étendit la main, la prit et la fit rentrer auprès de lui dans l'arche.
8,10
Il attendit encore sept autres jours, et renvoya de nouveau la colombe de l'arche.
Il attendit
Le texte emploie souvent ce verbe, comme dans : « ils m’écoutaient, pleins d’attente [weyi‘hélou] » (Iyov 29, 21)
8,11
La colombe revint vers lui sur le soir, tenant dans son bec une feuille d'olivier fraîche. Noé jugea que les eaux avaient baissé sur la terre.
Dans son bec... arrachée
Taraf (« tenant ») est au masculin, tandis que befiha (« dans son bec ») est au féminin. Je prétends que c’était un mâle, et que c’est la raison pour laquelle le texte emploie alternativement le masculin et le féminin. Car le mot yona (« colombe ») est du genre féminin, comme dans : « ses yeux sont comme des colombes sur le bord des cours d’eau. Elles baignent (ro‘hatsoth, au féminin) dans le lait » (Chir hachirim 5, 12), ou dans : « comme les colombes des vallées, toutes gémissantes (hagguéayoth) » (Ye‘hezqel 7, 16), ou dans : « Efrayim est devenu comme une colombe étourdie (fotha) » (Hoché‘a 7, 11)
Arrachée
Taraf veut dire : « elle avait saisi ». Mais pour le midrach, ce mot désigne la nourriture de la colombe. Quant au mot befiha (« dans son bec »), le midrach l’interprète comme une parole prononcée par la colombe : « Que ma nourriture soit aussi amère que l’olive, du moment qu’elle me vient de ta main, plutôt que douce comme le miel, mais venant de la main d’un être de chair et de sang ! » (‘Erouvin 18b, Beréchith raba 33)
8,12
Ayant attendu sept autres jours encore, il fit partir la colombe, qui ne revint plus auprès de lui.
Il attendit
Wayiya‘hél (« il attendit ») a ici le même sens que waya‘hèl au verset 10, sauf que le texte emploie ici le hithpa’él et là-bas le qal. Waya‘hèl peut se traduire par « il attendit », et wayiya‘hél par « il prit patience »
8,13
Ce fut dans la six cent unième année, au premier mois, le premier jour du mois, que les eaux laissèrent la terre à sec. Noé écarta le plafond de l'arche et vit que la surface du sol était desséchée.
Au premier mois
Pour rabi Eli’èzer, c’était en ‘hechwan. Pour rabi Yehochou‘a, c’était en iyar (Roch haChana 11b)
La surface du sol était sèche
Il y avait comme de la boue formant une croûte à la surface des eaux (Beréchith raba 33, 7)
8,14
Et au deuxième mois, le vingt-septième jour du mois, la terre était sèche.
Le vingt-septième jour
Les pluies avaient commencé de tomber le deuxième mois, le dix-septième jour du mois (supra 7, 11). Les dix-sept jours d’écart correspondent à la différence entre l’année solaire et l’année lunaire, la génération du déluge ayant été condamnée à subir un cataclysme d’une année entière (Séder ‘olam 4, Beréchith raba 28, 9 et 33, 7)
La terre était sèche
Elle était redevenue aride, selon son état habituel (ibid.)
8,15
Dieu parla à Noé en ces termes:
8,16
Sors de l'arche, toi et ta femme, et tes fils et leurs femmes avec toi.
Toi et ta femme
Mari et femme réunis. Dieu leur permet ici de reprendre la vie commune (Beréchith raba 34, 7)
8,17
Tout être vivant de toute espèce qui est avec toi: volatile, quadrupède, reptile se traînant sur la terre, fais-les sortir avec toi; qu'ils foisonnent dans la terre, qu'ils croissent et multiplient sur la terre!"
Fais sortir
Le mot est écrit hotsé, et lu hayetsé, qui veut dire : « dis-leur de sortir » Hotsé signifie : « s’ils ne veulent pas sortir, fais-les sortir toi-même » (Beréchith raba 34, 8)
Qu’ils foisonnent de par la terre
Mais pas dans l’arche. Ce qui nous apprend que les rapports sexuels étaient interdits même aux animaux et aux oiseaux
8,18
Noé sortit avec ses fils, sa femme, et les femmes de ses fils.
8,19
Tous les quadrupèdes, tous les reptiles, tous les oiseaux, tout ce qui se meut sur la terre sortit, selon ses espèces, de l'arche.
Selon leurs familles
Ils se sont engagés à s’unir selon leurs espèces
8,20
Noé érigea un autel à l'Éternel; il prit de tous les quadrupèdes purs, de tous les oiseaux purs, et les offrit en holocauste sur l'autel.
De tout animal pur
Noa‘h s’est dit : Si le Saint béni soit-Il m’a ordonné de faire entrer certaines bêtes par sept, ce ne peut être que pour en offrir en sacrifice (Beréchith raba 34, 9)
8,21
L'Éternel aspira la délectable odeur, et il dit en lui-même: "Désormais, je ne maudirai plus la terre à cause de l'homme, car les conceptions du cœur de l'homme sont mauvaises dès son enfance; désormais, je ne frapperai plus tous les vivants, comme je l'ai fait.
Dès son enfance
Le mot minnne’ouraw est écrit mine’araw, sans waw. Dès qu’il commence à se mouvoir (michénin’ar) pour sortir du ventre de sa mère, il accueille en lui le penchant au mal (Beréchith raba 34, 10, Yerouchalmi Berakhoth 3, 5)
je ne recommencerai plus...
Deux fois. C’est un mode de serment, ainsi qu’il est écrit : « De même que j’ai juré que le déluge de Noa‘h ne désolerait plus la terre... » (Yecha’ya 54, 9). Mais nous n’avons trouvé aucun serment ! C’est cette répétition qui constitue un serment, comme expliqué par les sages dans la guemara (Chevou‘oth 36a)
8,22
Plus jamais, tant que durera la terre, semailles et récolte, froidure et chaleur, été et hiver, jour et nuit, ne seront interrompus."
Désormais
Six saisons, à raison de deux mois chacune. La michna explique : La seconde moitié de tichrei, ‘hechwan, et la première moitié de kisléw, c’est le temps des semailles. La seconde moitié de kisléw, tévèth et la première partie de chevat, c’est le temps du froid... (Baba Metsi‘a 106b)
Froidure
Plus rude que l’hiver
Hiver
C’est l’époque où l’on sème orges et légumes secs qui parviennent rapidement à maturité. C’est la seconde moitié de chevat, adar, et la première moitié de nissan
Récolte
C’est la seconde moitié de nissan, iyar et la première moitié de siwan
Eté (qayits)
C’est la seconde moitié de siwan, tamouz et la première moitié de av. On y récolte les figues et on les laisse sécher dans les champs. Les figues sèches s’appellent qayits, comme dans : « le pain et les figues sèches (qayits) sont destinés à la nourriture des serviteurs » (II Chemouel 16, 2)
Et chaleur
C’est la fin de la saison chaude : la seconde moitié de av, eloul et la première moitié de tichrei. C’est le moment où il fait le plus chaud dans le monde, ainsi que nous l’avons appris dans la guemara (Yoma 29a) : « La fin de l’été est plus pénible que l’été lui-même »
Jour et nuit ne cesseront pas
C’est donc qu’ils avaient cessé pendant le déluge. Les planètes avaient suspendu leur service, et l’on ne distinguait plus entre le jour et la nuit (Beréchith raba 34, 11)
Ne cesseront pas
De suivre leur cours naturel
9,1
Dieu bénit Noé et ses fils, en leur disant: "Croissez et multipliez, et remplissez la terre!
9,2
Que votre ascendant et votre terreur soient sur tous les animaux de la terre et sur tous les oiseaux du ciel; tous les êtres dont fourmille le sol, tous les poissons de la mer, est livrés en vos mains.
Et votre terreur
C’est le sens du mot we‘hitkhem, comme dans : « Vous voyez une terreur (‘hathath) » (Iyov 6, 21). Le midrach donne au mot le sens de « vie » (‘hayouth). Tant qu’un enfant, même âgé d’un jour, est en vie, on n’a pas besoin de le protéger des rats. Tandis qu’il a fallu après sa mort protéger ‘Og, le géant, roi de Bachan contre les rats, ainsi qu’il est écrit : « que votre crainte (oumoraakhem) et votre terreur (we‘hitkhem) soient sur tous les animaux de la terre... ». Quand terrifierez-vous les animaux de la terre ? Aussi longtemps que vous serez en vie (‘hayim) (Chabath 151b, Beréchith raba 34, 12)
9,3
Tout ce qui se meut, tout ce qui vit, servira à votre nourriture; de même que les végétaux, je vous livre tout.
Vous sera pour nourriture
Je n’avais pas permis au premier homme de manger de la viande, seulement des végétaux. Mais à vous, « de même que les végétaux », que j’avais laissé Adam libre de manger, « je vous donne tout » (Sanhèdrin 59b)
9,4
Toutefois aucune créature, tant que son sang maintient sa vie, vous n'en mangerez.
Aucune chair
Dieu leur a interdit d’arracher un membre à une bête vivante, c’est-à-dire que tant que le sang maintient la vie, vous n’en mangerez pas la chair (Sanhèdrin 57a)
Aucune chair
Quand la vie est encore dans le sang, et donc 
Aucune chair
« Aucune chair, avec sa vie », c’est l’interdiction d’enlever la chair d’une bête vivante. Ensuite, « avec sa vie, son sang vous n’en mangerez », c’est l’interdiction du sang d’une bête vivante (Sanhèdrin 59a)
9,5
Toutefois encore, votre sang, qui fait votre vie, j'en demanderai compte: je le redemanderai à tout animal et à l'homme lui-même, si l'homme frappe son frère, je redemanderai la vie de l'homme.
Et toutefois
Je vous ai certes autorisés à ôter la vie à un animal. Mais je demanderai compte de votre propre sang à celui qui le versera [en se donnant volontairement la mort]
De votre vie
Même à celui qui s’étrangle [par pendaison], bien qu’il n’y ait pas de sang versé (Baba Qama 91b)
A tout animal
Parce que les hommes de la génération du déluge avaient péché, ils ont été livrés en pâture aux bêtes féroces, qui avaient tout pouvoir sur eux, ainsi qu’il est écrit : « L’homme est pareil aux animaux, sa fin est certaine » (Tehilim 49, 21, Chabath 151b). C’est pourquoi il a été nécessaire de mettre les animaux en garde à leur sujet
Et à l’homme
A celui qui tue volontairement et sans qu’il y ait de témoins, c’est moi qui lui en demanderai compte
A l’homme qui frappe son frère
A celui qui aime quelqu’un comme son frère et qui le tue involontairement, je lui demanderai des comptes, s’il ne s’enfuit pas [vers l’une des villes de refuge] et ne demande pardon pour sa faute. Car l’homicide involontaire aussi exige une expiation. Si donc il n’y a pas eu de témoins pour le faire condamner au bannissement, et s’il ne s’y soumet pas de lui-même, le Saint béni soit-Il lui en demandera compte. Ainsi que nos rabbins l’ont expliqué dans la guemara (Makoth 10b), le verset : « s’il n’y a pas eu guet-apens et que Eloqim seul ait conduit sa main, il se réfugiera dans un des endroits que je te désignerai » (Chemoth 21, 13) doit être compris comme voulant dire que Dieu va réunir dans la même auberge [celui qui a tué accidentellement et n’a pas expié son acte et celui qui a tué avec préméditation et n’a pas été jugé. Le premier va grimper sur une échelle du haut de laquelle il tombera sur le second, le tuant sous le choc. Et l’accident ayant été vu par des témoins, son auteur, cette fois, sera condamné au bannissement]
9,6
Celui qui verse le sang de l'homme, par l'homme son sang sera versé car l'homme a été fait à l'image de Dieu.
Par l’homme son sang sera versé
S’il y a des témoins (Targoum Onqelos), mettez-le vous-mêmes à mort. Pourquoi ? « Car à l’image de Eloqim Il a fait l’homme » (Beréchith raba 35)
Car à l’image de Eloqim Il a fait l’homme
Ce verset est obscur, car il aurait dû dire explicitement que c’est Dieu qui a fait l’homme. Le texte présente beaucoup d’imprécisions analogues
9,7
Pour vous, croissez et multipliez; foisonnez sur la terre et devenez y nombreux."
Et vous
Selon le sens littéral, les premières fois où cela a été dit (supra 1, 28 et 9, 1), c’était dans un contexte de bénédiction. Ici, il s’agit d’un ordre. (Ketouvoth 5a). Quant au midrach, il assimile ici au meurtrier celui qui néglige d’avoir des enfants (Yevamoth 63b, Beréchith raba 34, 14)
9,8
Dieu adressa à Noé et à ses enfants ces paroles:
9,9
"Et moi, je veux établir mon alliance avec vous et avec la postérité qui vous suivra;
Et moi
« Je suis d’accord avec toi ». Car Noa‘h était tourmenté à l’idée de devoir perpétuer l’espèce, jusqu’à ce que le Saint béni soit-Il lui promette de ne plus jamais détruire le monde (Midrach tan‘houma 58, 11). C’est ce qu’Il fait plus loin (verset 11) en lui disant Son accord pour donner à Sa promesse confirmation et force d’alliance, et en lui procurant un signe
9,10
et avec toute créature vivante qui est avec vous, oiseaux, bétail, animaux des champs qui sont avec vous, tous les animaux terrestres qui sont sortis de l'arche.
Tout être vivant qui est avec vous
Ceux qui vivent avec les êtres humains
Sortis de l’arche
Y compris les insectes et les vermisseaux
Tout animal de la terre
Y compris les nuisibles qui ne font pas partie des animaux qui sont « avec vous », car ils ne vivent pas avec les êtres humains
9,11
Je confirmerai mon alliance avec vous nulle chair, désormais, ne périra par les eaux du déluge; nul déluge, désormais, ne désolera la terre."
J’établirai
Je donnerai confirmation à mon alliance ! Et quelle est cette confirmation ? L’arc-en-ciel, comme Il le dira plus tard
9,12
Dieu ajouta: "Ceci est le signe de l'alliance que j'établis, pour une durée perpétuelle, entre moi et vous, et tous les êtres animés qui sont avec vous.
Pour les générations
Le mot doroth (« générations ») est écrit sans waw, [ce qui implique une restriction], à savoir qu’elles n’en auront pas toutes besoin, notamment celles constituées de justes parfaits, comme la génération de ‘Hizqiya, roi de Yehouda, et celle de rabi Chim‘on bar Yo‘haï (Beréchith raba 35, 2)
9,13
J'ai placé mon arc dans la nue et il deviendra un signe d'alliance entre moi et la terre.
9,14
A l'avenir, lorsque j'amoncellerai des nuages sur la terre et que l'arc apparaîtra dans la nue,
Lorsque j’amoncellerai de la nuée
Lorsque la pensée me viendra de plonger le monde dans les ténèbres et la ruine
9,15
je me souviendrai de mon alliance avec vous et tous les êtres animés et les eaux ne deviendront plus un déluge, anéantissant toute chair.
9,16
L'arc étant dans les nuages, je le regarderai et me rappellerai le pacte perpétuel de Dieu avec toutes les créatures vivantes qui sont sur la terre.
Entre Eloqim et entre tout être vivant
Entre la stricte justice, [symbolisée par le mot Eloqim], et vous. Car le texte aurait dû dire : « entre “moi” et entre tout être vivant ». C’est donc lorsque la stricte justice viendra vous accuser, enseigne le midrach, que je regarderai le signe et me souviendrai (voir Beréchith raba 35, 3)
9,17
Dieu dit à Noé: "C'est là le signe de l'alliance que j'ai établie entre moi et toutes les créatures de la terre."
C’est là le signe de l’alliance
Il a montré l’arc-en-ciel à Noa‘h et lui a dit : « Voici le signe dont j’ai parlé »
9,18
Les fils de Noé qui sortirent de l'arche furent Sem, Cham et Japhet; Cham était le père de Canaan.
‘Ham était le père de Kena‘an
Pourquoi faut-il le dire ici ? Parce que le paragraphe continue avec l’ivresse de Noa‘h, pendant laquelle ‘Ham s’est mal conduit, et qui a été à l’origine de la malédiction de Kena‘an (verset 25). La généalogie de ‘Ham n’avait pas encore été décrite et nous ne savions pas que Kena‘an était son fils. Aussi a-t-il été nécessaire de préciser ici que « ‘Ham était le père de Kena‘an »
9,19
Ce sont là les trois fils de Noé par lesquels toute la terre fut peuplée.
9,20
Noé, d'abord cultivateur planta une vigne.
Noa‘h commença
Waya‘hèl (« commença ») [à rapprocher de ‘houlin (« œuvre profane »)] veut dire qu’il s’est profané lui-même, car il aurait dû commencer par planter autre chose (Beréchith raba 36)
Cultivateur (ich haadama – littéralement : « homme de la terre »)
C’est-à-dire maître de la terre, comme dans : « l’homme (ich – c’est-à-dire le mari) de Naomi » (Routh 1, 3)
Il planta une vigne
Lorsqu’il était entré dans l’arche, il avait emporté des sarments de vigne et des rameaux de figuier (Beréchith raba 36, 3)
9,21
Il but de son vin et s'enivra, et il se mit à nu au milieu de sa tente.
Il se découvrit
C’est un hithpa’él (mode pronominal)
De sa tente
Il est écrit aholoh (au lieu de aholo). C’est une allusion aux dix tribus d’Israël désignées sous le nom de Samarie, appelée aussi aholoh (Ye‘hezqel 23, 4). Elles seront exilées à cause du vin [qui les a menées au péché], ainsi qu’il est écrit : « ils boivent du vin à même les amphores » (‘Amos 6, 6, Beréchith raba 36, 4)
9,22
Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père, et alla dehors l'annoncer à ses deux frères.
‘Ham
Certains de nos rabbins disent que c’est Kena‘an qui l’a vu et est allé le raconter à son père. C’est pourquoi on le mentionne ici. C’est également pourquoi il a été maudit (Beréchith raba 36)
Il vit la nudité de son père
Certains disent qu’il l’a émasculé, d’autres qu’il l’a sodomisé (Sanhèdrin 70a)
9,23
Sem et Japhet prirent la couverture, la déployèrent sur leurs épaules, et, marchant à reculons, couvrirent la nudité de leur père, mais ne la virent point, leur visage étant retourné.
Chem et Yèfeth prirent (wayiqa‘h – littéralement : « et prit Chem et Yèfeth »)
Il n’est pas écrit « prirent », mais « prit ». Cela pour apprendre que Chem a accomplit la mitswa avec plus d’empressement que Yèfeth. C’est pourquoi ses descendants mériteront un jour de porter [comme « couverture »] le talith avec ses tsitsith. Quant à ceux de Yèfeth, ils mériteront de recevoir une sépulture digne, ainsi qu’il est écrit : « Je donnerai à Gog un lieu de sépulture » (Ye‘hezqel 39, 11). En ce qui concerne ‘Ham, qui a déshonoré son père, il est écrit au sujet de sa descendance : « De même les captifs d’Egypte et les exilés de Kouch, jeunes et vieux, le roi d’Achour les emmènera dévêtus et déchaussés, découverts jusqu’au bas des reins... » (Yecha’ya 20, 4 – Beréchith raba 36, 6 et Midrach tan‘houma 58, 15)
Et leur visage était à reculons
Pourquoi « à reculons » est-il écrit à deux reprises ? Pour nous enseigner que, lorsqu’ils se sont approchés de lui et qu’ils ont dû se tourner vers lui pour le couvrir, ils ont détourné leur visage (Beréchith raba 36, 6)
9,24
Noé, réveillé de son ivresse, connut ce que lui avait fait son plus jeune fils,
Son fils
Indigne et méprisable, comme dans : « Car voici, je te fais petit (qaton) parmi les peuples, méprisable parmi les hommes » (Yirmeya 49, 15)
9,25
et il dit : "Maudit soit Canaan! Qu'il soit l'esclave des esclaves de ses frères!"
Maudit soit Kena‘an
A cause de toi, je n’aurai pas un quatrième fils pour me servir. Maudit soit donc ton quatrième fils, et qu’il soit asservi aux descendants des aînés sur lesquels incombe désormais la charge de me servir ! (Beréchith raba 36, 7) Et pourquoi ‘Ham l’a-t-il émasculé ? Il a dit à ses frères : « Adam a eu deux fils, dont l’un a tué l’autre pour l’héritage du monde. Notre père a déjà trois fils, et il en voudrait encore un quatrième ? ! » (Beréchith raba 36, 5)
9,26
Il ajouta: "Soit béni l'Éternel, divinité de Sem et que Canaan soit leur esclave,
béni soit Hachem
Qui accomplira Sa promesse envers ses descendants en leur donnant le pays de Kena‘an
Et que Kena‘an soit leur serviteur
Qu’il travaille pour eux et leur verse un tribut 
9,27
que Dieu agrandisse Japhet! Qu'il réside dans les tentes de Sem et que Canaan soit leur esclave!
Que Eloqim agrandisse Yèfeth
Traduction du Targoum » : « qu’Il donne largement de l’espace ! »
Qu’Il réside dans la tentes de Chem
Que Dieu fasse résider Sa chekhina (« présence divine ») en Israël. Nos sages ont expliqué : Il est vrai que Dieu a « agrandi Yèfeth », puisque c’est Cyrus, son descendant, qui a construit le deuxième Temple. La chekhina, cependant, n’y a pas résidé (Yoma 10a). Et où a-t-elle résidé ? Dans le premier Temple, construit par le roi Chelomo, descendant de Chem (Beréchith raba 36)
Et que Kena‘an soit leur serviteur
Même après la dispersion des descendants de Chem, ceux de Kena‘an leur resteront asservis
9,28
Noé vécut, après le Déluge, trois cent cinquante ans.
9,29
Toute la vie de Noé avait été de neuf cent cinquante ans lorsqu'il mourut.
10,1
Voici la descendance des fils de Noé, Sem, Cham et Japhet, à qui des enfants naquirent après le Déluge.
10,2
Enfants de Japhet Gourer, Magog, Madaï, Yavân, Toubal, Méchec et Tiràs.
Et Thiras
C’est la Perse (Beréchith raba 37, 1)
10,3
Enfants de Gourer: Achkenaz, Rifath et Togarma.
10,4
Enfants de Yavân: Elicha, Tharsis, Kittim et Dodanim.
10,5
De ceux-là se formèrent les colonies de peuples répandues dans divers pays, chacune selon sa langue, selon sa tribu, selon son peuple.
10,6
Enfants de Cham: Kouch, Misraïm, Pont et Canaan.
10,7
Enfants de Kouch: Seba et Havila, Sabta, Râma et Sabteea; enfants de Râma: Cheba et Dedân.
10,8
Kouch engendra aussi Nemrod, celui qui le premier fut puissant sur la terre.
A être puissant
[Sa puissance a consisté à] soulever le monde entier contre le Saint béni soit-Il, en incitant sa génération à construire la tour de Bavel (Pessa‘him 94b, Targoum yonathan)
10,9
Il fut un puissant ravisseur devant l'Éternel; c'est pourquoi on dit: "Tel que Nemrod, un puissant ravisseur devant l'Éternel!"
Un puissant chasseur
Il « capturait » par ses paroles la pensée de ses contemporains, et il les induisait en erreur en les incitant à se révolter contre Dieu (Beréchith raba 37, 2)
Devant Hachem
Son intention était d’irriter Sa face
C’est pourquoi on dit
De tout homme qui pèche par son insolence, qui connaît son Maître mais qui n’a d’autre projet que se révolter contre Lui. On dit alors : « comme Nimrod, puissant chasseur »
10,10
Le commencement de sa domination fut Babel; puis Érec, Akkad et Kalné, dans le pays de Sennaar.
10,11
De cette contrée il s'en alla en Assur, où il bâtit Ninive, Rehoboth Ir et Kélah;
De ce pays-là
Lorsque Achour a vu que ses fils écoutaient Nimrod et se révoltaient contre Dieu en construisant la tour, il s’est retiré d’eux (Beréchith raba 37, 4)
10,12
puis Résèn, entre Ninive et Kélah, cette grande cité.
C’est la grande ville
C’est Ninewé, ainsi qu’il est écrit : « Ninewé était une ville puissamment “grande” » (Yona 3, 3, Yoma 10a)
10,13
Misraim fut la souche des Loudim, des Anamim, des Lehabim, des Naftouhim;
Et les Lehavim
Un peuple où les visages sont ardents comme une flamme (lahav)
10,14
des Pathrousim, des Kaslouhim (d'où sortirent les Philistins) et des Kaftorim.
Et les Pathroussim et les Kaslou‘him
Ils sont sortis des deux, car les Pathroussim et les Kaslou‘him échangeaient leurs femmes. Les Plichtim en sont issus (Beréchith raba 37, 5)
10,15
Canaan engendra Sidon, son premier-né, puis Heth
10,16
puis le Jebuséen, l'Amorréen, le Ghirgachéen,
10,17
le Hévéen, l'Arkéen, le Sinéen,
10,18
Arvadéen, le Cemaréen et le Hamathéen. Depuis, les familles des Cananéens se développèrent.
Et après se sont dispersées
Il en est sorti de nombreuses familles, [en plus des descendants de ceux énumérés aux versets 15 à 18]
10,19
Le territoire du peuple cananéen s'étendait depuis Sidon jusqu'à Gaza dans la direction de Gherar; jusqu'à Lécha, dans la direction de Sodome, Gomorrhe, Adma et Ceboïm.
La frontière
La fin de son pays. Le mot guevoul (« frontière ») employé dans le texte signifie toujours « fin », « extrémité »
Dans la direction de
Le mot boakha (« dans la direction de ») est un substantif. Je pense que c’est une expression voulant signifier comme si l’on disait à quelqu’un : « Cette frontière s’étend jusqu’à ce que tu arrives à telle autre frontière »
10,20
Tels sont les enfants de Cham, selon leurs familles et leur langage, selon leurs territoires et leurs peuplades.
Selon leurs langages
Tout en étant divisés par leurs langages et leurs territoires, ils n’en étaient pas moins tous des descendants de ‘Ham
10,21
Des enfants naquirent aussi à Sem, le père de toute la race d'Héber, le frère de Japhet, l'aîné.
Le père de tous les fils de ‘Evèr
Chem a été le père de tous les Hébreux, ceux qui viennent de l’autre côté (‘évèr) du fleuve
Le frère de Yèfeth
[Compte tenu de l’ambiguïté du texte, le mot « le grand » pouvant s’appliquer tout aussi bien à Chem qu’a ‘Evèr], j’ignore si Yèfeth était l’aîné ou si c’était Chem. Mais il est écrit : « Chem était âgé de cent ans... deux ans après le déluge » (infra 11, 10). On peut donc dire que Yèfeth était l’aîné, puisque Noa‘h a eu son premier enfant à l’âge de cinq cents ans, et qu’il en avait six cents lors du déluge. L’aîné de ses fils avait par conséquent cent ans à cette époque. Il ne peut donc pas être Chem, qui n’a atteint l’âge de cent ans que deux ans après le déluge (Beréchith raba 37, 7)
Le frère de Yèfeth
Et non celui de ‘Ham, car ceux-là ont honoré leur père, tandis que ‘Ham l’a outragé
10,22
Enfants de Sem: Élam, Assur, Arphaxad, Loud et Aram.
10,23
Enfants d'Aram: Ouy, Houl, Ghéther et Mach.
10,24
Arphaxad engendra Chélah, et Chélah engendra Héber.
10,25
A Héber il naquit deux fils. Le nom de l'un: Péleg, parce que de son temps la terre fut partagée; et le nom de son frère: Yoktân.
Fut partagée
Les langues ont été confondues, les hommes se sont dispersés hors de la vallée de Chin’ar et se sont répandus à travers le monde entier. Nous apprenons que ‘Evèr était prophète, puisqu’il a nommé son fils d’après ce qui allait advenir. Nous lisons dans le Séder ‘olam que la dispersion a eu lieu à la fin de la vie de Pèlèg. Il n’est pas possible que ce soit au début, étant donné que Yoqtan, son frère cadet, a donné naissance à plusieurs familles avant la dispersion, ainsi qu’il est écrit : « Yoqtan engendra... » (versets 26 à 29), et ensuite : « toute la terre avait une seule langue » (infra 11, 1). Et si tu devais soutenir que la dispersion a eu lieu du vivant de Pèlèg, je te répondrais par le principe qui veut que la Tora ne nous laisse jamais dans le vague, [et donc que l’expression « de son temps » ne peut pas vouloir dire : « au milieu de sa vie »]. Elle s’exprime toujours de façon précise, [et donc entend définir exactement l’époque où a eu lieu la dispersion]. D’où nous apprenons que c’est bien l’année de la mort de Pèlèg qu’elle a eu lieu (Beréchith raba 37, 7)
Yoqtan
Parce qu’il était humble et se faisait petit (maqtin). C’est pourquoi il a mérité de donner naissance à toutes ces familles (Beréchith raba 37, 7)
10,26
Yoktân engendra Almodad, Chélef, Haçarmaveth, Yérah.
Et ‘Hatsarmaweth
(Littéralement : « demeure de la mort »). D’après la hagada, c’est le nom de sa ville (Beréchith raba 37, 8)
10,27
Hadoram, Ouzal, Dikla;
10,28
Obal, Abimaêl, Cheba;
10,29
Ophir, Havila et Yobab. Tous ceux-là furent enfants de Yoktân.
10,30
Leurs établissements s'étendirent depuis Mécha jusqu'à la montagne Orientale, dans la direction de Sefar.
10,31
Tels sont les descendants de Sem, selon leurs familles et leurs langages, selon leurs territoires et leurs peuplades.
10,32
Ce sont là les familles des fils de Noé, selon leur filiation et leurs peuplades; et c'est de là que les nations se sont distribuées sur la terre après le Déluge.
11,1
Toute la terre avait une même langue et des paroles semblables.
Une même langue
La langue sainte
Et des paroles identiques (a‘hadim)
Ils sont tous venus avec un même dessein et ils ont dit : « Dieu n’avait pas le droit de s’attribuer de manière exclusive le monde supérieur ! Montons au ciel et faisons-lui la guerre ! » Autre explication de l’expression « des paroles identiques (a‘hadim) » : des paroles s’adressant à l’Unique (è’had). Autre explication de l’expression « des paroles identiques (a‘hadim) » : Ils ont dit : « Le monde subit un cataclysme, comme cela a été la cas lors du déluge, une fois (è’had) tous les mille six cent cinquante-six ans. Nous allons donc nous construire des remparts pour soutenir le firmament ! » (Beréchith raba 38, 6)
11,2
Or, en émigrant de l'Orient, les hommes avaient trouvé une vallée dans le pays de Sennaar, et s'y étaient arrêtés.
Lorsqu’ils partirent de l’orient
Où ils demeuraient, ainsi qu’il est écrit plus haut : « leurs établissements s’étendirent dans la direction de la montagne de l’orient » (supra 10, 30). Ils partirent de là-bas pour se chercher un endroit qui les contiendrait tous, et ils ne trouvèrent que Chin’ar (Beréchith raba 38, 7)
11,3
Ils se dirent l'un à l'autre: "Çà, préparons des briques et cuisons-les au feu." Et la brique leur tint lieu de pierre, et le bitume de mortier.
L’un à l’autre
Un peuple à l’autre peuple : Mitsrayim à Kouch, Kouch à Pout, et Pout à Kena‘an (Beréchith raba 38, 8, Midrach tan‘houma 58, 25)
Allons
Préparez-vous. L’interjection hava (« allons ») est une invitation à travailler tous ensemble soit pour travailler, soit pour délibérer, soit pour porter un fardeau. En français : « appareiller »
Des briques
Parce qu’il n’y a pas de pierres à Bavel, qui est une vallée
Cuisons-les au feu
C’est ainsi que l’on fabrique les briques, en français : « tuiles ». On les fait cuire au four
Pour mortier
Pour crépir les murs
11,4
Ils dirent: "Allons, bâtissons-nous une ville, et une tour dont le sommet atteigne le ciel; faisons-nous un établissement durable, pour ne pas nous disperser sur toute la face de la terre."
De peur que nous ne dispersions
Pour qu’Il ne nous inflige aucune catastrophe, qui provoquerait notre dispersion
11,5
Le Seigneur descendit sur la terre, pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils de l'homme;
Hachem descendit pour voir
Il n’avait pas besoin de descendre pour cela, mais le texte vient ici enseigner aux juges qu’ils ne doivent pas condamner l’accusé avant de l’avoir vu et d’avoir compris [l’objet du litige]. C’est ce qu’enseigne le Midrach tan‘houma (58, 18)
Les fils de l’homme
De qui auraient-ils pu être les fils ? D’ânes ou de chameaux, peut-être ? ! Ce dont il est question, c’est des fils du premier homme qui a dénié le bien [dont il avait été comblé] et qui a dit : « la femme – que tu m’as donnée avec moi –elle, m’a donné de l’arbre, j’ai mangé » (supra 3, 12). Eux aussi ont dénié le bien en se révoltant contre Celui qui les avait comblés de bienfaits et sauvés du déluge (Beréchith raba 38, 9)
11,6
et il dit: "Voici un peuple uni, tous ayant une même langue. C'est ainsi qu'ils ont pu commencer leur entreprise et dès lors tout ce qu'ils ont projeté leur réussirait également.
Voici un peuple uni
L’avantage dont ils disposent, c’est d’être un seul peuple et d’avoir tous une même langue, et c’est ainsi qu’ils ont pu commencer à faire [le mal]
Ne se dressera-t-il pas devant eux un obstacle
C’est une question. Le mot yibatsér (« se dresser un obstacle »), comme le rend le Targoum, marque une idée d’empêchement, comme dans : « Il arrête (yivtsor) la superbe des princes » (Tehilim 76, 13)
11,7
Or çà, paraissons! Et, ici même, confondons leur langage, de sorte que l'un n'entende pas le langage de l'autre."
Allons
Dieu, dans Son extrême modestie, a consulté Son tribunal (Midrach tan‘houma 58, 18)
Allons
Mesure pour mesure. Ils avaient dit : « Allons, construisons ! ». Dieu leur a rendu la pareille en disant : « Allons, descendons ! » (Midrach tan‘houma)
Confondons
- Le noun de nivla (« confondons ») indique le pluriel, et le hé final est un hé supplémentaire comme dans nérda (« descendons ») [du même verset]
Afin qu’ils n’entendent pas
Lorsqu’on demandera une brique, on apportera du mortier. L’un se dressera contre l’autre et le blessera à la tête (Beréchith raba 38, 10)
11,8
Le Seigneur les dispersa donc de ce lieu sur toute la face de la terre, les hommes ayant renoncé à bâtir la ville.
Hachem les dispersa de là
Dans ce monde-ci (Sanhèdrin 107b). Ils avaient peur d’être dispersés (verset 4). Leur crainte s’est réalisée. Comme l’a écrit Chelomo : « Ce que redoute le scélérat lui survient » (Michlei 10, 24, Midrach tan‘houma)
11,9
C'est pourquoi on la nomma Babel, parce que là le Seigneur confondit le langage de tous les hommes et de là l’Éternel les dispersa sur toute la face de la terre.
Et de là Hachem les dispersa
D’où l’on apprend qu’ils n’auront pas de part au monde futur (Sanhèdrin 107b). Quel a été le plus grave péché, celui de la génération du déluge ou celui de la génération de la tour de Bavel ? Les premiers n’avaient pas récusé le principe de l’existence de Dieu, les seconds l’ont récusé en entrant en guerre contre Lui. Et pourtant les premiers ont été anéantis, alors que les seconds ne l’ont pas été ! C’est parce que la génération du déluge pratiquait le vol et se livrait à des violences, d’où sa destruction, alors que celle de la tour pratiquait l’amour et la fraternité, ainsi qu’il est écrit : « une seule langue et des paroles identiques » (verset 1). On peut en déduire que la division est haïssable et que la paix est la valeur suprême (Beréchith raba 38, 6)
11,10
Voici les générations de Sem. Sem était âgé de cent ans lorsqu'il engendra Arphaxad, deux ans après le Déluge.
Chem était âgé de cent ans
C’est deux ans après le déluge qu’il a engendré Arpakhchad
11,11
Sem vécut, après avoir engendré Arphaxàd, cinq cents ans; il engendra des fils et des filles.
11,12
Arphaxad avait vécu trente cinq ans lorsqu'il engendra Chélah.
11,13
Arphaxad vécut, après la naissance de Chélah, quatre cent trois ans; il engendra des fils et des filles.
11,14
Chélah, à l'âge de trente ans, engendra Héber.
11,15
Chélah vécut, après avoir engendré Héber, quatre cent trois ans; il engendra des fils et des filles.
11,16
Héber, ayant vécu trente quatre ans, engendra Péleg.
11,17
Après avoir engendré Péleg, Héber vécut quatre cent trente ans; il engendra dès fils et des filles.
11,18
Péleg, âgé de trente ans, engendra Reou.
11,19
Après avoir engendré Reou, Péleg vécut deux cent neuf ans; il engendra des fils et des filles.
11,20
Reou, ayant vécu trente-deux ans, engendra Seroug.
11,21
Après la naissance de Seroug, Reou vécut deux cent sept ans; il engendra des fils et des filles.
11,22
Seroug, ayant vécu trente ans, engendra Nacor.
11,23
Après la naissance de Nacor, Seroug vécut deux cents ans; il engendra des fils et des filles.
11,24
Nacor, âgé de vingt-neuf ans, engendra Tharé.
11,25
Nacor vécut, après avoir engendré Tharé, cent dix-neuf ans; il engendra des fils et des filles.
11,26
Tharé, ayant vécu soixante-dix ans, engendra Abramé Nacor et Harân.
11,27
Voici les générations de Tharé: Tharé engendra Abram, Nacor et Harân; Harân engendra Loth,
11,28
Harân mourut du vivant de Tharé son père, dans son pays natal, à Our-Kasdim.
En présence de Tèra‘h son père
Au cours de la vie de son père. Le midrach nous apprend que c’est à cause de son père qu’il est mort. Tèra‘h avait dénoncé à Nimrod son fils Avram (Abram) pour avoir brisé ses idoles, et Nimrod l’avait jeté dans la fournaise. Haran avait adopté une position attentiste et s’était dit : « Si Avram sort vainqueur, je serai avec lui, et si c’est Nimrod qui a le dessus, je serai de son côté ! ». Quand Avram a été sauvé, on a demandé à Haran : « Avec qui es-tu ? » Haran a répondu : « Je suis avec Avram ! ». On l’a jeté dans la fournaise ardente, et il a été brûlé (Beréchith raba 38, 13). C’est de là que vient le nom Our-Kasdim : « le feu des Chaldéens ». Et le grammairien Mena‘hem ben Sarouq a expliqué : Our veut dire « vallée », comme dans : « Dans les vallées (ourim), rendez gloire à Hachem » (Yecha’ya 24, 15), ou encore : « le creux (meourath) où se cache la vipère » (Yecha’ya 11, 8). Tout repaire ou endroit creux est appelé our
11,29
Abram et Nacor se marièrent. La femme d'Abram avait nom Sarai, et celle de Nacor, Milka, fille de Harân, le père de Milka et de Yiska.
Yiska
C’est Sara, ainsi nommée parce qu’elle « voyait » (sokha) par l’esprit divin, et que tous « contemplaient » (sokhin) sa beauté. Ou encore : Yiska est à rapprocher de nesikhouth, qui suggère l’idée de noblesse, tout comme le mot Sara suggère celle de princesse
11,30
Saraï était stérile, elle n'avait point d'enfant.
11,31
Tharé emmena Abram son fils, Loth fils de Harân son petit fils, et Saraï sa bru, épouse d'Abram son fils; ils sortirent ensemble d'OurKasdim pour se rendre au pays de Canaan, allèrent jusqu'à Harân et s'y fixèrent.
Ils sortirent avec eux
Tèra‘h et Avram quittèrent cet endroit avec Lot et Saraï
11,32
Les jours de Tharé avaient été de deux cent cinq ans lorsqu’il mourut à Harân.
Tèra‘h mourut à ‘Haran
Après le départ d’Avram de ‘Haran et son arrivée dans le pays de Kena‘an, où il était resté plus de soixante ans. Il est écrit, en effet : « et Avram était âgé de soixante-quinze ans lorsqu’il sortit de ‘Haran » (infra 12, 4). Etant donné que Tèra‘h avait soixante-dix ans à la naissance d’Avram, il en avait par conséquent cent quarante-cinq quand Avram a quitté ‘Haran. Il lui restait donc encore de nombreuses années à vivre. Pourquoi alors la Tora situe-t-elle la mort de Tèra‘h avant le départ d’Avraham ? C’est pour ne pas trop faire ressortir ces faits et que l’on ne dise pas : « Avram n’a pas accompli le devoir d’honorer son père, car il l’a abandonné âgé et il est parti ! » Voilà pourquoi le texte le présente dès à présent pour « mort » (Beréchith raba 39, 7). Les scélérats, en effet, sont appelés des « morts » déjà de leur vivant, et les justes, même après leur mort, continuent d’être appelés des « vivants », ainsi qu’il est écrit : « Benayahou fils de Yehoyada, fils d’un homme vivant » (II Chemouel 23, 20, voir Berakhoth 18a)
A ‘Haran
Selon certaines traditions], le noun de ‘Haran est retourné, pour nous dire que, jusqu’à l’époque d’Avram, la colère divine (‘haron) ébranlait le monde