Les drapeaux claquent au vent frais du printemps, la fanfare du corps des Marines a joué des marches militaires et l'atmosphère est tendue. Tout autour de la pelouse verdoyante évolue la grande armée des journalistes et autres professionnels des médias, qui tentent de se placer au plus proche possible de l'estrade événementielle. Les invités de haut rang d'honneur ont afflué vers les chaises placées dans le parc de la Maison Blanche. Tout le monde attend les trois leaders qui doivent ouvrir la cérémonie de signature du traité de paix entre Israël et l'Egypte.

Pendant un moment, le monde entier retient sa respiration ; il n'en croit pas ses yeux. Mais le fait est là : les dirigeants ont signé la paix tant attendue. Maintenant, place aux discours ! Un à un, les leaders se lèvent et louent la paix obtenue après de durs efforts, et de longues, fastidieuses et difficiles négociations. Ils se félicitent l'un l'autre et disent d'une même voix que le Moyen-Orient va connaitre une nouvelle ère, et que les relations bilatérales vont se développer sous le signe de l'amitié, de la fraternité et de l'amour. Avec force sourires réciproques et rhétorique diplomatique, les dirigeants n'oublient pas de citer la phrase prophétique : "Un peuple ne tirera plus l'épée contre un autre peuple, et l'on n'apprendra plus l'art des combats."

Mais ces dirigeants ont-ils vraiment conscience de ce qu'ils citent ? Le fait d'associer ce verset à la cérémonie de signature d'un traité de paix entre Israël et l'Egypte prouve qu'apparemment ils n'en savent rien.

Si ces dirigeants avaient effectivement examiné la question, telle qu'elle apparaît dans la Bible, ils auraient appris qu'il y a deux sortes de la paix : la paix permanente de la fin des temps et la paix temporaire qui peut basculer à tout moment.

La paix permanente de la fin des temps ne peut s'installer au simple motif que ces dirigeants ou d'autres le souhaitent. C'est une paix qui n'est pas dépendante de l'homme et ses désirs. Elle est liée à une ère particulière, à une période donnée, et cette période, comme mentionné, est la fin des temps.

Voici ce qui est dit sur cette ère de la fin des temps :

"Il arrivera, à la fin des temps, que la montagne de la maison du Seigneur sera affermie sur la cime des montagnes et se dressera au-dessus des collines, et toutes les nations y afflueront. Et nombre de peuples iront en disant : Or ça, gravissons la montagne de l'Eternel pour gagner la maison du D.ieu de Ya'acov, afin qu'Il nous enseigne ses voies et que nous puissions suivre ses sentiers, car c'est de Sion que sort la doctrine et de Jérusalem que sort la parole de Seigneur. Il sera un arbitre entre les nations et le précepteur des peuples nombreux ; de leurs glaives ils forgeront de socs de charrue et de leurs lances des serpettes ; un peuple ne tirera plus l'épée contre un autre peuple, et l'on n'apprendra plus l'art des combats." (Isaïe 2, 2-4)

Voila ce que l'on peut escompter de la fin des temps, y compris cette fameuse paix tant citée. Dans cette période, décrite par les grands prophètes avec beaucoup d'émotion, le Temple est debout, et nombre de peuples y affluent. Ce flot est le résultat d'un réveil spirituel qui va alors étreindre les peuples du monde. Tout le monde va chercher à apprendre les enseignements de D.ieu. Sion deviendra un grand centre spirituel, et d'elle émanera la Torah et l'initiation de tous les peuples du monde. En Israël régnera le Roi Machia'h (cf Isaïe 11), issu de la lignée de Ychaï, qui jugera les peuples du monde et les initiera au droit chemin : celui de la compréhension mutuelle et de la tolérance entre les peuples. Cela aura pour effet un changement de leurs valeurs et une transformation complète de leur point de vue général au sujet des conflits mondiaux. Les peuples du monde vont comprendre que les guerres n'ont plus lieu d'être, et par conséquent, les armées seront abolies, les casernes démantelées et les usines destinées à la fabrication d'armes jusqu'alors vont être réorientées vers la production d'équipements agricoles. C'est de cette façon que la prophétie va se réaliser : "Un peuple ne tirera plus l'épée contre un autre peuple, et l'on n'apprendra plus l'art des combats".

Et concernant les relations entre les Nations et le peuple juif, il existe cette prophétie célèbre : "Alors le loup habitera avec l'agneau, et le tigre reposera avec le chevreau ; veau, lionceau et bélier vivront ensemble, et un jeune enfant les conduira. Génisse et ourse paîtront côte à côte, ensemble s'ébattront leurs petits ; et le lion comme le bœuf se nourrira de paille… Plus de méfaits, plus de violences sur toute ma sainte montagne, car la terre sera pleine de la connaissance de D.ieu, comme l'eau abonde dans le lit des mers." (Isaïe 11,6-9)

Israël ne sera plus la cible d'assauts, de provocations, de vols ou de pillages. Les nations vont accepter la réalité de l'agneau, et en reconnaissant le monothéisme, le laisseront vivre sa vie sans lui faire de mal. Voila ce que sera vraiment la paix de la fin des temps.

Cette paix n'est pas le fruit de négociations menées à Camp David et elle ne dépend pas des décisions des grands de ce monde. Le Président des Etats-Unis n'est pas le roi tant attendu qui "sera un arbitre entre les nations et le précepteur des peuples nombreux". Il n'est certainement pas non plus doté des qualités de justice et de foi qui caractérisent le Roi Machia'h. C'est vers cette paix que nous tendons si profondément. Mais nous savons bien qu'à l'heure actuelle nous ne pouvons pas l'obtenir, et ce aussi longtemps que cette période souhaitée ne sera pas advenue, la paix véritable ne sera pas réalisée. Evoquer cette paix réelle lors de la signature d'un traité de paix humain fait montre d'une méconnaissance absolue de la nature de la paix, telle qu'elle se réalisera en temps et en heure.

Le monde connait un autre type de paix, une paix transitoire et sujette à rupture à tout instant. Elle est aussi définie dans la Torah : "Je ferai régner la paix dans ce pays, et nul ne troublera votre repos ; Je ferai disparaitre du pays les animaux nuisibles, et le glaive ne traversera point votre territoire." (Lévitique 26, 6)

La paix de cette espèce est un ersatz de paix, elle n'est ni mondiale, ni globale. C'est une paix locale entre Israël et ses voisins. Dans cette paix, les nations continuent à aiguiser leurs épées et à menacer les autres, comme il est de coutume depuis la nuit des temps de l'histoire du monde. Les guerres – grandes ou petites – éclatent en tous points du monde, c'est la marche habituelle du monde.

Dans ce contexte, il ne peut y avoir qu'une paix locale et circonscrite. Les pays de la région laissent Israël vivre dans le calme et ses citoyens sommeillent paisiblement et sans crainte. Toutefois, la Torah n'a donné aucune assurance que l'Etat d'Israël ne sera pas attaqué ; c'est un risque possible sous cette forme de paix, bien que le résultat soit prévisible : "Vous poursuivrez vos ennemis et ils succomberont sous votre glaive" (Lévitique 26,7). Il est évident que la victoire sur l'ennemi encourage et augmente le sentiment de sécurité et de paix des résidents. Israël sera ainsi comme un îlot tranquille dans la mer orageuse des différentes nations.

Le prophète Michée a très bien défini la quintessence de cette paix dans les mots suivants :

"Alors règnera la paix. Que si Achour envahit notre pays et foule nos palais, nous lui enverrons sept pasteurs et huit conducteurs d'hommes. Ceux-ci feront leur pâture du pays d'Achour par l'épée, de la terre de Nimrod dans sa propre enceinte. Ainsi on nous protègera contre Achour s'il envahit notre pays, et s'il met le pied sur notre territoire." (Michée 5, 4-5)

Ce genre de paix pousse Israël à former et entrainer une armée, à s'approvisionner en armes et à se tenir prêt à mener la guerre en cas de nécessité. Mais ce serait une guerre défensive afin de préserver la paix et la tranquillité de ses citoyens. La Torah promet, comme indiqué, qu'Israël va gagner, et que ses ennemis seront dissuadés de revenir à l'attaque.

Ce genre de paix a déjà été exaucé dans l'histoire du peuple juif. A l'aube de la naissance du roi Salomon, son père David disait : "Voici que te nait un fils ; ce sera un homme pacifique car je l'ai débarrassé de tous les ennemis aux alentours. Il s'appellera Salomon et Israël connaitra la tranquillité de son vivant." (Chroniques I 22,8)

Et cette promesse a bien été réalisée : "Yéhouda et Israël ont régné en toute sécurité, chacun sous sa vigne et sous son figuier, depuis Dan jusqu'à Béer-Chéva tout le règne de Salomon" (Rois I 5, 5). Malgré la paix qui régnait en son temps, Salomon a maintenu l'entrainement de toute l'armée, et a continué à produire des armes et à les stocker. Il est même indiqué : "Et Salomon avait quarante mille chars d'écuries, et douze mille cavaliers" (Rois I 5, 6), et encore ailleurs : "Le roi Salomon fit confectionner deux cents boucliers longs en or fin, et six cents sicles d'or furent employés pour chaque bouclier. Et trois cents autres boucliers en or fin, exigeant trois mines d'or chacun. Le roi les fit placer dans la maison de la Foret du Liban" (Rois I, 10, 16-17). Telle a été la paix réservée à Salomon. Il s'agit de cette paix locale que promet la Torah : "Je ferai régner la paix dans ce pays, et nul n'y troublera votre repos […] Le glaive ne traversera pas votre territoire" (Lévitique, 26,6). Ainsi, même une épée ne sera pas dirigée contre le peuple d'Israël, nul ne passera par notre pays pour en attaquer un autre.

Une paix de cette nature peut être atteinte, réalisée et exécutée à tout moment et à toute époque, mais la façon de la mettre en œuvre n'est pas exactement celle qu'ont choisi les trois dirigeants à Camp David. Cette paix est en effet conditionnelle (Lévitique 26,3) : "Si vous vous conduisez selon Mes lois, si vous gardez Mes préceptes et les exécutez", puis : "Je ferai régner la paix dans ce pays…". Si Israël observe les commandements et s'efforce dans la loi de D.ieu – il méritera la paix, la sécurité et la tranquillité. En l'absence de ces conditions, tout traité de paix, quels qu'en soient les signataires, deviendra un vulgaire morceau de papier dont les mentions seront sans valeur. En revanche, si les conditions visées ci-dessus sont observées, viendra secrètement s'adosser à l'accord de paix la signature du D.ieu d'Israël. Celui qui fait la paix dans les Cieux peut largement veiller à la réalisation d'un contrat signé entre deux parties terrestres.

A nous d'avoir conscience de cette garantie offerte par le sceau de D.ieu, et de faire Sa volonté afin qu'Il accepte de S'associer à nos accords de paix. C'est ainsi que se matérialisera l'idée de paix et que se réalisera la bénédiction : "Et vous résiderez en sécurité dans votre pays".