Quel conseil prodigua Rabbi Chimon bar Yo’haï à ce couple qui se présenta devant lui pour divorcer ?

Le Midrash sur le livre Chir Hachirim nous raconte l’histoire d’un couple de la ville de Tsidon, qui, après 10 années de vie commune sans enfant, souhaitait divorcer (il est écrit dans la Guémara Kétouvot 64a qu’un couple marié depuis 10 ans sans avoir eu d’enfant peut divorcer).

Rabbi Chimon bar Yo’haï (qu'on surnomme "Rachbi") leur conseilla : "De la même manière que vous vous êtes mariés autour d’un beau repas avec la présence de vos proches, ainsi vous divorcerez".

Ainsi, ils préparèrent un bon repas comme un jour de fête. Au cours du repas, le mari bu plus que de raison et s’adressa à sa femme : "Prends tout ce que tu trouveras de bien dans la maison et déposes-les chez ton père." Apres cela, le vin fit son effet, et il se mit à dormir profondément.

Son épouse demanda l’aide de servants afin de le transporter dans la maison de son père.

Lorsqu’il se réveilla, le mari demanda : "Qu’est-ce que je fais ici ?". Sa femme répondit : "Mais c’est toi qui m’as dit de prendre tout ce que je trouve de bien. Dans ce monde, je n’ai de bien que toi !"

Ils se rendirent auprès de Rachbi, décidés à ne plus divorcer, et celui-ci se mit à prier. Et contre toute attente, ils eurent des enfants.

Plusieurs questions se posent dans cette histoire :

  1. Pourquoi Rachbi n’a-t-il pas prié depuis le départ ?

  2. Pourquoi Rachbi demanda que le divorce se fasse comme le mariage, autour d’un repas ?

  3. "Je n’ai de bien que toi" : désir négatif ou retournement de situation ?

En apparence, il semblerait que le rôle de Rachbi consiste à jouer les intermédiaires dans le couple. Ainsi, il ne prend pas de décision à leur place ou propose des miracles non conventionnels. Mais au contraire, il prend soin de créer un dialogue entre eux de manière optimale, afin de les amener à formuler une décision et un plan d'action partagé.

Une autre raison pourrait nous dire pourquoi Rachbi n'a pas prié pour un miracle en premier lieu, car les miracles ne se produisent pas comme ça, mais nous devons préparer le terrain pour eux, à savoir la personne doit apporter une modification significative sur elle-même pour être digne du miracle tant attendu.


Se rappeler les bons moments

En fait, Rachbi suggère qu'ils divorcent avec de la nourriture et des boissons tout comme une invitation à se rappeler les beaux moments qui ont été et sont passés en raison de la tension constante dans leur vie et à cause des tentatives stériles à mettre des enfants au monde. On constate ainsi un outil supplémentaire améliorant la relation pendant les moments difficiles et de crise : c’est de se concentrer sur les meilleurs moments afin d’agir directement sur l’amélioration des relations dans le couple. Et manger et boire ensemble est une source pour grandir encore plus à deux.

Rachbi était persuadé qu’en acceptant un repas pour se séparer, cela constituait une base d’acceptation et de paix de part et d’autre. Le repas représente alors un moment spirituel et pas seulement matériel, qui est en fait un moyen d’agir sur les sentiments de chacun pour aboutir à la conclusion suivante : le dévoilement de la volonté et du don de soi du mari, une prise de conscience nouvelle de la grande valeur de son mari par l’épouse.

La deuxième rencontre avec Rachbi n’était déjà plus dans l’optique de divorcer comme au départ. Cette fois, le couple arrive avec la ferme intention de rester vivre ensemble après un processus de réconciliation. Et pour Rachbi, il ne restait plus qu’à compléter ce processus et de prier pour eux au vue de la nouvelle situation. La preuve que cela fonctionne : le Happy end !