Le 7ème jour de Pessa’h est synonyme de “ jour joyeux, délivrance, chants et louanges, etc.” C’est le jour où nos ancêtres traversèrent la mer, contemplant les nombreux miracles accomplis par Hachem. C’est le jour où le monde entier comprit qu’Hachem aidait prodigieusement le peuple juif. En effet, même les peuples qui n’avaient jamais entendu parler du peuple hébreu ni de l’esclavage égyptien, virent soudain l’eau qui se trouvait dans leurs verres se fendre en deux. Tout le monde fut témoin de ce phénomène incroyable. 

Ce jour fait partie du CV du peuple juif et restera à jamais dans les annales de l’Histoire. Mais pour vraiment comprendre l’origine de ces chants et de ces louanges, revenons quelque trois mille ans en arrière, au bord de la mer. Revivons, avec nos ancêtres, cette nuit difficile, éprouvante et effrayante...

Hachem fit sortir les Bné Israël d’Égypte prodigieusement, en l’espace de dix-huit minutes, tout le monde était dehors. Ils marchèrent pendant trois jours, quand soudain, Hachem demanda à Moché de faire demi-tour et de revenir vers l’Égypte, pour s’arrêter « Entre Migdol et la mer, devant Ba'al Tséfon » (Chémot 14,2). Baal Tséfon était la plus haute divinité égyptienne. Hachem avait attaqué toutes les divinités égyptiennes au cours des dix plaies (le Nil, l’agneau, etc.). Toutes, sauf Ba'al Tséfon. Et ce, pour duper Pharaon en lui faisant croire que ce « dieu » est si puissant qu’il resta intact malgré les dix plaies. Effectivement, en entendant que le peuple juif rebroussait chemin et se trouvait bloqué devant Ba'al Tséfon, Pharaon jubila ; il allait enfin pouvoir récupérer ses serviteurs et montrer au monde entier qui était le plus fort…

Il convoqua son armée, se montra prêt à atteler lui-même son char et à sortir au combat en premier, il promit aux soldats égyptiens qu’ils récupéreraient le butin des Hébreux (sans garder tous les biens pour la trésorerie du roi)… Tout cela, pour se réapproprier le peuple juif et le ramener en terre égyptienne.

Hachem prévint Moché de tout ce qui se passait en Égypte, du fait qu’Il avait endurci le cœur de Pharaon, que celui-ci s’apprêtait à les poursuivre, accompagné de toute son armée, etc. Mais Hachem prévint également que de grands miracles allaient être accomplis et que le monde entier serait témoin de la puissance de D.ieu et de Son amour pour le peuple juif.

Les Bné Israël se retrouvèrent pris au piège, devant la mer, et entendaient les Égyptiens qui arrivaient de loin ! Comment allaient-ils s’en sortir ? Comment pourraient-ils protéger leurs enfants ? La peur monta, la panique s’installa, la guerre approchait. « D’où viendra mon salut ? »

Sachez, mes amies, que nous avons toutes une « Mer des Joncs » à traverser, une délivrance que nous attendons dans un certain domaine. Et c’est précisément dans ces moments difficiles que nous avons le plus besoin de sérénité, de confiance, de joie – de façon à pouvoir, rétroactivement, voir la délivrance et remercier Hachem pour le sauvetage. Comment y parvenir ? En refusant de se soumettre aux voix intérieures qui nous affaiblissent et nous découragent, en suivant la voie de nos ancêtres qui implorèrent Hachem, en nous souvenant qu’Hachem est là, près de nous, même dans l’épreuve, qu’Il nous aime et n’agit que pour notre bien.

Revenons au bord de mer. Moché promit aux Bné Israël que tout finirait par s’arranger, qu’Hachem allait les aider, que tout était pour le bien – même les Égyptiens à leur poursuite, même les bêtes sauvages du désert, etc. (Même les épreuves du quotidien, les problèmes de Parnassa, d’éducation, de santé, etc.) Tout, tout est pour le bien. Preuve en est, tout provient d’Hachem, Qui ne veut que notre bien !

Moché étendit sa Main et la mer se fendit ! Quel prodige ! Certains Juifs virent tout de suite l’ampleur du miracle et entrèrent joyeusement et fièrement dans la mer. Mais d’autres étaient encore traumatisés, apeurés par les Égyptiens qui tiraient des flèches en leur direction, appréhendant que ceux-ci les suivent et arrivent, eux aussi, sur la rive opposée. Hachem n’aurait-Il pas pu générer la délivrance sans faire tellement peur aux Bné Israël, sans qu’ils voient leurs ennemis les poursuivre ? Les plus « peureux » ne furent d’ailleurs rassurés que quand ils virent les corps inertes des Égyptiens sur la rive. C’est là qu’ils se sentirent réellement délivrés.

Cette 7ème nuit de Pessa’h est un moment propice pour travailler sur notre Émouna. Le ’Hatam Sofer nous enseigne qu’il y a deux niveaux de Bita’hon (foi en D.ieu) : le premier niveau correspond au groupe de Bné Israël qui vit tout de suite la délivrance, dès que la mer se fendit ; ils y entrèrent immédiatement, confiants, sans appréhension. C’est en rapport à ce groupe de personnes que l’on dit, avant de commencer la ‘Amida de Cha’harit (dans le paragraphe Ezrat Avoténou) : « Sur cela, ceux qui aiment firent l’éloge ». Ils ne savaient pas encore comment allait se terminer ce passage de la mer, mais le simple fait de voir la mer se fendre les emplit d’amour et de confiance en D.ieu et leur fit voir le côté positif de la situation. Il existe un deuxième niveau, qui convient aux plus appréhensifs. Ils n’étaient pas encore sûrs que tout se passerait bien, ils attendaient de voir la vraie délivrance. Et ce n’est donc que quand ils virent les cadavres égyptiens sur la rive, qu’ils dansèrent et chantèrent les louanges d’Hachem (d’où la suite du paragraphe : « Téhilot Lael Elyon… »).

Dans le texte de la Chira (le chant de la Mer), l’un des versets semble hors propos ; on décrit les prodiges, les bontés d’Hachem et soudain, on insère un verset effrayant : « L’ennemi dit : "Je poursuivrai, j’atteindrai, je partagerai le butin ! Mon esprit s’en emplira ! Je tirerai mon épée, ma main les exterminera !" » (Chémot 15,9) Pourquoi avoir besoin de rappeler ce moment effarant, en pleine Chira ? Le ’Hatam Sofer répond qu’il convient de remercier aussi pour les moments éprouvants de la vie. Remercier et admettre qu’ils étaient aussi pour notre bien, pour nous rapprocher davantage d’Hachem.

Nous passons tous par ces deux niveaux : nous avons tous une mer à traverser et nous attendons de voir des miracles, des joies, des occasions de chanter les louanges d’Hachem. Nous arrivons au moment propice pour demander des délivrances. La Parnassa est comparée à Kriyat Yam Souf, le Zivoug (mariage) aussi. Or, toutes ces difficultés peuvent être résolues par Hachem, en une fraction de seconde.

Parfois, on comprend très vite la raison d’une épreuve. Parfois, il nous faut plusieurs jours, voire plusieurs mois ou plusieurs années, pour comprendre le dénouement de la situation. Et parfois, ce n’est qu’après une longue période, multigénérationnelle, que l’on comprend le pourquoi des événements. Et parfois, seul Hachem connaît le secret et personne ne peut comprendre Son intention.

Quoi qu’il en soit, un jour viendra où nous chanterons tous les louanges d’Hachem, où nous remercierons tous pour les moments difficiles, pour la douleur. Notre Chira comprendra tout le « pack », autant les joies que les peines, parce que nous comprendrons que tout était pour le bien.

Rabbanite Rosenbaum (livre Ni’hsafti), résumé et adapté par Myriam Abib