La paracha de la semaine, Vayélèkh, nous dit : « Rassemble le peuple, hommes, femmes et enfants, ainsi que l’étranger qui est avec toi, afin qu’ils entendent et qu’ils s’instruisent, et craignent Hachem… » (Devarim, 31:12)

Rachi explique sur les mots « Les enfants » : Pourquoi venaient-ils ? Pour récompenser ceux qui les amenaient.

Une fois tous les sept ans, le premier jour de ‘Hol Hamoed Souccot, le peuple juif accomplissait la mitsva de Hakel ; tout le monde allait au Beit HaMikdach pour écouter le roi lire le Livre de Devarim.

La Thora nous enjoint d’amener également les enfants. La guemara déduit que même les tout petits sont inclus dans la mitsva. Quelle est la raison de ce commandement ? Elle répond que le but est de récompenser les parents qui les amènent[1]. Ce commentaire soulève une nouvelle question : si la venue des enfants ne leur était d’aucun bénéfice, pourquoi les parents méritaient-ils une récompense ?

Rav Its’hak Berkovits chlita explique qu’en  réalité, il y a un petit intérêt à amener les jeunes enfants à Hakel. Bien qu’ils soient trop jeunes pour retenir quelque chose de cet événement, le fait d’assister à un tel rassemblement pour l’accomplissement d’une mitsva va les imprégner d’une certaine crainte d’Hachem.[2]

Ce petit bénéfice n’était peut-être pas suffisant en soi pour donner l’ordre aux parents d’amener de si jeunes enfants, entreprise qui pouvait s’avérer difficile. Elle prouvait la grande messirout néfech (dévouement, sacrifice de soi) des parents qui déployaient de gros efforts pour un profit minime chez leurs enfants ; c’est pour cela que les parents étaient récompensés.

Ceci nous enseigne une leçon fondamentale sur le ‘hinoukh (l’éducation). Le fait d’élever des enfants est essentiel pour l’élévation spirituelle des parents. L’un des plus grands défis pour les parents est d’assurer le bien-être spirituel et matériel de leurs enfants, et ce, à n’importe quel prix. Ainsi, quand un parent fournit de gros efforts pour amener son bébé à un événement comme Hakel, il montre son dévouement pour le ‘hinoukh de son enfant.

Cette leçon est très pertinente dans notre quotidien. Des difficultés se présentent inévitablement au cours de l’éducation de nos enfants. Ils prennent quelques fois des chemins différents de ceux que l’on a prévus pour eux. Notre attitude est alors cruciale. Rav Noa’h Orlowek chlita remarque que certains parents ont tendance à considérer leurs enfants comme des « machines à na’hat » (satisfaction). Ils y voient en quelque sorte un moyen de se sentir fiers d’eux-mêmes.

Parfois, ils poussent leurs enfants à réussir dans des domaines où eux-mêmes ont échoué, comme le sport, par exemple. Les conséquences négatives d’une telle approche sont flagrantes – le parent risque de ne pas employer les meilleures techniques pour faire évoluer son enfant, car son comportement n’est que le reflet de ses propres désirs.

Si l’on garde à l’esprit que le but d’avoir des enfants est de les élever de la façon qui leur est la plus bénéfique et que le parent grandira lui-même de cette attitude, son approche sera certainement bien plus positive et profitable lors des situations imprévues.

En pratique, quand un parent réalise que le ‘hinoukh sert aussi à sa propre élévation, son mode de vie est positivement affecté dans bien des domaines. Quand, par exemple, l’enfant énerve son parent, celui-ci doit se travailler pour ne plus réagir par la colère.[3]

En outre, nous savons que l’exemple que nous montrons est l’influence la plus efficace sur notre enfant. Travailler sur sa avodat Hachem et améliorer ses traits de caractère est donc la meilleure façon de marquer son enfant dans ces domaines. Ainsi, même si un père ne trouve pas une grande motivation à l’étude de la Thora, s’il souhaite que son fils étudie la Thora, il doit lui servir d’exemple.

L’un des fidèles participants à un cours de Thora, s’endormait régulièrement pendant la majeure partie du chiour. Le rav lui demanda un jour pourquoi il continuait de venir s’il ne tirait aucun bénéfice de l’exposé. L’homme expliqua qu’il continuait d’y assister même s’il ne parvenait pas à rester éveillé, pour que ses enfants voient que leur père valorisait grandement la Thora, au point que même après une dure journée de travail, il faisait l’effort d’aller à un chiour.

Évidemment, il aurait été bien mieux qu’il en écoute le contenu et qu’il apprenne de nouvelles choses, mais ce dévouement pour l’éducation de ses enfants montre qu’il réalisait que sa messirout néfech est un élément essentiel dans l’éducation.

Nous avons vu que le ‘hinoukh sert autant à l’évolution de l’enfant qu’à celle du parent. Ainsi, le dévouement manifesté par les parents qui amenaient leurs jeunes enfants à Hakel mérite, en soi, une grande récompense.



[1]Haguiga, 3a.

[2] Voir aussi Or Ha’Haïm, Devarim, 31:12.

[3] Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas corriger son enfant quand sa conduite est incorrecte, mais la colère n’est jamais la meilleure façon de réagir et n’aidera pas l’enfant sur le long terme.