Histoire. Le deuil a frappé le foyer de la famille Feinstein à New York. Le père de famille, le Gaon Rabbi Moché Feinstein, vient de s’éteindre. Tout le peuple juif est en deuil, un immense enterrement a eu lieu à New York, puis à Jérusalem, où il a été inhumé au cimetière de Har Haménou’hot.

Rabbi Moché Feinstein était l’un des grands décisionnaires de la génération précédente. Ses décisions ont plus d’une fois tranché des questions complexes de Halakha, et il était considéré comme l’un des seuls rabbins à pouvoir décider de questions liées à l’actualité ainsi qu’à la technologie et à la modernisation de la vie quotidienne.

La famille du Rav est dans la semaine de deuil. La foule est arrivée en masse pour les consoler, et ceux qui viennent les réconforter pleurent également la disparition de ce grand Rav.

Vendredi après-midi

Le flux des visiteurs diminue et s’arrête totalement. Tout le monde est affairé aux préparatifs du Chabbath. Les endeuillés eux-mêmes doivent se préparer en vue du Chabbath, et, soudain, le téléphone sonne.

Un membre de la famille décroche.

Une femme au bout du fil explique qu’elle a une question urgente à poser au Rav Feinstein.

« Je suis désolé de vous l’annoncer, mais le Rav est décédé », annonça le membre de la famille.

La femme éclata en pleurs, très affligée du décès du Rav.

« Peut-être voudriez-vous me dire ce que vous vouliez demander au Rav, il y a ici beaucoup d’érudits dans la famille, je vais leur transférer votre question et ils pourront certainement y répondre », répondit-il en voulant aider son interlocutrice.

« Oh, bien sûr, dit-elle soulagée, j’aimerais que vous me donniez l’heure de l’allumage des bougies ici à New York. »

« Quoi ? Vous appelez le Rav Moché Feinstein, le plus grand des Rabbanim américains, qui recevait des questions de Halakha des plus complexes de tous les géants en Torah de la génération, et tout ce que vous voulez savoir, c’est l’heure du début du Chabbath ? L’heure de l’allumage des bougies ? »

« Monsieur, je ne comprends pas, rétorqua-t-elle sur un ton vexé, cela fait plus de 30 ans que j’appelle le Rav chaque vendredi et que je lui demande quand le Chabbath commence. À chaque fois, le Rav me répond aimablement et me souhaite Chabbath Chalom. »

C’est ainsi que se conduit un grand maître du judaïsme. Pendant plus de 30 ans, le Rav lui a répondu aimablement, et ne lui a jamais conseillé délicatement d’acheter un calendrier où figure l’heure de l’allumage des bougies…