« Un petit garçon, né d’un couple “mixte”, composé d’une femme “Ba'alat Téchouva”, (s’étant rapprochée de la pratique) et d’un mari complètement athée, rentre de l’école et demande à connaître ses racines familiales. La maman lui répond : “Nous sommes issus d’Avraham, Isaac, Jacob, et avant de Noé et Adam.” 

Plus tard, l’enfant parle avec son père sur le même sujet. “Ne crois pas ce que te raconte ta mère ! On vient de la jungle ; nous étions des singes jusqu'à ce qu’on ait évolué à notre forme d’homme actuelle.” 

Le petit revient vers sa mère, interloqué. “Comment est-ce possible ? Papa m’a embrouillé…” 

“Ne t'effraie pas, mon chéri, c’est simple : moi je t’ai parlé de ma famille, et papa t’a parlé de la sienne... !!!” »  

Cet obscur objet de l'identité…https://media.torah-box.com/cet-obscur-objet-de-l-identite-19812.webpCet obscur objet de l'identité…

C’est Rabbi Shabbtaï Youdelevitch, célèbre personnalité et Maguid - conteur - de la Jérusalem d’En-Haut, qui rapporte cette plaisanterie.

La dérision reste le meilleur antidote contre l'hérésie… 


Et si déjà nous parlons de l’importance de l’ascendance, et de la lourde question de savoir si nos ancêtres étaient des singes ou des prophètes, une rabbine très médiatisée, appartenant au courant du judaïsme libéral, a récemment déclaré la guerre aux « identités », et y consacre même un livre. 

Elle voit dans ce “chez nous”, ce “comme nous” auquel nous serions obsessivement accrochés, la cause des conflits, des malentendus et des malheurs entre humains. Ce terrain connu et douillet qui ne nous ramène qu’à nous-mêmes et à notre clan, réduit obligatoirement d'après elle, notre ouverture à l’autre, et à l’acceptation de ses différences. 

La première question qui se pose, est pourquoi madame le rabbin a-t-elle choisi de s’affairer autour de la religion, creuset d’affiliation par excellence, et d’en faire sa profession, si les identités sont si nocives ? 

C’est comme détester le fromage et travailler au rayon laitage d’un supermarché. Non... ? 

Si on se veut du grand monde, du village planétaire, qu’on aime tant les humanismes, qu’on refuse de se laisser enfermer ou bercer dans cette satisfaction béate et réductrice d’appartenir à un groupe né sous la même enseigne, alors, dans ma petite logique d’helvète, j’aurais dit qu’il vaut mieux choisir un métier d’académie, quelque chose de complètement profane, et surtout ne pas approcher ce terrain miné qui nous ramènera sans cesse à nos origines.

En soi, cette posture anti-identitaire, pour une représentante de communauté, est un mystère.

L’identité n’est pas une tare

Pourquoi notre identité ne dessinerait-elle pas un contour bienfaisant autour de nous, tout en étant clémente pour les autres ? Pourquoi obligatoirement deviendrait-elle, comme le pense madame le rabbin, synonyme de carcan, de référent restreignant et donc, potentiellement de fanatisme ?

En fait, c'est exactement le contraire qui est vrai. 

Plus mon identité sera claire, délimitée, moins celle de l’autre me dérangera. Une société saine, épanouie, sait d’où elle vient, s’appuyant sur un patrimoine ancestral, continuant sereinement la passation transgénérationnelle d’us et coutumes, de rites à sa progéniture, qui c’est vrai, la conforte et la solidifie, mais lui donne un ancrage qui lui permet de côtoyer avec confiance toute autre culture.

Ce sont les peureux, les frileux, les complexés qui engendrent les excès, les fondamentalismes, car peu sûrs d’eux et de leurs contours, ils se cloisonnent et se trouvent bien dans la rigidité de régime totalitaire, qui leur donne enfin une définition. 

Le nazisme n’avait à proprement dit aucune racine, glanant un peu de nationalisme par-ci, un peu de socialisme par-là. 

Fondé entre autres sur des théories raciales élaborées à la va-vite, il a germé en un peu plus de 15 ans, c'est-à-dire une fraction de seconde à l’échelle historique. Il a poussé comme un champignon vénéneux, après une République de Weimar déliquescente, drainant une crise économique grave. 

Cet obscur objet de l'identité…

Prise à son piège

Les discours de madame le rabbin plaisent aussi longtemps qu’elle parle un langage mondialiste et soutient la cause palestinienne avec empathie, mais lorsqu’elle fait entendre une petite voix, surgie presque malgré elle de la judéité qui l’habite, et qui “ose” dire qu’il faudrait quand même exiger la libération des otages israéliens avec le cessez-le-feu à Gaza, alors, là… !!! 

Lever de boucliers ! Elle exagère ! C’en est trop. 

On la voulait obéissante, alignée, juive de cour, achetée aux conceptions libérales, et elle a l’impudence de laisser échapper une fausse note, un son grinçant, qui gâche l’harmonie globaliste du moment et la ramène à sa particularité juive, haïe. 

La cascade de commentaires qui s'alignent par dizaines au bas de cette malheureuse interview, en dit long sur l’impossibilité qu’a la rabbine de plaire à tout le monde, même quand elle essaie très fort. Elle est accueillie cette fois avec insultes, crachats, poings levés et surtout… un immense mépris. 

On est toujours rattrapé par son identité, qu'on le veuille ou non…

Cet obscur objet de l'identité…

Relais spirituel

Ma définition d’un homme - ou d’une femme - de religion est celle d’un premier de cordée, qui ne se place pas “au-dessus de moi”, mais fort de son expérience, de ses propres tâtonnements, il a compris quelles voies emprunter, et lesquelles éviter, pour entreprendre un véritable et honnête service Divin. 

Est-ce que madame le rabbin en a côtoyés ? 

Car devant ces guides, tous les préjugés sur le monde pratiquant, volent en éclats. Ce n’est pas dans les “hauteurs spirituelles” - terme bien vague - qu’ils évoluent, mais plutôt dans l’épaisseur de l’existence, où à force de travail, de réajustement, d’observation de leur comportement, et de leurs réactions face aux autres, ils ont partiellement éclairci leur carte de route, et peuvent m’aider à décrypter la mienne. 

On comprend bien qu’il ne s’agit pas de s'asseoir confortablement, une jambe sur l’autre, du côté des “bons”, dans son clan, installés confortablement dans nos acquis et notre foi, sur pilotage automatique. Ce serait trop simple, et cette attitude figée n’aurait rien à voir avec une véritable 'Avodat Hachem

Anomalie anthropologique

Le sociologue M. Michel, (croyant et clairvoyant !) dans son livre “Le Recours à la Tradition”, rapporte que notre civilisation occidentale, de toutes celles ayant existé, est la seule à véhiculer une anomalie, se caractérisant par la négation absolue de toute Transcendance, alors que cette dernière est une dimension vitale de l’homme. 

La quête spirituelle n’est pas une étape de l’histoire, destinée à s'évanouir pour laisser place à des époques plus évoluées, mais elle est, dit le sociologue, imbriquée dans l’essence même de l’humain. 

Il rapporte que nos sociétés actuelles, toutes entières tournées vers un progrès « déifié », vont dévaloriser le passé pour mieux imposer leur doxa. Elles vont présenter systématiquement le monde ancien comme celui de l'obscurantisme le plus sectaire, le fait « religieux » devenant un élément simpliste et infantile, servant à manipuler les populations, dont seuls Les Lumières et l’avènement du rationalisme nous délivrent.

Viens, je t'emmène…

Notre rabbine, séduite par cette “moderne”, et simultanément liée par ses 4 grands-parents à un peuple singulier et ancien, n’a pu se résoudre à fuir cette judéité “accaparante”, mais n’a pas non plus voulu y plonger et accepter ses prescriptions millénaires… 

Paralysée, elle a choisi le courant le moins engageant, celui qui, à ses yeux, mettra un trait d’union entre son envie de larguer les amarres du passé pour des terres de libertés, de progrès et de nivellement identitaire, mais en gardant encore un semblant d’attache « plastique », épidermique, à ses origines. 

Cela donne une “rabbine laïque”.


Amie, Bat Israël, si vous me permettez. L’humanisme des nations, qui vous le savez n’en est pas un, conditionnel et sélectif, se nourrit jusqu'à aujourd'hui de miettes ramassées dans notre patrimoine millénaire. 

C’est là-bas, dans nos racines qu’il faut oser aller chercher ce qu’est l’amour du prochain, généré, comme le dit le verset, par l’amour de soi (quelle compréhension de l'âme humaine !). 

Il y a, dans le judaïsme authentique, originel, des paysages d’une hauteur et d’une profondeur que vous ne trouverez ni chez le rabbay du Emmanuel Temple de New York, ni sur les plateaux les plus prisés des médias parisiens ; vous ne voyagerez nulle part avec autant d’humour, de libertés vraies - celles qui existent grâce à leurs limites -, de bonheur, que dans l'exégèse merveilleuse de nos Sages, où dans la pensée 'Hassidique, si riche et si moderne, et cela, sans pour autant dévier d’un iota de la tradition.

Ces lieux, qui donnent une légitimité parfaite à ce que vous êtes, vous mèneront, c’est certain, à renouer avec votre identité. 

On vous attend…

Cet obscur objet de l'identité…