Mindy Pollak est une femme de tête ; c’est le moins qu’on puisse dire. Élue conseillère municipale de l’arrondissement d’Outremont, à Montréal, à l’âge de seulement 24 ans, Mindy brave les normes  et sort des chantiers battus, notamment en raison de ses origines ‘hassidiques. Examinons son histoire de plus près!

Mindy, parlez-nous de votre parcours de jeunesse et de votre héritage ‘hassidique. 

J’ai grandi dans le quartier d’Outremont, à Montréal, et je suis issue d’une famille ‘hassidique de 5 enfants. Ma mère vient d’Angleterre et mon père est né et a vécu toute sa vie à Montréal. Mes parents font partie de la branche Vishnitz, une communauté ‘hassidique. J’ai fréquenté l’école Belz à Outremont, au sein de laquelle j’ai reçu une éducation hors pair. À un très jeune âge, je parlais déjà français, anglais et yiddish! Pour vous situer, Outremont contient environ 25 000 habitants, et plus de 5 000 d’entre eux sont ‘hassidiques, toutes branches confondues.  

Comment en êtes-vous arrivée à être impliquée en politique?

Tout a commencé lorsqu’une synagogue située sur ma rue voulait faire des rénovations et agrandir le bâtiment. Certains habitants se sont mis à organiser un référendum pour empêcher ces rénovations d’avoir lieu. Par ailleurs, des partisans de cette polémique se sont mis à distribuer des pamphlets à toutes les maisons, sauf celles qui contenaient des Mezouzot à l’entrée ! C’est alors qu’une dame d’origine palestinienne (qui est encore mon amie aujourd’hui) du nom de Leila a découvert le pot au rose et a voulu protester contre cette injustice. Elle s’est donc engagée à avertir tous les habitants ‘hassidiques de la rue. Puis elle est arrivée à ma porte. Nous avons eut le déclic sur-le-champ. Malgré les efforts, le référendum a été perdu par 30 votes d’écart uniquement. Leila et moi avons décidé de fonder “Les amis de la rue Hutchison” (la rue où nous habitons) ayant pour objectif de favoriser la collaboration et la cohabitation entre ‘hassidiques et non-‘hassidiques qui habitent à Outremont

Peu après avoir perdu le référendum, un parti politique appelé Projet Montréal (un parti municipal) qui organisait sa participation aux prochaines élections, a remarqué mon implication dans le quartier et m’a proposé de me présenter aux prochaines élections sous l’égide de leur parti. Avec une grande Siyata Dishmaya (providence divine), j’ai obtenu la majorité des votes et a été élue! Mon premier mandat a duré 4 ans, et j’ai eu le privilège d’être élue une seconde fois en novembre dernier.

 Comment votre communauté a-t-elle réagi face à votre implication en politique, surtout en tant que femme?

 Je dois dire que, de manière générale, la réponse fut fortement positive. Ma communauté m’encourage beaucoup et je dois dire aussi que mes parents et ma famille m’ont été et me sont toujours d’un soutien inconditionnel. J’ai certes reçu une opposition de la part d’un certain groupe ‘hassidique, mais il ne s’agit que d’une minorité.

 Avez-vous été sujette à de l’antisémitisme depuis votre entrée au conseil municipal?

 Oui, malheureusement. J’ai reçu plusieurs commentaires désobligeants de la part de mes concurrents, et ce, même en public ou en diffusion télévisée. Certaines des remarques que je reçois sont souvent causées par de l’ignorance ou sont simplement issues d’une généralisation et d’une simplification extrême de la communauté ‘hassidique.

 Depuis votre élection, quels sont les lois ou les clauses que vous avez réussi à changer?

 Grâce à D.ieu, plusieurs choses. D’abord, il n’y a plus de réunions du conseil d’arrondissement lors des fêtes juives. La kermesse (une sorte de carnaval) est désormais organisée le samedi et le dimanche, alors que les années précédentes, elle n’avait lieu que le samedi. Cette année, grâce au fait qu’elle ait eu lieu dimanche également, un grand nombre de ‘Hassidim y ont participé. Par ailleurs, le Conseil reconnait maintenant la célébration des fêtes juives à Outremont, chose qui n’existait pas auparavant.

 Mindy, quelles sont vos aspirations pour l’avenir, pour votre quartier et pour vous-même?

 J’espère continuer à propulser l’organisation d’évènements rassembleurs dans le quartier d’Outremont et faire en sorte que tout un chacun s’y sente à l’aise et le bienvenu. J’aimerais également favoriser le dialogue et les échanges entre les divers groupes culturels à Outremont, afin que l’on puisse vivre dans un monde plus serein et accueillant. Enfin, j’aimerais pouvoir changer les lois qui sont discriminatoires envers les Juifs de mon quartier.