Le Midrach compare la Echet ’Haïl à Myriam (la sœur de Moché Rabbénou) qui se montra forte. Myriam naquit au pire moment de l’esclavage égyptien. À l’époque de sa naissance, Pharaon intensifia la torture des esclaves juifs. Ses parents la nommèrent Myriam, car ce nom provient de la racine Mar (amer), pour se souvenir de cette période transitoire vers un exil encore plus amer. Ses seuls souvenirs d’enfance portaient sur les supplices infligés à ses frères juifs.

Quand Myriam eut cinq ans, la vie des Juifs prit une tournure encore plus catastrophique. Pharaon décréta que tous les nouveau-nés mâles devaient être jetés au fleuve. En tant que dirigeant spirituel du peuple juif, Amram, le père de Myriam, divorça de sa femme, ce qui incita les autres couples juifs à en faire autant ; se séparer pour éviter de voir leurs fils être tués.

À cette époque, Myriam eut une prophétie. Elle apprit qu’un frère devait naître et diriger le peuple juif vers la Rédemption. Elle dit à son père : « Ton décret est pire que celui de Pharaon. Son décret ne concerne que les garçons, tandis que le tien affecte les filles et les garçons ! ». Son père se remaria alors avec Yokhévèd, la mère de Myriam. Six mois plus tard (trois mois avant le terme), un garçon naquit. Son visage rayonnait et une voix proclama qu’il serait le sauveur du peuple, comme l’avait prédit Myriam. Amram embrassa sa fille, qui avait été vectrice du salut de la nation juive.

Trois mois plus tard, tous les espoirs semblaient perdus. Les Égyptiens se mirent à la recherche des enfants qui devaient naître, dès lors que le terme de l’accouchement approchait. Il n’était donc plus sûr de garder cet enfant merveilleux à la maison et Yokhévèd dut le placer dans un panier, sur les eaux du fleuve. D’après le Midrach, Amram gifla sa fille Myriam et cracha devant elle en disant : « Qu’en est-il de ta prophétie ? » Il remit en cause toutes ses prédictions.

L’opinion de nos parents (sur nous) compte beaucoup. Que ce soit à l’âge de six ans ou de soixante ans, la plupart des enfants sont piqués par la critique parentale. Pourtant, Myriam persévéra. Elle fit preuve de force et de résolution, bien que sa prophétie semblât alors mensongère.

Elle se renforça parce qu’elle savait que sa prophétie était véridique. Le Midrach cite un verset relatant qu’elle alla au bord du fleuve, là où sa mère avait placé le panier, près des roseaux. Elle regarda, de loin, pour surveiller ce qui allait arriver au bébé. Le mot employé pour décrire son attente « en observation » est « ותתצב ». Ce mot est différent de « ותעמד », terme généralement utilisé pour dire « se tenir debout ». ותתצב sous-entend qu’elle se tint avec détermination et confiance, comme un officier ou un garde. Myriam resta forte et confiante, sur le bord du Nil, pour savoir ce qui allait lui arriver et comment (et non « si ») sa prophétie allait se concrétiser.

Quand Batya trouva Moché, Myriam lui proposa d’appeler une femme juive pour l’allaiter. Nos Sages racontent que Moché refusa de se laisser nourrir par une nourrice non-juive, parce qu’il ne voulait pas entacher la bouche, destinée à parler avec Hachem. C’est Myriam qui proposa la solution assurant que Moché ne laissait pas le lait d’une idolâtre entrer dans sa bouche ; en effet, elle suggéra que Yokhéved joue le rôle de nourrice. En se tenant avec confiance sur le bord du fleuve, Myriam permit à sa prophétie de se concrétiser. Elle mit en branle les événements qui menèrent à la rédemption de sa nation, en restant résolue et en ne doutant pas d’elle-même, bien que d’autres personnes remirent ses propos en cause.

Le Midrach lie la Echet ’Haïl à Myriam à travers le verset « Elle ceint de force ses reins et arme ses bras de vigueur ». Myriam nous montre les priorités à avoir et la confiance à garder en notre décision de nous soucier de notre bien-être spirituel et physique. Rabbénou Bé’hayé fait d’ailleurs le lien entre le spirituel et le matériel. D’après lui, ce qui se passe dans l’intellect de l’homme (capacité spirituelle) ressemble à ce qui se passe dans ses sens. Les forces de l’âme sont liées aux forces du corps.

Tout comme le corps a besoin d’un régime alimentaire sain, l’esprit aussi doit suivre un régime sain. Celui-ci consiste à prendre des doses régulières de certains éléments de base : la prière, l’étude de la Torah, l’accomplissement de Mitsvot, les actes de bonté, du temps pour réfléchir tranquillement.

Un régime doit toujours être accompagné d’exercice. Les objectifs spirituels suivent la même règle. Au début, il semble impossible de prendre une nouvelle habitude. Mais un exercice quotidien façonne notre esprit et nous permet d’atteindre des sommets que nous pensions inatteignables.

Tout comme la paresse et le sentiment de culpabilité peuvent nous empêcher de faire les bons exercices physiques, cette même paresse et ce même sentiment de culpabilité peuvent nous empêcher de réussir le régime spirituel et l’exercice dont nous avons besoin. Nous sommes parfois tellement soucieuses d’aider nos enfants à se lever à l’heure pour aller à la synagogue que nous oublions nos propres prières. Nous sommes tellement dévouées pour l’étude de notre conjoint ou de nos enfants que nous laissons passer une longue période sans étudier aucun sujet de Torah.

Les habitudes ont une force impressionnante. Au bout d’un moment, au lieu de saisir une opportunité, nous utilisons nos petits temps libres pour nous plonger dans la lecture d’articles sensationnels ou pour discuter de recettes et d’idées de décoration d’intérieur plutôt que de prendre quelques minutes pour réciter des Téhilim ou pour apprendre quelque chose de nouveau. Nous pensons peut-être que ce n’est pas si grave, mais de la même façon que notre corps finira par grossir et s’affaiblir à cause de ce genre de négligences, notre âme subira le même destin.

Myriam et la Echet ’Haïl apprennent à toutes les femmes une leçon fondamentale. Nous devons nous forcer à prendre davantage soin de nous-mêmes — autant physiquement que spirituellement. Nous savons ce que nous devons faire. Nous savons instinctivement ce qui est bien et ce qui ne l’est pas. Nous savons quand il est déconseillé de prendre une part de gâteau supplémentaire, nous savons que nous devons faire de l’exercice, nous savons que nous devons aller dormir et oublier nos listes infinies de choses à faire. Nous savons qu’il est important d’étudier la signification des Téhilim ou de nous instruire sur la Paracha, mais nous trouvons des excuses, des échappatoires.

La plupart d’entre nous succombent aux pressions et se laissent convaincre, même si nous sommes persuadées du contraire. Physiquement, nous nous justifions, parce qu’il fait trop froid pour sortir de la maison, parce que nous n’arrivons pas à contrôler ce qui entre dans nos bouches ou parce que quelqu’un a plus besoin de notre temps. Nous pensons qu’il n’est pas si grave d’oublier la gymnastique un jour ou deux, puis trois… après tout, nos enfants ont besoin de… (complétez la phrase), et personne d’autre ne pourra le leur procurer.

Spirituellement, nous succombons à la petite voix (dans notre esprit) qui nous rappelle à quel point les autres ont besoin de nous, à quel point nous manquons de temps et qui nous prouve donc que nous ne pouvons pas aller à un cours de Torah ni en écouter un sur zoom ou au téléphone ; nous ne pouvons pas prier ou nous asseoir en silence et réfléchir.

La Echet ’Haïl et Myriam nous montrent que nous sommes plus fortes que nous le pensons. En tant que femmes, nous avons la capacité d’être déterminées, fortes et de résister à la pression. Nous faisons de notre mieux, sur la base de la volonté divine. Nous maintenir en bonne santé physique et spirituelle permet de tout « remettre en place ». Nous pouvons faire ce qui est correct et faire taire ces voix qui hurlent notre incapacité à accomplir certaines actions…

Adapté d'un extrait du livre "Echet 'Haïl aujourd'hui"