Dans le Beth Hamidrach de la ville de Vilna, se trouve une grande Ménora (candélabre) en cuivre, véritable réplique de la Ménora du Beth Hamikdach. Sa beauté faisait l’unanimité, à tel point que les autorités gouvernementales décidèrent que sa place devait être à Moscou.

Le Rav Yéhochoua Herschel était le Rav de la ville de Vilna. Les juifs de Vilna subissaient de nombreuses pressions financières, notamment concernant les impôts qui pesaient lourdement sur leur vie. Le Beth Hamidrach fut même saisi en tant que gage de paiement des dettes des juifs de la ville. Dans leur grande détresse, ils décidèrent de se rendre au cimetière de la ville afin d’invoquer le mérite des grands Tsadikim, mais même cette initiative se heurta aux autorités de la ville. Devant une fin certaine, les juifs de Vilna décidèrent de faire Techouva, mais le Beth Hamidrach était désespérément fermé.

Un petit groupe de juifs âgés et craignant Hachem sortit discrètement de la ville, en direction de la forêt de Trakai où se trouvait une grotte secrète qui menait directement au Beth Hamidrach. Et voici qu’en pleine nuit, ils allumèrent plusieurs bougies et commencèrent à réciter le Tikoun ‘Hatsot (prière instaurée pour pleurer sur la destruction du Beth Hamikdach). C’est alors que des cris de pleurs s’élevèrent du Beth Hamidrach en direction des rues de la ville, mais personne ne savait d’où provenaient ces pleurs.

Après quelques jours, la rumeur des pleurs mystérieux issus du Beth Hamidrach arriva aux oreilles du gouverneur de la ville. Il décida alors de se rendre en personne sur les lieux du mystère, accompagnés de ses soldats, bien décidé à trouver la clef de cette énigme. Ils cherchèrent de partout, mais le Beth Hamidrach était bel et bien verrouillé. Ils décidèrent de monter sur le toit pour voir ce qu’il se passait à l’intérieur : une dizaine de personnes âgées, habillées de blanc comme les morts, pleuraient. Le gouverneur, impressionné par cette découverte, retourna immédiatement chez lui. Il se mit alors à faire un rêve. Une des personnes qu’il avait aperçues dans le Beth Hamidrach lui parla durement : "Jusqu’à quand vas-tu maintenir ce Beth Hamidrach fermé et transgresser le Nom Divin ? Tu as déjà dépassé les limites, et si tu ne rends pas le Beth Hamidrach, ta fin est proche !"

Le lendemain, il appela le chef de la communauté et lui proposa l’accès au Beth Hamidrach en contrepartie d’un gage de valeur. En accord avec le Rav Herschel, ils décidèrent de mettre en gage la Ménora du Beth Hamidrach, car elle représentait le miracle, en espérant qu’un miracle allait arriver. Très heureux, le gouverneur plaça la Ménora dans l’entrée de sa maison. C’est alors que la Ménora pris feu et que de la fumée commença à noircir tous les murs. Le gouverneur décida de la mettre en lieu sûr, dans une chambre spéciale.

Voici que ‘Hanoucca arriva. Les habitants de Vilna voulaient préparaient l’allumage de la Ménora, mais ils se rappelèrent qu’elle fut mise en gage chez le gouverneur. Ils décidèrent de mettre en place une autre Ménora, plus petite, certes, mais à chaque tentative d’allumage, les bougies s’éteignaient aussitôt. Ils virent de là un signe du Ciel qu’ils devaient racheter la Ménora auprès de ce non-juif. Ils décidèrent donc de récolter cette somme d’argent pour pouvoir récupérer la Ménora.

Apres plusieurs années, le premier jour de ‘Hanoucca de l’an 5093, les juifs de Vilna étaient enfin heureux car la Ménora regagna sa place au Beth Hamidrach. Ils eurent tous le sentiment que le miracle de la fiole d’huile se réalisa à Vilna pour enfin réciter, tous ensemble, les bénédictions de cette très belle fête.