La paracha « Massé » traite des lois du meurtrier. La Torah nous enseigne que celui qui a tué involontairement est coupable d'exil (lorsque certaines conditions bien précises sont rassemblées). Ce meurtrier involontaire doit alors séjourner dans l’une des "villes de refuges" prévues à cet effet, jusqu'à la mort du Cohen Gadol, le grand prêtre de sa génération.

Le talmud enseigne que les mères des grands prêtres offraient aux exilés des paniers de nourriture. Elles avaient pris cette habitude afin que les meurtriers ne prient pas pour la mort du grand prêtre (qui entraînerait la fin de leur exil). Selon un autre avis, la raison d'être de ces colis était d'encourager les meurtriers à prier pour que D' rallonge la vie de leurs enfants, les grands prêtres. 

Le rav Ra’hamim Tsaidi retire de ce texte un message sur la grandeur de la prière. Même un meurtrier est écouté, s’il prie de tout son cœur. Essayons donc, avec l'aide du Ciel, de prendre conscience de l'immense valeur de cette arme que nous détenons !

Un pauvre mendiant arriva dans la ville de Novardok pour collecter quelques sous. Il commença sa tournée et, lorsqu'il s'approcha d'une magnifique villa, il fut arrêté par un passant. Celui-ci lui conseilla de passer à une autre maison, car le propriétaire de la villa n'avait jamais donné un sou à qui que ce soit. Cela ne servait à rien d'essayer, la partie était perdue d'avance !

Cependant, notre mendiant, indigné par l'attitude de ce riche avare, décida de "l'éduquer". Il toqua à la porte et lorsque l'hôte lui ouvrit, il n'eut pas le temps de formuler sa requête que la porte lui claqua au nez. Il ne fut pas découragé pour autant. Il avait tout son temps et était bien décidé à gagner la partie. Il s'assit donc devant l'entrée de la maison.

Lorsque le riche propriétaire voulut sortir de chez lui, il fut surpris. Le mendiant était affalé par terre et lui barrait pratiquement le passage. En criant, l'avare lui demanda de partir, mais notre pauvre ami lui répondit calmement qu'il avait tous ses droits d'être installé là où il était. Il affirma aussi qu'il ne quitterait pas les lieux avant d'avoir reçu l'aumône. En entendant ces propos, le riche propriétaire s'emporta et jura qu'il ne donnerait pas la moindre pièce.

Assistant à cette scène, les amis du mendiant lui apportèrent de quoi se restaurer. Celui-ci les remercia mais refusa leur offre car il avait décidé que ce serait le riche propriétaire qui lui donnerait à manger. Toutes les supplications de ses amis n'y firent rien et il commença à jeûner en guise de protestation.

La vie du riche avare devenait tout aussi difficile que celle du mendiant. Il ne supportait pas l'offense de ce dernier et en était tourmenté. De plus, le mendiant émettait une odeur insupportable autour de lui et c'était un supplice de devoir passer à côté de lui. À cela s'ajoutaient les réprimandes de ses voisins, qui le prévenaient que ce mendiant allait mourir affamé devant sa porte s'il ne lui donnait pas la charité.

Après trois jours de tiraillement, le riche se prépara à accomplir l'action la plus insolite de sa vie : il allait donner de l'aumône !!!

Mais, lorsqu'il sortit de chez lui pour donner au mendiant affamé une petite pièce et un casse-croûte, il se fit sévèrement rabrouer. Le mendiant lui expliqua qu'il n'avait pas passé trois jours à attendre en jeûnant pour être payé de la sorte. Il précisa qu'il lui fallait cent roubles par jour pour rattraper le temps perdu (ce qui faisait déjà trois cents roubles) et qu'il voulait manger un vrai repas dans la salle à manger de la villa. Le riche s'emporta une fois de plus, en assurant que cet insolent ne recevrait rien de plus.

Ce fut finalement l'épouse du riche qui réussit à le convaincre qu'il fallait à tout prix exécuter ce que le pauvre avait décidé. Elle ajouta qu'ils auraient sûrement de graves ennuis si le mendiant mourait sur leur perron. Celui-ci fut donc finalement invité à déjeuner dans la somptueuse salle-à-manger et reçut tout l'argent qu'il exigea.

Lorsque le Sabba de Novardok entendit cette histoire, il y vit un lien avec la prière que nous adressons au Créateur. En effet, si cet avare, qui n'avait jamais rien donné à personne et ne voulait pas donner, consentit finalement à satisfaire tous les désirs du mendiant, à plus forte raison D', qui nous aime comme Ses enfants, nous exaucera si nous Lui demandons avec insistance. Il faut nous renforcer dans nos prières car nous pourrons ainsi tout obtenir. Un grand tsadik disait que si l'on n'a pas été agréé, c'est soit parce qu'on n'a pas prié, soit parce qu'on n'a pas assez prié !

[Au passage, il faut se rappeler que l'argent et les biens matériels n'ont de valeur que pour faire la Torah et les mitsvot. Toute la richesse et les biens que l'on amasse sur terre resteront loin de nous après le dernier jour. Le proverbe ne dit-il pas : « soit l'argent est pris de l'homme, soit l'inverse » ?

J'ai dernièrement assisté à l'agonie d'une personne. J'ai été fortement marqué par le fait qu'elle n'emportait avec elle ni son argent ni ses diplômes. Elle n'avait pour seul bagage le mérite de la Torah et des mitsvot qu'elle a accomplies. Lorsque l'on donne de la charité ou que l'on fait des mitsvot, on pense donner, mais en vérité c'est nous qui acquérons des biens éternels.]

Il peut arriver que D' ne fasse pas la volonté d'une personne car Il sait que sa réparation doit se faire autrement, ou parce qu'Il désire que cette personne se rapproche de Lui ainsi, et soit immensément récompensée. Cependant, nos maîtres nous ont enseigné qu'en aucun cas la prière est vaine. Si elle n'est pas exaucée pour ce qu'on a demandé, elle sera utilisée à une autre occasion ou pour un autre membre de la famille etc.

Ne nous lassons pas de détailler chaque requête car cela procure du "plaisir" à notre Créateur. Ainsi, nous pourrons mériter de fuir toutes les fautes et de devenir de grands tsadikim, amen ! Ne négligeons aucun effort et aucun sacrifice pour accomplir une mitsva ou fuir un péché. Cela en vaut la peine, je vous l’assure !