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Réé
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11,26
Voyez, je vous propose en ce jour, d'une part, la bénédiction, la malédiction de l'autre:
Vois
La bénédiction et la malédiction, telles qu’elles seront prononcées sur le mont Guerizim et sur le mont ‘Eval
11,27
la bénédiction, quand vous obéirez aux commandements de l'Éternel, votre Dieu, que je vous impose aujourd'hui;
La bénédiction
Afin que vous écoutiez
11,28
et la malédiction, si vous n'obéissez pas aux commandements de l'Éternel, votre Dieu, si vous quittez la voie que je vous trace aujourd'hui, pour suivre des dieux étrangers, que vous ne connaissez point.
Du chemin que je vous ordonne aujourd’hui
D’où l’on apprend que tout idolâtre se détourne de « tout » le chemin qu’Israël a reçu l’ordre de suivre. D’où l’enseignement : Celui qui légitime l’idolâtrie est comme s’il reniait toute la Tora dans son intégralité (Sifri)
11,29
Or, quand l'Éternel, ton Dieu, t'aura installé dans le pays où tu vas pour le conquérir, tu proclameras la bénédiction sur le mont Garizim, la malédiction sur le mont Hébal.
Tu donneras la bénédiction
Comme le rend le Targoum Onqelos : « Ceux qui bénissent »
Sur le mont Guerizim
Ils se tournaient face au mont Guerizim et prononçaient d’abord la bénédiction : « Béni soit l’homme qui ne fera pas une image et une idole de métal, etc. » (voir infra 27, 15). Ils commençaient par formuler sous forme de bénédictions toutes les malédictions du chapitre 27. Après quoi ils se tournaient face au mont ‘Eval et se mettaient à prononcer les malédictions (Sota 37a et b)
11,30
Ces montagnes sont au delà du Jourdain, en arrière, dans la direction du couchant, dans la province des Cananéens habitants de la plaine, vis-à-vis de Ghilgal, près des chênes de Moré.
Ne sont-elles pas
Il en a donné une indication [géographique] (voir Sota 33b)
Derrière (a‘harei)
Après la traversée du Yardén et bien loin au-delà. C’est ce que veut dire le mot a‘harei (« derrière »), lequel contient, toutes les fois qu’il est employé, une idée d’éloignement
Le chemin de la venue du soleil
Au-delà du Yardén, en direction de l’ouest. Cela est prouvé par les indications musicales : Les mots a‘harei (« derrière ») et dèrèkh (« le chemin ») portent des signes disjonctifs, le premier un pachta et le second, dont la lettre dalet est ponctuée d’un daguéch, un machpél (yethiv). Tandis que si les mots a‘harei et dèrèkh étaient inséparables, le premier porterait un signe auxiliaire (mahpakh) et le second un pachta, et le dalet de dèrèkh serait sans daguéch
Face au Guilgal
Loin du Guilgal
Les chênes de Morè
Il s’agit de Chekhem (Sota 32a), comme il est écrit : « jusqu’à l’endroit de Chekhem, jusqu’à Elon Morè » (Beréchith 12, 6)
11,31
Car, vous allez passer le Jourdain pour marcher à la conquête du pays que l'Éternel, votre Dieu, vous donne; vous en prendrez possession et y demeurerez.
Car vous passez le Yardén…
Les miracles sur le Yardén vous serviront de signe que vous allez prendre possession du pays
11,32
Appliquez-vous alors à observer toutes les lois et les statuts que je vous expose en ce jour.
12,1
"Voici les lois et les statuts que vous aurez soin d'observer dans le pays que l'Éternel, Dieu de tes pères, t'a destiné comme possession; vous les observerez tout le temps que vous vivrez dans ce pays.
12,2
Vous devez détruire tous les lieux où les peuples dépossédés par vous auront honoré leurs dieux, sur les hautes montagnes et sur les collines, et au pied des arbres touffus.
Détruire
D’abord « détruire », et ensuite « vous détruirez ». D’où l’on apprend que celui qui arrache l’idolâtrie est tenu d’en extirper les racines (‘Avoda zara 45b)
Tous les endroits là où les nations ont servi…
Et qu’en détruirez-vous ? « Leurs dieux » qui sont « sur les montagnes »
12,3
Renversez leurs autels, brisez leurs monuments, livrez leurs bosquets aux flammes, abattez les images de leurs dieux; effacez enfin leur souvenir de cette contrée.
Autel
Fait de beaucoup de pierres
Monument
Fait d’une pierre unique. C’est le bimous dont parle la Michna : « Une pierre que l’on a commencé de tailler pour servir de bimous est interdite… » (‘Avoda zara 47b)
Achéroth
Arbres objet d’un culte
Vous détruirez leur nom
En les affublant de sobriquets (‘Avoda zara 46a). Une beith galiya (« maison haute »), on l’appellera : beith kariya (« maison basse »), un ‘ein kol (« œil total »), on l’appellera : ‘ein qots (« œil à l’épine »)
12,4
Vous n'en userez point de la sorte envers l'Éternel, votre Dieu;
Vous ne ferez pas ainsi
En brûlant partout de l’encens en direction du Ciel, mais uniquement à l’endroit qu’Il aura choisi. Autre explication : « Vous renverserez leurs autels […] vous détruirez leur nom. Vous ne ferez pas ainsi… » C’est une mise en garde contre l’effacement du Nom et contre l’arrachement d’une pierre de l’autel ou du parvis (Sifri). Rabi Yichma’el a enseigné : Te serait-il venu à l’esprit qu’Israël pût renverser [ses propres] autels ? Cela veut dire : Vous n’imiterez pas leurs manières d’agir, afin que vos péchés ne soient pas cause d’une destruction du sanctuaire de vos ancêtres
12,5
mais uniquement à l'endroit que l'Éternel, votre Dieu, aura adopté entre toutes vos tribus pour y attacher son nom, dans ce lieu de sa résidence vous irez l'invoquer.
Vous chercherez vers Sa résidence
C’est le sanctuaire de Chilo (Sifri)
12,6
Là, vous apporterez vos holocaustes et vos sacrifices, vos dîmes et vos offrandes, vos présents votifs ou spontanés, et les prémices de votre gros et menu bétail.
Et vos sacrifices
Les chelamim obligatoires
Vos dîmes
Le ma‘assér des animaux et le ma‘assér chéni, à consommer à l’intérieur des murailles [de Jérusalem]
L’offrande élevée de vos mains
Ce sont les bikourim, à propos desquels il est écrit : « Prendra le pontife la corbeille de ta main… » (infra 26, 4)
Et les premiers-nés de votre gros bétail
A donner au kohen pour qu’il les y apporte comme sacrifices
12,7
Là, vous les consommerez devant l'Éternel, votre Dieu, et vous jouirez, vous et vos familles, de tous les biens que vous devrez à la bénédiction de l'Éternel, votre Dieu.
Comme t’aura béni Hachem
Apporte à la mesure de la bénédiction (Sifri)
12,8
Vous n'agirez point comme nous agissons ici actuellement, chacun selon sa convenance.
Vous ne ferez pas selon tout ce que nous faisons…
Ces mots font suite à ce qui précède : « Car vous passez le Yardén… » (supra 11, 31). Lorsque vous passerez le Yardén, il vous sera aussitôt permis d’apporter des sacrifices sur une bama (« autel individuel »), et ce pendant l’intégralité des quatorze ans que dureront la conquête et le partage [du pays]. Mais vous ne sacrifierez pas sur une bama tout ce que vous apportez « ici aujourd’hui » dans le tabernacle qui est avec vous, qui a reçu l’onction et qui se prête aux ‘hataoth, aux achamoth, aux nedarim et aux nedavoth. Sur une bama, en revanche, on ne peut présenter que ce qui a fait l’objet d’un nédèr ou d’une nedava. C’est ce que veut dire : « chaque homme selon tout ce qui est bon à ses yeux » – les nedarim et les nedavoth que vous offrez parce qu’il semble « bon à vos yeux » de les apporter, et non ce qui constitue une obligation. Ces sacrifices-là, vous pourrez les offrir sur une bama
12,9
C'est que vous n'avez pas encore atteint la possession tranquille, l'héritage que l'Éternel, ton Dieu, te réserve.
Car vous n’êtes pas venus
Pendant tous ces quatorze ans (Sifri)
Jusqu’à maintenant
Comme : « encore »
Vers le repos
C’est Chilo (Zeva‘him 119a)
L’héritage
C’est Jérusalem (ibid.
12,10
Mais quand, le Jourdain passé, vous serez fixés dans le pays que l'Éternel, votre Dieu, vous donne en héritage; quand il vous aura délivrés de tous vos ennemis d'alentour et que vous vivrez en sécurité,
Vous passerez le Yardén
Vous le partagerez, et chacun reconnaîtra son lot et sa tribu
Il vous donnera du repos
Après la conquête, le partage et le repos que procureront « les peuples que Hachem laissera pour éprouver Israël » (Choftim 3, 1 et suivants). Et cela n’aura lieu qu’à l’époque de David, et alors
12,11
c'est alors, au lieu choisi par l'Éternel, votre Dieu, pour y asseoir sa résidence, c'est là que vous apporterez tout ce que je vous prescris: vos holocaustes et vos sacrifices, vos dîmes et vos offrandes, et tous les présents de choix que vous aurez voués au Seigneur.
Ce sera
Vous vous construirez la « maison d’élection » à Jérusalem, et c’est ainsi qu’il est écrit à propos de David : « Ce fut, alors que le roi siégeait dans sa maison et que Hachem lui donnait du repos à l’égard de tous ses ennemis d’alentour, le roi dit à Nathan le prophète : “Vois ! J’habite dans une maison de cèdres, et l’arche de Eloqim habite sous une tente !” » (II Chemouel 7, 1 et 2)
Là vous apporterez
Il s’agissait plus haut de Chilo, et ici de Jérusalem. Voilà pourquoi le texte opère une distinction, afin d’édicter une autorisation valable pendant la période comprise entre l’un et l’autre : Après la destruction de Chilo, lorsqu’ils sont venus à Nov, et lors de la destruction de Nov, quand ils sont venus à Guiv‘on, les bamoth ont été autorisées, et ce jusqu’à leur venue à Jérusalem (Zeva‘him 112b)
Le choix de vos vœux
Cela nous apprend qu’il fallait apporter du meilleur
12,12
Et vous vous réjouirez en présence du Seigneur, votre Dieu, avec vos fils et vos filles, avec vos serviteurs et vos servantes, et aussi le Lévite qui sera dans vos murs, parce qu'il n'aura point, comme vous, de part héréditaire.
12,13
Garde-toi d'offrir tes holocaustes en tout lieu où bon te semblera:
Prends garde à toi
Pour stipuler ici une interdiction relative à la question (Sifri)
Dans tout endroit que tu verras
Qui te viendra à l’esprit. Tu peux, en revanche, en offrir [en tout lieu] sur ordre d’un prophète, comme Eliyahou sur le mont Carmel (I Melakhim 18, 19 et suivants)
12,14
mais uniquement au lieu que l'Éternel aura choisi dans l'une de tes tribus, là, tu offriras tes holocaustes, là, tu accompliras tout ce que je t'ordonne.
Dans une de tes tribus
Dans le lot de Binyamin. Mais il est écrit plus haut : « d’entre “toutes” vos tribus » (verset 5) ! Comment concilier ces deux textes ? Quand David a acheté l’aire de Arona le Yevoussi (II Chemouel 24, 18 et suivants), il a collecté de l’or auprès de toutes les tribus. Il n’en demeure cependant pas moins que l’aire se trouvait sur le territoire de Binyamin
12,15
Néanmoins, tu pourras, à ton gré, tuer des animaux et en manger la chair, dans toutes tes villes, selon le bien-être que l'Éternel, ton Dieu, t'aura accordé; l'impur ainsi que le pur pourront la manger, comme la chair du chevreuil et du cerf.
Toutefois
De quoi le texte parle-t-il ? S’il s’agit ici d’autoriser la viande de consommation courante, sans qu’il faille en offrir les parties grasses [en sacrifice], cela figure déjà ailleurs : « Quand Hachem, ton Eloqim, élargira ta limite […] tu diras : “Je mangerai de la viande…” » (verset 20). De quoi s’agit-il donc ici ? Des animaux consacrés qu’a atteints un défaut corporel, qu’il faut racheter et que l’on peut consommer n’importe où (‘Houlin 16b). J’aurais pu penser qu’il fallût les racheter pour un défaut passager. Aussi est-il écrit : « toutefois »
Tu sacrifieras
Ne te sont permis ni la tonte ni le lait, mais uniquement la consommation après présentation comme sacrifice (Bekhoroth 15a)
L’impur et le pur
Etant donné qu’ils sont issus d’animaux consacrés, ainsi qu’il est écrit à leur sujet : « Et la chair qui aura touché à quelque impureté ne sera pas mangée » (Wayiqra 7, 19), il fallait autoriser [explicitement] le pur et l’impur à manger du même plat
Comme la gazelle et comme le cerf
Qui ne sont jamais offerts en sacrifice
Comme la gazelle et comme le cerf
Pour les exempter de [l’obligation d’offrir au kohen] l’épaule, les mâchoires et l’estomac (infra 18, 3)
12,16
Seulement, vous n'en mangerez point le sang: tu le répandras sur la terre, comme de l'eau.
Toutefois
Même si je vous ai dit qu’il n’y a pas lieu, pour lui, d’aspersion du sang sur l’autel, vous ne le consommerez pas
Tu le verseras comme de l’eau
Pour t’indiquer qu’il n’est pas besoin de couvrir le sang (voir Wayiqra 17, 13). Autre explication : Il est comme de l’eau, apte à rendre les graines accessibles à l’impureté
12,17
Tu ne pourras pas consommer dans tes villes la dîme de ton blé, de ton vin, de ton huile, les premiers-nés de ton gros ni de ton menu bétail, les dons que tu auras voués, ceux que tu offriras spontanément ou que prélèvera ta main;
Tu ne pourras pas
Le texte stipule ici une interdiction relative à la question
Tu ne pourras pas
Rabi Yehochou‘a ben Qor‘ha a enseigné : Tu « peux » le faire, mais tu n’en as pas la permission. C’est comme dans : « Les Yevoussis, habitants de Jérusalem, les enfants de Yehouda n’ont pas “pu” les déposséder » (Yehochou‘a 15, 63). Ils auraient pu le faire, mais ils n’en avaient pas la permission à cause d’un pacte conclu avec eux par Avraham lorsqu’il leur a acheté la caverne de Makhpéla. Ce n’était pas des Yevoussis, mais des ‘Hithis, mais c’est à cause de la ville, qui s’appelait Yevous. Voilà ce qui est expliqué dans les Pirqéi deRabi Eli‘èzèr (chapitre 35). C’est ce qui est écrit : « … Uniquement si tu peux en soustraire les aveugles et les boiteux… » (II Chemouel 5, 6), c’est-à-dire les images sur lesquelles avait été rédigé le serment
Les premiers-nés de ton gros bétail
Mise en garde adressée aux kohanim
Et l’offrande prélevée de ta main
Ce sont les bikourim
12,18
mais tu devras les consommer en présence de l'Éternel, ton Dieu, dans le lieu qu'il aura choisi, toi, ton fils et ta fille, ton serviteur et ta servante, et le Lévite qui sera dans tes murs; et tu jouiras, devant l'Éternel, ton Dieu, de ce que tu possèdes.
Devant Hachem
A l’intérieur des murailles
Et le Léwi qui est dans tes portes
Si tu ne possèdes pas de quoi lui donner sa part, comme le ma‘assér richon, donne-lui le ma‘assér ‘ani. Et si tu n’as pas de ma‘assér ‘ani, invite-le à tes chelamim
12,19
Garde-toi de négliger le Lévite, tant que tu vivras dans ton pays.
Prends garde à toi
Pour stipuler ici une interdiction relative à la question
Sur ta terre
Tandis qu’en exil, tu n’es pas tenu de l’assister plus que [l’ensemble] des pauvres d’Israël
12,20
Quand l'Éternel, ton Dieu, aura étendu ton territoire comme il te l'a promis, et que tu diras: "Je voudrais manger de la viande," désireux que tu seras d'en manger, tu pourras manger de la viande au gré de tes désirs.
Quand Il élargira ta limite…
La Tora nous enseigne ici une règle de bonne conduite : On ne doit avoir envie de manger de la viande que dans l’aisance et la richesse (‘Houlin 84a)
Selon tout le désir de ton âme…
Tandis que dans le désert, la viande « profane » leur était interdite. Il fallait la consacrer et l’apporter comme chelamim
12,21
Trop éloigné du lieu choisi par l'Éternel, ton Dieu, comme siège de son nom, tu pourras tuer, de la manière que je t'ai prescrite, de ton gros ou menu bétail que l'Éternel t'aura donné, et en manger dans tes villes tout comme il te plaira.
Lorsque sera éloigné de toi l’endroit
Et que tu ne pourras pas venir offrir chaque jour des chelamim comme tu le fais maintenant où le sanctuaire se déplace avec vous
Tu sacrifieras […] comme je t’ai ordonné
Cela nous apprend qu’il existe une prescription sur la manière d’égorger un sacrifice. Il s’agit des halakhoth sur la che‘hita qui ont été dictées à Mochè au Sinaï
12,22
Seulement, comme on mange du chevreuil et du cerf, ainsi tu en mangeras; l'impur et le pur en pourront manger ensemble.
Toutefois
Tu n’es pas tenu de les manger en état de pureté. [Tu aurais pu penser] : De même que la graisse de la gazelle et du cerf est permise, de même la graisse des animaux « profanes » est-elle permise (Bekhoroth 15a). Aussi est-il écrit : « toutefois »
12,23
Mais évite avec soin d'en manger le sang; car le sang c'est la vie, et tu ne dois pas absorber la vie avec la chair.
Seulement
De ce qu’il est écrit : « tiens fortement », tu peux déduire qu’ils s’adonnaient communément à la consommation du sang. Aussi a-t-il fallu écrire : « fortement ». Tel est l’enseignement de Rabi Yehouda. Rabi Chim‘on ben ‘Azaï a enseigné : Le texte ne vient ici que pour te mettre en garde et pour t’apprendre combien il faut se montrer fort dans l’accomplissement des mitswoth : S’il faut tenir « fortement » à s’abstenir de sang, substance dont il est facile de se garder car les gens n’en ont pas envie, à plus forte raison le faut-il pour les autres mitswoth
Et tu ne mangeras pas l’âme avec la viande
C’est une mise en garde contre la consommation d’un évèr min ha‘haï (« membre arraché à un animal vivant ») (‘Houlin 102b)
12,24
Ne le mange point! Répands-le à terre, comme de l'eau.
Tu n’en mangeras pas
C’est une mise en garde contre la consommation du sang qui se répand pendant la che‘hita (Kerithoth 4b)
12,25
Ne le mange point! Afin que tu sois heureux, toi et tes enfants après toi, pour avoir fait ce qui plaît au Seigneur.
Tu n’en mangeras pas
C’est une mise en garde contre la consommation du sang des membres
Afin qu’il te soit fait du bien…
D’où l’on peut déduire la récompense qui s’attache à l’accomplissement des mitswoth : Si pour le sang, pour lequel les gens ont de la répulsion, celui qui s’en abstient s’acquiert du mérite pour lui-même et ses descendants, à plus forte raison en sera-t-il ainsi pour le vol et les unions interdites, vers lesquels on se sent de l’attirance (Makoth 23b)
12,26
Quant aux choses saintes que tu posséderas et à tes offrandes votives, tu les apporteras au lieu qu'aura choisi le Seigneur:
Seulement tes objets de sainteté
Même si tu es autorisé à pratiquer la che‘hita sur des animaux « profanes », je ne t’ai pas permis de pratiquer la che‘hita sur les animaux consacrés et de les consommer chez toi sans les avoir « présentés ». Mais tu devras [d’abord] les amener à la « maison d’élection », (c’est-à-dire au Temple)
12,27
tu offriras tes holocaustes, la chair comme le sang, sur l'autel du Seigneur, ton Dieu; pour tes autres sacrifices, le sang en sera répandu sur l'autel du Seigneur, ton Dieu, mais tu en consommeras la chair.
Tu feras tes holocaustes (‘oloth)
Si ce sont des ‘oloth, mets la viande et le sang sur l’autel. Et si ce sont des sacrifices de chelamim, « le sang de tes sacrifices sera versé sur l’autel » tout d’abord, après quoi « tu mangeras la viande ». Nos maîtres ont encore interprété les mots : « seulement tes saintetés » (verset 26) comme s’appliquant aux « saintetés » qui se trouvent hors d’Erets Yisrael, aux animaux consacrés faisant l’objet d’un échange et aux petits des animaux consacrés (Sifri)
12,28
Retiens et observe toutes ces instructions que je te donne, afin d'être heureux, toi et tes descendants à jamais, en faisant ce qu'aime et approuve l'Éternel, ton Dieu.
Prends garde
C’est [l’étude de] la Michna, qu’il faut que tu gardes en toi afin de ne pas l’oublier, ainsi qu’il est écrit : « Car il est beau que tu la gardes dans ton ventre… » (Michlei 22, 18). Si tu étudies, tu pourras comprendre et « faire ». Ce qui, en revanche, ne fait pas partie de [l’étude] de la Michna n’est pas dans le « faire » (Sifri)
Toutes ces paroles-là
Une mitswa « facile » doit t’être aussi chère qu’une mitswa « difficile » (Sifri)
Le bon
Aux yeux du Ciel
Et le droit
Aux yeux de l’homme
12,29
Quand l'Éternel, ton Dieu, aura fait disparaître devant toi les peuples que tu vas déposséder, quand tu les auras dépossédés et que tu occuperas leur pays,
12,30
prends garde de te fourvoyer sur leurs traces, après les avoir vus périr; ne va pas t'enquérir de leurs divinités et dire: "Comment ces peuples servaient-ils leurs dieux? Je veux faire comme eux, moi aussi."
De peur que tu ne sois pris au piège (tinnaqéch) après elles
La Targoum Onqelos rend le mot avec une connotation de « piège », mais il n’a pas, à mon avis, été scrupuleux dans l’examen de l’expression. Car nous ne trouvons pas la lettre noun dans les tournures signifiant : « prendre au piège », pas même en tant que lettre caduque de la racine. Nous la trouvons, en revanche, dans les expressions signifiant : « va-et-vient » ou : « heurt », [comme dans] : « Et ses genoux s’entrechoquaient (naqchan) » (Daniel 5, 6). Le mot tinnaqéch doit lui aussi, à mon avis, compris dans le sens de : « de peur que tu ne sois “entraîné” après elles à t’attacher à leurs actions ». Il en est de même dans : « Que le créancier le harcèle (yenaqqich) dans tous ses biens… » (Tehilim 109, 11), [verset qui] maudit le méchant, lui souhaitant de nombreux créanciers acharnés à lui réclamer son argent
Après les avoir détruites devant toi
Après que tu auras vu que je les aurai détruites devant toi, tu devras t’appliquer à connaître les raisons de leur destruction : à cause de leurs actions dépravées. Toi-même ne devras pas agir ainsi, afin que ne surviennent pas d’autres qui te détruiront [à leur tour]
Comment servaient-elles
Il n’était [jusqu’ici] de punition pour idolâtrie que s’il y avait sacrifice, encens, libation et prosternation, ainsi qu’il est écrit : « … uniquement à Hachem seul » (Chemoth 22, 19), c’est-à-dire des actes accomplis vers le Très Haut (Sanhèdrin 60b et 61a). On vient t’apprendre ici que s’il existe d’autres manières canoniques d’adorer les idoles, comme la défécation en l’honneur de Pe‘or ou le jet d’une pierre en direction de Mercure, cela correspond à son culte et l’on est coupable. En revanche, celui qui offre des sacrifices, brûle de l’encens, se prosterne est [toujours] coupable, même si ce n’est pas la manière prescrite d’adorer
12,31
Non, n'agis point de la sorte envers l'Éternel, ton Dieu! Car tout ce qu'abhorre l'Éternel, tout ce qu'il réprouve, ils l'ont fait pour leurs dieux; car même leurs fils et leurs filles, ils les livrent au bûcher pour leurs dieux!
Car leurs fils et leurs filles aussi
Le mot gam (« aussi ») vient inclure leurs pères et leurs mères. Rabi ‘Aqiva a enseigné : J’ai vu un païen qui avait attaché son père devant son chien et il le mangeait
13,1
"Tout ce que je vous prescris, observez-le exactement, sans y rien ajouter, sans en retrancher rien.
Toute la chose
Ce qui est facile comme ce qui est difficile
Vous prendrez garde de faire
Pour stipuler ici une interdiction associée aux commandements actifs énumérés dans le contexte. Toutes les fois que le texte emploie l’expression : « prendre garde », c’est pour stipuler une interdiction, sous cette réserve que l’on ne condamne pas à la peine de malqouth celui qui a transgressé une interdiction liée à un commandement actif
Tu n’ajouteras pas sur elle
Comme cinq paragraphes dans les tefilin, cinq espèces dans le loulav, quatre bénédictions dans la bénédiction des kohanim (Sifri)
13,2
S'il s'élève au milieu de toi un prophète ou un visionnaire, t'offrant pour caution un signe ou un miracle;
Il donnera vers toi un signe
Dans le ciel, ainsi qu’il est écrit pour Guid‘on : « Tu me feras un signe… » (Choftim 6, 17), et plus loin : « Que le sec soit donc sur la toison… (ibid. verset 27)
Ou un prodige
Sur terre. Un « signe » est dans le ciel, puisqu’il est écrit : « Ils seront des “signes”, et pour les fêtes… » (Beréchith 1, 14). Tandis qu’un « prodige » est sur terre, puisqu’il est écrit : « … s’il n’y a de rosée que sur la toison et que toute la terre soit sèche » (Choftim 6, 27). Malgré cela tu ne devras pas l’écouter. Sans doute te demanderas-tu la raison pour laquelle le Saint béni soit-Il lui donne pouvoir d’accomplir un signe. [La raison en est que] « Hachem, votre Eloqim, vous éprouve » (verset 4)
13,3
quand même s'accomplirait le signe ou le miracle qu'il t'a annoncé, en disant: "Suivons des dieux étrangers (que tu ne connais pas) et adorons-les",
13,4
tu n'écouteras pas les paroles de ce prophète ou de ce visionnaire! Car l'Éternel, votre Dieu, vous met à l'épreuve, pour constater si vous l'aimez réellement de tout votre cœur et de toute votre âme.
13,5
C'est l'Éternel, votre Dieu, qu'il faut suivre, c'est lui que vous devez craindre; vous n'observerez que ses préceptes, n'obéirez qu'à sa voix; à lui votre culte, à lui votre attachement!
Et Ses mitswoth vous garderez
La Tora de Mochè (Sifri)
Et Sa voix vous écouterez
La voix des prophètes
Et Lui vous Le servirez
Dans son sanctuaire
Et à Lui vous vous attacherez
Attache-toi à Sa manière de manifester de la bonté : Enterre les morts, rends visite aux malades ainsi que l’a fait le Saint béni soit-Il (Sota 14a)
13,6
Pour ce prophète ou ce visionnaire, il sera mis à mort, parce qu'il a prêché la révolte contre l'Éternel, votre Dieu, qui vous a tirés du pays d'Egypte et rachetés de la maison de servitude, voulant ainsi t'écarter de la voie que l'Éternel, ton Dieu, t'a ordonné de suivre; et tu extirperas le mal du milieu de toi.
Révolte (sara)
Quelque chose qui est étranger (mossar) du monde, qui n’a jamais été, qui n’a jamais été créé et que je ne lui ai pas ordonné de dire. En français médiéval : « destourde »
Et qui t’a racheté
Même s’Il ne pouvait se prévaloir sur toi que de t’avoir racheté, cela suffirait (Sifri)
13,7
Si ton frère, l'enfant de ta mère, si ton fils ou ta fille, ta compagne ou l'ami de ton cœur vient secrètement te séduire, en disant: "Allons servir des dieux étrangers," que toi ni tes pères n'avez jamais connus,
Lorsque t’incitera (yessithkha)
Le verbe yassith signifie toujours « inciter », comme il est écrit : « Si Hachem t’a incité contre moi » (I Chemouel 26, 19). En français médiéval : « ametra » – on le pousse à agir ainsi
Ton frère
Consanguin
Fils de ta mère
Utérin (Qiddouchin 80b)
De ton sein (‘heiqékha)
Celle qui se couche sur ton sein et qui t’est attachée. En français médiéval : « affichide ». De même : « Et depuis le sein (oumé‘hiq) de la terre » (Ye‘hezqèl 43, 14) – depuis les fondations qui s’enfoncent dans la terre
Qui est comme ton âme
C’est ton père. Le texte explicite ceux qui te sont chers. Il doit donc en être ainsi, à plus forte raison, pour les autres
En secret
Le texte parle des situations les plus fréquentes, car les paroles de « l’incitateur » sont toujours émises dans le secret. C’est ainsi que Chelomo a écrit [à propos de celui qui s’apprête à séduire une femme mariée] : « Au crépuscule, quand le soir tombe, et que la nuit se fait sombre et obscure » (Michlei 7, 9)
Que tu n’a pas connus
Cette chose-là est une grande honte pour toi, car même les nations du monde ne délaissent pas ce que leur ont légué leurs ancêtres, tandis que celui-là vient te dire : « Abandonne ce que t’ont transmis tes pères ! 
13,8
tels que les dieux des peuples qui sont autour de vous, dans ton voisinage ou loin de toi, depuis un bout de la terre jusqu'à l'autre,
Ceux qui sont proches de toi ou ceux qui sont éloignés
Pourquoi le texte spécifie-t-il explicitement : « ceux qui sont proches » et : « ceux qui sont éloignés » ? Voici ce qu’il a voulu dire : De ce qui caractérise « ceux qui sont proches » tu peux déduire ce qui caractérise « ceux qui sont éloignés ». De même qu’il n’y a rien de réel chez ceux qui sont proches, de même n’y a-t-il rien de réel chez ceux qui sont éloignés
D’une extrémité de la terre
Ce sont le soleil, la lune et l’armée céleste, car ils se déplacent d’une extrémité à l’autre de l’univers (Sifri)
13,9
toi, n'y accède pas, ne l'écoute point: bien plus, ferme ton œil à la pitié, ne l'épargne pas ni ne dissimule son crime,
Tu ne lui céderas (thovè) pas
Tu ne le chériras pas (taév) et tu ne l’aimeras pas. Car s’il est vrai qu’il est écrit : « tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Wayiqra 19, 18), celui-là tu ne l’aimeras pas
Et tu ne l’écouteras pas
En lui accordant le pardon lorsqu’il suppliera pour sa vie. Car s’il est vrai qu’il est écrit : « aider, tu l’aideras » (Chemoth 23, 5), celui-là tu ne l’aideras pas
Et ton œil ne s’apitoiera pas sur lui
Car s’il est vrai qu’il est écrit : « tu ne te tiendras pas sur le sang de ton prochain » (Wayiqra 19, 16), de celui-là tu n’auras pas pitié
Et tu n’auras pas pitié
Tu n’essaieras pas de le défendre
Et ne le cacheras pas
Si tu connais un élément à charge le concernant, tu n’as pas le droit de te taire
13,10
au contraire, tu devras le faire périr! Ta main le frappera la première pour qu'il meure, et la main de tout le peuple ensuite.
Car tuer
S’il sort innocenté du tribunal, ramène-le pour qu’il soit condamné. S’il sort condamné du tribunal, ne le ramène pas pour qu’il soit innocenté (Sifri)
Ta main sera la première contre lui
C’est une mitswa pour celui qui a été « incité » de le mettre à mort. S’il ne meurt pas de sa main, il mourra de celle des autres, comme il est écrit : « et la main de tout le peuple en dernier »
13,11
C'est à coups de pierres que tu le feras mourir, parce qu'il a tenté de t'éloigner de l'Éternel, ton Dieu, qui t'a délivré du pays d'Egypte, de la maison d'esclavage,
13,12
et afin que tout Israël l'apprenne et tremble, et que nul ne commette plus un tel méfait au milieu de vous.
13,13
Si tu entends dire, à l'égard de l'une des villes que l'Éternel, ton Dieu, te donnera pour y habiter,
Pour y habiter
A l’exclusion de Jérusalem, qui n’a pas été donnée pour servir à l’habitation (Sifri)
Lorsque tu entendras […] en disant
[Lorsque tu entendras des gens] parler ainsi : « Sont sortis des hommes de perversion, etc. 
13,14
que des hommes pervers, nés dans ton sein, ont égaré les habitants de cette ville, en disant: "Allons, servons des dieux étrangers," que vous ne connaissez point,
De perversion (beliya‘al)
Dépourvus de joug (beli ‘ol), qui ont rejeté le joug de Hachem
Des hommes
Et non des femmes (Sanhèdrin 111b)
Les habitants de leur ville
Et non les habitants d’une autre ville. D’où l’enseignement : Une ville n’est traitée comme ville « fourvoyée » que si ce sont des hommes qui l’ont fourvoyée et si ceux qui l’ont fourvoyée en sont originaires
13,15
tu feras une enquête, tu examineras, tu t'informeras avec soin; et si le fait est avéré, constant, si cette abomination a été commise au milieu de toi,
Tu rechercheras
D’où l’on apprend, en raison de la multiplicité des expressions, qu’il existe sept « enquêtes ». Ici en figurent trois : « recherche », « enquête » et « bien ». « Tu interrogeras » n’entre pas en ligne de compte, et c’est de lui qu’on a déduit l’interrogatoire sur les circonstances [du crime]. Il est écrit ailleurs : « Les juges rechercheront “bien” » (infra 19, 18), et ailleurs encore : « tu rechercheras “bien” » (infra 17, 4). La double présence du mot « bien » dans ces versets permet, en utilisant un mode de raisonnement faisant appel à deux textes qui contiennent le même mot (guezéra chawa), d’appliquer à l’un des cas ce qui est écrit à propos de l’autre (Sanhèdrin 40a)
13,16
tu passeras au fil de l'épée les habitants de cette ville, tu la voueras, avec tout ce qu'elle renferme, jusqu'au bétail, au tranchant du glaive;
Frapper
Si tu ne peux pas les faire mourir de la manière qui leur est applicable, fais-les mourir d’une autre manière (Baba Metsi‘a 31b)
13,17
tu en réuniras toutes les richesses au centre de la place, et tu livreras au feu la ville et tous ses biens, sans réserve, en l'honneur de l'Éternel, ton Dieu. Elle restera une ruine éternelle, elle ne sera plus rebâtie.
A Hachem
En l’honneur de Son Nom et à cause de Lui
13,18
Que rien de la cité maudite ne s'attache à ta main, afin que l'Éternel apaise sa colère, qu'il te prenne en pitié et te dédommage en te multipliant, comme il l'a juré à tes pères,
Afin que Hachem revienne de l’embrasement de Sa colère
Car aussi longtemps que l’idolâtrie est dans le monde, Sa colère s’embrase dans le monde
13,19
si tu écoutes la voix de l'Éternel, ton Dieu, en observant tous ses commandements que je te signifie en ce jour, en faisant ce qui est juste aux yeux de l'Éternel, ton Dieu.
14,1
"Vous êtes les enfants de l'Éternel, votre Dieu: ne vous tailladez point le corps, ne vous rasez pas entre les yeux, en l'honneur d'un mort.
Vous ne vous tailladerez pas
Vous ne pratiquerez pas dans votre chair des incisions et des entailles pour un mort, de la manière pratiquée par les Emoris. Car vous êtes les fils de Hachem, et vous devez être beaux, et non entaillés et tondus
Entre vos yeux
Près du front. Et étant donné qu’il est écrit ailleurs : « Ils ne feront pas de calvitie “à leur tête” » (Wayiqra 21, 5), c’est toute la tête qui est incluse dans l’interdiction « entre les yeux »
14,2
Car tu es un peuple consacré à l'Éternel, ton Dieu, et c'est toi qu'il a choisi, l'Éternel, pour lui être un peuple spécial entre tous les peuples répandus sur la terre.
Car tu es un peuple saint
Ta sainteté elle-même vient de tes ancêtres, et de plus « Hachem a choisi en toi… 
14,3
Tu ne mangeras d'aucune chose abominable.
Aucune abomination
Tout ce que j’ai déclaré « abominable » pour toi, comme le percement de l’oreille du premier né d’un animal afin qu’il puisse être égorgé [en tout lieu] du pays. C’est ce que j’ai déclaré abominable pour toi par le verset : « … il n’aura aucun défaut corporel » (Wayiqra 22, 21). Le texte vient enseigner ici que l’on ne peut l’égorger et le consommer à cause de ce défaut-là. La cuisson de la viande dans le lait, voilà une chose que j’ai déclarée abominable pour toi, et le texte interdit ici sa consommation (‘Houlin 114b)
14,4
Voici les animaux dont vous pouvez manger: le bœuf, le menu bétail, brebis et chèvre;
14,5
le cerf, le chevreuil, le daim, le bouquetin, l'antilope, l'aurochs, le zémer.
Le cerf et la gazelle et le daim
Cela nous apprend que les bêtes sauvages font partie des animaux [du verset 4], et cela nous apprend que les animaux sauvages impurs sont plus nombreux que les purs, car on détaille toujours ce qui est en minorité (‘Houlin 63b)
Et le bouquetin (waaqo)
Le mot aqo correspond à l’araméen ya‘ala : « ya‘ali des roches » (Iyov 39, 1). En français médiéval : « esteinboc »
Et le buffle (outheo)
Le mot theo correspond à l’araméen tourbala : le « taureau de la forêt », le mot bala voulant dire « forêt » en araméen (‘Houlin 80a)
14,6
Bref, tout quadrupède qui a le pied corné et divisé en deux ongles distincts, parmi les animaux ruminants, vous pouvez le manger.
Fendu
Fêlé, comme le rend le Targoum Onqelos
Sabot
En français : « plante »
Divisés
Divisés en deux ongles, car il existe des sabots fendus et non entièrement divisés en deux ongles, et cet animal est impur
Dans l’animal
Cela signifie : Consomme ce qui se trouve dans l’animal. D’où l’on a appris que la che‘hita de sa mère autorise la consommation du fœtus (‘Houlin 69a)
14,7
Mais vous ne mangerez point les suivants, qui ruminent ou qui ont l'ongle fendu seulement: le chameau, le lièvre, la gerboise (car ils ruminent, mais n'ont pas l'ongle fendu: ils seront impurs pour vous);
La chessou‘a
C’est une créature qui possède deux dos et deux colonnes vertébrales (Nidda 24a, ‘Houlin 60b). Nos maîtres ont enseigné : Pourquoi cette répétition [par rapport à Wayiqra 11] ? Pour les animaux, c’est à cause de la chessou‘a, et pour les oiseaux, c’est à cause du milan (verset 13), qui n’avaient pas été cités dans Wayiqra (ibid. 63b)
14,8
ni le porc, parce qu'il a l'ongle fendu, mais ne rumine point: il sera impur pour vous. Ne mangez point de leur chair, et ne touchez point à leur cadavre.
Et à leur charogne (nevéla) vous ne toucherez pas
Nos maîtres ont appliqué cette règle aux fêtes de pèlerinage, en ce que l’on doit se rendre pur lors de ces fêtes. J’aurais pu penser que cette interdiction dût s’appliquer toute l’année durant. Aussi est-il écrit : « Dis aux pontifes, fils de Aharon [tu leur diras : Qu’il ne se rende pas impur pour une âme dans ses peuples] » (Wayiqra 21, 1). Si l’impureté causée par le contact avec un mort, qui est grave, est interdite aux kohanim et non aux yisraélim, à plus forte raison en est-il de celle, légère, que cause le contact avec la nevéla d’un animal (voir Rachi Wayiqra 11, 8)
14,9
Voici ceux que vous mangerez, entre les animaux aquatiques: tout ce qui a des nageoires et des écailles, vous pouvez le manger;
14,10
mais tout ce qui est privé de nageoires et d'écailles, vous n'en mangerez point: c'est impur pour vous.
14,11
Tout oiseau pur, vous pouvez le manger.
Tout oiseau pur
Pour autoriser la consommation de l’oiseau « envoyé » par le metsora’ (Wayiqra 14, 7 et 53) (Qiddouchin 57a)
14,12
Voici ceux que vous ne mangerez point: l'aigle, l'orfraie, la valérie;
Et ceci est ce dont vous ne mangerez pas
Pour interdire l’oiseau égorgé [pour la purification du tsarou‘a] (Wayiqra 14, 5 et 50)
14,13
le faucon, le vautour, l'autour selon ses espèces;
Et le milan et le faucon
Le milan (raa) est le même oiseau que le faucon (aya) et l’autour (daya) (‘Houlin 63b). Et pourquoi s’appelle-t-il raa ? Parce qu’il a la vue (raa) très perçante. Et pourquoi l’interdire sous tous ses noms ? Pour ne pas procurer un argument à un contradicteur enclin à discuter au cas où l’un l’interdirait sous le nom de milan et où un autre, pour l’autoriser, dirait : « On l’appelle “vautour” ! » ou : « On l’appelle “autour”, et le texte n’a pas interdit celui-ci ! » En ce qui concerne les oiseaux, on a énuméré les oiseaux impurs pour t’apprendre que les oiseaux purs sont plus nombreux que ceux impurs. Aussi a-t-on énuméré les moins nombreux
14,14
tous les corbeaux selon leurs espèces;
14,15
l'autruche, l'hirondelle, la mouette, l'épervier selon ses espèces;
14,16
le hibou, la hulotte, le porphyrion;
La taupe
En français médiéval : « chalve soriz »
14,17
le pélican, le percnoptère, le cormoran;
Le cormoran (chalakh)
Qui « puise » (cholè) les poissons dans la mer (‘Houlin 63a)
14,18
la cigogne, le héron selon ses espèces, le tétras et la chauve-souris.
La huppe
C’est le coq de bruyère (Guitin 68b). En français médiéval : « herupe », à double aigrette
14,19
Tout insecte ailé sera impur pour vous, l'on n'en mangera point;
Vermine de la gent volante
Ce sont les insectes qui bourdonnent sur la terre. C’est ainsi que sont appelés « vermine » les mouches, les frelons et les sauterelles [appartenant aux espèces] impures
14,20
mais tout volatile pur, vous pourrez le manger.
Tout volatile pur vous mangerez
Et non celui qui est impur. Le texte stipule ici un commandement actif associé à une interdiction. Il en est de même de l’animal : « Celui-là vous le mangerez » (verset 6), et non l’animal impur. Une interdiction, lorsqu’elle est déduite d’un commandement actif, est considérée comme étant elle-même un commandement actif, de telle sorte que sa transgression constitue à la fois celle d’un commandement actif et celle d’une interdiction
14,21
Vous ne mangerez d'aucune bête morte: donne-la à manger à l'étranger admis dans tes murs, ou vends-la à ceux du dehors, car tu es un peuple consacré à l'Éternel, ton Dieu. Tu ne feras pas cuire un chevreau dans le lait de sa mère.
A l’étranger qui est dans tes portes
L’étranger admis à domicile, celui qui s’est engagé à ne pas se livrer à l’idolâtrie, mais qui mange des viandes interdites (‘Avoda zara 64b, voir Rachi Wayiqra 25, 35)
Car tu es un peuple saint pour Hachem
Sanctifie-toi par ce qui t’est permis. Des choses autorisées que d’autres ont pour habitude de s’interdire, ne te les permets pas en leur présence (Pessa‘him 50b)
Tu ne feras pas cuire un chevreau
L’interdiction figure à trois reprises dans la Tora : pour exclure les animaux sauvages, les oiseaux et les animaux [domestiques] impurs (‘Houlin 113a)
14,22
Tu prélèveras la dîme du produit de ta semence, de ce qui vient annuellement sur ton champ,
Décimer
Quel rapport relie-t-il ce sujet avec le sujet précédent ? Le Saint béni soit-Il a dit à Israël : « Ne m’obligez pas à “faire cuire les chevreaux” de la récolte quand ils sont encore dans “le sein de leurs mères”. Car si vous ne prélevez pas correctement les ma‘asroth, à proximité de l’époque du mûrissement, je susciterai la venue d’un vent d’est qui les desséchera, comme il est écrit : “[semblable au blé] flétri avant de monter en épi.” » (II Melakhim 19, 26) (Midrach Tan‘houma). Et il en est de même des bikourim
Année après année
D’où l’on déduit que l’on ne prélève pas le ma‘assér de la nouvelle récolte sur la précédente (Sifri)
14,23
et tu la consommeras en présence de l'Éternel, ton Dieu, dans la localité qu'il aura choisie comme résidence de son nom; savoir, la dîme de ton blé, de ton vin et de ton huile, les premiers-nés de ton gros et de ton menu bétail, afin que tu t'accoutumes à honorer continuellement l'Éternel, ton Dieu.
Tu mangeras…
Il s’agit ici du ma‘assér chéni, car nous avons déjà appris qu’il faut donner le ma‘assér richon aux lewiim, comme il est écrit : « Lorsque vous prendrez des fils d’Israël… » (Bamidbar 18, 26). Et Il leur a donné l’autorisation de la manger en tout lieu, comme il est écrit : « Vous le mangerez en tout endroit » (ibid. verset 31). Il s’agit donc ici nécessairement d’un autre ma‘assér
14,24
Si le chemin, trop long pour toi, ne te permet pas ce transport, éloigné que tu seras du lieu choisi par l'Éternel, ton Dieu, comme siège de son nom, et parce que l'Éternel, ton Dieu, t'aura comblé de biens,
Parce qu’Il te bénira
En rendant la récolte trop abondante pour pouvoir être transportée
14,25
tu les convertiras en argent, tu réuniras la somme dans ta main, et tu iras à l'endroit que l'Éternel, ton Dieu, aura choisi.
14,26
Tu emploieras cet argent à telle chose qu'il te plaira, gros ou menu bétail, vins ou liqueurs fortes, enfin ce que ton goût réclamera, et tu le consommeras là, en présence de l'Éternel, ton Dieu, et tu te réjouiras avec ta famille.
Pour tout ce que désirera ton âme
Règle générale (‘Erouvin 27b)
Pour du gros bétail et du menu bétail
Détail
Et pour tout ce que te demandera ton âme
Retour à la règle générale (voir Rachi Wayiqra 14, 9). De même que les exemples cités ont ceci de spécifique qu’ils sont des produits du sol et qu’ils sont comestibles, [de même la dernière règle générale, [à savoir : « et pour tout ce que te demandera ton âme »], doit-elle également comporter cette spécificité] (Baba Qama 63a)
14,27
Et le Lévite qui sera dans tes murs, tu ne le négligeras pas, car il n'a point de part ni de patrimoine comme toi.
Et le Léwi […] tu ne le délaisseras pas
En t’abstenant de lui donner le ma‘assér richon
Car il n’a pas de part ni d’héritage avec toi
Hormis lèqet, chikh‘ha, péa et ce qui est hefqèr (« sans maître »), dans lesquels il a une part comme toi et qui ne sont pas assujettis au ma‘assér (Baba Qama 74b)
14,28
A la fin de la troisième année, tu extrairas la dîme entière de tes produits de cette année et tu la déposeras dans tes murs,
A partir de la fin de trois années
Cela vient t’apprendre que si l’on n’a pas donné ses ma‘asroth de la première et de la deuxième année du cycle chabbatique, on devra, la troisième année, les enlever de sa maison
14,29
pour que le Lévite, qui n'a point de part ni de patrimoine comme toi, l'étranger, l'orphelin et la veuve qui sont dans tes murs, puissent venir manger et se rassasier; de la sorte, l'Éternel, ton Dieu, te bénira en toute œuvre que ta main pourra faire.
Viendra le Léwi
Pour prendre le ma‘assér richon
Et l’étranger et l’orphelin
Ils prendront le ma‘assér chéni, qui revient au pauvre cette année-là, et tu ne la consommeras pas à Jérusalem comme tu étais tenu de le faire avec le ma‘assér chéni les deux [premières] années
Ils mangeront
Donne-leur de quoi les rassasier. D’où l’on a déduit que l’on ne doit pas donner au pauvre moins [qu’un demi-kav de blé ou moins qu’un kav d’orge] (‘Erouvin 29a). Quant à toi, tu iras à Jérusalem avec le [second] ma‘assér de la première et de la deuxième année que tu avais tardé à apporter et tu déclareras : « J’ai extirpé ce qui est saint de la maison » (infra 26, 13), ainsi que cela sera expliqué dans le paragraphe correspondant
15,1
"Tous les sept ans, tu pratiqueras la loi de rémission.
A partir de la fin de sept années
J’aurais pu penser [que cette durée dût s’appliquer] à tout prêt. Aussi est-il écrit : « La septième année approche, l’année de relâche… » (verset 9). Et si tu devais considérer que les sept années s’appliquent à tout prêt, à chaque prêt pris individuellement, comment pourrait-on parler d’une « approche » ? D’où l’on déduit qu’il s’agit des sept ans du cycle chabbatique
15,2
Voici le sens de cette rémission: tout créancier doit faire remise de sa créance, de ce qu'il aura prêté à son prochain. Il n'exercera pas de contrainte contre son prochain et son frère, dès qu'on a proclamé la rémission en l'honneur du Seigneur.
Relâchera tout maître la créance de sa main
Relâchera la main de tout créancier
15,3
L'étranger, tu peux le contraindre; mais ce que ton frère aura à toi, que ta main l'abandonne.
Le païen
C’est un commandement actif
15,4
A la vérité, il ne doit pas y avoir d'indigent chez toi; car l'Éternel veut te bénir dans ce pays que lui, ton Dieu, te destine comme héritage pour le posséder.
Toutefois
Il est pourtant écrit plus loin : « Car ne cessera pas l’indigent du milieu du pays… » (verset 11) ! Cela veut dire que, lorsque vous exécutez la volonté de Hachem, il y a des pauvres chez les autres et pas chez vous, et que, lorsque vous n’exécutez pas la volonté de Hachem, il y a des pauvres chez vous
Indigent (évyon)
Le mot èvyon exprime une plus forte idée de pauvreté que ‘ani. Le èvyon est celui qui s’épuise à chaque chose
15,5
Mais c'est quand tu obéiras à la voix de l'Éternel, ton Dieu, en observant avec soin toute cette loi que je t'impose en ce jour.
Seulement
C’est alors qu’il « n’y aura pas d’indigent en toi »
Ecouter
Si l’on écoute un peu [spontanément, Il] nous fera écouter beaucoup
15,6
Car alors l'Éternel, ton Dieu, te bénira comme il te l'a promis; et tu pourras prêter à bien des peuples, mais tu n'emprunteras point; et tu domineras sur bien des peuples, mais on ne dominera pas sur toi.
Comme Il t’a parlé
Et où l’a-t-Il dit ? Dans : « Béni seras-tu dans la ville, et béni seras-tu dans le champ » (infra 28, 3)
Tu prêteras (weha‘vateta)
Tout verbe traduisant l’idée de prêt, lorsqu’il s’applique au prêteur, est rendu par le hif‘il, comme : « tu prêteras (wehilwitha) à beaucoup de nations » (infra 28, 12), « tu prêteras (weha‘vateta) ». Tandis que si le texte avait employé le verbe au qal, il se serait appliqué à l’emprunteur, comme welawitha (« tu emprunteras »)
Tu prêteras à des nations
J’aurais pu penser que tu dusses emprunter à l’un pour prêter à l’autre. Aussi est-il écrit : « et toi tu n’emprunteras pas »
Et tu domineras dans de nombreuses nations
J’aurais pu penser que d’autres nations pussent te dominer. Aussi est-il écrit : « et toi elles ne domineront pas »
15,7
Que s'il y a chez toi un indigent, d'entre tes frères, dans l'une de tes villes, au pays que l'Éternel, ton Dieu, te destine, tu n'endurciras point ton cœur, ni ne fermeras ta main à ton frère nécessiteux.
Quand il y aura en toi un indigent
Priorité au plus pauvre
De chez l’un de tes frères
Ton frère consanguin a priorité sur ton frère utérin
Tes portes
Les pauvres de ta ville ont priorité sur les pauvres d’une autre ville
Tu n’endurciras pas
Il est des gens qui se demandent douloureusement s’ils donneront ou s’ils ne donneront pas. Aussi est-il écrit : « tu n’endurciras pas ». Il est des gens qui étendent la main puis la referment. Aussi est-il écrit : « et tu ne fermeras pas »
A ton frère l’indigent
Si tu ne lui donnes pas, un jour viendra où tu seras son frère en pauvreté
15,8
Ouvre-lui plutôt ta main! Prête-lui en raison de ses besoins, de ce qui peut lui manquer!
Ouvrir
Même à maintes reprises (Baba Metsi‘a 31b)
Car (ki) ouvrir
Le mot ki s’emploie ici dans le sens de « mais » (voir Roch hachana 3a)
Et prêter
S’il ne veut pas d’un don, donne-lui à titre de prêt
Assez pour son manque
Tu n’as pas l’obligation de l’enrichir
Qui lui manquera
Même un cheval pour lui servir de monture et un serviteur pour courir devant lui (Ketouvoth 67b)
A lui
Une femme, ainsi qu’il est écrit : « Je “lui” ferai une aide face à lui » (Beréchith 2, 18) (ibid.)
15,9
Garde-toi de nourrir une pensée perverse en ton cœur, en te disant "que la septième année, l'année de rémission approche," et, sans pitié pour ton frère nécessiteux, de lui refuser ton secours: il se plaindrait de toi au Seigneur, et tu te rendrais coupable d'un péché,
Il appellera sur toi
J’aurais pu penser qu’il fût tenu d’appeler. Aussi est-il écrit : « … et il n’appellera pas sur toi » (infra 24, 15)
Il y aura en toi un péché
De toute façon, et même s’il n’appelle pas. Dans ce cas, pourquoi est-il écrit : « il appellera sur toi » ? Je suis plus empressé à punir à la demande de celui qui appelle que pour celui qui n’appelle pas
15,10
Non! Il faut lui donner, et lui donner sans que ton cœur le regrette; car, pour prix de cette conduite, l'Éternel, ton Dieu, te bénira dans ton labeur et dans toutes les entreprises de ta main.
Donner
Cent fois si nécessaire
A lui
En tête-à-tête
Car à cause de cette chose-là
Même si tu n’as fait que promettre de donner, tu recueilleras la récompense de cette promesse en même temps que celle attachée à l’acte
15,11
Or, il y aura toujours des nécessiteux dans le pays; c'est pourquoi, je te fais cette recommandation: ouvre, ouvre ta main à ton frère, au pauvre, au nécessiteux qui sera dans ton pays!
C’est pourquoi
A cause de cela
En disant
C’est pour ton bien que je t’en donne le conseil
A ton frère
A quel frère ? Au pauvre
A ton pauvre (la‘aniyèkha)
Le mot la‘aniyèkha ne s’écrit qu’avec un seul yod. Il est donc au singulier. Tandis qu’avec deux yod il serait au pluriel
15,12
Si un Hébreu, ton frère, ou une femme hébreue te sont vendus, ils te serviront six ans; et la septième année tu les renverras, libres, de chez toi.
Lorsque te sera vendu
Par autrui. C’est le tribunal qui l’a vendu à cause d’un vol qu’il a commis. Il a pourtant déjà été stipulé : « Lorsque tu achèteras un serviteur hébreu… » (Chemoth 21, 2), et il s’agit là-bas aussi de celui qui a été vendu par le tribunal ! Le texte, en fait, introduit ici deux dispositions nouvelles. La première est qu’il parle ici de la servante hébreue, et elle aussi sortira après la sixième année. Et il ne peut pas s’agir d’une vente par le tribunal, car une femme ne peut pas être vendue à cause d’un vol qu’elle aura commis. Il est en effet écrit : « Il sera vendu pour son vol [à lui] » (Chemoth 22, 2), et non : « pour son vol [à elle] » (Sota 23b). Il s’agit donc d’une fillette mineure vendue par son père, et on nous apprend ici qu’elle sortira si les six années s’achèvent avant qu’elle présente des signes de puberté. La seconde disposition nouvelle est celle des « gratifications » (verset 14)
15,13
Or, en libérant cet esclave de ton service, ne le renvoie pas les mains vides,
15,14
mais donne-lui des présents, de ton menu bétail, de ta grange et de ton pressoir; ce dont l'Éternel, ton Dieu, t'aura favorisé, fais-lui-en part.
Gratifier (ha‘néq)
La racine ‘nq (‘ayin, noun, qof) traduit l’idée d’une parure portée en hauteur et bien visible, quelque chose qui exprime de manière ostensible que l’on s’est bien conduit [avec celui qui la porte]. Certains l’expliquent comme désignant un fardeau porté au cou [du serviteur]
De ton menu bétail
J’aurais pu penser [que l’on ne dût donner] que de ceux-là. Aussi est-il écrit : « de ce en quoi Il te bénira » – de tout ce dont ton Créateur t’aura béni. Dans ce cas, pourquoi cette énumération ? De même que ceux-là ont ceci de spécifique qu’ils sont aptes à se reproduire, de même [englobera-t-on] tout ce qui est apte à se reproduire, [donc] hormis les mules. Et nos maîtres ont déduit, dans le traité Qiddouchin (17a), en utilisant un mode de raisonnement faisant appel à deux textes qui contiennent le même mot (guezéra chawa), la quantité qu’il faut donner de chaque espèce
15,15
Souviens-toi que tu fus esclave au pays d'Egypte, et que l'Éternel, ton Dieu, t'a affranchi; c'est pourquoi je te prescris aujourd'hui ce commandement.
Tu te souviendras que tu as été serviteur
Et je t’ai gratifié, et ce à deux reprises : avec les dépouilles de l’Egypte et avec les dépouilles de la mer. Toi aussi, sois gratifiant et à plusieurs reprises
15,16
Il peut arriver que l'esclave te dise: "Je ne veux point te quitter," attaché qu'il sera à toi et à ta maison, parce qu'il aura été heureux chez toi;
15,17
alors tu prendras un poinçon, tu en perceras son oreille contre la porte, et il restera ton esclave indéfiniment. Tu en useras de même pour ta servante.
Serviteur pour toujours
J’aurais pu penser qu’il fallût prendre ces mots au sens littéral. Aussi est-il écrit : « Vous retournerez chaque homme vers sa possession et retournerez chaque homme vers sa famille » (Wayiqra 25, 10). D’où l’on déduit que ce : « pour toujours » correspond au jubilé (Mekhilta)
Et aussi à ta servante feras-tu ainsi
Tu la gratifieras. J’aurais pu penser que le texte l’eût assimilée [à l’homme] en ce qui concerne le percement [de l’oreille]. Aussi est-il écrit : « Et si dire, le “serviteur” dit… » (Chemoth 21, 5) – on peut percer l’oreille du serviteur, pas celle de la servante
15,18
Qu'il ne t'en coûte pas trop de le renvoyer libre de chez toi, car il a gagné deux fois le salaire d'un mercenaire en te servant six années: et l'Éternel, ton Dieu, te bénira dans toutes tes entreprises.
Car au double de l’engagement d’un homme à gages
D’où l’on a déduit que le serviteur hébreu sert [son maître] tant de jour que de nuit, ce qui est le « double » du service des ouvriers journaliers. Et quel est son travail de nuit ? Son maître peut lui déférer une servante cananéenne dont les enfants appartiendront à celui-ci (Qiddouchin 15a)
15,19
Tous les premiers-nés mâles de ton gros et de ton menu bétail, tu les consacreras à l'Éternel, ton Dieu: tu ne feras point travailler le premier-né de ton gros bétail, et tu ne tondras point le premier-né de tes brebis.
Tout premier-né […] tu le sanctifieras
Alors qu’il est écrit ailleurs : « Toutefois, le premier-né qui sera destiné comme prémices à Hachem […] un homme ne le sanctifiera pas » (Wayiqra 27, 26). Comment cela se peut-il ? On ne le sanctifiera pas pour un autre sacrifice. Et l’on nous apprend ici que c’est une mitswa de dire : « Te voici sanctifié par droit d’aînesse » (‘Arkhin 29a). Autre explication : Il n’est pas possible de dire : « tu le sanctifieras », alors qu’il est écrit ailleurs : « il ne le sanctifiera pas », et il n’est pas possible de dire : « il ne le sanctifiera pas », alors qu’il est écrit ailleurs : « tu le sanctifieras ». Comment cela se peut-il ? Tu peux en sanctifier la contre-valeur et en donner la jouissance au trésor du Temple (ibid.)
Tu ne travailleras pas avec le premier-né de ton bovin
Nos maîtres ont enseigné que l’inverse est également interdit (Bekhoroth 25a). Mais le texte parle des situations les plus fréquentes
15,20
C'est devant l'Éternel, ton Dieu, à l'endroit qu'il aura choisi, que tu le consommeras annuellement, toi et ta famille.
Tu le mangeras devant Hachem
C’est au kohen qu’il s’adresse, car nous avons déjà trouvé que [l’animal] premier-né fait partie des dons faits aux kohanim, qu’il soit sain ou porteur de défauts corporels (Bekhoroth 28a), comme il est écrit : « Et leur chair sera à toi… » (Bamidbar 18, 18)
D’année en année
D’où l’on apprend que l’on ne diffère pas [sa consommation] de plus d’un an (Bekhoroth 28a). J’aurais pu penser que passé l’année il fût inapte [à être sacrifié]. Mais on l’a déjà comparé au ma‘assér chéni, comme il est écrit : « Tu mangeras devant Hachem, ton Eloqim […] le ma‘assér de ta céréale, de ton moût et de ton huile, et les premiers-nés de ton gros bétail et de ton menu bétail » (supra 14, 23). De même que le ma‘assér chéni ne devient pas inapte d’une année à l’autre, de même [l’animal] premier-né ne devient-il pas inapte, sauf que c’est une mitswa [de l’offrir] dans sa première année
D’année en année
Si on l’a égorgé à la fin de sa [première] année, on peut le consommer le même jour et le premier jour de l’année suivante. Cela nous apprend qu’on peut le consommer pendant deux jours et la nuit [qui les sépare] (Bekhoroth 27b)
15,21
Que s'il a un défaut, s'il est boiteux ou aveugle, ou s'il a quelque autre vice grave, ne l'immole pas à l'Éternel, ton Dieu.
Un défaut
Règle générale
Boiteux ou aveugle
Détail
Tout mauvais défaut
Retour à la règle générale (voir Rachi Wayiqra 14, 9). De même que [les défauts corporels énumérés] comme « détail » sont visibles et irréversibles, de même tout défaut [inclus dans la règle générale] doit-il être visible et irréversible (Bekhoroth 37a)
15,22
Consomme-le dans tes villes, l'homme pur et l'impur le mangeront indistinctement comme le chevreuil et le cerf.
15,23
Seulement, tu n'en mangeras point le sang, tu le répandras à terre comme de l'eau.
Seulement tu ne mangeras pas son sang
Afin que tu ne dises pas : Du moment que cet animal devenu entièrement permis provient d’une catégorie soumise à des interdictions – [puisque bien que] sacré on l’égorge hors [de l’enceinte du Temple] sans rachat et qu’on le consomme – et donc que tu puisses penser que son sang soit également permis. Aussi est-il écrit : « Seulement tu ne mangeras pas son sang. 
16,1
"Prends garde au mois de la germination, pour célébrer la Pâque en l'honneur de l'Éternel, ton Dieu; car c'est dans le mois de la germination que l'Éternel, ton Dieu, t'a fait sortir d'Egypte, la nuit.
Garde le mois du aviv
Avant même sa venue, veille à ce qu’il soit apte à être au aviv (« printemps »), pour pouvoir y offrir la min‘ha du ‘omèr (Sanhèdrin 11b). Et s’il ne l’est pas, ajoute un mois à l’année 
D’Egypte
Mais ne sont-ils pas sortis de jour, comme il est écrit : « A partir du lendemain du Pessa‘h, les fils d’Israël sortirent » (Bamidbar 33, 3) ? ! En fait, c’est de nuit que Pharaon leur a donné l’autorisation de sortir, comme il est écrit : « Il appela Mochè et Aharon “la nuit”… » (Chemoth 12, 31)
16,2
Tu immoleras le sacrifice pascal à l'Éternel, ton Dieu, parmi le menu et le gros bétail, dans le lieu que l'Éternel aura choisi pour y fixer son nom.
Tu sacrifieras Pessa‘h à Hachem
Comme il est écrit : « Vous prendrez provenant des brebis et des chèvres » (Chemoth 12, 5)
Et du gros bétail
Tu en sacrifieras en tant que ‘haguiga. Si l’on s’est compté pour [la consommation de] l’agneau pascal en un groupe trop nombreux, on y joint la ‘haguiga (Pessa‘him 69b), de manière à ce qu’il soit consommé en état de satiété (Pessa‘him 70a). Et nos maîtres ont encore déduit maints enseignements de ce verset-ci
16,3
Tu ne dois pas manger de pain levé avec ce sacrifice; durant sept jours tu mangeras en outre des azymes, pain de misère, car c'est avec précipitation que tu as quitté le pays d'Egypte, et il faut que tu te souviennes, tous les jours de ta vie, du jour où tu as quitté le pays d'Egypte.
Pain de pauvreté
Un pain qui rappelle la pauvreté qui leur a été imposée en Egypte
Car dans la hâte tu es sorti
Et la pâte n’a pas eu le temps de lever, et c’est cela qui te le rappellera. Quant à la hâte, elle n’était pas de ton fait, mais du fait des Egyptiens, ainsi qu’il est écrit : « Les Egyptiens se forcèrent sur le peuple… » (Chemoth 12, 33)
Afin que tu te souviennes
Par la consommation de l’agneau pascal et de la matsa, « du jour de ta sortie »
16,4
Qu'on ne voie pas de levain chez toi, dans tout ton territoire, durant sept jours, et qu'il ne reste rien, le lendemain, de la chair du sacrifice offert le soir du premier jour.
Et rien ne passera la nuit provenant de la viande que tu sacrifieras le soir
C’est une interdiction, pendant le « Pessa‘h des générations » [suivantes], de laisser subsister [jusqu’au matin quelque chose de l’agneau pascal]. Car cette interdiction n’avait été édictée [jusqu’ici] que pour le « Pessa‘h d’Egypte » (Chemoth 12, 10). Le premier jour dont il est question ici est le 14 nissan, le même que dans : « … Seulement le premier jour vous ferez cesser le levain de vos maisons » (Chemoth 12, 15). Et comme le texte cesse de parler de l’agneau pascal et commence à énumérer les règles applicables aux sept jours, comme : « Sept jours tu mangeras sur lui des matsoth » (verset 3), ou : « Et il ne se verra pas chez toi de levain, dans toute ta limite », il était nécessaire qu’elle explicitât le sacrifice auquel s’applique cette interdiction. Car s’il avait été écrit : « Et rien ne passera la nuit provenant de la viande que tu sacrifieras le soir jusqu’au matin » [sans l’ajout : « au premier jour »], j’aurais dit que l’interdiction s’applique à tous les chelamim égorgés pendant l’ensemble des sept jours, et qu’on ne peut les consommer que le jour [même] et la nuit [suivante]. Voilà pourquoi il est écrit : « le soir, au premier jour ». Autre explication : Le texte parle ici de la ‘haguiga du 14 nissan et il nous apprend qu’elle peut être consommée pendant deux jours. Le « premier jour » dont il est question ici est le premier jour de la fête, et voici ce que veut dire le verset : La viande de la ‘haguiga que tu auras sacrifiée la veille ne passera pas la nuit du premier jour de la fête jusqu’au matin du deuxième, mais on la consommera le 14 et le 15. Voilà ce qui est enseigné dans le traité Pessa‘him (71b)
16,5
Tu ne pourras pas immoler l'agneau pascal dans quelqu'une des villes que l'Éternel, ton Dieu, te donnera;
16,6
mais uniquement au lieu que l'Éternel, ton Dieu, aura choisi pour y faire résider son nom, là tu immoleras le sacrifice pascal sur le soir, au coucher du soleil, à l'anniversaire de ta sortie d'Egypte.
Au soir
Ce sont trois moments distincts : Le soir, à partir de la sixième heure et au-delà, sacrifie-le ! Au soleil couchant, consomme-le ! Et au temps où tu es sorti, incinère-le, c’est-à-dire que ses restes deviennent nothar et qu’il faut les amener à la maison d’incinération (Sifri)
16,7
Tu le feras cuire et le mangeras en ce même lieu que l'Éternel, ton Dieu, aura choisi; puis, le lendemain, tu pourras t'en retourner dans tes demeures.
Tu feras cuire
C’est-à-dire « rôti au feu » (Chemoth 12, 9), car cela aussi s’appelle une « cuisson »
Tu t’en retourneras au matin
Le matin du deuxième jour. Cela nous apprend que l’on devait passer [à Jérusalem] la nuit qui suivait la fête (Sifri)
16,8
Six jours tu mangeras des azymes; de plus, le septième jour, il y aura une fête solennelle pour l'Éternel, ton Dieu: tu ne feras aucun travail.
Six jours tu mangeras des matsoth
Alors qu’il est écrit ailleurs : « “Sept jours” vous mangerez des matsoth » (Chemoth 12, 15). Sept jours : de la vieille [farine], et six de la nouvelle. Autre explication : Cela nous apprend qu’il n’est pas obligatoire de consommer de la matsa le septième jour (Pessa‘him 120a). Et de là tu apprends la même règle pour les six [derniers] jours. Car [la règle applicable au] septième jour est incluse dans un principe général, puis elle est écartée de ce principe général, cela en vue d’un enseignement : à savoir que la consommation de la matsa n’est pas, ce jour-là, obligatoire mais facultative. Cette mise à l’écart est destinée à nous apprendre quelque chose non seulement sur cette règle, mais aussi sur le principe général : De même que cette consommation est une faculté le septième jour, de même l’est-elle pendant tous les jours, sauf la première nuit où le texte l’érige en obligation, comme il est écrit : « Au soir, vous mangerez des matsoth » (Chemoth 12, 18 – voir Rachi Chemoth 12, 15)
Une fermeture (‘atsèrèth) pour Hachem
« Ferme-toi » au travail ! (‘Haguiga 18a). Autre explication : Une réunion pour manger et pour boire, dans le sens de : « Nous te retiendrons (nè‘ètsra), de grâce, et te préparerons un chevreau » (Choftim 13,15)
16,9
Puis tu compteras sept semaines: aussitôt qu'on mettra la faucille aux blés, tu commenceras à compter ces sept semaines.
Depuis le commencement de la faucille dans la moisson
Dès la moisson du ‘omèr qui constitue la primeur de la moisson (Mena‘hoth 66a)
16,10
Et tu célébreras une fête des semaines en l'honneur de l'Éternel, ton Dieu, à proportion des dons que ta main pourra offrir, selon que l'Éternel, ton Dieu, t'aura béni.
Tribut d’offrande volontaire (nedava) de ta main
Suivant la nedava de ta main, le tout à la mesure de la bénédiction [octroyée par Hachem]. Apporte des chelamim de joie et convie des hôtes à [les] consommer
16,11
Et tu te réjouiras en présence de l'Éternel, ton Dieu, toi, ton fils et ta fille, ton esclave et ta servante, le Lévite qui sera dans tes murs, l'étranger, l'orphelin et la veuve qui seront près de toi, dans l'enceinte que l'Éternel, ton Dieu, aura choisie pour y faire habiter son nom.
Et le Léwi […] et l’étranger et l’orphelin et la veuve
Quatre des miens face à quatre des tiens : ton fils, ta fille, ton serviteur, ta servante. Si tu réjouis les miens, je réjouirai les tiens
16,12
Tu te souviendras que tu as été esclave en Egypte, et tu observeras fidèlement ces lois.
Tu te souviendras que tu as été serviteur…
C’est à cette condition-là que je t’ai racheté : que tu gardes et que tu fasses ces statuts-là
16,13
Tu célébreras la fête des tentes durant sept jours, quand tu rentreras les produits de ton aire et de ton pressoir;
Quand tu recueilleras
A l’époque de la récolte, lorsque tu introduis chez toi les fruits de l’été (Roch hachana 13a). Autre explication : « Quand tu recueilleras ce qui vient de ton aire et ce qui vient de ton pressoir » – Cela nous enseigne que l’on recouvre la souka avec les déchets de l’aire et du pressoir (Souka 12a)
16,14
et tu te réjouiras pendant la fête et, avec toi, ton fils et ta fille, ton serviteur et ta servante, et le Lévite, l'étranger, l'orphelin, la veuve qui seront dans tes murs.
16,15
Tu fêteras ces sept jours en l'honneur de l'Éternel, ton Dieu, dans le lieu qu'il aura choisi; car il te bénira, l'Éternel, ton Dieu, dans tous tes revenus, dans tout le labeur de tes mains, et tu pourras t'abandonner à la joie.
Et tu seras seulement joyeux
Selon le sens littéral, ce n’est pas un ordre mais une promesse. Et d’après l’interprétation talmudique, cela nous enseigne que l’on doit inclure dans la joie la nuit du dernier jour de fête (Pessa‘him 71a, Souka 48a)
16,16
Trois fois l'an, tous tes mâles paraîtront en présence du Seigneur, ton Dieu, dans l'endroit qu'il aura élu: à la fête des azymes, à celle des semaines et à celle des tentes. Et que l'on ne paraisse pas les mains vides en présence du Seigneur.
Et on ne paraîtra pas devant Hachem à vide
Mais on apporte les ‘oloth de pèlerinage et les chelamim de ‘haguiga
16,17
Mais chacun donnera selon ses moyens, selon les bénédictions que l'Éternel, ton Dieu, t'aura dispensées.
Chaque homme selon ce que donne sa main
Celui qui possède beaucoup de victuailles et beaucoup de moyens apportera beaucoup de ‘oloth et beaucoup de chelamim (‘Haguiga 8b)