La Parachat Térouma parle de la construction du Michkan, le sanctuaire de résidence de la Présence divine. Rachi le décrit comme une « Maison de Sainteté ». Nous savons qu’au Michkan, et plus tard, dans le Beth Hamikdach, les Juifs venaient offrir des Korbanot et qu’il s’agissait de lieux saints où les prières étaient plus puissantes et plus facilement exaucées.

Dans le livre de Chmouel, on nous raconte l’histoire de ’Hanna qui était stérile, mais qui ne se contenta pas de prier chez elle ; elle se rendit à Chilo, au Michkan, pour prier et sa requête fut exaucée. Les commentateurs précisent que cette idée ne se limite pas au Michkan, mais elle s’applique à tout lieu saint. La Torah nous raconte, dans la Parachat Vayétsé, que Ya'acov Avinou a prié à l’endroit destiné au Beth Hamikdach et Rachi précise que c’est le lieu où Avraham et Its’hak avaient prié. Au départ, Ya'acov passa devant cet endroit sans s’arrêter pour prier, puis il se rendit compte de la sainteté de ce lieu et déclara qu’il devait également y prier.

Rav Yossef Buxbaum raconta l'histoire du Rav Dov Berish Weidenfeld (Admour de Tchebyn), connu comme l'un des plus grands Tsadikim de son époque. Il vivait dans le quartier de Chaaré ’Hessed à Jérusalem. Rav Buxbaum se promenait un jour à Jérusalem, lorsqu'il passa devant la maison du Rav Weidenfeld et vit un spectacle surprenant ; Rav Arié Lévin pleurait et priait devant la maison du Rav. Rav Buxbaum lui demanda pourquoi il pleurait, s’il avait mal quelque part… Rav Arié Lévin lui répondit que l’un de ses enfants était malade, et qu’il aurait bien voulu pouvoir se rendre au Kotel Hama'aravi (Mur des Lamentations), mais comme c’était impossible (on était alors avant la libération de 1967), il devait prier dans un autre lieu saint. Il choisit donc la maison du Rav de Tchebyn comme lieu saint !

C’est le message véhiculé par Rachi : « Tu Me feras un Sanctuaire – une maison de sainteté ! » Si l’on prend en compte la Torah étudiée dans la maison du Rav de Tchebyn, ainsi que le ’Hessed qui y était effectué, la piété de cet homme, etc., on peut affirmer que sa maison était un Makom Kadoch ! Et s’il est impossible de se rendre au Mur des Lamentations, il faut s’efforcer d’aller prier dans un autre endroit saint.

Rav Issakhar Frand poursuit l'histoire. Rav Buxbaum fut tellement impressionné par la réponse de Rav Arié Levin, qu'il alla raconter l’anecdote à Rav Chlomo Zalman Auerbach (qui vivait également dans le quartier de Chaaré ’Hessed). Celui-ci ne fut pas étonné : « Moi aussi, à chaque fois que je passe devant cette sainte maison, je lève les yeux vers le ciel et je prie ! »

Rajoutons un autre aspect à cet enseignement. Si le fait de prier dans (ou devant) le domicile d’un Tsadik (ou dans un endroit où un Tsadik a précédemment prié), le fait de prier à proximité d’un Tsadik a également un grand effet ! Le ’Hatam Sofer prouve ceci à partir de l’épisode de la prière de ’Hanna qui ne se contenta pas de prier au Michkan, mais qui se positionna à proximité du Cohen Gadol – Eli. Nous en déduisons la valeur de la prière à côté d’un Tsadik. On raconte que Rav El’hanan Wasserman voyageait jusqu’à Radin pendant les Jours Redoutables pour être à proximité de son Rav, le saint ’Hafets ’Haïm. Et après le décès de ce dernier, il allait jusqu’à la grande Yéchiva de Kelm pour les prières des Jours Redoutables. Outre le bienfait spirituel de la prière près d’un Tsadik, le simple fait de voir un Tsadik prier peut nous aider à améliorer notre propre prière. Nous pouvons également prendre l’exemple des nombreux ’Hassidim qui rejoignent leur Rabbi durant les jours saints.
Ce développement nous montre donc la puissance de la prière dans des lieux saints et à proximité de personnes saintes. Puissions-nous mériter d’élever nos prières et notre niveau spirituel.