Voici un verset de la parachat Emor (21, 9) : וּבַת אִישׁ כֹּהֵן כִּי תֵחֵל לִזְנוֹת אֶת אָבִיהָ הִיא מְחַלֶּלֶת בָּאֵשׁ תִּשָּׂרֵף (Et si la fille d’un Cohen se déshonore, c’est son père qu’elle déshonore : elle périra par le feu).

Le Talmud s’interroge : Que veut-on nous enseigner par les mots « c’est son père qu’elle déshonore ? » Il répond : Si ce Cohen était saint, il sera considéré comme profane. Si auparavant, on avait du respect pour lui, on dira maintenant : « Maudit soit celui qui a engendré cette fille, qui l’a élevée. Maudit soit celui dont elle la descendante. Rav Achi affirme : Il ressort de ce verset que si un homme traite un impie fils de juste d’impie fils d’impie, il ne sera pas puni pour cela » (Sanhédrin 52a).

Nous apprenons des paroles du Talmud que lorsqu’un homme éduque ses enfants dans le chemin de la Torah, il préserve son propre honneur tandis que s’il n’éduque pas ses enfants dans le chemin de la Torah alors c’est son honneur qui est sali comme il est écrit ici : « C’est son père qu’elle déshonore ».

Dans le verset suivant celui cité en exergue, nous lisons : « Quant au Cohen qui est supérieur à ses frères […] il ne doit pas découvrir sa tête ni déchirer ses vêtements. » Quel est donc le rapport entre ces deux versets ?

Le récit suivant rapporté dans le Talmud nous permettra de le comprendre :

A’hav fils de Kolia et Tsidkiaou fils de Massia étaient des prophètes mensongers. Ils allèrent chez la fille de Névou’hadnetsar. A’hav lui dit : « Ainsi a parlé D.ieu. Soumets-toi à Tsidkiaou (pour des actes de débauche) et Tsidkiaou-lui dit : « Ainsi a parlé D.ieu. Soumets-toi à A’hav. » Elle alla tout raconter à son père Névou’hadnetsar qui leur dit : « Le D.ieu de ces gens-là déteste la débauche, par conséquent, lorsqu’ils viendront te voir, tu me les enverras. » Ainsi fit-elle.

Quand ils vinrent chez Névou’hadnetsar, celui-ci leur demanda : « Qui vous a dit cela ? » Ils répondirent : « C’est le Saint béni soit-Il. » Névou’hadnetsar leur dit : « Voici que j’ai soumis la question à ’Hanania, Michaël et Azaria et ils m’ont dit que c’est interdit. » A’hav et Tsidkiaou lui dirent : « Nous sommes prophètes au même titre qu’eux, cette prophétie ne leur a pas été révélée tandis qu’à nous elle l’a été. » Névou’hadnetsar leur dit : « ’Hanania, Michaël et Azaria sont des gens intègres, je les ai testés lorsqu’ils ont été jetés dans la fournaise ardente et qu’ils en sont sortis vivants. Par conséquent, vous aussi je veux vous tester. » Quand ils virent qu’ils étaient pris au piège, ils lui répondirent : « Eux étaient trois justes tandis que nous ne somme que deux. » Il leur rétorqua : « Choisissez-vous un homme qui rentrera avec vous dans la fournaise. » Ils jetèrent leur dévolu sur Yéhochoua ben Yéotsadak, le Cohen Gadol, pensant que puisqu’il était juste, ils seraient sauvés par son mérite.

Le roi donna immédiatement l’ordre de jeter Yéhochoua et les deux autres dans la fournaise. Ces deux-là furent immédiatement brûlés vifs tandis que Yéhochoua resta vivant mais ses vêtements furent brûlés. Quand il sortit de la fournaise, Névou’hadnetsar lui dit : « Je sais que tu es un juste mais j’aimerais comprendre pourquoi les vêtements de ’Hanania, Michaël et Azaria n’ont pas brûlé tandis que les tiens si. » Yéhochoua lui répondit : « Eux étaient trois et moi j’étais seul. » Névou’hadnetsar lui rétorqua : « Mais Avraham aussi était seul et il a été sauvé de la fournaise ? » Yéhochoua lui répondit : « Avec Avraham, il n’y avait pas d’impies alors le feu n’a pas été autorisé à agir alors que moi je me trouvais avec deux impies, le feu a donc été autorisé à brûler et mes habits ont été touchés. »

Le Talmud termine en disant que cette réponse n’a été donnée que pour Névou’hadnetsar mais en réalité Yéhochoua a été puni parce que ses fils avaient pris comme épouses des femmes qui n’étaient pas convenables pour des prêtres et il ne les avait pas réprimandés pour cela. C’est ce qui ressort des versets suivants (Zé’haria 3, 3-4) : « Et Yéhochoua portait des vêtements souillés et se tenait devant l’ange. Et celui-ci dit à ceux qui se tenaient devant lui : «Enlevez-lui ses vêtements souillés. » Puis il lui dit : «Vois, je te débarrasse de tes péchés en te faisant revêtir des vêtements de prix. » » Et le Talmud de s’interroger : Yéhochoua avait-il l’habitude de porter des vêtements souillés ? Nous déduisons de là que ses enfants avaient épousé des femmes impropres à la prêtrise mais il ne leur en faisait pas le reproche (Sanhédrin 93a).

Nous apprenons de ce passage que lorsque les enfants ne suivent pas le droit chemin, leurs parents sont tenus pour coupables et peuvent, D.ieu préserve, être punis s’ils ont failli dans l’éducation donnée. C’est pourquoi, à la suite du verset :  , vient le verset : « Quant au Cohen qui est supérieur à ses frères… » qui se réfère à Yéhochoua le Cohen Gadol puni parce qu’il n’avait pas fait de reproches à ses enfants (D’après le Richon Letsion Rabbi Ovadia Yossef).