À l’heure où chaque parent se demande comment parvenir à transmettre à ses enfants ses valeurs et son patrimoine, la Torah nous renvoie vers la nature pour nous éclairer, et plus précisément vers l’arbre. 

L’homme est comparé à un arbre des champs (Dévarim 20, 19). De même, le Talmud rapporte qu’au moment où Rav Na’hman demanda à Rav Its’hak de le bénir, celui-ci le compara à un arbre qui donne de beaux fruits et beaucoup d’ombre et lui souhaita que sortent de lui d’aussi belles pousses que la sienne (Ta’anit 5b). Cette référence à l’arbre demande des explications, et en voici l’une d’elles.

L’arbre se distingue par quatre qualités particulières :

  1. Ses racines puisent de la terre la sève qui va monter et se propager dans les branches pour donner des feuilles, des fleurs et surtout des fruits. Ce mouvement du bas vers le haut représente la force du Juif de savoir insuffler à sa descendance un message pouvant aller à contre-courant des conceptions prédominantes de l’époque qui vont dans le sens de la pesanteur, vers la matière. Plus les racines sont profondes et plus l’arbre peut dispenser de la sève, donnant ainsi une bonne récolte. Durant l’hiver, les feuilles tombent, l’arbre est dénudé et son aspect suscite la compassion. En réalité, c’est le moment où il récupère de nouvelles forces qui vont s’exprimer au printemps. De même, le peuple juif, durant ses moments les plus difficiles de l’Histoire, sortira le meilleur de lui-même. Plus sa Émouna et son attache à la Torah seront profondes, plus il parviendra à fructifier. 
  2. Sa deuxième particularité est sa hauteur : un arbre pousse bien droit et se dresse vers les hauteurs. Cela vient illustrer que tout service divin doit être accompagné par une prise de conscience de la grandeur de l’homme, qui représente le but de toute la création. Le Juif particulièrement doit constamment garder à l’esprit qu’il est le descendant de ces grands patriarches que furent Avraham, Its’hak et Ya’akov. De plus, D.ieu Se dévoila à ses ancêtres au mont Sinaï, et Son peuple est chargé d’une mission capitale auprès de l’humanité (faire connaître les piliers de la croyance et de la morale qui lui ont été transmis). Cet engagement l’oblige à conserver sa dignité, car ce sentiment est nécessaire pour se réaliser. Les Nazis avaient d’ailleurs compris dans leur démarche malfaisante que le meilleur moyen d’effacer le peuple hébreu, c’était de l’abaisser afin qu’il se conduise comme une bête sauvage. Ceux qui survécurent le mieux à la Shoah furent ceux qui tinrent à leur dignité même au prix de privations, comme le rapporte Victor Frankl dans son livre “Découvrir un sens à sa vie”.
  3. L’arbre donne aussi de l’ombre, si importante pour se protéger des intempéries et du soleil. Plus il est haut et imposant, plus son ombre s’étend. En outre, profiter de l’ombre d’un arbre ne cause à ce dernier aucun préjudice. L’exemple que donne un père à ses enfants dans sa conduite journalière est le meilleur message qu’il puisse leur octroyer. Plus il s’efforce de s’élever par ses actes, plus son influence (son ombre) grandira, sans avoir à fournir d’effort particulier vis-à-vis de sa progéniture.
  4. Enfin, l’arbre possède une autre particularité : lorsqu’on prend l’une de ses branches et qu’on l’enfouit dans la terre, cette branche donnera naissance à une nouvelle pousse, qui elle-même donnera ses propres fruits ; c’est le principe du marcottage. Cela vient nous apprendre qu’il est nécessaire dans l’éducation de permettre à sa descendance de grandir selon son chemin personnel. Les parents devront toujours rester en relation avec leurs enfants, tout en leur laissant parallèlement leur propre autonomie.

“Arbre, arbre, que sortent de toi des pousses aussi belles que la tienne !” (Ta’anit 5b)