‘Hanouka, la « fête des lumières » est célébrée précisément à une époque de l’année où les jours sont les plus courts et les nuits les plus longues.

La lumière par opposition à l’obscurité est un thème capital tout au long de l’histoire juive.

Au commencement, la Torah assimile le « tohou vavohou », le chaos et la confusion, à l’obscurité : « והארץ היתה תהו ובהו וחשך על פני התהום ».

Hachem a en effet créé l’obscurité le premier jour afin de préparer l’Homme à son rôle éternel et divin : révéler Sa Lumière et illuminer Son monde même en des temps difficiles, avec sainteté et harmonie. Le Tout-Puissant nous incite à vivre une existence zélée, dans une quête de clarté et une conscience élevée. La lumière et l’obscurité, le jour et la nuit, le bien et le mal sont créés à dessein dans une telle dualité. Ces éléments de la nature stimulent une lutte interne qui est un catalyseur pour surmonter notre crainte de l’obscurité, notre désespoir dans la nuit et notre attirance vers le mal, et nous juge dignes d’être appelés êtres humains créés à l’image de D.ieu. Il faut qu’on nous éveille de notre torpeur, à l’instar de l’ours qui hiberne pendant le sombre hiver, afin d’aiguiser nos sens et d’exploiter notre potentiel passionné : allumer une flamme flamboyante et brillante d’avodat Hachem.

Notre récit de ‘Hanouka se déroule en Palestine en l’an 3597, alors que deux miracles se déroulent : les miracles surnaturels de la minuscule fiole d’huile qui dura huit jours et la victoire miraculeuse d’une poignée d’individus contre un grand nombre d’ennemis, un miracle enraciné dans la nature. Tandis que la victoire militaire peut être attribuée à la nature d’une stratégie de guerre supérieure, nous célébrons huit jours pour signifier que toute la Création et son fonctionnement « naturel » ne sont rien d’autre que miraculeux et attestent de la transcendance de Hachem.

Le charme de l’hellénisme affaiblit notre clarté en raison de sa séduisante poursuite du savoir aux côtés de son admiration du théâtre, des compétitions athlétiques, et du culte du corps humain. Ce fut une période sombre pour les Juifs qui s’assimilaient rapidement, certains par conviction et d’autres suite aux décrets interdisant l’étude de la Torah et le respect du Chabbat et de la brit-mila.

Cette période nous rappelle l’esclavage égyptien qui imposait aux Juifs de s’immerger dans la culture de leurs hôtes et à jouir d’une vie d’abondance et de matérialisme. L’assimilation sévissait et un changement complet doublé d’une période d’obscurité et de désespoir s’abattit sur les Juifs afin de les « aider » à retrouver leurs étincelles divines innées et à éviter leur disparition totale de la scène de l’histoire.

En raison de la ferveur égyptienne à éliminer les Juifs, ils furent punis par les dix plaies, y compris la makat ha’hochekh, la Plaie de l’Obscurité.

On nous dit à ce moment-là : « Il y avait une obscurité sombre dans toute la terre d’Égypte… aucun homme ne pouvait voir son frère » (Parachat Bo)

‘Hazal soutiennent que l’obscurité est inévitable lorsqu’on ne se voit pas l’un l’autre, lorsque nous sommes déconnectés ou choisissons de ne pas voir la valeur infinie de ceux qui nous entourent et ignorons le caractère unique et l’essence divine de chaque âme juive.

Le terme אפלה (épais) est composé des mêmes lettres que : פלא ה, les merveilles de Hachem. Nous omettons d’observer et de découvrir le caractère merveilleux de chaque personne que nous rencontrons, et manquons souvent de voir les autres avec un respect mêlé de crainte (יראה/ראיה), considérant trop souvent notre relation comme acquise et les écartant sans sourciller.

Le Midrach Rabba va plus loin : il soutient que l’obscurité était aussi épaisse qu’un dinar, une ancienne pièce d’or. Ce fut la poursuite de l’argent et les choses que l’on pouvait acheter avec qui augmenta notre égoïsme et affaiblit notre « vision », nous empêchant de nous émerveiller sincèrement de la profondeur d’autrui.

Quelque chose a-t-il réellement changé ? Certains d’entre eux ne jugent-ils par leur époux(se) ou leur partenaire potentiel uniquement sur l’apparence extérieure ou sur leur statut académique, qui se traduira ensuite par leur potentiel de salaire ? Nous sommes si occupés à courir derrière les billets de banque (qui nous échappent bien vite), que nous en venons à oublier de cultiver et d’entretenir les relations les plus importantes et significatives de notre existence.

C’est peut-être la clé du taux alarmant de divorce qui sévit maintenant dans nos communautés. La vision superficielle et frivole que nous avons les uns des autres est une forme d’aveuglement et d’obscurité vis-à-vis de l’étincelle divine incrustée dans le ADN de chaque âme juive !

C’est ici qu’intervient la coutume fascinante de méditation réservée à cette extraordinaire « Fête des lumières ».

On nous demande, et c’est une grande ségoula, de méditer sur les bougies vacillantes chaque soir après l’allumage des bougies, pendant une demi-heure. Nous sommes censés les fixer pendant si longtemps et intensément qu’au bout du compte, lorsque nous méditons et nous concentrons sur les minuscules flammes dansantes qui tentent de s’élever vers les cieux, les lumières se mélangent et nous n’en voyons plus qu’une.

C’est notre défi éternel. Nous commençons par une bougie qui est la nôtre.

נר ה’ נשמת אדם

Nous devons tout d’abord discerner notre propre valeur, notre aptitude à briller et à apporter de la lumière dans le monde. Alors seulement, nous pouvons apprécier et admirer les gens autour de nous et faire preuve de curiosité pour vouloir explorer leur monde intérieur de lumière et révéler leur âme divine. Nous sommes tous des étincelles de la lumière divine, nous efforçant de réunir et de rétablir notre réelle source en tant qu’âme singulière, Knesset Israël.

Bien qu’elle fût minuscule, cette petite fiole d’huile cachée était un miracle qui attendait de se produire. Il est fort probable que les Grecs l’aperçurent à leur entrée dans le Temple, lorsqu’ils s’avancèrent dans le but de le détruire, mais ils ne la virent pas vraiment. Ils ne perçurent pas le potentiel et la nature miraculeuse de cette minuscule fiole d’huile pure.

En ce qui nous concerne, nous observons les autres, mais les voyons-nous vraiment ? Sommes-nous suffisamment prêts à témoigner de la présence constante de Hachem et des miracles continuels en ralentissant notre rythme et en prenant le temps de faire attention à ce que notre époux(se) dit ou au vrai caractère de notre conjoint potentiel ? Si nous sommes capables de regarder fixement les lumières brillantes des bougies pendant une demi-heure, ne devrions-nous pas nous intéresser davantage aux proches avec lesquels nous vivons ou pourrions potentiellement vivre avec ?

Alors que le Temple a été miraculeusement inauguré à nouveau par les ‘Hachmonaim, puissions-nous rediriger nos passions et voir assez clair pour illuminer le spirituel dans le matériel.

‘Hanouka est une occasion d’observer l’ordinaire et de découvrir l’extraordinaire en nous et en tous ceux qui sont en contact avec nous.

‘Hanouka est le moment de tenir compte des miracles constants qui surviennent à chaque moment et d’apprendre à les considérer comme la révélation de Hachem dans la nature, car Il est le Créateur de cette Nature.

Alors peut-être verrons-nous des miracles extraordinaires à notre époque alors que nous hâtons la venue du Machia’h, auquel il est fait allusion dans l’acrostiche :

מדליקין שמונת ימי חנוכה

‘Hag Ourim Samea’h

Sherrie B. Miller