Nous avons la Mitsva de nous souvenir quotidiennement du complot qu'ont mis au point Balak et Bil'am afin de décimer le peuple juif. Avec l'aide du Ciel, nous allons essayer de mettre en relief l’une des facettes de cet épisode et d’en retirer un message important.

Il y a un contraste surprenant entre le début et la fin de notre Paracha. Tout d’abord, on assiste aux bénédictions que Bil'am fut forcé (par Hachem) de dire au peuple juif. Celles-ci reflètent l'amour de D.ieu envers Son peuple. La Paracha se termine par une tragédie au cours de laquelle les enfants d'Israël trébuchent dans la faute, et D.ieu les afflige d'une grave épidémie. Celle-ci cessa grâce à la courageuse intervention de Pin'has qui vengea l’honneur Divin (en s’opposant à Zimri qui avait méprisé le nom de D.ieu). Il faut comprendre comment la situation initiale relatée dans la Paracha (dans laquelle D.ieu exprime Son amour envers les enfants d'Israël) s'est brusquement inversée en si peu de temps ! Comment les enfants d’Israël purent chuter si rapidement ?

Le Talmud raconte qu'au moment où Balak demanda conseil à Bil'am pour savoir comment vaincre le peuple d'Israël, celui-ci lui répondit ainsi : « Leur D.ieu les protège, mais Il déteste la débauche. Si tu arrives à les faire fauter par des mauvaises mœurs, tu pourras les vaincre ! ». Bil'am proposa alors un terrible plan au roi Balak.

Ils envoyèrent des marchandes de tissus à la rencontre du peuple d'Israël. Arrivées à proximité du camp d'Israël, celles-ci dressèrent des tentes pour y exposer leurs marchandises. Les marchandes les plus âgées vendaient leurs tissus à l'extérieur des tentes, tandis que les jeunes marchandes se tenaient à l'intérieur des tentes. Les vieilles marchandes proposaient leur tissu à un prix élevé, alors que leurs jeunes compatriotes offraient la même marchandise pour meilleur marché. Lorsqu’un enfant d'Israël tombait dans le piège et entrait dans la tente de la jeune vendeuse, celle-ci lui proposait à boire du vin, puis l'incitait à l’idolâtrie et à la débauche.

Le Talmud fait remarquer que l'interdiction de boire ou de profiter du vin d'un non-juif n'existait pas encore. En effet, cet interdit n'a été instauré qu'après cet épisode et, ce, pour éviter l'assimilation.

Le livre Lev Aharon explique que nous avons souvent tendance à négliger les barrières qui nous éloignent de la faute. Nous pensons qu'il est possible de nous approcher de la faute et de nous retenir. Malheureusement, cette attitude ouvre la porte à des tentations presque insurmontables et entraîne de nombreuses fautes !

Les Sages nous enseignent que si l'interdit de boire du vin fabriqué ou manipulé par un non-juif avait déjà été donné, cet épisode tragique n'aurait pas eu lieu. Cette barrière nous paraît insignifiante, mais en vérité, elle a le pouvoir de nous sauver de l'assimilation, de la débauche et de l’idolâtrie !

Il en va de même pour l'interdit de l'isolement d'un homme avec une femme : ce décret n'avait pas encore été institué. Si les enfants d’Israël avaient déjà reçu cet interdit, ils auraient été sauvés de cette faute si grave !

Cet épisode a prouvé l'importance et la nécessité de se fixer des barrières. Il faut toujours faire preuve d'une grande prudence et ne pas se mettre dans une situation dans laquelle on pourrait être amené à fauter. Le Talmud nous enseigne que le mauvais penchant est au départ comparable à un fil d'araignée, et, par la suite, à des cordes épaisses. En d’autres mots, l’épreuve commence par une chose qui nous semble banale et qui est facile à surmonter. Pour combattre, il faut être conscient de notre faiblesse et de notre besoin de fuir le risque le plus infime. Celui qui réussit remporte alors la victoire contre les forces du mal. La difficulté qui se présente à nous est d'être ferme et fort sur notre position : « Je ne m'approche pas de la faute, même si je pense que cela ne me nuira pas. »

Les nombreuses barrières de nos maîtres nous ont été données pour nous sauver et nous aider. Elles ne sont pas des restrictions, mais des aubaines qui nous permettent de survivre. Ce qui nous semble un comportement extrême ou une crainte exagérée, se révère être la seule séparation entre l'homme et la faute ! Si nous écoutions tous les sages, la débauche, l'infidélité et les mauvaises mœurs n'existeraient plus !

Nous comprenons maintenant l’une des raisons pour laquelle nous devons nous souvenir de cet épisode tous les jours. L'enseignement que nous avons appris est indispensable pour faire face aux épreuves quotidiennes.

Mais soyons vigilants, la Torah nous enseigne que Bil'am est la seule personne qui a atteint le même niveau de prophétie que Moché Rabbénou !… Chose incroyable, car même les plus grands prophètes n'ont pas mérité ce niveau ! Pourtant, rapporte le Rav 'Haïm Shmoulévitz, la Torah nous relate sa méchanceté. Ses larges connaissances ne l'ont pas empêché de se comporter comme le pire des pervers ! Nous apprenons d'ici qu'il ne suffit pas d’avoir de larges connaissances, mais qu'il faut aussi faire un travail pour se comporter en adéquation avec notre savoir.

Ce principe est enseigné dans le verset : « Tu comprendras aujourd'hui et tu feras passer ce message à ton cœur ». Nos maîtres nous enseignent qu'il y a ici deux étapes : 1. apprendre, 2. vivre avec les enseignements. Ceci est un travail quotidien qui nous permet d'arriver à nous élever et à vivre avec Hachem.

Nous devons être forts dans notre lutte contre les forces du mal, car celles-ci ne cherchent que notre anéantissement. C'est seulement en étant convaincus du grand danger qu'offrent certains endroits et certaines situations, que nous pouvons réussir à nous en préserver. Si nous parvenons à intérioriser cet enseignement, alors nous pouvons être sauvés de tous les risques des vacances. Bien entendu, pour cela, il faut vouloir faire des efforts et vivre en adéquation avec la volonté de D.ieu.

En fuyant de toutes nos forces le mauvais penchant (pas la peine d'attendre de vérifier "sur le terrain" la véracité du message de cette semaine) et en nous renforçant dans les deux boucliers que forment la Torah et la pudeur, nous atteindrons le niveau des enfants d'Israël au début de notre Paracha et nous mériterons d'assister à la venue du messie, Amen.