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Béhaalotékha
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8,1
L'Éternel parla à Moïse en ces termes:
8,2
"Parle à Aaron et dis-lui: Quand tu disposeras les lampes, c'est vis-à-vis de la face du candélabre que les sept lampes doivent projeter la lumière."
Quand tu feras monter
Pourquoi le chapitre relatif à la menora fait-il immédiatement suite à celui relatif aux princes ? Parce que Aharon, lorsqu’il a assisté à l’inauguration par les princes, s’est affligé de ne pas avoir été avec eux, ni lui ni sa tribu. Le Saint béni soit-Il lui a alors déclaré : « Par ta vie ! Ta part est plus grande que la leur ! Car c’est toi qui allumeras et entretiendras les lumières » (Midrach Tan‘houma)
Quand tu feras monter
Étant donné que la flamme s’élève, le texte emploie pour leur allumage le mot « monter ». L’allumage doit se poursuivre jusqu’à ce que la flamme s’élève d’elle-même. Et nos maîtres ont également déduit de ce verset que devant la menora se trouvait un marchepied sur lequel se tenait le kohen pour l’arranger (Sifri)
Vers le vis-à-vis de la face de la menora
Dirigées vers la flamme centrale, laquelle ne se trouvait pas sur les branches mais sur le corps même de la menora
Éclaireront les sept lampes
À raison de six sur les branches, trois à l’est dont les mèches étaient dirigées vers la flamme centrale, et de même les trois à l’ouest dont les mèches étaient dirigées vers la flamme centrale. Pourquoi ? Pour que l’on ne dise pas qu’Il a besoin de sa lumière (Sifri)
8,3
Ainsi fit Aaron: c'est vis-à-vis de la face du candélabre qu'il en disposa les lampes, comme l'Éternel l'avait ordonné à Moïse.
Ainsi fit Aharon
Cela à l’éloge de Aharon qui n’a rien changé [à l’ordre reçu] (Sifri)
8,4
Quant à la confection du candélabre, il était tout d'une pièce, en or; jusqu'à sa base, jusqu'à ses fleurs, c'était une seule pièce. D'après la forme que l'Éternel avait indiquée à Moïse, ainsi avait-on fabriqué le candélabre.
Et ceci est la confection de la menora
Comme si le Saint béni soit-Il la lui avait montrée du doigt. La tâche étant difficile, Il lui a dit : « Et voici… »
Battue
En français médiéval : « batediz », comme dans : « Ils battaient (naqchan) l’un contre l’autre » (Daniel 5, 6). Elle était faite d’un kikar d’or frappé au marteau et coupé au ciseau pour en aplatir les pièces à volonté, et sans que l’on y assemble des pièces détachées
Jusqu’à son pied
Le pied est constitué par la base creuse, comme dans les chandeliers d’argent employés par les nobles
Jusqu’à son pied
C’est-à-dire la totalité de la menora et tout ce qui y était attaché
Jusqu’à son pied
Qui forme une grande pièce
Jusqu’à (‘ad) sa fleur
Qui est un travail de grande finesse, le tout formant un seul bloc. La préposition ‘ad (« jusqu’à ») s’emploie ainsi, comme dans : « depuis les gerbes jusqu’au (we‘ad) blé, et jusqu’aux (we‘ad) oliveraies » (Choftim 15, 5)
Comme ce qui a été montré que Hachem a montré
Comme le plan qu’Il lui avait montré sur la montagne (Sifri), comme il est écrit : « Et vois et fais, selon leur plan qu’on t’a montré dans la montagne » (Chemoth 25, 40)
Ainsi fit-il la menora
Celui qui l’a fabriquée. Selon le midrach, elle s’est faite automatiquement par l’intervention du Saint béni soit-Il (Midrach Tan‘houma)
8,5
L'Éternel parla à Moïse en ces termes:
8,6
"Prends les Lévites du milieu des enfants d'Israël, et purifie-les.
Prends les lewiim
« Prends-les » par des paroles : « Vous avez bien de la chance d’avoir mérité d’être les serviteurs de Hachem ! 
8,7
Voici ce que tu leur feras pour les purifier: tu les aspergeras d'eau expiatoire. Ils passeront le rasoir sur tout leur corps, laveront leurs vêtements et se purifieront.
Fais jaillir sur eux de l’eau expiatoire (‘hatath)
De la cendre de la vache rousse, à cause de ceux d’entre eux qui étaient devenus impurs au contact d’un mort
Ils feront passer une lame
J’ai trouvé dans l’enseignement de Rabi Mochè Hadarchan que les lewiim ont servi d’expiation aux premiers-nés qui s’étaient livrés à l’idolâtrie. Or, l’idolâtrie est appelée « sacrifices offerts à des “morts” » (Tehilim 106, 28), et le lépreux est également appelé « mort » (infra 12, 12). D’où l’obligation de se raser comme des lépreux
8,8
Puis ils prendront un jeune taureau, avec son oblation: de la fleur de farine pétrie à l'huile; et un autre jeune taureau, que tu recevras comme expiatoire.
Ils prendront un taureau issu du gros bétail
Comme ‘ola, comme il est écrit : « et fais l’un […] comme ‘ola » (verset 12). Cette offrande est celle que doit présenter la communauté pour le péché d’idolâtrie (infra 15, 24)
Et un deuxième taureau
Que veut dire ici le mot « deuxième » ? Il t’apprend que, pas plus que la ‘ola, le ‘hatath ne doit être mangé. Et Rabi Mochè Hadarchan s’appuie pour cela sur Torath kohanim. À mon avis, c’était là une dérogation exceptionnelle, car ils auraient dû, comme expiatoire du péché d’idolâtrie, offrir un bouc avec le taureau de la ‘ola
8,9
Tu feras avancer les Lévites devant la tente d'assignation, et tu assembleras toute la communauté des enfants d'Israël.
Et tu assembleras toute la communauté
Étant donné que les lewiim leur ont servi d’expiation, ils ont dû venir se tenir près de leur offrande et imposer sur eux leurs mains
8,10
Tu feras avancer les Lévites en présence du Seigneur, et les enfants d'Israël imposeront leurs mains sur les Lévites.
8,11
Et Aaron fera le balancement des Lévites devant le Seigneur, de la part des enfants d'Israël, pour qu'ils soient consacrés au service du Seigneur.
Aharon fera tournoyer par les lewiim une offrande tournoyée
Comme le acham du lépreux, lequel nécessite un tournoiement à vif (Wayiqra 14, 10). Le texte parle ici (versets 11, 13 et 15) de trois « tournoiements ». Le premier concerne les enfants de Qehath, pour lesquels il est écrit ici : « ils seront pour servir le service de Hachem », car ils étaient chargés du service des qodchei qodachim : l’arche, la table, etc. Le deuxième « tournoiement » concerne les enfants de Guérchom, pour lesquels il est écrit : « offrande tournoyée à Hachem », car il leur incombait aussi un service au sanctuaire : les tapis et les agrafes, qui étaient visibles dans le Saint des saints. Quant au troisième, il concerne les enfants de Merari
8,12
Et les Lévites appuieront leurs mains sur la tête des taureaux; fais alors offrir l'un comme expiatoire et l'autre comme holocauste au Seigneur, pour faire propitiation sur les Lévites.
8,13
Puis tu placeras les Lévites en présence d'Aaron et de ses fils, et tu opéreras leur balancement à l'intention du Seigneur.
8,14
Tu distingueras ainsi les Lévites entre les enfants d'Israël, de sorte que les Lévites soient à moi.
8,15
Alors seulement les Lévites seront admis à desservir la tente d'assignation, quand tu les auras purifiés et que tu auras procédé à leur balancement.
8,16
Car ils me sont réservés, à moi, entre les enfants d'Israël: en échange de tout premier fruit des entrailles, de tout premier-né parmi les enfants d'Israël, je me les suis attribués.
Donnés
« Donnés » pour le transport, « donnés » pour le chant
L’ouverture
L’entrée
8,17
Car tout premier-né m'appartient chez les enfants d'Israël, homme ou bête; le jour où je frappai tous les premiers-nés dans le pays d'Egypte, je me les consacrai.
Car à moi est tout premier-né
Les premiers-nés m’appartiennent de plein droit car je les ai protégés parmi les premiers-nés en Égypte et me les suis consacrés, jusqu’à ce qu’ils aient péché avec le veau d’or. Et maintenant, « j’ai pris les lewiim »
8,18
Or, j'ai pris les Lévites en échange de tous les premiers-nés des enfants d'Israël;
8,19
et je les ai donnés, comme adjoints, à Aaron et à ses fils, entre les enfants d'Israël, pour faire l'office des enfants d'Israël dans la tente d'assignation, et pour servir de rançon aux enfants d'Israël: de peur qu'il n'y ait une catastrophe parmi les enfants d'Israël, si ceux-ci s'approchent des choses saintes."
J’ai donné les lewiim…
Les mots « fils d’Israël » figurent cinq fois dans ce verset, pour faire connaître l’amour qu’Il leur porte. Leur souvenir est mentionné dans ce seul verset autant de fois que la Tora contient de livres. Voilà ce que j’ai trouvé dans Beréchith raba
Et il n’y aura pas
Pour qu’ils n’aient pas besoin d’approcher du sanctuaire, sinon il y aurait une « plaie »
8,20
Ainsi firent Moïse et Aaron et toute la communauté des Israélites à l'égard des Lévites; selon tout ce que l'Éternel avait prescrit à Moïse touchant les Lévites, ainsi leur firent les enfants d'Israël.
Ainsi firent Mochè et Aharon et toute la communauté…
Mochè les a placés, Aharon a effectué le tournoiement, et la communauté d’Israël a imposé ses mains
8,21
Les Lévites se purifièrent, ils lavèrent leurs vêtements; Aaron effectua leur balancement devant l'Éternel, et il fit propitiation sur eux pour les rendre purs.
8,22
C'est alors que les Lévites entrèrent en fonction dans la tente d'assignation, en présence d'Aaron et de ses fils. D'après ce que l'Éternel avait prescrit à Moïse au sujet des Lévites, ainsi procéda-t-on à leur égard.
Comme ordonna Hachem […] ainsi ont-ils fait
Cela à l’éloge de ceux qui ont fait l’action, comme de ceux qui l’ont subie, et à laquelle personne ne s’est soustrait
8,23
L'Éternel parla à Moïse en ces termes:
8,24
"Ceci concerne encore les Lévites: celui qui sera âgé de vingt-cinq ans et au-delà sera admis à participer au service requis par la tente d'assignation;
Ceci est ce qui est aux lewiim
Les années peuvent les rendre inaptes, et non les défauts corporels (‘Houlin 24a)
De celui âgé de vingt-cinq ans
Il a pourtant été écrit plus haut : « depuis l’âge de “trente” ans et au-dessus » (supra  4, 3) ! Comment concilier ces deux versets ? À l’âge de vingt-cinq ans, il vient apprendre les règles applicables au service, et ses études durent cinq ans. Et à trente ans, il fait le service. D’où l’on apprend que l’élève qui n’a pas obtenu de bons résultats après cinq années d’études n’en obtiendra jamais plus (‘Houlin ibid.)
8,25
mais, passé l'âge de cinquante ans, il se retirera du service actif et ne travaillera plus.
Et il ne servira plus
Pour le service du transport sur les épaules (Sifri). Mais il retournera au service de la fermeture des portes, ainsi qu’à celui du chant et du chargement des chariots. C’est ce que veulent dire les mots : « il fera le service “avec” ses frères » (verset suivant), ainsi que le rend le Targoum Onqelos
8,26
Il aidera ses frères dans la tente d'assignation en veillant à sa garde, mais il n'exécutera point de corvée. C'est ainsi que tu en useras pour les Lévites, selon leurs fonctions."
Pour garder la garde
En campant autour de la tente, en la dressant et en la démontant lors des étapes
9,1
L'Éternel parla à Moïse dans le désert de Sinaï, la seconde année de leur sortie du pays d'Egypte, le premier mois, en disant:
Au premier mois
Le premier chapitre du présent livre n’a été dit qu’en iyar, d’où l’on apprend que la Tora ne respecte pas un ordre chronologique (Pessa‘him 6b). Et pourquoi ne commence-t-il pas par le présent chapitre ? Parce qu’il jette un discrédit sur Israël, lequel, au long de tous les quarante ans de son séjour dans le désert, n’a présenté que cette fois-là l’offrande pascale (Sifri)
9,2
"Que les enfants d'Israël fassent la Pâque au temps fixé.
À son époque
Même le Chabath en son temps, même en état d’impureté (Sifri)
9,3
C'est le quatorzième jour de ce mois, vers le soir, temps fixé pour elle, que vous devez la faire; d'après tous ses statuts et toutes ses règles vous l'exécuterez."
Comme tous ses statuts
Ce sont les règles applicables au corps même de l’animal sacrifié : un agneau, sans défaut, mâle, d’un an (Sifri)
Et comme toutes ses ordonnances
Ce sont les règles inscrites ailleurs, comme la consommation de la matsa pendant sept jours et la destruction du ‘hamets
9,4
Moïse parla aux enfants d'Israël, pour qu'ils fissent la Pâque.
Mochè parla…
Que veulent dire ces mots ? N’est-il pas déjà écrit que « Mochè déclara les époques de Hachem aux fils d’Israël » (Wayiqra 23, 44) ? C’est que, lorsqu’il a entendu au Sinaï le chapitre relatif aux fêtes, il le leur a communiqué, puis il les a de nouveau, au moment de les mettre en application, exhortés à les observer
9,5
Et ils firent la Pâque au premier mois, le quatorzième jour du mois, vers le soir, dans le désert de Sinaï; exactement comme l'Éternel l'avait prescrit à Moïse, ainsi firent les enfants d'Israël.
9,6
Or, il y eut des hommes qui se trouvaient souillés par des cadavres humains, et qui ne purent faire la Pâque ce jour-là. Ils se présentèrent devant Moïse et devant Aaron, ce même jour,
Devant Mochè et devant Aharon
Lorsqu’ils siégeaient tous les deux dans la maison d’étude, ils venaient les consulter. Et il n’est pas correct de dire qu’ils les ont consultés l’un après l’autre. Car si Mochè n’avait pas su, d’où Aharon l’aurait-il appris ? (Sifri)
9,7
et ces hommes lui dirent: "Nous sommes souillés par des cadavres humains; mais pourquoi serions-nous privés d'offrir le sacrifice du Seigneur en son temps, seuls entre les enfants d'Israël?"
Pourquoi serons-nous diminués
Il leur a répondu : « On ne peut présenter les offrandes consacrées en état d’impureté. » Ils ont rétorqué : « Que des kohanim en état de pureté aspergent pour nous le sang, et ainsi mangerons-nous la viande en état de pureté ! » Il leur a répondu : « Tenez-vous et j’écouterai… », comme un élève assuré de l’entendre de la bouche de son maître. Heureux l’homme né d’une femme qui possède une telle assurance ! Il pouvait s’entretenir avec la chekhina toutes les fois qu’il le désirait (Sifri). Cette loi aurait dû être promulguée par Mochè de la même manière qu’il a promulgué toute la Tora. Mais ces hommes-là ont été dignes de la voir mettre à leur crédit, car ce sont les méritants qui confèrent des mérites (Sifri)
9,8
Moïse leur répondit: "Attendez que j'apprenne ce que l'Éternel statuera à votre égard."
9,9
Et l'Éternel parla à Moïse en ces termes:
9,10
"Parle ainsi aux enfants d'Israël: Si quelqu'un se trouve souillé par un cadavre, ou sur une route éloignée, parmi vous ou vos descendants, et qu'il veuille faire la Pâque en l'honneur de l'Éternel,
Ou dans un voyage éloigné (re‘hoqa)
La lettre hé du mot re‘hoqa est surmontée d’un point [comme s’il était au masculin] pour indiquer qu’il ne s’agit pas d’un véritable éloignement, mais qu’il suffit que celui censé « voyager » se trouve hors du seuil du parvis pendant toute la durée de l’égorgement. Lors du deuxième Pessa‘h, on peut détenir chez soi de la matsa et du ‘hamets, il n’est pas considéré comme une fête, et l’interdiction du ‘hamets n’a cours que pendant la consommation de l’offrande (Pessa‘him 95a)
9,11
c'est au deuxième mois, le quatorzième jour, vers le soir, qu'ils la feront; ils la mangeront avec des azymes et des herbes amères,
9,12
n'en laisseront rien pour le lendemain, et n'en briseront pas un seul os: ils suivront, à son égard, tout le rite de la Pâque.
9,13
Pour l'homme qui, étant pur et n'ayant pas été en voyage, se serait néanmoins abstenu de faire la Pâque, cette personne sera retranchée de son peuple: puisqu'il n'a pas offert en son temps le sacrifice du Seigneur, cet homme portera sa faute.
9,14
Et si un étranger habite avec vous et veut faire la Pâque en l'honneur de l'Éternel, il devra se conformer au rite de la Pâque et à son institution: même loi vous régira, tant l'étranger que l'indigène."
Et lorsque résidera un étranger avec vous
J’aurais pu penser que tout converti peut aussitôt faire Pessa‘h. Aussi est-il écrit : « un statut unique », ce qui veut dire : Lorsqu’un étranger résidera avec vous et que vient le moment de faire Pessa‘h avec les autres, il fera « selon son statut et selon son ordonnance » (Sifri)
9,15
Or, le jour où l'on eut érigé le tabernacle, la nuée couvrit le tabernacle, la tente du statut; et le soir il y avait, au-dessus du tabernacle, comme un météore de feu persistant jusqu'au matin.
Le tabernacle
Le tabernacle, lequel devait servir de tente aux tables du témoignage
Il y aura (yihyè) sur le tabernacle
Comme s’il y avait hou (« il y a [en permanence] »), et il en est ainsi dans tout le présent chapitre
9,16
Il en fut ainsi constamment: la nuée le couvrait le jour, et le météore de feu la nuit.
9,17
Chaque fois que la nuée s'élevait de dessus la tente, aussitôt les enfants d'Israël levaient le camp; puis, à l'endroit où se fixait la nuée, là s'arrêtaient les enfants d'Israël.
La nuée montait (hé‘aloth)
Comme le rend le Targoum Onqelos : « quand elle s’éloignait ». Et il en est de même dans : « la nuée se levait » (verset 21). Il n’aurait pas été convenable d’écrire ‘aloth ou ‘ala [au qal], car cette forme n’exprime pas une idée d’éloignement, mais de « poussée » ou de « montée », comme dans : « Et voici un petit nuage, comme la main d’un homme, qui s’élève (‘ola) de la mer… » (I Melakhim 18, 44)
9,18
C'est sur l'ordre du Seigneur que partaient les enfants d'Israël, sur l'ordre du Seigneur qu'ils s'arrêtaient: tant que la nuée restait fixée sur le tabernacle, ils demeuraient campés.
Conformément à Hachem ils partiront
Nous lisons à propos de la construction du tabernacle que lorsque les enfants d’Israël se mettaient en marche, la colonne de nuée se repliait et s’étendait au-dessus de la tribu de Yehouda comme une sorte de poutre. On sonnait alors : teqi‘a, terou‘a, teqi‘a, mais elle ne se déplaçait pas aussi longtemps que Mochè n’avait pas dit : « Lève-toi, Hachem ! » (infra 10, 35). Alors seulement s’avançait le drapeau de Yehouda. Cela se trouve dans le Sifri
Et conformément à Hachem ils camperont
Quand Israël campait, la colonne de nuée se dressait verticalement et s’étendait au-dessus de la tribu de Yehouda comme une sorte de toit de cabane. Mais elle ne s’étirait pas aussi longtemps que Mochè n’avait pas dit : « Reviens, Hachem, parmi les myriades des milliers d’Israël ! » (infra 10, 36). On peut donc dire : « conformément à Hachem par la main de Mochè » (verset 23)
9,19
Lors même que la nuée stationnait longtemps au-dessus du tabernacle, les enfants d'Israël, fidèles à l'observance du Seigneur, ne partaient point.
9,20
Parfois la nuée ne restait qu'un certain nombre de jours sur le tabernacle: ils avaient campé à la voix de l'Éternel, à la voix de l'Éternel ils partaient.
Et il y en avait
C’est-à-dire : parfois
Un nombre de jours
Pendant peu de jours
9,21
Parfois la nuée demeurait du soir jusqu'au matin, et quand elle se retirait le matin on partait; ou bien un jour et une nuit, et quand elle se retirait, l'on partait.
9,22
Ou bien deux jours, ou un mois, ou une année entière, selon que la nuée prolongeait sa station sur le tabernacle, les enfants d'Israël restaient campés sans partir; puis, quand elle se retirait, ils levaient le camp.
Ou deux jours (yomayim)
Une année, comme dans : « son droit de réméré sera des jours (yamim) » (Wayiqra 25, 29 – voir Rachi ibid.)
9,23
A la voix de l'Éternel ils faisaient halte, à sa voix ils décampaient, gardant ainsi l'observance de l'Éternel, d'après l'ordre divin transmis par Moïse.
10,1
L'Éternel parla à Moïse en ces termes:
10,2
"Fais-toi deux trompettes d'argent, que tu façonneras d'une seule pièce; elles te serviront à convoquer la communauté et à faire décamper les légions.
Fais-toi
Afin qu’ils sonnent devant toi comme devant un roi (Midrach Tan‘houma), comme il est écrit : « Il a été roi en Yechouroun » (Devarim 33, 5)
Fais-toi
À toi et à nul autre de les fabriquer et de les utiliser
Pour l’appel de la communauté
Quand tu voudras t’adresser au Sanhèdrin et au reste du peuple et que tu les appelleras pour qu’ils se rassemblent autour de toi, c’est par des trompettes que tu les convoqueras
Et pour faire voyager les camps
Au moment de décamper, vous en sonnerez comme pour donner un signal. Il en résulte que le signal du départ était donné par trois ordres : celui du Saint béni soit-Il, celui de Mochè et celui des trompettes
Battue
Tu les fabriqueras d’une seule pièce à coups marteau (Sifri)
10,3
Quand on en sonnera, toute la communauté devra se réunir auprès de toi à l'entrée de la tente d'assignation.
Ils en sonneront
Des deux. C’est le signal pour la convocation de l’assemblée, comme il est écrit : « Se réunira vers toi toute la communauté vers l’entrée de la tente d’assignation. 
10,4
Si l'on ne sonne que d'une seule, ce sont les phylarques qui se rendront auprès de toi, les chefs des groupements d'Israël.
Et s’ils sonnent d’une unique
C’est le signal pour la convocation des princes, comme il est écrit : « Se réuniront vers toi les princes ». Leur point de rassemblement sera également l’entrée de la tente d’assignation, et ce par un raisonnement (guezéra chawa) faisant appel à deux textes qui contiennent le même mot (Sifri)
10,5
Quand vous sonnerez une fanfare, les légions qui campent à l'orient se mettront en marche.
Vous sonnerez un retentissement
Le signal du départ était : teqi‘a, terou‘a et teqi‘a. C’est ce que déduit le Sifri des versets surabondants (voir aussi Souka 53b)
10,6
Vous sonnerez une seconde fanfare, et les légions campées au midi se mettront en marche: une fanfare sera sonnée pour les départs,
10,7
tandis que, pour convoquer l'assemblée, vous sonnerez, mais sans fanfare.
Et pour assembler l’assemblée…
Il est écrit : « elles seront pour toi pour l’appel de la communauté et pour faire voyager les camps » (verset 2). De même que, pour la convocation de la communauté, deux kohanim sonnaient des deux trompettes, comme il est écrit : « ils en sonneront… » (verset 3), de même le moment de décamper était-il annoncé par les deux. J’aurais pu penser que, de même que le moment de décamper était signalé par le signal : teqi‘a, terou‘a et teqi‘a, de même la convocation de la communauté était-elle signalée par le signal : teqi‘a, terou‘a et teqi‘a. Mais rien n’aurait distingué la convocation de la communauté de l’ordre de départ. Aussi est-il écrit : « et pour assembler l’assemblée… », pour marquer que l’on ne sonnait pas terou‘a en cette circonstance-là, pas plus que pour la convocation des princes. Voici donc [en résumé] les signaux affectés aux trois ordres : la convocation de la communauté était signalée par une sonnerie des deux trompettes, celle des princes par une sonnerie d’une seule trompette, aucune de ces deux convocations n’étant désignée par un terou‘a. Quant à l’ordre de départ, il était donné par une sonnerie des deux trompettes, avec terou‘a et teqi‘a (Sifri)
10,8
Ce sont les fils d'Aaron, les pontifes, qui sonneront de ces trompettes. Elles vous serviront, comme institution perpétuelle, dans vos générations.
Et les fils de Aharon sonneront
Pour ces convocations et ces ordres de départ
10,9
Quand donc vous marcherez en bataille, dans votre pays, contre l'ennemi qui vous attaque, vous sonnerez des trompettes avec fanfare; vous vous recommanderez ainsi au souvenir de l'Éternel votre Dieu, et vous recevrez assistance contre vos ennemis.
10,10
Et au jour de votre allégresse, dans vos solennités et vos néoménies, vous sonnerez des trompettes pour accompagner vos holocaustes et vos sacrifices rémunératoires; et elles vous serviront de mémorial devant votre Dieu. Je suis l'Éternel votre Dieu."
Sur vos holocaustes (‘oloth)
Le texte parle ici des offrandes de la communauté (Sifri)
Je suis Hachem votre Eloqim
D’où l’on apprend [les trois types de prières dans le moussaf de Roch hachana] : les malkhouyoth (« royauté de Hachem ») associés aux zikhronoth (« Hachem se souvient ») et aux chofaroth (« appels par le chofar »), comme il est écrit : « vous sonnerez » – ce sont les chofaroth, « comme souvenir » – ce sont les zikhronoth, « Je suis Hachem votre Eloqim » – ce sont les malkhouyoth (Roch hachana 32a)
10,11
Or il advint, dans la deuxième année, au deuxième mois, le vingtième jour du mois, que la nuée se retira de dessus le tabernacle du statut.
Au deuxième mois
Ils sont par conséquent restés au ‘Horev pendant douze mois moins dix jours. Car ils y ont établi leur campement le 1er siwan (Chemoth 19, 1) et ils n’en sont partis que le 20 iyar de l’année suivante
10,12
Et les enfants d'Israël partirent, selon leur ordre de marche, du désert de Sinaï; et la nuée s'arrêta dans le désert de Pharan.
Selon leurs ordres d’étapes
Selon l’ordre qui leur était intimé pour la marche de leurs drapeaux, à savoir lequel avançait en premier et lequel en dernier
Dans le désert de Paran
C’est dans le désert de Paran que se trouvait Qivroth Hataawa, et c’est là qu’ils ont campé après ce départ
10,13
C'est la première fois qu'ils partaient ainsi d'après l'ordre de l'Éternel, transmis par Moïse.
10,14
La bannière du camp des enfants de Juda se mit en marche la première, selon leurs légions. Sa légion à lui était commandée par Nahchôn, fils d'Amminadab;
10,15
la légion de la tribu des enfants d'lssachar, par Nethanel, fils de Çouar;
10,16
et la légion de la tribu des enfants de Zabulon, par Elïab, fils de Hêlôn.
10,17
Alors on démonta le tabernacle, et les enfants de Gerson et ceux de Merari, ses porteurs, se mirent en marche.
Le tabernacle fut descendu
Après le départ du drapeau de Yehouda, Aharon et ses fils entraient [dans le tabernacle]. Ils démontaient le voile et en couvraient l’arche sainte, comme il est écrit : « Aharon viendra, et ses fils, lorsque le camp voyagera… » (supra  4, 5). Les enfants de Guérchon et ceux de Merari démontaient le tabernacle et le chargeaient sur les chariots. Quant à l’arche et les objets sacrés, que devaient transporter les enfants de Qehath, ils restaient couverts et posés sur des civières jusqu’au départ du drapeau du camp de Reouven. Après quoi se mettaient en marche les Qehathis
10,18
Puis se mit en marche la bannière du camp de Ruben, selon ses légions: sa légion à lui, conduite par Eliçour, fils de Chedéour;
10,19
la légion de la tribu des enfants de Siméon, par Cheloumïel, fils de Çourichaddaï;
10,20
et la légion de la tribu des enfants de Gad, par Elyaçaf, fils de Deouêl.
10,21
Alors s'avancèrent les Kehathites, porteurs de l'appareil sacré, de sorte qu'on avait redressé le tabernacle lorsqu'ils arrivèrent.
Porteurs du sanctuaire
Porteurs des objets saints
Ils dressèrent le tabernacle
Les enfants de Guérchon et ceux de Merari les devançaient d’une distance de deux drapeaux et ils montaient le tabernacle lorsque s’arrêtait la nuée. Le signal d’arrêt était visible au-dessus du drapeau de Yehouda. Quand ceux-là s’arrêtaient, les enfants de Qehath marchaient encore derrière eux avec les deux derniers drapeaux, et ceux de Guérchon et de Merari s’affairaient déjà à l’érection du tabernacle, de sorte que les enfants de Qehath, lorsqu’ils les rejoignaient, le trouvaient dressé à son emplacement et ils y installaient l’arche sainte, la table, la menora et les autels. C’est ce que veut dire le verset : ceux qui en étaient chargés dressaient le tabernacle dès avant que n’arrivent les enfants de Qehath
10,22
Et la bannière du camp des enfants d'Ephraïm se mit en marche, selon leurs légions: sa légion à lui, conduite par Elichama, fils d'Ammihoud;
10,23
la légion de la tribu des enfants de Manassé, par Gamliel, fils de Pedahçour;
10,24
et la légion de la tribu des enfants de Benjamin, par Abidân, fils de Ghidoni.
10,25
Enfin s'avança la bannière du camp des Danites, arrière-garde de tous les camps, selon leurs légions: sa légion à lui, commandée par Ahïézer, fils d'Ammichaddaï;
Arrière-garde pour tous les camps
On apprend dans le Yerouchalmi (‘Erouvin 5, 1) que si la tribu de Dan marchait en dernier, c’est parce qu’elle était nombreuse. Elle rapportait les objets perdus à leurs propriétaires. Selon certains, ils marchaient en formant un carré, interprétation déduite des mots : « comme ils camperont ainsi voyageront-ils » (supra  2, 17). Selon d’autres, ils marchaient selon la forme d’une poutre, interprétation déduite des mots : « arrière-garde pour tous les camps »
10,26
la légion de la tribu des enfants d'Asher, par Paghïel, fils d'Okrân;
10,27
et la légion de la tribu des enfants de Nephtali, par Ahira, fils d'Enân.
10,28
Tel était l'ordre de marche des enfants d'Israël, selon leurs légions, quand ils levaient le camp.
Ceux-là sont les étapes
Tel a été l’ordre de marche
Ils voyagèrent
Ils décampèrent ce jour-là
10,29
Moïse dit à Hobab, fils de Ragouêl le Madianite, beau-père de Moïse: "Nous partons pour la contrée dont l'Éternel a dit: C'est celle-là que je vous donne. Viens avec nous, nous te rendrons heureux, puisque l'Éternel a promis du bonheur à Israël."
‘Hovav
C’est Yithro, comme il est écrit : « des fils de ‘Hovav, beau-père de Mochè » (Choftim 4, 11). Et que veulent dire les mots : « Elles vinrent vers Re‘ouel leur père » (Chemoth 2, 18) ? Cela nous apprend que les jeunes enfants donnent à leur grand-père le titre de père. Yithro portait plusieurs noms : « Yithro » parce qu’il a fait ajouter (yèthèr) un chapitre à la Tora, ‘Hovav parce qu’il aimait (‘hivav) la Tora, etc. (Sifri)
Nous partons vers l’endroit
« Tout de suite, et dans trois jours nous entrerons dans le pays » (Sifri). Lorsqu’ils ont effectué ce premier départ, ils étaient résolus à entrer en Erets Yisrael, mais ils ont péché lors de l’épisode des « gémissants » (infra 11, 1 et suivants). Et pourquoi Mochè s’est-il associé à leur détermination ? L’interdiction d’y entrer qui l’a frappé n’avait pas encore été prononcée, et il pensait pouvoir y entrer (Sifri)
10,30
Il lui répondit: "Je n'irai point; c'est au contraire dans mon pays, au lieu de ma naissance, que je veux aller."
Vers mon pays et vers mon lieu de naissance
Tant à cause de mes biens que de ma famille (Sifri)
10,31
Moïse reprit: "Ne nous quitte point, de grâce! Car, en vérité, tu connais les lieux où nous campons dans ce désert, et tu nous serviras de guide.
Ne nous quitte donc pas
Le mot na (« donc ») signifie toujours une imploration. Il ne faut pas que l’on puisse dire : « Yithro ne s’est pas converti par pur amour, mais parce qu’il croyait que les convertis obtiendraient une part dans le pays. Cependant, lorsqu’il a appris que ce n’était pas le cas, il les a abandonnés et s’en est allé » (Sifri)
Puisque aussi bien tu connais notre campement dans le désert
Il convient que tu agisses ainsi, étant donné que tu connais nos campements dans le désert et que tu as vu les miracles et les prodiges qui nous y ont été prodigués (Sifri)
Puisque aussi bien (ki ‘al kén) que tu connais
« Parce que tu connais », comme dans : « puisque aussi bien (ki ‘al kén) je ne l’ai pas donnée à Chéla mon fils » (Beréchith 38, 26), « puisque aussi bien (ki ‘al kén) ils sont venus à l’ombre de mon toit » (Beréchith 19, 8), « puisque aussi bien (ki ‘al kén) j’ai vu ta face » (Beréchith 33, 10)
Tu seras (wehayyitha) pour nous comme des yeux
Le verbe wehayyitha est au passé, ainsi que le rend le Targoum Onqelos. Autre explication : Il est au futur, comme voulant dire que « dans toutes choses qui nous embarrassera, tu éclaireras nos “yeux” ». Autre explication : « Tu es aussi cher que la prunelle de nos “yeux” », comme il est écrit : « Vous aimerez l’étranger » (Devarim 10, 19)
10,32
Or, si tu nous accompagnes, ce même bonheur dont l'Éternel nous fera jouir, nous te le ferons partager."
Ce bien-là sera…
De quel bienfait s’agit-il ? On a enseigné : Quand Israël a partagé le pays, les terres fertiles entourant Yeri‘ho, qui s’étendaient sur une surface de cinq cents coudées sur cinq cents coudées, n’ont pas été incluses dans ce partage. Ils ont dit qu’elles deviendraient la propriété de celui sur le territoire duquel serait construit le Temple et ils les ont données en attendant aux fils de Yithro, à Yonadav fils de Rékhav, comme il est écrit : « Et les fils du Qéni, beau-père de Mochè, montèrent de la ville des palmiers… (Choftim 6, 16) (Sifri)
10,33
Et ils firent, à partir du mont de l'Éternel, trois journées de chemin; l'arche d'alliance de l'Éternel marcha à leur tête l'espace de trois journées, pour leur choisir une halte,
Trajet de trois jours
Ils ont parcouru en un seul jour un trajet qui aurait dû en durer trois, car le Saint béni soit-Il voulait les faire entrer immédiatement dans le pays (Sifri)
Et l’arche d’alliance de Hachem partit devant eux pour un trajet de trois jours
Il s’agit de l’arche qui partait avec eux pour la guerre et dans laquelle se trouvaient les débris des premières tables. Elle les précédait sur une distance à parcourir en trois jours afin de leur préparer un lieu de campement (Sifri)
10,34
tandis que la nuée divine planait au-dessus d'eux, le jour, à leur départ du camp.
Et la nuée de Hachem était sur eux
Le mot « nuée » figure sept fois dans le texte à propos de leurs marches : quatre fois pour les quatre points cardinaux, une fois pour désigner le haut, une fois pour désigner le bas et une fois pour désigner ce qui était devant eux. C’est celle qui nivelait les hauteurs et exhaussait les creux, qui tuait les serpents et les scorpions (Sifri)
Du camp
De l’endroit où ils avaient campé
10,35
Or, lorsque l'arche partait, Moïse disait: "Lève-toi, Éternel! Afin que tes ennemis soient dissipés et que tes adversaires fuient de devant ta face!"
Ce fut
Les signes massorétiques qui entourent ce paragraphe indiquent qu’il n’est pas à sa place. Et pourquoi a-t-il été écrit ici ? Pour marquer une pause entre deux crises, etc., comme indiqué dans toutes les écritures (voir Chabath 116a)
Lève-toi
Étant donné que l’arche les précédait sur une distance à parcourir en trois jours, Mochè disait : « Arrête-toi et attends-nous sans t’éloigner davantage ! » (Midrach Tan‘houma dans Wayaqhél)
Que tes ennemis soient dispersés
Lorsqu’ils se rassemblent [pour le combat] (Sifri)
Ceux qui te haïssent
Ce sont les ennemis d’Israël, car en tout ennemi d’Israël il y a un ennemi du Créateur de l’univers, comme il est écrit : « … et ceux qui te haïssent lèvent la tête » (Tehilim 83, 3). Et qui sont-ils ? « Ils trament avec astuce des complots contre ton peuple » (verset 4) (Sifri)
10,36
Et lorsqu'elle faisait halte, il disait: "Reviens siéger, Éternel, parmi les myriades des familles d'Israël!"
Reviens (chouva)
Mena‘hem traduit le mot chouva par « repos », comme dans : « En repos (bechouva) et en douceur vous serez sauvés » (Yecha’yah 30, 15)
Myriades des milliers d’Israël
Cela nous apprend que la chekhina ne repose sur Israël que s’ils sont au moins vingt-deux mille (Sifri)
11,1
Le peuple affecta de se plaindre amèrement aux oreilles du Seigneur. Le Seigneur l'entendit et sa colère s'enflamma, le feu de l'Éternel sévit parmi eux, et déjà il dévorait les dernières lignes du camp.
Le peuple (ha‘am) fut comme des gémissants
Le mot ‘am (« peuple ») désigne les impies (Sifri), comme dans : « Que ferai-je pour ce peuple (la‘am) » (Chemoth 17, 4), et dans : « Ce peuple (ha‘am) mauvais » (Yirmeya 13, 10). Mais lorsqu’ils sont vertueux, on les appelle : ‘ami (« mon peuple »), comme il est écrit : « Renvoie “mon peuple” » (Chemoth 5, 1), « “Mon peuple”, que t’ai-je fait ? » (Mikha 6, 3)
Comme des gémissants (kemithonenim)
Le mot mithonenim a le sens de « chercher prétexte » (Sifri). Ils cherchent un prétexte pour se séparer de Hachem. On trouve le même mot à propos de Chimchon : « … car il cherchait un prétexte (toéna) » (Choftim 14, 4)
Mauvais aux oreilles de Hachem
Une récrimination qui était mauvaise aux oreilles de Hachem. Ils voulaient qu’elle parvienne à Ses oreilles et qu’Il s’irrite. Ils se disaient : « Malheur à nous ! Comme Il nous a fatigués sur ce chemin ! Cela fait trois jours que nous ne nous sommes pas reposés des fatigues du voyage ! 
Sa colère s’enflamma
« Je voulais, pour votre bien, vous faire entrer immédiatement dans le pays ! 
Dans l’extrémité du camp
À ceux qui étaient « extrêmes » dans l’indignité. Il s’agit ici du « ramassis » (Chemoth 12, 38). Rabi Chim‘on ben Menassia a enseigné : C’était les nobles et les grands (Sifri)
11,2
Mais le peuple implora Moïse; Moïse pria le Seigneur, et le feu s'affaissa.
Le peuple cria vers Mochè
Cela ressemble à un roi terrestre qui se sera irrité contre son fils. Celui-ci s’adresse à l’ami de son père et lui demande d’intervenir en sa faveur (Sifri)
Le feu s’enfonça
Il s’est enfoncé sur place dans la terre, car s’il avait progressé à l’horizontale, il aurait fini par brûler toute la direction parcourue (Sifri)
11,3
On nomma cet endroit Tabérah, parce que le feu de l'Éternel y avait sévi parmi eux.
11,4
Or, le ramas d'étrangers qui était parmi eux fut pris de convoitise; et, à leur tour, les enfants d'Israël se remirent à pleurer et dirent: "Qui nous donnera de la viande à manger?
Et le mélange (wahaassafsouf)
C’est le « ramassis » qui s’était « réuni » (nèèsfou) à eux lorsqu’ils sont sortis d’Égypte (Sifri)
Ils s’assirent
Les enfants d’Israël ont eux aussi pleuré avec eux
Qui nous fera manger de la viande
Se peut-il qu’ils n’avaient pas de viande ? Il est pourtant écrit : « Et aussi un ramassis monta avec eux, et du menu bétail et du gros bétail… » (Chemoth 12, 38). Se peut-il qu’ils les avaient déjà mangés ? Mais il est écrit, au moment de leur entrée en Erets Yisrael, que « les fils de Reouven et les fils de Gad avaient de nombreux troupeaux » (infra 32, 1). En fait, ils cherchaient un prétexte (Sifri)
11,5
Il nous souvient du poisson que nous mangions pour rien en Egypte, des concombres et des melons, des poireaux, des oignons et de l'ail.
Que nous mangions en Égypte gratuitement
Se peut-il que les Égyptiens leur aient donné du poisson gratuitement ? Il est pourtant écrit : « Et la paille ne vous sera pas donnée… » (Chemoth 5, 18). S’ils ne leur donnaient pas gratuitement la paille, leur auraient-ils donné du poisson pour rien ? Que veut dire alors le mot « gratuitement » ? « Gratuitement » par rapport aux mitswoth (Sifri)
Des concombres
Rabi Chim‘on a enseigné : Pourquoi la manne prenait-elle tous les goûts à l’exception de ceux-là ? Parce qu’ils sont malsains pour les nourrices. On dit à la femme : « Ne mange pas d’ail ni d’oignon à cause de l’enfant. » Cela ressemble à un roi…, comme enseigné dans le Sifri
Concombres
En français médiéval : « cocombres »
Et des melons
En français médiéval : « bodekes »
Et des poireaux
En français médiéval : « porels » (voir Pessa‘him 39a)
11,6
Maintenant, nous sommes exténués, nous manquons de tout: point d'autre perspective que la manne!"
Vers la manne sont tournés nos yeux
« Manne le matin ! Manne le soir ! » (Sifri)
11,7
(Or, la manne était comme de la graine de coriandre, et son aspect comme l'aspect du bdellium.
Et la manne
Celui qui a dit cela n’est pas celui qui a dit ce qui précède. Israël disait : « Seulement vers la manne sont tournés nos yeux. » Mais le Saint béni soit-Il a fait écrire dans la Tora : « Et la manne, elle était comme la graine de coriandre… », c’est-à-dire : « Voyez, habitants de la terre, de quoi se plaignent mes enfants, alors que la manne est si précieuse ! » (Sifri)
Comme la graine de coriandre
Ronde comme une graine. En français médiéval : « coliandre »
Bdellium
C’est le nom d’une pierre précieuse. En français : « cristal »
11,8
Le peuple se dispersait pour la recueillir, puis on l'écrasait sous la meule ou on la pilait au mortier; on la mettait cuire au pot, et l'on en faisait des gâteaux. Elle avait alors le goût d'une pâtisserie à l'huile.
Se dispersait
Pour une promenade d’agrément. En français médiéval : « esbanier », sans peine
Et moulaient dans la meule…
Sans qu’on eût besoin d’utiliser une meule, ni un mortier ni un chaudron, mais son goût se changeait en celui de mets moulus, pilés ou cuits (Sifri)
Dans le chaudron
La marmite
Pâtisserie à l’huile (lechad hachamen)
Une imprégnation d’huile, d’après l’explication de Dounach. Expression voisine : « Ma vigueur (lechadi) s’est changée en une sécheresse d’été » (Tehilim 32, 4). Le lamed du mot lechad fait partie de la racine : « Ma vigueur s’est changée “comme” en une sécheresse d’été ». Nos maîtres expliquent ce mot comme exprimant l’idée de « mamelles » (chadim), mais les mamelles n’ont rien à voir avec l’huile, et l’on ne peut faire du mot hachamen (« à l’huile ») un adjectif qualifiant lechad, en s’appuyant sur : « Yechouroun s’est engraissé (wayichman)… » (Devarim 32, 15), car la lettre mèm contenue dans le mot serait alors marquée d’un qamats qatan et l’accent tonique serait sur la dernière syllabe, à savoir sur le mèm. Étant donné que ce mèm est marqué d’un sègol et que l’accent tonique est sur l’avant-dernière syllabe, à savoir sur le chin, il s’agit bien du substantif « huile ». Quant au chin, il est marqué d’un qamats gadol au lieu de l’être d’un sègol parce qu’il est en fin de verset. Autre explication (Sifri) : Le mot lechad est formé par les lettres initiales de lich (« pâte »), chèmèn (« huile ») et devach (« miel »), c’est-à-dire une pâte pétrie à l’huile et enduite de miel. La traduction du Targoum Onqelos : « pétrie à l’huile » se rapproche de l’explication de Dounach, car dans une pâte pétrie à l’huile, il y a une imprégnation d’huile
11,9
Lorsque la rosée descendait sur le camp, la nuit, la manne y tombait avec elle).
11,10
Moïse entendit le peuple gémir, groupé par familles, chacun à l'entrée de sa tente. L'Éternel entra dans une grande colère; Moïse en fut contristé,
Pleurant pour ses familles
Ils s’étaient groupés par familles et ils pleuraient pour manifester publiquement leur récrimination. Nos maîtres ont enseigné : « Pour ses familles » – pour les affaires de famille, à cause des unions incestueuses qui leur étaient désormais interdites (Yoma 75a)
11,11
et il dit à l'Éternel: "Pourquoi as-tu rendu ton serviteur malheureux? Pourquoi n'ai-je pas trouvé grâce à tes yeux, et m'as-tu imposé le fardeau de tout ce peuple?
11,12
Est-ce donc moi qui ai conçu tout ce peuple, moi qui l'ai enfanté, pour que tu me dises: Porte-le dans ton sein, comme le nourricier porte le nourrisson, jusqu'au pays que tu as promis par serment à ses pères?
Que tu me dises
Pour que tu me dises : « Porte-le dans ton sein ! » Et où l’a-t-il dit ? « Et maintenant va, conduis le peuple… » (Chemoth 32, 34), et aussi : « Il leur ordonna pour les fils d’Israël… » (Chemoth 6, 13), même s’ils doivent vous jeter des pierres et vous injurier
Sur la terre que tu as juré de donner à ses pères
Tu me demandes de les porter dans mon sein
11,13
Où trouverai-je de la chair pour tout ce peuple, qui m'assaille de ses pleurs en disant: Donne-nous de la chair à manger!
11,14
Je ne puis, moi seul, porter tout ce peuple: c'est un faix trop pesant pour moi.
11,15
Si tu me destines un tel sort, ah! Je te prie, fais-moi plutôt mourir, si j'ai trouvé grâce à tes yeux! Et que je n'aie plus cette misère en perspective!"
Et si tu (at) me fais ainsi
Mochè eut une défaillance comme une femme lorsque le Saint béni soit-Il lui montra la punition qu’Il leur infligerait un jour pour cette faute, et il lui a dit : « Dans ce cas, tue-moi d’abord ! » (Sifri)
Et je ne verrai pas mon mal (bera‘athi)
Le texte aurait dû mettre : bera‘atham (« “leur” mal »). Mais le texte s’est exprimé autrement, et c’est un des euphémismes contenus dans la Tora, employés pour la beauté de la langue (Sifri)
11,16
L'Éternel répondit à Moïse: "Assemble-moi soixante-dix hommes entre les anciens d'Israël, que tu connaisses pour être des anciens du peuple et ses magistrats; tu les amèneras devant la tente d'assignation, et là ils se rangeront près de toi.
Réunis-moi
C’est la réponse à ta plainte : « Je ne puis, moi seul, porter tout ce peuple-ci » (verset 14). Mais où étaient les premiers Anciens, ceux qui étaient déjà avec eux en Égypte, comme il est écrit : « Va, tu rassembleras les anciens d’Israël » (Chemoth 3, 16) ? En fait, ils sont morts par le feu de Tav‘éra (verset 3), et ils avaient déjà mérité la mort au Sinaï car il est écrit : « ils virent ha-Eloqim » (Chemoth 24, 11), ce qui signifie qu’ils se sont conduits avec effronterie comme celui qui s’adresserait au roi tout en mordillant son pain. C’est ce que veulent dire les mots : « ils mangèrent, ils burent » (ibid.). Mais le Saint béni soit-Il n’a pas voulu attrister par un deuil le don de la Tora et ce n’est que maintenant qu’Il les a punis (Midrach Tan‘houma)
Dont tu sais qu’ils sont…
Ceux-là mêmes dont tu sais qu’ils ont été préposés sur eux en Égypte comme surveillants de leurs durs travaux. Ils ont eu pitié d’eux et ont subi des violences à leur place, comme il est écrit : « Ils furent frappés, les policiers des fils d’Israël » (Chemoth 5, 14). Qu’ils soient maintenant à l’honneur comme ils ont été à la peine ! (Sifri)
Tu les prendras
« Prends-les » par des paroles : « Vous avez de la chance d’avoir été nommés dirigeants des enfants de Hachem ! 
Ils se tiendront là avec toi
Afin qu’Israël les voie et qu’il leur confère de la grandeur et des honneurs en leur disant : « Comme ils sont aimés, ces hommes, pour avoir pu entrer avec Mochè et entendre la parole de la bouche du Saint béni soit-Il ! » (Sifri)
11,17
C'est là que je viendrai te parler, et je retirerai une partie de l'esprit qui est sur toi pour la faire reposer sur eux: alors ils porteront avec toi la charge du peuple, et tu ne la porteras plus à toi seul.
Je descendrai
C’est là une des dix « descentes » [de Hachem] dont parle la Tora (Sifri)
Je parlerai là avec toi
Et non avec eux
Je retirerai (weitsalti)
Comme le rend le Targoum Onqelos : « J’élèverai ». Comme dans : « et vers les nobles (atsilei) des fils d’Israël » (Chemoth 24, 11)
Je mettrai sur eux
À quoi Mochè ressemblait-il à ce moment-là ? À la flamme du haut de la menora, à partir de laquelle on peut en allumer beaucoup d’autres sans que sa lumière s’en trouve amoindrie (Sifri)
Ils porteront avec toi
Impose-leur comme condition qu’ils se chargent des tracas que causent mes enfants, lesquels sont lassants et rebelles
Et tu ne le porteras pas toi seul
Voilà la réponse à ce que tu as dit : « Je ne puis, moi seul, porter tout ce peuple-ci » (verset 14)
11,18
Quant à ce peuple, tu lui diras: Tenez-vous prêts pour demain, vous mangerez de la chair, puisque vous avez sangloté aux oreilles de l'Éternel en disant: "Qui nous donnera de la viande à manger? Nous étions plus heureux en Egypte!" L'Éternel vous en donnera à manger, de la viande.
Sanctifiez-vous
Préparez-vous à la punition, comme dans : « Prépare-les pour le jour de la tuerie » (Yirmeya 12, 3)
11,19
Ce n'est pas un jour ni deux que vous en mangerez; ce n'est pas cinq jours, ni dix jours, ni vingt jours,
11,20
mais un mois entier, tellement qu'elle vous ressortira de la gorge et vous deviendra en horreur; parce que vous avez outragé l'Éternel qui est au milieu de vous, et que vous avez pleuré devant lui en disant: Pourquoi sommes-nous sortis de l'Egypte?"
Jusqu’à un mois de jours
Cela pour les bons, qui ont dépéri sur leurs lits, après quoi leur âme les a quittés. Quant aux impies, il est écrit : « La viande était encore entre leurs dents… » (verset 33). Voilà ce qu’enseigne le Sifri. Mais la Mekhilta enseigne le contraire : Les impies ont mangé et souffert pendant trente jours, tandis que chez les bons « la viande était encore entre leurs dents »
Jusqu’à ce qu’elle sorte de vos narines
Comme le rend le Targoum Onqelos : « que vous en ressentirez du dégoût ». Il vous en semblera comme si vous en aviez trop mangé, au point qu’elle se répandra et se déversera au-dehors par le nez
Et qu’elle vous soit en nausée (zara)
Et que vous la repoussiez plus fortement que vous ne l’aviez approchée (Sifri). J’ai lu dans les écrits de Rabi Mochè Hadarchan qu’il existe une langue où le mot zara signifie « épée »
Hachem qui est au milieu de vous
Si je n’avais pas établi parmi vous ma chekhina, vous n’auriez pas eu l’audace d’émettre toutes ces prétentions (Sifri)
11,21
Moïse repartit: "Six cent mille voyageurs composent le peuple dont je fais partie, et tu veux que je leur donne de la viande à manger pour un mois entier!
Six cent mille hommes de pied
Il lui importe peu de compter les trois mille de plus (voir supra  1, 46 et 2, 32). Rabi Mochè Hadarchan explique que seuls ont pleuré ceux qui étaient sortis d’Égypte
11,22
Faudra-t-il leur tuer brebis et bœufs, pour qu'ils en aient assez? Leur amasser tous les poissons de la mer, pour qu'ils en aient assez?"
Leur sera-t-il égorgé du menu bétail et du gros bétail
C’est là un des quatre passages sur l’interprétation desquels Rabi ‘Aqiva et Rabi Chim‘on sont en désaccord. Rabi ‘Aqiva enseigne : Les mots : « six cent mille hommes de pied […] et toi tu as dit : Je leur donnerai de la viande, ils mangeront un mois de jours. Leur sera-t-il égorgé du menu bétail et du gros bétail… » sont tous à prendre au sens littéral et veulent dire : « Qui pourra leur en fournir à suffisance ? », dans le sens de : « et qu’il trouve de quoi [c’est-à-dire : « à suffisance »] faire son réméré » (Wayiqra 25, 26). Et lesquels de ces propos sont-ils les plus blâmables, ceux-là ou bien ceux-ci : « Écoutez donc, les rebelles ! » (infra 20, 10) ? Cependant, étant donné qu’il n’a pas ici parlé publiquement, le texte ne lui tient pas rigueur et ne le punit pas, tandis que les paroles prononcées à Meriva ont été émises publiquement, de sorte que le texte lui en tient rigueur. Quant à Rabi Chim‘on, il enseigne : « Loin de moi l’idée qu’une telle pensée ait pu jamais habiter l’esprit de ce juste, de celui dont il est écrit : “ il est fidèle dans toute ma maison” (infra 12, 7) ! Aurait-il pu dire de Hachem qu’Il ne peut pourvoir à nos besoins ? Mais voici ce que veulent dire les mots “Six cent mille hommes de pied […] et toi tu as dit : Je leur donnerai de la viande, ils mangeront un mois de jours” : Se pourrait-il que tu tues ensuite un si grand peuple ? “Leur égorgera-t-on du menu bétail et du gros bétail” pour qu’ils soient ensuite mis à mort et que ce repas soit pour eux le dernier ? Serait-ce pour toi un honneur ? Dit-on à un âne : “Avale ce kor d’orge, après quoi nous te couperons la tête.” ? Le Saint béni soit-Il lui a répondu : “Si je ne leur en donne pas, ils diront que ma main « s’est raccourcie ». Préférerais-tu qu’il en soit ainsi à leurs yeux ? Mieux vaut qu’ils périssent et qu’en périssent cent fois plus plutôt que ma main leur paraisse trop courte, même un instant” » (Sifri)
11,23
Et l'Éternel dit à Moïse: "Est-ce que le bras de l'Éternel est trop court? Tu verras bientôt si ma parole s'accomplit devant toi ou non."
Maintenant tu verras si ma parole s’accomplira
Raban Gamliel fils de Rabi Yehouda le prince a enseigné : Il est impossible de discuter avec un chercheur de querelles. Ils ne font que chercher des prétextes, et on ne pourra jamais leur donner satisfaction car ils ne cesseront de te contredire. Si tu leur donnes de la viande de bœuf, ils diront qu’ils voulaient du veau. Si tu leur donnes du veau, ils diront qu’ils voulaient du bœuf, de la volaille, des poissons ou des sauterelles. [Hachem] lui a dit : « Ils diront dans ce cas que ma main “s’est raccourcie”. » Mochè a répondu : « Je vais aller les calmer ! » Hachem reprit : « “Maintenant tu verras si ma parole s’accomplira”, car ils ne t’écouteront pas. » Mochè partit les calmer et leur dit : « “Est-ce que la main de Hachem s’est raccourcie ? Voici, Il a frappé le rocher, et les eaux ont coulé, […] pourrait-il aussi donner du pain ? ” (Tehilim 78, 20). Ils lui rétorquèrent : « Tu cherches à trouver un compromis, parce qu’Il n’a pas la force de satisfaire à notre revendication ! » C’est ce que veulent dire les mots : « Mochè sortit, déclara au peuple… » (verset suivant). Et comme ils ne l’écoutèrent pas, « il réunit soixante-dix hommes… » (Sifri)
11,24
Moïse se retira, et rapporta au peuple les paroles de l'Éternel; puis il réunit soixante-dix hommes parmi les anciens du peuple et les rangea autour de la tente.
11,25
L'Éternel descendit dans une nuée et lui parla, et, détournant une partie de l'esprit qui l'animait, la reporta sur ces soixante-dix personnages, sur les anciens. Et aussitôt que l'esprit se fut posé sur eux, ils prophétisèrent, mais ils ne le firent plus depuis.
Et ils ne continuèrent pas
Ils n’ont prophétisé que ce jour-là, ainsi que l’explique le Sifri. Quant au Targoum Onqelos, il traduit par : « et ils ne cessèrent pas », en ce sens que le don prophétique ne les abandonna pas
11,26
Deux de ces hommes étaient restés dans le camp, l'un nommé Eldad, le second Médad. L'esprit se posa également sur eux, car ils étaient sur la liste, mais ne s'étaient pas rendus à la tente; et ils prophétisèrent dans le camp.
Restèrent deux hommes
Parmi ceux qui avaient été choisis. Ils disaient : « Nous ne sommes pas dignes de cet honneur ! » (Sifri)
Et ils étaient dans les inscrits
Parmi ceux qui avaient été choisis pour siéger au Sanhèdrin. Ils avaient tous été inscrits nominativement et désignés par le sort. Les calculs effectués attribuaient six membres à chacune des douze tribus, sauf à deux d’entre elles où il n’y en avait que cinq. Mochè s’est dit qu’aucune tribu n’allait accepter d’être moins bien représentée que les autres. Qu’a-t-il fait ? Il a pris soixante-douze bulletins. Sur soixante-dix il a écrit : « Ancien », et il en a laissé deux en blanc. Sur quoi il a choisi six hommes par tribu, soit soixante-douze, et il leur a dit : « Retirez chacun un bulletin de l’urne ! » Ceux qui avaient retiré un bulletin portant l’inscription « Ancien » ont été nommés, et à ceux qui avaient retiré un bulletin blanc il déclara : « Hachem n’a pas voulu de toi. » (Sifri)
11,27
Un jeune homme courut l'annoncer à Moïse, en disant: "Eldad et Médad prophétisent dans le camp."
Le garçon courut
Certains disent que c’était Guérchom, le fils de Mochè (Midrach Tan‘houma)
11,28
Alors Josué, fils de Noun, serviteur de Moïse depuis sa jeunesse, prit la parole et dit: "Mon maître Moïse, empêche-les!"
Enferme-les (kelaém)
Oblige-les à s’occuper des affaires publiques, et ils cesseront d’eux-mêmes. Autre explication : « Mets-les en prison (kèlè), parce qu’ils ont prophétisé que Mochè va mourir et que c’est Yehochou‘a qui fera entrer Israël dans le pays. » (Sanhèdrin 17a)
11,29
Moïse lui répondit: "Tu es bien zélé pour moi! Ah! Plût au Ciel que tout le peuple de Dieu se composât de prophètes, que l'Éternel fit reposer son esprit sur eux!"
Es-tu jaloux pour moi
Te fais-tu le soutien de ma jalousie 
Pour moi (li)
À ma place (bichvili). Le mot qina (« jalousie ») correspond toujours à l’idée de « prendre quelque chose à cœur », soit pour venger soit pour aider. En français médiéval : « enprenment » – prendre la partie lourde d’un fardeau
11,30
Et Moïse rentra dans le camp, ainsi que les anciens d'Israël.
Mochè réintégra
Depuis l’entrée du tabernacle
Vers le camp
Chacun est rentré sous sa tente
Réintégra (wayèèssof)
Ce terme exprime l’idée d’un retour chez soi, comme dans : « tu le recueilleras (waassafto) vers le milieu de ta maison » (Devarim 22, 2). L’exemple-type est : « il amasse des biens, et il ne sait qui les recueillera (osfam) » (Tehilim 39, 7). Cela nous apprend qu’Il ne les a punis qu’après que les justes sont tous rentrés chez eux (Sifri)
11,31
Cependant un vent s'éleva de par l'Éternel, qui suscita des cailles du côté de la mer, et les abattit sur le camp dans un rayon d'une journée de part et d'autre, autour du camp, et à la hauteur de deux coudées environ sur le sol.
Il suscita (wayagaz)
Il les fit voler, comme dans : « car [notre vie] s’envole (gaz) vite » (Tehilim 90, 10), ou dans : « ils s’envoleront (nagozou) et ne seront plus » (Na‘houm 1, 12
Il les jeta (wayitoch)
Il les répandit, comme dans : « et voici, ils étaient répandus (netouchim) sur la face de tout le pays » (I Chemouel 30, 16), ou dans : « je te jetterai (ounetachtikha) dans le désert » (Ye‘hezqèl 29, 5)
Et comme deux coudées
Elles volaient à hauteur des hommes, face à leurs cœurs, afin qu’ils n’aient aucun mal à les capturer et qu’ils n’aient ni à s’élever ni à se baisser (Sifri)
11,32
Le peuple s'occupa tout ce jour-là, toute la nuit, et toute la journée du lendemain, à ramasser les cailles; celui qui en recueillit le moins en eut encore dix omer. Et ils se mirent à les étaler autour du camp.
Celui qui en recueillit le moins
Ceux qui en ramassèrent le moins de tous – les paresseux et des boiteux – en recueillirent dix ‘homer (Sifri)
Ils s’étalèrent
Ils les ont amoncelées
11,33
La chair était encore entre leurs dents, elle n'était pas encore consommée, lorsque la colère du Seigneur éclata contre le peuple, et le Seigneur frappa le peuple d'une mortalité très considérable.
Avant qu’elle fût coupée
Comme le rend le Targoum Onqelos : « elle n’avait pas encore cessé ». Autre explication : Ils n’avaient pas eu le temps de la mâcher que leur âme les quittait déjà (Sifri)
11,34
On donna à ce lieu le nom de Kibroth-Hattaava, parce que c'est là qu'on ensevelit ce peuple pris de convoitise.
11,35
De Kibroth-Hattaava, le peuple partit pour Hacêroth, et il s'arrêta à Hacêroth.
12,1
Miryam et Aaron médirent de Moïse, à cause de la femme éthiopienne qu'il avait épousée, car il avait épousé une Ethiopienne,
Parla (watedabér)
Le verbe davor exprime toujours une idée de dureté dans le discours, comme dans : « L’homme, maître du pays, nous parla (dibbèr) durement » (Beréchith 42, 30), tandis que amor exprime la douceur, comme dans : « Il dit (wayomar) : De grâce, mes frères, ne faites pas de mal » (Beréchith 19, 7), « Il dit (wayomar) : Écoutez donc (na) mes paroles » (verset 6), le mot na (« donc ») signifiant toujours une imploration
Miriam parla
C’est elle qui a commencé de médire, c’est donc elle que le texte mentionne en premier. Et d’où Miriam savait-elle que Mochè s’était séparé de sa femme ? Rabi Nathan a enseigné : Miriam se trouvait à côté de Tsipora lorsque l’on a annoncé à Mochè que Eldad et Meidad prophétisaient dans le camp. Entendant cela, Tsipora s’exclama : « Malheur à leurs femmes s’ils s’occupent de prophétie ! Ils se sépareront d’elles tout comme mon mari s’est séparé de moi. » C’est ainsi que Miriam l’a appris, et elle l’a raconté à Aharon. Et si Miriam, qui l’a insulté sans mauvaise intention, a été punie, à plus forte raison le sera-t-il celui qui médit avec malveillance (Sifri)
La femme
Cela nous apprend que tous s’accordaient sur sa beauté, de même que l’on ne peut que s’accorder sur la couleur noire d’un Ethiopien (Sifri)
Kouchith
La valeur numérique des lettres de ce mot est la même que celle de « belle d’aspect » (Midrach Tan‘houma)
À cause de la femme
À cause de sa répudiation
Car il avait pris une femme Kouchith
Que veulent dire ces mots ? Ils nous apprennent qu’il existe des femmes belles physiquement mais pas moralement, d’autres qui sont belles moralement mais pas physiquement, mais que celle-là était belle à tous points de vue (Sifri)
La femme
On l’appelait kouchith à cause de sa beauté, tout comme on appelle un bel enfant kouchi (« nègre ») pour en écarter le mauvais œil (Midrach Tan‘houma)
Car il avait pris une femme kouchith
Et maintenant il l’avait répudiée (Midrach Tan‘houma)
12,2
et ils dirent: "Est-ce que l'Éternel n'a parlé qu'à Moïse, uniquement? Ne nous a-t-il pas parlé, à nous aussi?" L'Éternel les entendit.
Est-ce cependant seulement
Hachem n’a-t-Il parlé qu’à lui 
Ne nous a-t-Il pas parlé aussi
Et nous n’avons pas renoncé aux rapports sexuels (Sifri)
12,3
Or, cet homme, Moïse, était fort humble, plus qu'aucun homme qui fût sur la terre.
Humble
Modeste et patient
12,4
Soudain l'Éternel dit à Moïse, à Aaron et à Miryam: "Rendez-vous tous trois à la tente d'assignation!" Et ils s'y rendirent tous trois.
Soudain
Il leur est apparu soudain alors qu’ils étaient impurs à la suite de rapports sexuels et qu’ils réclamaient de l’eau, leur faisant ainsi comprendre que Mochè avait bien agi en se séparant de sa femme : La chekhina se révélait fréquemment à lui et il n’y avait pas de moment fixé pour son apparition (Midrach Tan‘houma)
Sortez vous trois
Cela nous apprend qu’ils ont été appelés à eux trois par une seule voix, ce qu’il est impossible à une bouche d’émettre et à une oreille d’entendre (Sifri)
12,5
L'Éternel descendit dans une colonne nébuleuse, s'arrêta à l'entrée de la tente, et appela Aaron et Miryam, qui sortirent tous deux;
Dans une colonne de nuée
Il s’y est rendu seul, contrairement à ce que font les rois de chair et de sang. Lorsqu’un roi de chair et de sang part en guerre, il le fait avec une armée nombreuse, et quand il part faire la paix, il le fait accompagné d’une escorte légère. Tandis que le Saint béni soit-Il part en guerre seul, comme il est écrit : « Hachem est homme de guerre » (Chemoth 15, 3), et Il va faire la paix accompagné de Ses troupes, comme il est écrit : « Les chars de Eloqim sont par vingt mille, par milliers redoublés » (Tehilim 68, 18) (Sifri)
Il appela Aharon et Miriam
Pour qu’ils se retirent et sortent du parvis à la rencontre de la parole divine (Sifri)
Ils sortirent eux deux
Pourquoi les a-t-Il retirés et séparés de Mochè ? Parce que, pour dresser l’éloge de quelqu’un, on en dit peu en sa présence et beaucoup hors de sa présence. C’est ce que nous avons vu pour Noa‘h : Il a été dit de lui hors de sa présence : « Noa‘h fut un homme juste, il était intègre dans sa génération » (Beréchith 6, 9), et en sa présence : « Car c’est toi que j’ai vu juste devant moi dans cette génération-ci » (Beréchith 7, 1) (‘Erouvin 18b). Autre explication : Pour qu’il n’entende pas la réprimande qu’allait recevoir Aharon (Sifri)
12,6
et il dit: "Ecoutez bien mes paroles. S'il n'était que votre prophète, moi, Éternel, je me manifesterais à lui par une vision, c'est en songe que je m'entretiendrais avec lui.
Écoutez donc (na) mes paroles
Le mot na (« donc ») signifie toujours une imploration (Sifri)
S’il est votre prophète
Quand vous aurez des prophètes (Targoum Onqelos)
Moi
La divinité de mon Nom ne se révèle pas à lui comme dans un miroir flamboyant, mais dans un rêve et une vision (voir Yevamoth 49b)
12,7
Mais non: Moïse est mon serviteur; de toute ma maison c'est le plus dévoué.
12,8
Je lui parle face à face, dans une claire apparition et sans énigmes; c'est l'image de Dieu même qu'il contemple. Pourquoi donc n'avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur, contre Moïse?"
Bouche vers bouche
Je lui ai dit de se séparer de sa femme. Et où cela ? au Sinaï : « Va, dis-leur : retournez pour vous à vos tentes ! Et toi, tiens-toi ici avec moi » (Devarim 5, 27 et 28) (Chabath 87a)
Une vision et non dans des énigmes
La « vision » désigne ici la « clarté de la parole ». Je lui explique clairement ma parole et je ne la dissimule pas sous des énigmes comme celles dont il est question chez Ye‘hezqèl : « Propose une énigme… » (Ye‘hezqèl 17, 2). J’aurais pu penser que la « vision » est celle de la chekhina. Aussi est-il écrit : « Tu ne peux pas voir ma face » (Chemoth 33, 20) (Sifri)
Et il contemplera l’image de Hachem
C’est la vision par derrière, ainsi qu’il est écrit : « tu me verras par derrière » (Chemoth 33, 23) (Sifri)
Contre mon serviteur
Il n’est pas écrit : « contre mon serviteur Mochè », mais : « contre mon serviteur, contre Mochè ». Vous auriez dû respecter mon serviteur même si ce n’avait pas été Mochè, et Mochè même s’il n’avait pas été mon serviteur, et ce d’autant plus qu’il est « mon » serviteur. Car « le serviteur d’un roi est roi lui-même » (Chevou‘oth 47b). Vous auriez dû vous dire que l’amour que lui porte le roi n’est pas sans fondement (Midrach Tan‘houma). Et si vous dites que je ne sais pas ce qu’il fait, vous commettez une faute encore plus grave (Sifri)
12,9
La colère de l'Éternel éclata ainsi contre eux, et il se retira.
La colère de Hachem s’enflamma contre eux
Après leur avoir fait connaître leur mauvaise action, Il prononça leur éviction. À plus forte raison un être de chair et de sang ne doit-il pas se fâcher contre quelqu’un sans lui avoir fait connaître la faute qu’il lui reproche (Sifri)
12,10
La nuée ayant disparu de dessus la tente, Miryam se trouva couverte de lèpre, blanche comme la neige. Aaron se tourna vers Miryam, et la vit lépreuse.
Et la nuée se retira
Après quoi : « et voici que Miriam était lépreuse comme la neige ». Cela ressemble à un roi qui aurait dit au précepteur de son fils : « Punis-le, mais pas avant que je sois parti ! Car j’ai pitié de lui. » (Sifri)
12,11
Et Aaron dit à Moïse: "Pitié, mon Seigneur! De grâce, ne nous impute pas à péché notre démence et notre faute!
Nous avons agi en folie
Comme le rend le Targoum Onqelos : idée de « folie »
12,12
Oh! Qu'elle ne ressemble pas à un mort-né qui, dès sa sortie du sein de sa mère, a une partie de son corps consumée!"
Qu’elle ne soit donc pas
Notre sœur que voici
Comme un mort
Car le lépreux est considéré comme mort (Nedarim 64b, Beréchith raba 71, 6). Tout comme un cadavre, le lépreux rend impur celui qui pénètre dans un local (Sifri)
Qui
Il aurait fallu dire : « “notre” mère ». Le texte a cependant choisi une expression plus bienséante. Il en est de même de : « la moitié de sa chair », où il aurait fallu dire : « la moitié de “notre” chair ». Mais le texte a choisi, là aussi, une expression plus bienséante. Étant donné qu’elle est sortie de la matrice de notre mère, c’est comme si la moitié de notre chair était consumée, comme il est écrit : « car il est notre frère, notre chair » (Beréchith 37, 27). Et il en est également ainsi selon le sens littéral : Il ne convient pas qu’un frère abandonne sa sœur comme si elle était morte
Qui
Celui qui, étant en mesure d’aider quelqu’un qui est sorti de la même matrice, s’abstient de le faire, la « moitié de sa chair » sera consumée car un frère est sa propre chair. Autre explication : « Qu’elle ne soit donc pas comme un mort » – si tu ne daignes pas la guérir par ma prière, qui donc ordonnera son isolement et qui la rendra pure ? Je n’ai pas le droit, moi [Aharon], de l’examiner car je suis un proche parent, et un proche parent n’a pas le droit d’examiner les plaies lépreuses. Or, il n’existe pas d’autre kohen. Voilà ce que veulent dire les mots : « qui à sa sortie de la matrice de sa mère » (Sifri)
12,13
Et Moïse implora l'Éternel en disant: "Seigneur, oh! Guéris-la, de grâce!"
Qél
Le texte nous enseigne ici une règle de bonne conduite : Celui qui a une demande à présenter à quelqu’un doit la faire précéder de deux ou trois supplications, après quoi il fera savoir ce qu’il attend de lui (Sifri)
En disant
Que veulent dire ces mots ? Il lui a dit : « Réponds-moi si tu veux la guérir ou non ! » Il a alors répondu : « Et si son père, cracher, avait craché à sa face… » Rabi El‘azar ben ‘Azaria a enseigné : En quatre circonstances Mochè a demandé au Saint béni soit-Il de lui dire s’Il allait exaucer ses demandes ou non. Il en est ainsi dans : « Mochè parla devant Hachem en disant… » (Chemoth 6, 12). Que veut dire : « en disant » ? « Réponds-moi si tu es décidé à les sauver ou non ! » Il a alors répondu : « Maintenant tu verras ce que je ferai à Pharaon » (Chemoth 6, 1). Il en est également ainsi dans : « Mochè parla à Hachem “en disant” : Que Hachem, le Eloqim des esprits de toute chair… » (infra 27, 15 et 16), ainsi que dans : « J’ai imploré vers Hachem en ce temps-là “en disant” » (Devarim 3, 23), ce à quoi Il a répondu : « Assez pour toi » (Devarim 3, 26) (Sifri)
Guéris-la
Pourquoi Mochè n’a-t-il pas récité une longue prière ? Pour que les enfants d’Israël ne disent pas : « S’il prolonge sa prière, c’est parce que c’est sa propre sœur qui se trouve dans la souffrance. » Autre explication : Pour qu’ils ne disent pas : « S’il prolonge sa prière, c’est parce qu’elle est sa sœur, mais il ne le ferait pas pour nous » (Sifri)
12,14
L'Éternel répondit à Moïse: "Si son père lui eût craché au visage, n'en serait-elle pas mortifiée durant sept jours? Qu'elle soit donc séquestrée sept jours hors du camp, et ensuite elle y sera admise."
Et si son père
Si c’est son père qui lui avait manifesté de la réprobation, « n’aurait-elle pas eu honte pendant sept jours » ? À plus forte raison, s’agissant de la chekhina, sa honte devrait-elle durer quatorze jours. Cependant, dans un raisonnement a fortiori, ce qui est contenu dans la mineure est compris, à tout le moins, dans la majeure. C’est pourquoi, alors même que c’est moi qui la réprimande, elle ne sera enfermée que pendant sept jours (Baba Qama 25a, Baba Bathra 11a)
Après elle sera réintégrée
À mon avis, toutes les fois qu’il est question de « réintégration » pour les lépreux, c’est parce qu’ils sont expulsés hors du camp et que, une fois guéris, ils le réintègrent. « Réintégrer » signifie : « faire rentrer »
12,15
Miryam fut séquestrée hors du camp pendant sept jours; et le peuple ne partit que lorsque Miryam eut été réintégrée.
Et le peuple ne partit pas
Si Hachem lui a accordé cet honneur, c’est parce qu’elle avait veillé pendant une heure sur Mochè lorsqu’il avait été jeté dans le fleuve, comme il est écrit : « Sa sœur se tint de loin, pour savoir ce qui lui serait fait » (Chemoth 2, 4) (Sota 9b)
12,16
Après cela, le peuple partit de Hacêroth, et ils campèrent dans le désert de Pharan.