Nous entamons le mois d'Adar II, au cours duquel nous célébrons la fête de Pourim, une fête joyeuse, comme il est dit : « ni s'en effacer le souvenir du milieu de leurs descendants. » Le Rambam affirme que dans le monde futur, les Livres des Prophètes seront abolis, à l'exception de la Méguilat Esther. Un point très intéressant à relever, tranché dans le Choul'han Aroukh, dans la Halakha : l'homme est tenu de boire à Pourim une grande quantité de vin, jusqu'à ce qu'il ne soit plus capable de faire la distinction entre : maudit soit Haman et béni soit Mordékhaï. Tout le monde s'interroge : pourquoi ? Il aurait fallu que ce soit l'inverse. À ce sujet, j'aimerais vous relater une histoire que j'ai entendue du protagoniste de l'histoire :

Un Avrekh de trente-cinq ans vint me voir aux heures de consultation du public. Il me raconta qu'il était Maguid Chiour (enseignant) dans une Yéchiva Kétana, l'après-midi, pour l'étude en Békiyout (étude visant à apporter des connaissances). Il n'est pas Roch Yéchiva, il n'est pas Maguid Chiour de Iyoun (étude approfondie), ni du Chiour Guimel (troisième niveau de la Yéchiva). Il est en premier niveau  de Békiyout, l'après-midi, et les élèves de Yéchiva, l'après-midi, sont moins concentrés que le matin. Il me confia l'histoire suivante : un jeune élève étudiait à la Yéchiva dans son cours, c'était il y a quinze ans et il n'avait plus de contact avec lui. Un jour, cet élève contracta la terrible maladie, on essaya de le traiter, il subit plusieurs traitements de chimiothérapie, se rendit à Los Angeles, et grâce à D.ieu, il guérit. Deux ans plus tard, la maladie revint, et il sentit que le moment du départ de son âme était venu. Il appela son père à qui il dit : « Je ne dois pas te demander pardon, je n'ai rien à te dire », il évoqua d'autres choses, puis demanda : « Où est le cimetière où tu vas m'enterrer, que D.ieu préserve, dans quel cimetière ? Je ne me mêle pas de ton choix, mais j'ai une demande : j'ai eu un enseignant en Yéchiva il y a plusieurs années et je voudrais qu'il fasse mon Hesped (éloge funèbre) à l'enterrement. Je te laisse ici une enveloppe, que tu lui donneras. » Quelques jours s'écoulèrent et il décéda, on organisa son enterrement, le père chercha à joindre le Maguid Chiour, il trouva son numéro de téléphone et lui téléphona : il se présenta et expliqua que son fils défunt avait étudié dans son cours de longues années auparavant. Il fallut beaucoup de temps à son interlocuteur pour comprendre de qui il s'agissait, puis il répondit : « Pardonnez-moi, je n'ai pas été en contact avec lui depuis fort longtemps, je lui ai parlé il y a des années, j'avais entendu qu'il était malade, qu'il avait guéri, puis qu'il était de nouveau tombé malade, mais j'étais gêné de téléphoner… »

― En bref, il a demandé que vous veniez à l'enterrement... 

― Moi ? Je ne l'ai eu qu'en cours pendant un an l'après-midi.

― Il a laissé une enveloppe pour vous, je vous la donnerai demain après l'enterrement. 

Le Maguid Chiour arriva à l'enterrement, parla avec émotion puis la cérémonie se poursuivit. Au terme de la cérémonie, il reçut l'enveloppe, qui contenait également une somme d'argent, et aussitôt après l'enterrement, il l'ouvrit et lut la lettre. Le lendemain matin, il se rendit dans la famille pour une visite de condoléances. Toute la famille avait été prévenue de son arrivée et s'interrogeait sur le sens de cette enveloppe mystérieuse. 

Il fit le récit suivant : « Dans mon cours, le niveau était très faible, certains élèves étaient très faibles et se disputaient, la classe était divisée en plusieurs camps et en plein cours, ils étaient très dissipés. On en était arrivé à une situation de chaos et je compris qu'on ne pouvait plus continuer dans cette voie. Un jeudi soir, je leur dis : sortons, allons manger du Tchoulent. » Ils s'installèrent dans un parc et ils mangèrent, burent et chantèrent ensemble. Ensuite, je leur dis : « Les amis, c'est impossible de continuer comme ça ! Vous êtes impitoyables, il m'est impossible de vous donner cours, on perd notre temps et c'est vraiment dommage. Je voudrais organiser un jeu, j'attends que vous y participiez tous et puis nous prendrons ensuite un nouveau départ. Vous êtes 25 élèves en cours, chacun va recevoir une feuille et inscrire une qualité d'un autre élève de la classe. Ainsi, chaque élève obtiendra 25 compliments de la part de chacun des élèves. » Les élèves se mirent à l'œuvre, puis finirent. Il appela l'élève en question – il fit la même chose avec chacun d'eux – et lui montra les 25 qualités que les camarades avaient discernées chez lui. Ce jeune homme lui répondit : « Je n'avais plus aucun espoir. Je m'étais dit : je n'ai rien à faire à la Yéchiva, je n'ai rien à faire dans aucun domaine, je n'ai pas de chance, je ne réussis rien du tout, mais dès l'instant où je reçus cette lettre, ma vie changea du tout au tout. J'avais du mal à y croire, je la gardai en poche et toute la journée, je la regardai. Untel m'a écrit ça et l'autre ça… comment était-ce possible ? Disons que la moitié ne reflète pas la vérité, mais l'autre moitié est bel et bien la vérité ! Cette lettre me renforça et c'est pourquoi j'éprouve de la reconnaissance pour ce Maguid Chiour. » Toute la famille de l'élève entendit cette histoire et s'en émut.

Voici l'histoire que me raconta ce Maguid Chiour. Je lui dis : quelle leçon pouvons-nous tirer de cette histoire ? Arour Haman : souvent, nous observons quelqu'un et pensons : il est maudit, il n'a rien, aucune qualité, et lui porte peut-être ce regard sur lui-même… Nous devons savoir qu'il a des qualités, propres à Baroukh Mordékhaï ! Lors de cette fête de la joie, Pourim, nous recevons la Torah avec amour, le voile se lève, comme l'indiquent les ouvrages sacrés, la Méguila vient du terme Guilouï, dévoilement du Ester : de ce qui est caché. Il a des défauts ? Oui, mais il a également des qualités. Chacun a des qualités. Nous avons discerné 25 qualités au minimum, alors avant de remarquer ses défauts, il a également 25 qualités ! 

Souvent nous pensons qu'en buvant du vin, on divulgue des secrets. Le vin nous fait changer de perspective : ne regarde pas cette personne de cette manière en estimant qu'elle n'a aucune vertu. Elle a une âme pure, elle a des vertus, elle doit se renforcer dans d'autres domaines, d'accord, mais n'oublions pas les qualités du peuple d'Israël.

Puisse Hachem nous accorder une bonne année et toutes les Brakhot.

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