On sait que le phénomène migratoire est, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et l’indépendance des peuples colonisés, l’une des dimensions les plus significatives de notre époque. Pour arriver en Occident, des populations entières quittent l’Afrique ou l’Asie, souvent même au risque de leur vie. C’est, assurément, l’un des problèmes les plus graves qui exercent une influence décisive sur les gouvernants européens, qui veulent limiter le nombre des migrants.

Il est évident que l’histoire du peuple juif qui est en exil depuis la destruction du Second Temple, cette histoire est jalonnée de migrations d’un pays à l’autre, en attendant l’issue messianique de l’Histoire. Cependant, il convient de remarquer que ces migrations s’inscrivent dans un plan divin. Dans son commentaire sur le premier verset de la Torah (Beréchit 1, 1), Rachi explique que le but de la Torah n’est pas de rapporter l’histoire de l’univers, mais de désigner l’Auteur de l’univers. « C’est Lui qui décide du lieu de résidence de chaque peuple. Israël n’a pas volé la terre d’Israël. C’est l’Éternel qui attribue sa place à chaque État ». Le transfert des populations au cours des siècles, selon cette lecture, est dû à une intention du Tout-Puissant.

Un exemple de transfert des populations est cité dans la Torah, quand Yossef, devenu gouverneur en Égypte, transféra les Égyptiens « d’une ville à l’autre dans tout le pays » (Beréchit 47, 21). Transfert, donc, des Égyptiens, en même temps que le transfert de Ya'akov et de sa famille, transfert de Canaan en Égypte. Ici se situe la différence entre exil et transfert. L’exil est un abandon de la terre originale, avec un désir d’y retourner, alors que le transfert est un changement de territoire. Dans l’exil, on ne se sent pas à son aise, là où on se trouve, alors que le transfert est un choix, celui d’une autre fixation, d’une nouvelle patrie. Cela peut être un choix volontaire, cela peut être forcé et même imposé. Cependant, l’exil est différent, car il exprime toujours le désir de retourner au lieu original. C’est, bien évidemment, ici que se situe l’intervention de la Providence, car, ainsi qu’on l’a souligné au départ, c’est le Tout-Puissant qui fixe pour chacun son lieu de résidence. Que signifie donc, dans cette perspective, le flux migratoire actuel ? 

Pour celui qui croit sincèrement en l’intervention divine, il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un mélange des cultures, des civilisations, d’une construction nouvelle de la société. Il suffit d’un seul exemple pour démontrer les changements de mentalité. Jusqu’au milieu du 20ème siècle, la colonisation était un signe de fierté, de puissance. « L’Algérie, c’est la France » disait-on. Aujourd’hui, la France a honte d’avoir colonisé les peuplades d’Afrique. La colonisation est, aujourd’hui, la preuve d’une domination injustifiée des Européens. Et l’on pourrait multiplier les exemples de changement de mentalité.

Un seul Être est l’Auteur de la création. C’est Lui Qui fixe les limites, Qui attribue et distribue les lieux de résidence. Les flux migratoires actuels sont la conséquence de la globalisation de l’univers, car chaque peuple désire améliorer ses conditions de vie. L’Occident exerce une séduction pour les migrants qui viennent d’Orient, et c’est l’occasion de nombreux accidents, et de conflits entre les migrants et les nations européennes !

Retenons, pour comprendre aujourd’hui ce mouvement des populations, qu’il n’y a que le Créateur Qui est le vrai possesseur de la terre. C’est le sens du commentaire de Rachi rapporté précédemment. « À celui-là, Il donne cette terre, à celui-ci, Il donne une terre ». La Torah nous dit, dans le dernier chant Haazinou, que c’est en fonction des soixante-dix membres de la famille de Ya'akov que sont fixées les limites des nations (Dévarim 39, 8). Sachons que ce n’est pas le hasard, mais une Volonté suprême qui dirige l’Histoire. Espérons La voir dans Sa puissance, bientôt avec l’avènement messianique.