De grands médias israéliens consacrent actuellement leurs chroniques au sujet du “lendemain de la guerre”. Ils y traitent de qui va contrôler la bande de Gaza après la fin de la guerre, mais aussi des conséquences de ce conflit sur le plan politique, économique et des relations internationales, s’interrogent sur le retour des habitants dans les villages frontaliers dévastés par le ‘Hamas et évoquent même… la question de la participation d’Israël aux prochains Jeux olympiques. Vraiment très étonnant ! Nous sommes encore en pleine guerre, nous n’en voyons pas la fin, avec cette crainte constante qu’un nouveau front ne s’ouvre au Nord avec le ‘Hezbollah, toujours sans nouvelles des otages ; mais voilà que l’on s’intéresse déjà au lendemain de la guerre.

S’agit-il simplement d’infos visant à capter l’intérêt du lecteur comme les journaux le font tout au long de l’année, ou bien ce choix de chroniques s’inscrit dans l’état d’esprit actuel de beaucoup d’Israéliens qui aspirent à retrouver leur train-train habituel et leurs repères ?

En effet, depuis le 7 octobre, Israël a connu une sorte de séisme qui a fait de tous les citoyens des “réfugiés” virtuels cherchant à retrouver un “toit sécurisant”. Dans le passé, beaucoup d’efforts ont été déployés afin que la vie en Israël ressemble à celle d’autres contrées du monde, avec une petite note made in Israël. Il est vrai que de temps à autre, des attentats troublent l’atmosphère, mais on rebondit rapidement en s’oubliant dans ses activités ou en voyageant à l’étranger. Mais le pogrom de Sim’hat Torah ne permet pas de tourner la page et laisse sa trace indélébile dans le cœur de chacun d’entre nous, entretenue aussi par la guerre qui a suivi. Pour certains, la seule solution envisageable pour retrouver ses repères disparus est de se réfugier dans le domaine de l’imaginaire, en dessinant l’avenir de l’après-guerre dans lequel on retrouvera toutes ses références du passé.

Pourtant, il existe une autre approche afin d’aborder et de vivre notre réalité : celle qui consiste à se rapprocher de D.ieu et de la Torah, à l’instar des Juifs qui ont toujours agi ainsi tout au long de leur histoire face aux épreuves. D’ailleurs à l'armée comme chez les civils, beaucoup se renforcent dans le judaïsme, réalisant que c’est ce que l’Éternel attend de nous en cette période. On peut même voir dans les rues de Tel-Aviv un immense panneau représentant un jeune homme tatoué, la main sur les yeux, prononçant le Chéma’ Israël. C’est ainsi que le Juif, face aux difficultés, trouve en lui l’élan pour rebondir vers le futur et ne reste pas figé dans un passé qui a été soufflé par un ouragan. 

De façon générale, l’avenir n’est pas entre nos mains. Cela pourrait inquiéter la nature humaine. Pour être rassurés, certains iront jusqu'à se tourner vers des devins et des marabouts. D'autres utiliseront les données qui sont en notre possession et grâce à la faculté analytique et l'expérience humaine, parviendront à “prédire” les différentes possibilités qui s'ouvriront à nous dans l'avenir.  Mais nous savons qu’in fine, rien n’est prévisible. “Nombreuses sont les pensées de l’homme, et seule la Volonté divine se réalisera”, rappelle le roi Chlomo dans ses Proverbes (Michlé 19, 21). La Torah nous ordonne d’autre part de ne pas chercher à connaître l’avenir et de rester confiants en D.ieu (Dévarim 18, 13; cf. Rachi). 

Ce qui est certain, c’est que le Créateur dirige ce monde et le mène à sa réalisation. Nous vivons une période charnière de l’Histoire, et peut-être (espérons-le !) allons-nous très bientôt comprendre le sens et l'enchaînement de tous les événements. Efforçons-nous donc d’en être à la hauteur !