Nos Sages ont notamment institué le jeûne du 17 Tamouz en raison de l'un des tragiques épisodes du peuple Juif : les premières tables de la loi furent brisées.

Cet évènement dramatique n’est en fait que la conséquence d’un épisode fatidique qui marqua le séjour des enfants d’Israël dans le désert : la faute du veau d’or.

Fatidique, car les tables saintes de la loi, symbolisant l’alliance indéfectible du Tout Puissant envers Ses enfants, seront brisées par Moché, le fidèle serviteur de D., à sa descente du mont Sinaï.

En quoi consistait la faute du veau d’or ?

Le 6 Sivan consacre l’évènement ultime de toute l’histoire du peuple juif : le don de la Torah.

Le lendemain, le 7 Sivan, Moché Rabbénou recevait l’enseignement de la loi orale dans tous ses détails et sa complexité. Il s’agira également de la réception des saintes tables de la loi sur lesquelles étaient gravés les dix commandements. La veille de son ascension sur le mont Sinaï, Moché Rabbénou annonça aux enfants d’Israël : « Au termes de 40 jours, soyez prêts, car je vous rapporterais la Torah ! ». Ceux-ci devaient néanmoins commettre une erreur dans le décompte des 40 jours en tenant compte du 7 Sivan, qui lui n’entrait pas en considération selon Moché Rabbénou qui avait prévu son retour à la date du 17 Tamouz.

Une erreur qui allait se révéler par la suite, comme déterminante pour la suite des évènements qui seront évoqués. Ainsi, le 16 Tamouz, tout un peuple retient son souffle dans l’attente de l’arrivée imminente du berger d’Israël, Moché Rabbénou. Mais Moché demeurait invisible. Peu à peu, un sentiment de désillusion semblait s’installer. A ce moment même le Satan surgit profitant d’un état d’esprit de fébrilité général, il tenta de semer le doute et la confusion. Une vision angoissante dessilla alors leurs yeux : Une obscurité palpable s’accompagnait d’un épais brouillard ainsi que d’épais nuages. Le Satan lança alors pernicieusement : « Où est donc votre maître Moché ? »

Ils lui répondirent : « Il se tient actuellement dans les hauteurs célestes face au Tout Puissant ». Le Satan arguant de plus belle demanda à nouveau : « Son délai est écoulé, il semblerait qu’il ne soit toujours pas de retour, aurait-il faillit à sa parole ? »

Impassibles, ils ne prêtèrent aucune attention à ces paroles fallacieuses. Loin de renoncer, le Satan avança des arguments plus incisifs : « Il est probablement mort ! » Malgré tout, l’ensemble du peuple resta imperturbable. Le Satan leur présenta alors une nouvelle vision : le corps de Moché sans aucun signe de vie, s’envolait vers les mondes supérieurs. Dès lors, la panique et la confusion s’installèrent au sein du peuple.
 

Confectionne-nous un Dieu

La foi du peuple juif envers Moché Rabbénou, son guide spirituel, restait inébranlable.

Du moins, jusqu’au moment ou selon leur propre interprétation, la parole de Moché se révéla inexacte. Cette appréciation faussée des évènements devait provoquer une onde de choc au sein du peuple, éprouvant ainsi l’impression d’une création dont les éléments semblaient s’effondrer sous leurs pieds. La perte de tout jugement rationnel atteignant des sommets menant jusqu’à la folie devait dès lors influer sur leur conduite. Ils se ruèrent chez 'Hour, le fils unique de Myriam sœur de Moché, le pressant afin que ce dernier leur confectionne un D. nouveau, mais celui-ci refusa catégoriquement. Au même instant, le ‘’ 'Erev rav ’’ (une composante d’égyptiens qui ont fui l’Égypte en compagnie des enfants d’Israël) l’assassinèrent. Ils se rendirent alors chez Aharon, le grand prêtre et frère de Moché, sous l’emprise de la folie, et le sommèrent à son tour de leur confectionner un D. nouveau.

Aharon saisissant parfaitement la nature d’un tel empressement, devina le danger qui guettait sa propre personne et qu’un refus de sa part n’entraverait en aucun cas leur démarche insensée. Il décida d’agir donc par ruse en accédant à leur demande tout en nourrissant l’espoir que l’exécution minutieuse des tâches retarderait considérablement l’achèvement du projet. Nos sages viennent d’ailleurs apporter un éclaircissement d’une portée non négligeable à ce sujet : lorsque l’ensemble du peuple présenta sa requête à Aharon le grand prêtre, leur intention première était dans un premier temps dénuée de tout intérêt. Seule subsistait la farouche volonté de concrétiser le lien qui les unissait au Créateur du monde ; un choix davantage motivé par le vide dû à l’absence de Moché qui leur fallait impérativement combler (selon leur perception des évènements).
Il y avait là un désir profond qui tendait au sacrifice absolu de soi, espérant ainsi restaurer cette force spirituelle qui régissait les rapports de Moché envers le Saint béni soit-il, et qui par la même adoucissait la rigueur du jugement divin. A l’inverse, le ‘’ 'Erev Rav ’’ lui, affichait clairement ses intentions de précipiter le peuple d’Israël vers l’idolâtrie et la débauche.

Soudain jaillit le veau d’or

Aharon le Cohen Gadol s’adressa au peuple en ces termes : « Détachez les pendants d'or qui sont aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles et apportez-les moi ». Aharon estima que la collecte des bijoux appartenant aux femmes prendrait un temps considérable, car par nature une femme ne se défait pas de ses apparats avec facilité. Ainsi, le moment venu de se défaire de leurs parures, elles refusèrent catégoriquement.
De surcroit, elles saisissaient pleinement qu’un tel acte ne pouvait être agréé par le Tout Puissant. Les hommes eux, enflammés par le désir d’édifier un D. nouveau se résolurent à faire don de leurs parures ainsi que divers autres bijoux, réunissant ainsi en l’espace de quelque temps une importante quantité d’or. La quête achevée, Aharon jeta cette masse d’or à travers les flammes qu’une fournaise ardente, préparée à cet effet, dégageait. Il nourrissait l’espoir que la fonte de l’or demanderait un temps considérable avant qu’une forme quelconque surgisse des flammes. Mais là encore, l’empreinte du Satan devait s’apposer.

Micha, un mécréant parmi le peuple, avait en sa possession une plaque en or sur laquelle figurait l’inscription du tétragramme divin. Quelle était la provenance de cette plaque ? Nos sages rapportent que lors de la sortie d’Égypte, Moché Rabbénou voulu faire surgir des profondeurs du Nil le sarcophage de Yossèfafin de ne faillir au serment qu’il avait fait à l’ensemble du peuple consistant à établir sa sépulture en terre d’Israël. Le sarcophage de Yossèffait entièrement de plomb, rendait cette entreprise irréalisable. Moché Rabbénou grava alors sur cette plaque le tétragramme divin avant de la jeter dans les eaux du Nil. Au même moment le sarcophage fit surface des profondeurs. C’est de cette même plaque que s’empara Micha à l’insu de Moché. Micha lança donc la plaque d’or au travers des flammes. Au même instant surgit de la fournaise un veau qui semblait donner des signes de vie en sautant autour des flammes, enjambant les pierres disposées aux alentours et mugissant avec force.

Nous célébrerons demain la fête d’Hachèm

Une exaltation grandissante s’empara de tout un peuple : enfin, ils étaient parvenus à réaliser l’infaisable en créant un substitut à Moché Rabbénou, doté des mêmes forces spirituelles (du moins leur semblait-il), qui pourrait les guider à nouveau dans les méandres du désert. Sans perdre un instant, ils hâtèrent les préparatifs des sacrifices qu’ils déposeraient en offrandes devant une idole récemment divinisée. Entreprenant l’édification d’un autel de sacrifices, ils amassèrent des pierres dont ils assurèrent l’assemblage, des branches de bois, et libérèrent des enclos menus et gros bétails. Aharon, assistait impuissant au spectacle dégradant qui s’offrait à ses yeux, le cœur brisé.

Dans un dernier élan il tenta de leur suggérer : « Il n’est pas coutume à ce que tout le peuple s’emploie à la construction de l’autel, cela relève davantage de ma fonction de grand prêtre, laissez-moi donc accomplir mon devoir ». Aharon espérait à nouveau pouvoir gagner du temps et retarder ainsi l’apport des offrandes. Il obtint donc l’approbation générale, ce qui lui permit de mettre en application son tour de manœuvre. Assemblant minutieusement pierre par pierre, il épancha son cœur au même moment vers le Saint béni soit-Il en supplications : « Maître du monde ! Qu’il soit clairement établi à Tes yeux que mon action n’a d’autre but que d’entraver la démarche insensée de Tes enfants, et que mes intentions sont totalement dépourvues d’intérêts ». Ainsi procédant avec circonspection, Aharon édifia l’autel de sacrifices qu’il acheva alors que la nuit venait de s’installer. S’adressant alors aux enfants d’Israël, il déclara : « Il ne convient pas d’apporter des offrandes la nuit, par cette obscurité. Armez-vous de patience jusqu’au lendemain, ainsi dès les premières lueurs du jour, nous pourrons célébrer la fête de notre D. ». Intérieurement, Aharon ne cessait de réitérer son attachement sans faille au Saint béni soit-Il par ces paroles : « Maître du monde, toutes mes pensées Te sont adressées, demain notre guide Moché descendra de la montagne et rejoindra le camp, nous célèbrerons alors une fête authentique à Ta gloire éternelle ».

Ils ont oublié leur Sauveur

Le peuple accepta à nouveau cette suggestion émanant de la part d’Aharon. Mais le lendemain, aux premières lueurs du jour, le Satan devait étendre son action maléfique invitant au réveil l’ensemble du peuple, les entraînant à fauter, les poussant ainsi à déposer les premières offrandes au pied du veau d’or. Ils s’installèrent tous afin de consommer les restes des sacrifices. Mais ce qui devait représenter un rituel cérémonial prit rapidement des allures de beuverie collective à laquelle s’associèrent danses et chants témoignant une adoration aux accents dépravés envers une effigie... sans vie. Un élément d’une importance majeure retient cependant l’attention : le peuple dans sa majorité s’est gardé de fauter. Une infime partie seulement s’était laissé séduire, tandis qu’un groupuscule s’était joint aux réjouissances en aparté ne tenant compte des remontrances du peuple. Pourtant, la réprimande inclura l’ensemble de la communauté qui laissa transparaître une certaine adhésion envers l’idolâtrie qu’ils considéraient néanmoins comme une force génératrice de spiritualité. (Une force négative certes, mais qui faisait malgré tout figure de force).

La tribu de Lévi faisait cependant figure d’exception ; elle ne prit en aucune part, même indirectement, à l’idolâtrie. Quant aux fauteurs, dès l’instant où les danses s’enchainaient autour du veau d’or, ils s’exclamèrent avec force : « Voici ton dieu, oh Israël ! »

Une puissante clameur fendit les cieux à cet instant dévoilant l’accusation des anges célestes : « Ils ont renié leur Sauveur, Celui qui accomplit à leur égard grandeurs et merveilles ! »

Le Saint béni soit-Il s’adressa alors à Moché en ces termes : « Descends, car ton peuple a fauté ! Descends de ta grandeur qui ne t’ai acquise que par le mérite des enfants d’Israël ».